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Le Térébinthe





Étymologie :


  • TÉRÉBINTHE, subst. masc.

Étymol. et Hist. Ca 1170 bot. val de Terebinte « vallée de la Palestine où David tua Goliath » (Rois, éd. E. R. Curtius, I, XVII, 2, p. 32); fin xiiies. therebint (Hist. univ., B.N. 20125, f°54b ds Gdf. Compl.). Empr. au lat. d'époque impériale terebinthus, du gr. τ ε ρ ε ́ β ι ν θ ο ς « id. ».


Lire également la définition du nom térébinthe afin d'amorcer la réflexion symbolique.


Autres noms : Pistacia terebinthus - Pistachier térébinthe -

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Symbolisme :


Selon Edmond Boissier, auteur de Botanique biblique : ou courtes notices sur les végétaux mentionnés dans les Saintes Écritures. (Dépôt du Comité des publications religieuses, 1862) :


Abraham ayant remué ses tentes, vint demeurer dans les plaines de Mamré, qui est en Hébron, et il bâtit là un autel à l'Éternel. (Gen. XIII, 18)

Le docteur Bootroyd traduit, d'après la version syriaque, la dernière partie de ce verset par : vint demeurer au Térébinthe de Mamré, qui est en Hébron. En quelques autres endroits de la Bible, le mot hébreu est traduit seulement par arbre, et ailleurs il est rendu par chêne comme dans Esaïe VI, 13.

Le docteur Kito dit que (Gen. XII, 6) « jusqu'en la plaine de Moré » doit être rendu par « jusqu'au Térébinthe de Moré »

Le Térébinthe (Pistacia mutica) est un arbre gros et fort, si commun en Palestine, qu'il y forme souvent un des traits distinctifs du paysage ; c'est vraisemblablement l'un des arbres à l'ombre desquels le patriarche planta sa tente hospitalière et reçut le Seigneur lui-même, accompagné de deux anges. Au reste, Abraham n'a pas été seul récompensé de son hospitalité ; plusieurs ont aussi logé des anges sans le savoir, et Jésus-Christ a dit : Quiconque aura seulement donné à boire un verre d'eau froide à un de ces petits, parce qu'il est mon disciple, je vous dis, en vérité, qu'il ne perdra point sa récompense. (Matthieu, X, 42)

Une ancienne tradition, rapportée par l'historien Josèphe, dit que l'arbre du patriarche existait encore de son temps, près de Mamré. Plus tard, cet arbre devint le but de pèlerinages et d'hommages superstitieux ; enfin, il fut accidentellement détruit par le feu, en 1640.

La vallée d'Ela (chêne ou Térébinthe) où David descendit lorsque Saül et son armée y étaient campés, et dans laquelle il tua le géant Goliath (1 Sam. XVII, 19) a certainement reçu son nom des Térébinthes qui y croissaient. Le docteur Robinson pense que cette vallée était entre Jérusalem et Gaza ; il a observé dans cette région les plus grands Térébinthes qu'il ait jamais vus dans la Palestine.

Le Térébinthe est remarquable par sa longévité.

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Maurice Gilbert, auteur de "L'éloge de la Sagesse (Siracide 24)." (In : Revue théologique de Louvain, 5ᵉ année, fasc. 3, 1974. pp. 326-348) explore le symbolisme du térébinthe en lien avec ses mentions dans la Bible :


Les versets 24,16-17 comparent en effet la Sagesse au térébinthe et à la vigne. Le térébinthe est plusieurs fois mentionné dans l'Ancien Testament comme un des arbres caractéristiques des lieux sacrés (1), parmi lesquels on doit inclure les hauts-lieux consacrés aux dieux païens. Is 1 ,30 avait durement prophétisé contre ces hauts-lieux, dont les térébinthes faisaient les délices du peuple : vous serez comme un térébinthe au feuillage flétri ! Dans le récit de sa vocation, en Is 6,13 (verset que la critique considère généralement comme une addition, mais antérieure, certes, au Siracide), c'est le royaume de Juda que symbolise le térébinthe : voué à la destruction, il ne laissera qu'une souche, qui, elle, sera une semence sainte. Or la communauté postexilique se considère comme cette semence sainte (cf. Esd 9,2) du térébinthe. Quant à la vigne, l'ensemble des textes, principalement Is 5,l-7,20 en font une image de Juda, destiné lui aussi à la destruction. Mais alors que Juda est symbolisé par le térébinthe au feuillage flétri, la Sagesse, en Si 24,16, se présente comme un térébinthe aux branches merveilleuses.

[...] Ce qu'apporte la Sagesse est ici exprimé en respectant la cohérence des images : le térébinthe étend ses rameaux (2) qui sont gloire et grâce. Cette dernière expression est utilisée dans le Ps 83 (84), 1 1 pour désigner les dons de Yahvé à ses fidèles qui fréquentent le Temple.


Notes : 1) Cf. Gn 35,4 ; Jos 17,9 ; 24,26 : pour Sichem

2) Ps 80 (79), 11 utilise l'expression pour la vigne Israël. Pr 22,11 LXX = Si 4, 21 : « il y a une honte qui est gloire et grâce » ; aucun rapport avec Si 24,16.

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Selon André Pelletier, auteur de "Un arbre vieux comme le monde : Le chêne Ogygès" (In : Journal des savants, 1980, n° pp. 211-215) :


Dans la Guerre des Juifs de Flavius Josèphe, au livre IV, 532-534, il est question de la sépulture de Sara « à six stades d'Hébron ». La Bible, en la circonstance, ne parlait d'arbres qu'en passant (Gen. 21, 17). C'est Josèphe qui a donné de l'importance à l'un d'eux, en s'autorisant explicitement d'une légende locale. D'après lui, dans la petite cité, on est fier de montrer deux curiosités : d'abord les magnifiques tombeaux des descendants d'Abraham ; ensuite un térébinthe gigantesque qui serait là, disent les gens, depuis la création du monde 1. Lorsque Josèphe, quelques années plus tard, aura à reparler d'Hébron (AJ 1, 186-197, à propos de Gen. 18, 1), il mentionnera de nouveau cet arbre, mais cette fois en donnant son nom propre : « près du chêne appelé Ogygès ».

Rien d'étonnant qu'un arbre à qui l'on attribue une fabuleuse antiquité ait reçu un nom propre, ni que ce nom soit celui d'un personnage mythique. Ce qui surprend dans cette appellation, c'est qu'elle n'a rien à voir avec une quelconque divinité sémitique, comme on l'attendrait dans ce contexte, mais qu'elle relève de la mythologie grecque. A la réflexion pourtant, cela aussi se comprend. A l'époque où ils arrivèrent dans la région d'Hébron, les Abrahamides apprirent la légende locale sur la haute antiquité de cet arbre.

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Dans Le Livre des superstitions, Mythes, croyances et légendes (Éditions Robert Laffont, 1995 et 2019), Éloïse Mozzani nous propose la notice suivante :


Selon une légende du Sahara, le pistachier sauvage ou térébinthe, dont le tronc est souvent creux mais qui conserve un feuillage vert, garda ses feuilles lors de la mort de Mahomet alors que tous les autres arbres s'en dépouillèrent en signe de deuil. Ces derniers lui ayant reproché son indifférence, le térébinthe répondit : «Le deuil véritable n'est pas celui qu'on constate à la chevelure mais bien celui de l'âme. Vous voyez que je me suis arraché moi-même le cœur ! ».

En Occident, on croit que sentir l'odeur de cet arbre alors qu'il n'y en a pas dans les environs présage une mort.

 




Mythes et légendes :


Louis-Marie-Olivier Duchesne, auteur d'un article intitulé "Naumachie, obélisque, térébinthe." (Publications de l'École Française de Rome, 1973, vol. 13, n°1, pp. 315-328) relie le térébinthe à l'endroit où l'apôtre Pierre fut crucifié :


Ainsi, d'après Linus, l'obélisque de Néron marque l'endroit précis du crucifiement de saint Pierre ; d'après Marcellus, un térébinthe marquait l'endroit précis de sa sépulture. Le premier ne parle pas du térébinthe, le second ne mentionne pas l'obélisque. Mais, pour l'un comme pour l'autre, le supplice de l'apôtre a eu pour théâtre un lieu ou monument appelé Naumachie. Que cette Naumachie soit identique au cirque de Néron, au palatium Neronianum, c'est ce qui résulte tant de l'ensemble des données topographiques que de la mention de l'obélisque.

Ainsi, suivant nos légendaires, qui représentent sur ce point, la tradition la plus ancienne, saint Pierre fut crucifié dans le cirque de Néron, tout prés de l'obélisque, et son tombeau se trouvait sous un térébinthe. Cet arbre disparut sans doute lors de la construction de l'église ; mais on a pu en conserver le souvenir ; et d'ailleurs il n'est nullement prouvé que nos légendes, dans leurs plus anciennes rédactions, soient postérieures à Constantin.

[...]

Ces textes, fort clairs en eux-mêmes, supposent d'étranges confusions. Pour l'auteur des Mirabilia, le térébinthe a cessé d'être un arbre : il est devenu un édifice. De plus c'est le térébinthe de Néron, appropriation qui ne se rencontre pas dans la légende de Marcellus, laquelle du reste, ne parlait de térébinthe qu'à propos de la sépulture et non à propos de la crucifixion. Cependant toutes ces confusions peuvent encore s'expliquer. On pouvait ignorer que térébinthe est un nom d'arbre; le térébinthe de la légende avait disparu depuis longtemps; il ne pouvait, par sa présence au lieu primitif, protester contre cette lointaine translation.

[...]

Comme l'obélisque et le térébinthe, la Naumachie des légendes perdit de bonne heure le point d'attache que pouvaient lui donner les ruines du cirque. Dès le VIe siècle, nous le voyons par le Liber pontificalis, celles-ci étaient appelées palais de Néron. Cette dénomination ne sortit pas de l'usage : les Mirabilia marquent, au chapitre des palais, le palatium Neronis, ubi est sepulchrum Iulii Cesaris.

Dès lors ce qui ne pouvait manquer de se produire arriva en effet. Plus de térébinthe, plus d'obélisque, plus même de naumachie à l'endroit où les légendes les avaient indiqués. En revanche un vaste espace, au nord de la portica s. Petri, portait le nom de Naumachie. On y retrouva d'abord la naumachie des légendes ; puis on y chercha le térébinthe et l'obélisque. Près et au nord du portique s'élevaient deux grands monuments funéraires. L'un d'eux portait un nom capable de le défendre contre toute appropriation ; on le laissa sous le patronage de Romulus ; l'autre, moins déterminé, à ce qu'il paraît, reçut la double étiquette d'obélisque et de térébinthe.

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D'après Angelo de Gubernatis, auteur de La Mythologie des plantes ou les légendes du règne végétal, tome 2 (C. Reinwald Libraire-Éditeur, Paris, 1882),


TEREBINTHE (Pistacia therebinthus). — Arbre très vénéré chez les Juifs. Abraham éleva un autel à Jahvé, près d’un bois de térébinthes, dans la vallée d’Hébron. L’endroit où avait, dit-on, surgi l’arbre d’Abraham était encore l’objet d’un culte au temps d’Eusèbe. L’historien Josèphe raconte que les térébinthes d’Abraham avaient été créés avec le monde. Dans la Thaumatographia naturalis de Johnston (Amsterdam, 1670, p. 229), je lis : « In Memphi terebinthum arborem a constitutione mundi satam ad sua usque tempora superfuisse scribit Egesippus (De Excidio Hierosol.). » On montrait aussi à Sichem le térébinthe de Jacob, près duquel Josué éleva un autel. L’ange apparut à Gédéon pour l’encourager au combat, pendant qu’il se trouvait à Ophra, près d’un térébinthe. Dans cet endroit aussi, après la victoire, Gédéon éleva un autel. On ensevelissait de préférence les morts à l’ombre d’un térébinthe, symbole probable d’immortalité. (Sur les grandes propriétés médicinales attribuées au térébinthe, et une récente note érudite du docteur Demetrio Bargellini.)

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