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Les Géants




Étymologie :

  • GÉANT, -ANTE, subst. et adj.

Étymol. et Hist. Ca 1100 jaianz (Roland, éd. J. Bédier, 3253). Du lat. vulg. *gagantem, forme issue par assimilation du class. Gigas,-antis (gr. Γ ι ́ γ α ς, -α ν τ ο ς), plur. Gigantes (Γ ι ́ γ α ν τ ε ς, -ω ν), les Géants, monstrueux fils de la Terre, qui, ayant voulu escalader l'Olympe pour détrôner Jupiter, furent foudroyés par lui.


Lire également la définition de l'adjectif géant (dans notre cas substantivé) afin d'amorcer la réflexion symbolique.

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Symbolisme :


Dans Le Livre des superstitions, Mythes, croyances et légendes (Éditions Robert Laffont, 1995 et 2019), Éloïse Mozzani nous propose la notice suivante :


Les géants appartiennent surtout à la mythologie grecque - la race des Géants était les fils de la Terre (Gaïa) qui « voulaient venger les Titans enfermés par Zeus dans le Tartare » -, et on en trouve des traces dans les croyances germano-scandinaves, pour lesquelles « la mer est le sang du géant Ymer, les montagnes ses os, le ciel sa calotte crânienne ». Mais ils sont aussi évoqués dans la Genèse (VI, 4) : « Les géants vivaient sur la terre, et en ce temps-là, et aussi dans la suite, après que les fils de Dieu s'étaient unis au filles des hommes et qu'elles leur avaient donné des enfants : ce sont là les héros qui, dès les temps anciens, eurent tant de renom. » Selon un commentaire canonique, il est possible « que ces femmes furent séduites non par des hommes mais par des Esprits voire des démons, desquels elles engendrèrent des hommes de cette sorte, car d'après le Déluge, la stature des hommes et des femmes était d'une grandeur étonnante ». Après quoi les géants furent frappés de dégénérescence et disparurent. Paracelse -1493-1541) n'en prétendait pas moins que les géants, qui étaient privés d'âmes, « cherch[ai]ent, tout comme les nymphes à mettre au monde des enfants qui en dev[enai]ent pourvus après les rapports sexuels de leurs parents avec les humains ».

Du point de vue des croyances populaires, on a attribué au géants, la formation de montagnes, de rivières, de lacs, d'îles, de dolmens ou de menhirs, ainsi que toutes les constructions gigantesques : en Flandre, rapporte la Revue des traditions populaires de 1911, « il y a peu de villages qui n'aient gardé le souvenir du séjour des géants et presque pas de fêtes ou de réjouissances où nous ne voyons pas leur emblème. Demandez à n'importe quel campagnard quel est l'auteur de quelque construction gigantesque qu'il a vue à la ville, et soixante-neuf fois sur cent, il vous répondra : c'est fait par les géants ».

Le brouillard a également été associé aux géants : à Arcueil (Val-de-Marne), dit la légende, un géant « sortait le soir. Il prenait alors des poses étranges, se livrait aux contorsions les plus incommodes pour le corps humain, d'où le nom qu'il portait : on l'appelait "le sire de Malasis". Il s'agissait en réalité du brouillard qui s'élève chaque jour de la Bièvre ».

Gargantua, le géant le plus célèbre, grâce notamment à Rabelais, serait pour certains « l'Hercule gaulois défiguré par la tradition ». Ce n'était pas une créature méchante, mais il poursuit parfois des rugissements « tels que les habitants s'enfuirent avec terreur, ce qui aurait entraîné la stérilité des landes entre Rennes et Nantes où on rencontre peu d'habitants. »

Ce héros populaire a laissé de nombreuses traces en France (selon des légendes antérieures à l'œuvre rabelaisienne, 1534). On montrait au siècle dernier aux environs d'Aigues-Mortes, la vieille « tour Gargantua » qui s'en approchait la nuit pouvait être happé par un b ras de vingt mètres. Dans le Doubs (aux environs de Baume-les-Dames), dans la vallée où coule la Drouvenne), un rocher s'appelle le « fauteuil de Gargantua » : selon la légende, Gargantua, assoiffé, avala tout le contenu de la rivière et se reposa sur le rocher qui porte aujourd'hui son nom : « les habitants de la contrée ajoutent que le géant, n'ayant pu, dans le premier moment, approcher ses lèvres du courant, parce que celui-ci se trouvait trop resserré entre ses bords, il se fraya passage en écartant le rocher de sa main, et que l'empreinte des cinq doigts est toujours visible sur la pierre ». Sur la route de Carrouges à Sées (Orne), dans le bois de Montgommery, près de la commune de La Lande-de-Goult, se trouve une roche de grès à fleur de terre, portant une rainure longue de deux à trois mètres et larde de cinquante à soixante centimètres, la légende veut que ce soit la trace des roues du chariot de Gargantua. On dit d'ailleurs que « l'Église s'est offusquée de la faveur dont jouissait Gargantua dans les récits populaires, et a tenté de lui substituer saint Christophe sans grand succès ».

Un autre géant, appelé Crussolio, passe pour avoir fondé le château de Crussol, en Provence, situé sur une roche élevée Selon une rumeur encore signalée au siècle dernier, le géant n'avait jamais cessé d'habiter ce château, et « il lui arriv[ait] quelquefois d'avoir la fantaisie de visiter Valence en Dauphiné et alors il franchi[ssait d'une seule enjambée la plaine du Rhône ». Un autre géant, appelé Buard, qui a également habité le château de Crussol, avait construit, dit-on, Valence, et fit « l'Hercule avec toutes les filles du pays, et peupla de sa progéniture la ville ».

Le géant de Dessoubre habitait la vallée du mêe nom dans le Doubs. Il était enfermé dans une caverne, depuis qu'un prêtre exorciste boucha l'antre d'un rocher d'un tel poids qu'il résista à Dessoubre. Ce dernier continuait de lutter et sa sueur était si abondante qu'elle formait un des affluents de la rivière qui coule dans la vallée.

En Provence, le Galagu (littéralement goulu, goinfre) est « une sorte de Gargantua qui enjambait le Rhône et y buvait avec la main ».

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Didier Kahn, dans un article intitulé "La question des êtres élémentaires chez Paracelse." (In : Roberto Poma ; Maria Sorokina ; Nicolas Weill-Parot. Les Confins incertains de la nature, Vrin, pp. 213-237, 2021) évoque aussi les Géants :


À ces quatre sortes d’êtres [les élémentaux], Paracelse en ajoute deux autres : les géants et les « petits nains » (Zwerglen) qui, eux non plus, ne sont pas nés d’Adam. Ce sont des monstres, qui s’engendrent des sylphes (pour les géants) ou des gnomes (pour les nains) à la faveur d’une conjonction comme celles qui président à la naissance d’une comète ou d’un tremblement de terre (phénomènes qui sont comme des monstres dans le domaine météorologique).




Symbolisme celte :


Dans ses Légendes rustiques (Éditions A. Morel, 1858), George Sand collecte des légendes de son pays natal, le Berry, que l'on rattache encore aux traditions des Gaulois :


Les Trois Hommes de pierre
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Légende des Trois hommes de pierre =>



 

Ann Ross nous propose Les plus belles légendes des Celtes (© 1986 Eurobook Ltd. ; Fernand Nathan éditeur, Paris, 1987, pour l'édition française) parmi lesquelles figure :


Les Géants de Morvah
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<= Les Géants de Morvah



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