Étymologie :
Étymol. et Hist. 1. 1507 bot. radice (N. de La Chesnaye, Condamn. de Bancquet, p. 312, Jacob ds Gdf.) ; 1611 radis (Cotgr.) ; 2. 1842 arg. « sou » (A. Bourgeois et Brisebarre, Les Maçons, XIV ds Quem. DDL t. 3 : pas un radis!) ; 3. 1907 id. « orteil » (d'apr. Esn.). Empr. à l'ital. radice « radis » (dep. xive s. d'apr. DEI), propr. « racine », du lat. radix, -icis « id. ». Le sens 2 est dû à l'infl. de rond « sou » (rond2*) et des noms de petits fruits et légumes désignant des choses de peu de valeur (cf. entre autres navet et nèfle) ; le sens 3 à l'anal. de forme. Voir FEW t. 10, pp. 27-28b et Cellard-Rey.
Lire également la définition du nom radis afin d'amorcer la réflexion symbolique.
Autres noms : Raphanus sativus L. - Radis cultivé - Raifort des Parisiens - Raifort ordinaire - Rave -
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Botanique :
Jean-Marie Pelt, auteur de Des légumes (Librairie Arthème Fayard, 1993) nous en apprend davantage sur l'histoire du radis et sur ses propriétés :
Le docteur Henri Leclerc, phytothérapeute éminent, rapporte cette facétie d'un de ses maîtres qui, chaque fois qu'un élève se présentait dans son service, lui disait : « Ta physionomie est comme le radis, elle me revient ! » C'était insister là sur un des traits essentiels du rads : une digestibilité douteuse, accompagnée de généreuses éructations. Cette réponse de l'estomac à l'ingestion de radis tient à la présence dans celui-ci de principes soufrés et piquants, les sénevols, ceux-là mêmes qui confèrent à la moutarde - plante très voisine, de la même famille des brassicacées - son agressivité.
L'organe renflé et coloré du radis n'est pas une racine, malgré son nom dérivé du latin radix (la racine). C'est un hypocotyle, c'est-à-dire la partie de la tige située sous les cotylédons - et sous la terre. Les radicelles partent de la longue racine qui prolonge l'hypocotyle renflé à la base du radis et que l'on « abrège » avant de servir.
Le radis est un légume d'une vénérable ancienneté. Sous le nom de noon, il figure dans les hiéroglyphes de l'Égypte ancienne ; on le trouve représenté dans le temple de Karnak et dans la nécropole de Kaoum. Il apparaît aussi parmi les légumes distribués aux ouvriers qui travaillèrent à la construction de la grande pyramide de Gizeh. On le rencontre également dans tout le Proche-Orient et en Mésopotamie, d'om il se propage en Grèce et en Italie bien avant l'ère chrétienne. Puis l'Empire romain répand les radis noirs, ou « gros radis », dans toute l'Europe. C'est au XVIe siècle qu'apparaissent en Italie les petits radis ronds ou oblongs, la France prenant ensuite le relais de la diversification. Bien que les petits radis ronds s'hybrident aisément avec les radis noirs pour donner une foule de formes de transition, il n'est pas certain que ces deux légumes descendent d'un ancêtre commun. Il n'est pas démontré non plus que le petit radis provienne du radis noir. Comme on le voit, l'histoire du radis, bien que fort étudiée, reste un peu la bouteille à l'encre.
Les Anciens, qui ne connaissaient que le radis noir, faisaient peu de cas de sa valeur alimentaire. Dioscoride conseillait son ingestion après le repas pour faciliter la digestion Pratique que condamnait Galien, lequel n'admettait le radis que comme apéritif. Puis, au cours des siècles, de nombreux auteurs lui sont hostiles en tant qu'aliment, mais lui prêtent d'incontestables vertus thérapeutiques. On retiendra les propriétés du radis noir contre la coqueluche et les toux rebelles (indication couramment pratiquée en phytothérapie moderne). Le suc de radis noir conservé en ampoule soulage aussi les vésicules biliaires engorgées.
En tant que légume, le radis bat un record : celui de la durée de végétation, qui est exceptionnellement courte, puisqu'il est consommable entre le 20e et le 40e jour après semis. Si, au contraire, sa croissance traîne, il devient creux et très piquant. Pour avoir des petits radis en permanence, la pratique consiste à les semer de 15 jours en 15 jours e de les récolter au fur et à mesure qu'ils parviennent à une taille raisonnable. Les nombreuses variétés d'été, d'automne et d'hiver mettent à la disposition du consommateur toute une collection de formes, de variétés, de couleurs et de saveurs tout au long de l'année : radis jaune d'or, violet, rond, long, blanc, rose à bout blanc, géant, etc.
Très riche en eau, le radis est de tous les légumes racines le moins nutritif, mais non le moins savoureux. Il contient cependant des teneurs non négligeables en vitamines B et C.
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Vertus médicinales :
Henri Ferdinand Van Heurck et Victor Guibert, auteurs d'une Flore médicale belge. (Fonteyn, 1864) nous apprennent les propriétés thérapeutiques du Radis :
Usages Médicaux - Cette espèce présente les trois variétés suivantes : le radis proprement dit napiforme ou globulaire, à écorce lisse, rouge, rose ou blanche et à chair tendre ; la petite rave cylindracée ou fusiforme, à écorce et à chair comme la précédente ; le radis noir globuleux, à écorce rugueuse et noirâtre et à chair dure. Toutes ces racines ont une saveur âcre et piquante très prononcée ; râpées et appliquées sur la peau, elles agissent comme rubéfiantes (Loiseleur, Dubois). Elles servent à préparer une eau distillée, une tisane, vin, bière, teinture et sirop qui constituent autant de médicaments excitants, stomachiques et antiscorbutiques.
Raphanus raphanistrum, L.- Radis ravenelle. Usages Médicaux. Cette plante possède, d'après Linné, des semences vénéneuses qui mêlées au blé ont produit de redoutables épidémies ainsi qu'on a eu l'occasion de l'observer sur les classes pauvres de la Suède. Les mêmes dangers ne sont pas à craindre chez nous, disent les auteurs, pour ce motif qu'on y coupe le blé plus tôt qu'en Suède.
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Usages traditionnels :
Dans La Vie érotique de mon potager (Éditions Terre Vivante, 2019), Xavier Mathias nous donne quelques précisions sur les usages traditionnels du Radis :
Les petits radis de printemps, sonnez les mâtines ! Sitôt qu'il s'agit de récolter des radis, je ne peux m'empêcher de fredonner « Frère Jacques... » (1). Au cours d'une formation, j'ai appris, par le technicien bio chargé de nous enseigner les méthodes pour bien récolter, qu'on parlait aussi, pour nos petits légumes, de turgescence. Je m'en souviens comme si c'était hier. C'était à propos de petits radis bottes qu'il a insisté sur cet état pour que nous les ramassions dans les conditions les meilleures possibles, préalable indispensable selon lui, et comme j'ai pu le constater par la suite, à une saveur et une texture optimales après les quelques heures nécessaires à la récolte, le transport (même minime), la préparation et la dégustation.
« Turgescence du matin met le cueilleur en train. » Nos petits radis doivent effectivement avoir été bottelés dès le matin, si possible avant le lever du soleil, au saut du lit si j'ose dire, pour être au maximum de leur turgescence et plaisants en bouche. Je suis bien conscient que, vue sous un autre angle, cette phrase peut facilement être sujette à un tout autre genre d'interprétation, mais dans le cas concret des radis, je n'y peux rien. C'est comme ça qu'il faut dire. Le technicien n'y peut rien non plus si, en physiologie humaine, la turgescence correspond à une augmentation du volume par rétention de sang, tandis qu'en biologie végétale, elle correspond à une dureté, une fermeté liée à l'afflux d'eau. Coïncidence, cette turgescence a lieu le matin aussi !
Qui eut pensé que les végétaux avaient également un ce petit côté « Frè-reu Jacques, frè-reu Jacques, dormez-vous ? etc. etc. » que gamins nous chantions innocemment sans nous douter un seul instant de la véritable signification de cette comptine (2) ! Ce petit air, à l'apparence si sage, je le chantonne maintenant chaque fois que je récolte des radis, c'est presque pavlovien ça aussi.
Notes : 1) Frère Jacques n'est peut-être pas celui qu'on croit...
2) Nous chantions aussi « Il court, il court le furet, le furet du bois joli » sans nous douter de la contrepèterie (« Il fourre, il fourre, le curé... »), comme nous entonnions encore « Au clair de la lune » sans imaginer, innocents que nosu étions, le double sens à donner à « lune », « plume » et « battre le briquet ».
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Croyances populaires :
Ana M. Cabo-González, autrice de « Quand les propriétés des plantes défiaient l’entendement », (Annales islamologiques, 51 | 2017, pp. 39-51) s'intéresse notamment aux propriétés merveilleuses des plantes :
Al-Qazwīnī écrit à ce sujet que les carottes (ǧazar, Daucus carota L.) cuites, mélangées avec du miel et consommées chaque jour en quantité de cinq dirhams accroissent le désir sexuel d’une façon extraordinaire ; il ajoute [...] que les radis (fuǧl, Raphanus sativus L.) sont aussi aphrodisiaques, mais qu’ils provoquent la perte de la voix (Al-Qazwīnī, Kitāb ʿaǧāʾib al-maḫlūqāt, F. Wüstenfeld (éd.), 1967, p. 290-91.).
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Symbolisme :
Pour Scott Cunningham, auteur de L'Encyclopédie des herbes magiques (1ère édition, 1985 ; adaptation de l'américain par Michel Echelberger, Éditions Sand, 1987), le Radis (Raphanus sativus) a les caractéristiques suivantes :
Genre : Masculin
Planète : Mars
Élément : Feu
Pouvoirs : Protection ; Désir sexuel.
Utilisation rituelle : Une botte de Radis déposée sur la fenêtre d'une fille a deux sens :
a) Si les Radis sont frais, bien fermes et rose vif, cela signifie qu'elle aura des enfants sains et vigoureux, pour qui elle sera une excellente mère.
b) S'ils sont vieux, creux, ramollis par la chaleur et violacés, cela signifie qu'elle épousera un homme beaucoup plus âgé qu'elle et qui boit.
Utilisation magique : Porté sur soi, ou simplement gardé dans la maison, le Radis dégage des vibrations positives. Dans les Marches italiennes, les femmes en entourent les chandelles bénies de la Fête-Dieu. Dans nombre de régions, manger beaucoup de ces tubercules, ou en boire le jus, accroît le désir sexuel. Les paysannes des polders du Fen, à l'est de l'Angleterre, ne manquaient jamais de couper le haut des fanes de Radis lorsque celles-ci commençaient à grandir, car ces pousses tendres sont la nourriture de prédilection d'un esprit appelé Trillboy, qui s'infiltre dans les chaumières et possède les femmes pendant leur sommeil.
Dans plusieurs communes de la vallée de l'Altmühl, dans le Jura franconien, un Radis noir sauvage, dit poids d'horloge, servait de détecteur pour découvrir les lieux fréquentés par les sorciers.
Dans Le Livre des superstitions, Mythes, croyances et légendes (Éditions Robert Laffont S.A.S., 1995, 2019) proposé par Éloïse Mozzani, on apprend que :
Le radis est bénéfique puisqu'il "dégage des vibrations positives" : pour profiter de ses propriétés, il suffit d'en porter sur soi ou d'en avoir dans son domicile. Selon une tradition des Marches italiennes, "les femmes en entourent les chandelles bénies de la Fête-Dieu".
Consommer beaucoup de radis ou en boire le jus a des effets aphrodisiaques.
Dans certaines parties de l'Allemagne, (vallée de l'Altmüh, Jura franconien), un radis noir sauvage, appelé "poids d'horloge", est censé indiquer les lieux fréquentés par les sorciers. A l'est de l'Angleterre, les paysannes "ne manquaient jamais de couper le haut des fanes de radis lorsque celles-ci commençaient à grandir, car ces pousses tendres sont la nourriture de prédilection d'un esprit appelé Trillboy, qui s'infiltre dans les chaumières et possède les femmes pendant leur sommeil".
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Gisèle Kraupkoff et Véronique Bouillier, qui ont écrit Célébrer le pouvoir. Dasaï, une fête royale au Népal (Éditions de la Maison des Sciences de l'Homme, 2016) consacrent un chapitre au :
Nouvel an du radis chez les Néwar du Tibet
Au cours de l'enquête menée sur ce thème à Lhasa, des Tibétains interrogés ont évoqué l'importance du rôle économique joué par les Néwar et aussi de leurs fêtes, parlant du la-phug lo-sar, littéralement le "nouvel an du radis", expression qui ne pouvait qu'éveiller notre curiosité.
Cette fête correspondait, en réalité, dans le calendrier népalais au Dasaï, rituel proprement hindouiste célébré au Népal par les castes indo-népalaises et par les Néwar de religion hindoue qui symbolise la victoire de la déesse Devi/Durga sur les forces du mal incarnées par le démon buffle Mahisasura.[...]
Le sacrifice consistait à couper un radis, remplaçant à Lhasa la courge bhui-phasi que l'on ne pouvait trouver ici. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle les Tibétains appellent cette fête bhyabuki labu losa. [...]
Au moment de la procession du payah, le porteur du radis, un Tibétain de la caste des dépeceurs de cadavres, sorti du layku, portant le radis, suivis des thakali très bien habillés, des fleurs placées sous leurs calottes.[...] La procession fit le tour du parkhor pour revenir au layku. Le hvakeva plaça le radis sur un billot et un gradé de la garde du wakil coupa le radis en deux. Les Tibétains étaient très excités et criaient : Ha-Labu ! Ha-Labu ! « le radis ! le radis ! ».
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Symbolisme alimentaire :
Pour Christiane Beerlandt, auteure de La Symbolique des aliments, la corne d'abondance (Éditions Beerlandt Publications, 2005, 2014), nos choix alimentaires reflètent notre état psychique :
Le Radis représente les fougueuses forces du vent, les forces vitales dynamiques qui se lancent en avant ! Il est comme un chevalier idéaliste ; un cavalier galopant sans répit, toujours plus loin, combattant pour le bien. Il ressemble au croisé qui veut mettre toutes ses forces au service de ses idéaux Pour lui, dirait-on, c'est tout ou rien. Le Radis veut même courir devant, l'étendard haut levé ; il se sent comme le héros appelé à montrer le chemin. Doté d'une abondante réserver d'énergies, il veut faire force de voiles pour avancer, même piquer au vent s'il el faut. Son caractère est audacieux, il a le sentiment d'être invincible. Il est le combattant au service de la Vérité, de la Vie.
Dans la sphère psychique du Radis tout coule aisément ; un sentiment absolu de liberté et de mobilité règne ici. On dirait le courant dynamique de la vie même... et le Radis en est le porteur. La force, le dynamisme, l'assurance (pas la moindre hésitation : il subordonne ses intérêts personnels à ceux de le Bonne Cause), la progression incessante... Il ne se laisse retenir par rien ni par personne ; i passe à travers tous les feux et, se sachant porté par la vérité de l'énergie vitale même, il est invulnérable. Le Radis est comme le vent de Tempête qui ne cesse de souffler merveilleusement. Il se sait porté par le mouvement glissant des courants vitaux ; il ne leur oppose jamais de résistance.
Celui qui aime les Radis a besoin d'air frais, d'oxygène, de vastes espaces et de larges plaines venteuses. Il a besoin de dégager ses poumons entièrement ; il porte en lui le désir de se mouvoir sans restriction aucune dans l'espace vital. Cette image reflète le besoin intérieur de liberté et d'auto-libération.
Le Radis dit à cet être humain : « Laisse tes énergies circuler librement, ne te "coince" pas, ne t'enserre pas toi-même. Lâche la bride et laisse tout excès d'énergie s'échapper à temps. Laisse tes forces dynamiques se déployer vers l'extérieur, laisse-toi emmener par le vent de la vie ! Dégage-toi du carcan serré dans lequel tu t'emprisonnes trop facilement. Ce ne sont pas les autres, pas plus que tes vêtements... qui te ceignent : c'est toi-même qui dois d'une manière ou d'une autre t'affranchir de tout lien serré. tes énergies sont souvent trop "à l'attache", ligotées, retenues, coincées. Un autre n'a rien à voir là-dedans. Tu n'a pas à lutter contre les autres, contre les systèmes... Tu feras bien au contraire de libérer tes énergies de desserrer ta nature garrottée, de t'ouvrir tout grand en tant que TOI... »
Celui qui aimes les Radis porte en lui une aspiration intense à la liberté. Il a besoin de mobilité, de se mouvoir dans sa nature sans aucune entrave. Une masse d'énergies le soulève, le stimule à bouger, à aller de l'avant, à conquérir le monde et à se battre (non pas au sens propre) pour ses idéaux. S'il freine sa progression, s'il retient sa marche tandis qu'il sent qu'il doit avancer, alors il lutte contre lui-même. Sa santé demande qu'il s'épanouisse d'une façon intuitive, sans trop s'assujettir à des règles et à des structures. La frustration et les énergies refoulées engendrent une situation tendue. Il faut qu'il puisse suivre sa dynamique vitale intérieure. Jamais il ne devra reprocher aux autres son sentiment d'être bloqué ou d'être restreint dans sa liberté. S'il s'attire des situations extérieures dans lesquelles il se trouve "coincé", celles-ci ne sont que la conséquence du fait qu'il se "fixe" lui-même intérieurement Les conditions extérieures changeront s'il s'affranchit intérieurement !
Celui qui a envie de croquer des Radis veillera à ne pas s'enserrer les Côtes à force de restreindre son propre Espace... Il ne réprimera pas sa soif naturelle de liberté par d'incessants raisonnements et par des règles structurelles coercitives qu'il s'impose. Il ne tâchera pas non plus de se délivrer de cette camisole de force en prenant tout le temps la fuite, au sens propre du terme : par exemple en ne tenant pas en place une minute, en ayant toujours le sentiment de "devoir" être en mouvement, en voulant continuellement partir en voyage, etc. C'est "intérieurement" qu'il faut se libérer. Il peut voyager dans l'espace de son Moi ! Mais il est évident que sa vie deviendra aussi plus mobile extérieurement lorsqu'il sera libéré intérieurement ; seulement il ne s'agira alors plus de mouvements compulsifs ni d'une évasion, mais bien d'un agréable reflet de son sentiment intérieur de liberté.
Celui qui aime les Radis se met parfois lui-même derrière les barreaux ; il est alors trop rigide, trop dur, trop têtu. De cette manière, il fait du mal à lui-même en premier lieu. Quels que soient la façon de penser, les structures, la philosophie ou la conception de la vie dans lesquelles il s'est emprisonné, il doit s'en délivrer. Il y a des forces qui réclament leur libération. Il veillera à ne pas mettre derrière des barreaux de fer l'Enfant en lui qui veut chanter, danser, jouer, vivre spontanément ! Il ouvrira les portes à l'énergie pour qu'elle puisse couler librement...
Des énergies extrêmement puissantes réclament une percée, demandent à circuler dans entraves. L'être humain ne doit pas se retenir à cet égard. Cela vaut naturellement pour ce qui concerne son épanouissement personnel ; s'il s'agit en revanche de vouloir s'élancer dans le but "d'avoir quelque chose, de réaliser une performance ou d'atteindre un objectif" en dehors de soi, il n'est plus question d'auto-libération mais de convoitise ardente qui empêche même l'évolution. En ce cas, il fera mieux de s'attarder sur lui-même pour un moment d'introspection.
Si, au contraire, il s'agit d'énergies dirigées par le cœur, dans une aspiration à devenir soi-même d'une façon de plus en plus authentique et libre, en étant fidèle à sa nature originelle..., alors il fera bien de les écouter !
Celui qui a faim de Radis a profondément besoin de mettre à profit ses énergies adéquatement ! Il ne se sentira pas bien et cela pourra même l'irriter si ces forces sont freinées ou bloquées ; lorsqu'il est obligé d'attendre, cela peut mettre sa patience à l'épreuve, surtout quand il s'agit de choses qui ne l'intéressent que modérément ou qui, à son avis, ne valent pas la peine d'y investir ses précieuses énergies tempétueuses. Il sent déjà le sang bouillir dans ses veines, tellement il lui tarde de se mettre à ses véritables tâches ! C'est pourquoi il est indispensable pour lui de manifester sincèrement et ouvertement son individualité, d'oser "poursuivre sa route" ou même d'oser "s'en aller" lorsqu'il sent qu'il doit quitter tel ou tel endroit..., et de ne pas s'enchaîner lui-même rien que pour avoir la paix ou pour faire plaisir à autrui !
Son Moi profond ressent la nécessité d'extérioriser sincèrement ses énergies, d'avancer dynamiquement, comme le requiert sa nature ; dès lors, il ne se sentira pas bien dans sa peau s'il ne peut pas laisser ses énergies couler en suivant les lignes de son tempérament naturel !
Cette personne a peut-être plus qu'une autre besoin de sincérité envers sa nature si elle ne veut pas s'emprisonner elle-même. Elle ne doit pas en faire accroire, ni à elle-même ni aux autres... Son champ d'énergie intérieur lui demande d'affirmer carrément sa personnalité, sans chercher de demi-mots, sans camouflage, sans de petits mensonges.
Le système nerveux de cet être humain demande qu'il ne bloque pas ses énergies, qu'il n'enferme pas sa vie dans des "cases", mais par contre qu'il écoute son sentiment, son intuition. Il ne doit pas vivre sa vie "par à-coups", mais il apprendra à se laisser aller avec fluidité aux courants vitaux qui sourdent de son Moi profond. Il écoutera la vie en lui, sans se bloquer lui-même dans un état de refus têtu. Le Radis lui dit : "Dynamite toutes les vieilles structures inutilisables. Laisse-moi constamment guider par des énergies vitales novatrices. Ne fais pas barrage à ton évolution en t'attachant à l'ancien. Ose toujours avancer, hardiment, avec flexibilité et dynamisme ! Ne fixe pas continuellement ta vie et tat personne dans un encadrement rigide ou dans des lignes structurelles peu tenace. Laisse-toi aller, va de l'avant... !"
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Selon Aliyah Morgenstern, Camille Debras, Pauline Beaupoil-Hourdel et al., auteurs de "L’art de l’artichaut et autres rituels : transmission de pratiques sociales et alimentaires dans les diners familiaux parisiens." in Anthropology of food, 2015, n°9 :
Manger des légumes, c’est bon « pour la santé », mais c’est aussi « bon au goût » à en croire les parents. D’ailleurs, les parents ont souvent recours à un vocabulaire appréciatif pour qualifier les légumes lorsque leurs enfants rechignent à manger. Le chou, les navets ou encore les artichauts ne paraissent pas toujours très appétissants aux yeux des enfants, mais ce n’est pas le cas de tous les légumes. Prenons l’exemple des radis. Le radis rose et blanc éveille par sa couleur une certaine envie chez les enfants qui semblent voir dans sa dégustation davantage un jeu ludique qui incite au partage qu’un moment conflictuel avec les parents. Le radis, petite racine charnue, ressemble plus à une gourmandise craquante qu’à un légume et ce, notamment parce qu’il se mange avec les doigts. En mangeant des radis, l’enfant retrouve la même dimension ludique que lorsqu’il mange des cacahuètes ou des chips, en se passant de couverts. Cette dimension est, dans la famille 2, redoublée par un jeu qui consiste en un partage strict pour éviter que certains convives ne mangent davantage que d’autres. Ce partage a suscité le comptage et la répartition des radis, une activité collective et ludique à laquelle tous les membres de la famille se sont livrés.
Un autre thème abordé dans les deux dîners de cette famille est de déterminer si l’on mange les queues de radis ou non.
[...]
Le dîner est un lieu de convivialité et dans les deux repas pris comme exemple, la consommation de radis permet de véhiculer des notions de partage, d’inculquer les bonnes manières aux enfants et aussi la manière dont certains aliments se dégustent. Au cours de ces deux entrées, les enfants sont sensibilisés à la notion de quantité qui vise à assurer un bon équilibre des saveurs.
Toutefois, cet enseignement des règles à suivre concernant la consommation du radis laisse aussi place à l’expression personnelle de chaque participant et dans une certaine mesure à une individualisation des pratiques. NIC exprime haut et fort ses envies et ses choix et bien qu’étant plus jeune que FEL, il lui fait remarquer qu’elle ne mange pas tout le radis alors que tout est comestible. Ce faisant, il prend le rôle d’un « grand » qui sait que les queues et les fanes de radis se mangent car son père le lui a dit. Ce rôle est d’autant plus fort que lorsque le garçon s’adresse avec autorité à sa sœur, le père est absent. Parallèlement, on observe quasiment la même attitude de la part de l’aînée, ARM. Elle prend le rôle de la grande sœur qui fait des reproches à son petit frère sur ses manières de manger et, ce faisant, elle montre aux parents qu’elle a bien compris les codes de la consommation du radis, ainsi que les bonnes manières à table en général.
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Littérature :
« Les radis »
Chacun sait qu’autrefois les femm’s convaincues d’adultère
Se voyaient enfoncer dans un endroit qu’il me faut taire Par modestie... Un énorme radis.
Or quand j’étais tout gosse, un jour de foire en mon village, J’eus la douleur de voir punir d’une épouse volage La perfidie, Au moyen du radis.
La malheureuse fut traînée sur la place publique Par le cruel cornard armé du radis symbolique, Ah! sapristi, Mes aïeux quel radis !
Vers la pauvre martyre on vit courir les bonn’s épouses Qui, soit dit entre nous, de sa débauche étaient jalouses. Je n’ai pas dit : Jalouses du radis.
Si j’étais dans les rangs de cette avide et basse troupe, C’est qu’à cette époqu’-là j’ n’avais encor’ pas vu de croupe Ni de radis, Ça m’était interdit.
Le cornard attendit que le forum fût noir de monde Pour se mettre en devoir d’accomplir l’empal’ment immonde, Lors il brandit Le colossal radis.
La victime acceptait le châtiment avec noblesse, Mais il faut convenir qu’elle serrait bien fort les fesses Qui, du radis, Allaient être nanties.
Le cornard mit l’ radis dans cet endroit qu’il me faut taire, Où les honnêtes gens ne laissent entrer que des clystères. On applaudit Les progrès du radis.
La pampe du légume était seule à présent visible, La plante était allée jusqu’aux limites du possible, On attendit Les effets du radis.
Or, à l’étonnement du cornard et des gross’s pécores L’empalée enchantée criait : "Encore, encore, encore, Hardi hardi, Pousse le radis, dis !"
Ell’ dit à pleine voix : "J’ n’aurais pas cru qu’un tel supplice Pût en si peu de temps me procurer un tel délice ! Mais les radis Mènent en paradis !"
Ell’ n’avait pas fini de chanter le panégyrique Du légume en question que toutes les pécor’s lubriques Avaient bondi Vers les champs de radis.
L’œil fou, l’écume aux dents, ces furies se jetèrent en meute Dans les champs de radis qui devinrent des champs d’émeute. Y en aura-t-y Pour toutes, des radis ?
Ell’s firent un désastre et laissèrent loin derrière elles Les ravages causés par les nuées de sauterelles. Dans le pays, Plus l’ombre d’un radis.
Beaucoup de maraîchers constatèrent qu’en certain nombre Il leur manquait aussi des betterav’s et des concombres Raflés pardi Comme de vils radis.
Tout le temps que dura cette manie contre nature, Les innocents radis en vir’nt de vert’s et de pas mûres, Pauvres radis, Héros de tragédie.
Lassés d’être enfoncés dans cet endroit qu’il me faut taire, Les plus intelligents de ces légumes méditèrent. Ils se sont dit : "Cessons d’être radis !"
Alors les maraîchers semant des radis récoltèrent Des melons, des choux-fleurs, des artichauts, des pomm’s de terre Et des orties, Mais pas un seul radis.
A partir de ce jour, la bonne plante potagère Devint dans le village une des denrées les plus chères Plus de radis Pour les gagne-petit.
Cettain’s pécor’s fûtées dir’nt sans façons : "Nous, on s’en fiche De cette pénurie, on emploie le radis postiche Qui garantit Du manque de radis."
La mode du radis réduisant le nombre de mères Qui donnaient au village une postérité, le maire, Dans un édit Prohiba le radis.
Un crieur annonça : "Toute femme prise à se mettre Dans l’endroit réservé au clystère et au thermomètre Même posti- Che un semblant de radis
Sera livrée aux mains d’une maîtresse couturière Qui, sans aucun délai, lui faufilera le derrière Pour interdi- Re l’accès du radis."
Cette loi draconienne eut raison de l’usage louche D’absorber le radis par d’autres voies que par la bouche, Et le radis, Le légume maudit,
Ne fut plus désormais l’instrument de basses manœuvres Et n’entra plus que dans la composition des hors-d’œuvre Qui, à midi, Aiguisent l’appétit.
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