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  • Photo du rédacteurAnne

Le Roucou




Étymologie :


  • ROCOU, subst. masc.

Étymol. et Hist. 1614 roucou, ouroucou (Claude d'Abbeville, Hist. de la Miss. des PP. Capucins à l'Isle de Maragnan, f o257a ds König, p. 177) ; 1615 rocou (Yves d'Evreux, Suite de l'hist. des choses plus mémor. advenues en Marignan es années 1613 et 1614, p. 212, ibid.). Empr. au tupi-guarani urucú, rucú, rocú (v. König, p. 178 et Fried., p. 546a-b). On note également vsub [lire vruc] en 1558 (Thevet, Singularitez de la France antarctique, fol. 56b ds König, p. 177).


Lire également la définition du nom rocouer afin d'amorcer la réflexion symbolique.


Autres noms : Bixa orellana - Achiote - Arbre à rouge à lèvres - Roucouyer -

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Botanique :



















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Usages traditionnels :


Dans "La symbolique de l'ornementation corporelle chez les Indiens Kayapó-Xikrin du Sud-Est du Pará". (In : Recherches brésiliennes. Archéologie, histoire ancienne et anthropologie. Besançon : Université de Franche-Comté, 1994. pp. 235-246. (Annales littéraires de l'Université de Besançon, 527) de Lux Vidal, on peut lire :


La peinture et les ornements corporels des groupes indigènes du Brésil ont attiré l'attention des chroniqueurs dès le premier siècle de la Découverte. Ainsi, dans la lettre à "El Rei Don Manuel", Pero Vaz de Caminha (l'urucum ou Bixa orellana) mentionne la "teinture rouge" dont les tupinamba enduisaient leur corps. [...]


Quant à la peinture corporelle, c'est une affaire de femmes : essentiellement liée à la socialisation du corps humain, à la morphologie sociale, à la subordination des aspects physiques de l'existence individuelle. Elle exprime, sur un mode formel et synthétique, la vérité d'une forme purement syntagmatique : la représentation que ces groupes se font de leur structure sociale, des manifestations biologiques et de leur relation avec la nature. Mieux encore, la peinture corporelle révèle à chaque individu les multiples facettes de sa personne face aux autres, dans l'espace et dans le temps : c'est le moyen de construction de l'identité et de l'altérité. Au niveau du sensible, du visuel, ce moyen de classification et de communication, qui rapproche et différencie à la fois des domaines culturels, des catégories d'individus et d'événements, se présente comme un système de représentations graphiques extrêmement élaboré auquel les Indiens eux-mêmes accordent une grande valeur : moyen de la réaffirmation constante d'une idée, d'un idéal. [...]

Les motifs décoratifs s'adaptent à un support plastique, le corps qui, à son tour, est porteur d'un autre ensemble de significations. C'est la manière expressément esthétique (mei) et correcte (Kumren) de se présenter. Les teintures d'urucum, le charbon, les résines, possèdent par ailleurs une fonction magique dans certaines circonstances, comme en cas de maladie, pour les expéditions de chasse, ou de guerre, pendant les retraites rituelles, ou pour éloigner les mauvais esprits. Signalons au passage que l'urucum et les résines exhalent une odeur très forte. [...]

Toutes les femmes pratiquent cet art [La peinture de jenipapo]. Peindre devient donc un attribut de la nature féminine. Les hommes, eux, se limitent à l'application de teinture d'urucum et de charbon sur le visage et sur le corps. Les jeunes enfants des deux sexes reçoivent les mêmes peintures corporelles. Les mères Kayapo passent des heures à peindre leurs enfants, qu'elles utilisent comme laboratoire, comme toile d'essai pour leur apprentissage. C'est sur le corps de son enfant que la jeune mère fera ses preuves, apprendra et atteindra sa qualification de peintre.

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Selon Vanié-Bi Irié Germain, Béné Kouadio et Zouzou Michel auteurs d'une "Étude Ethnobotanique Des Plantes Spontanées Comestibles Dans Le Département De Zuénoula (Centre-Ouest De La Côte D’ivoire)" (European Scientific Journal, ESJ, 17(29), 242, 2021) :


Quant à Bixa orellana (le Roucou), il n’existe à notre connaissance aucune étude botanique réalisée en Côte d’Ivoire l’ayant signalée comme une plante comestible. Le Roucou est plutôt exploité dans la décoration et le cosmétique (Kwassi et al., 2019). Par contre à Zuénoula, les graines de B. orrellana sont utilisées comme colorants de certains bouillons alimentaires (piments, poissons, crevettes, etc.). Sous cette forme, le Roucou est bien consommé en Asie, et son usage local ou industriel dans l’alimentation humaine est suffisamment documenté (Hagiwara et al., 2002). En plus, selon ces auteurs, la Bixine, principal complexe colorant des graines de Roucou, possède des propriétés thérapeutiques et nutritionnelles diverses : antibactériennes, antiparasitaires, anti-inflammatoires, diurétiques, hypotensives, laxatives, digestives, etc. Nous suggérons d’effectuer une enquête diagnostique régionale dans le but d’évaluer les caractéristiques alimentaires et nutritionnelles du Roucou ivoirien, et prévenir ainsi des risques éventuels d’intoxication.

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Symbolisme :


Roland Portères, auteur d'un article intitulé "Le caractère magique originel des haies vives et de leurs constituants (Europe et Afrique occidentale)." (In : Journal d'agriculture tropicale et de botanique appliquée, vol. 12, n°4-5, Avril-mai 1965. pp. 133-152) rappelle le caractère magique du roucouyer :


Bixa orellana L.

Espèce arbustive d'origine américaine souvent trouvée dans les haies, mais aussi isolée, dans les villages de la région côtière du Golfe de Guinée. Elle y est là à des titres divers : clôture, ornementation, fétiche, médicinal, tinctorial. Généralement à fleurs roses et fruits épineux, on rencontre parfois des formes à fleurs blanches et l'on signale au Liberia des types à capsules lisses. Toutes ces formes, nous les avons personnellement trouvées en République d'El Salvador (1960), souvent en mélange dans les clôtures et villages, où elle est la fleur préférée dans cette région ; l'« Achiota » y est à la fois cultivée et spontanée dans les forêts.

Les graines et leur enrobement dans le fruit sont utilisés en Afrique (comme en Amérique) pour leurs propriétés tinctoriales. C'est avec cette teinture que les Caraïbes se teignaient le corps en rouge pour aller à la guerre, ou lors de cérémonies religieuses et de danses (Les « Peaux-Rouges »). Sloane (Natural History of Jamaica, 2, 1725, p. 53) explique que le fard d'« Anatto » étant de même couleur que le sang des blessures, les guerriers ainsi colorés étaient rendus plus vaillants, plus courageux, parce qu'ils ne voyaient pas le sang coulant de leurs blessures.

Cette explication est peut-être celle qu'il faudrait donner aux séquelles magiques de l'emploi du Camwood dans les régions de la Côte de Guinée, quand on observe le Bixa orellana s'attribuer les noms donnés antérieurement au Camwood et que Ton voit ainsi le Rocou se substituer localement au Camwood dans les usages tinctoriaux (fibres, visages) pour des cérémonies et des danses.

La Côte de Guinée n'a cependant jamais exporté de graines de Bixa fournies surtout par l'Amérique. Son intérêt économique disparût surtout avec la teinture d'aniline dite « Rouge Congo » découverte en 1884, mais on l'utilise encore pour des soies et lainages, colorations de beurres et de fromages où son emploi reste autorisé en raison de son innocuité.

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