Étymologie :
NERPRUN, subst. masc.
Étymol. et Hist. Ca 1210 noirbrun (Guiot de Provins Bible, 2634 ds T.-L.) ; xiiie s. *neir prun (transcr. d'une gl. fr. écrite en caractères hébr. ds G. Schlessinger, Die altfranzösischen Wörter im Machsor Vitry, n°156) ; début xve s. noirprun (Coutumier des forêts de Normandie, Evreux ds L. Delisle, Ét. sur la condition de la classe agricole [...] en Normandie au M.-Â., 1851, p.356) ; 1501 nerpruin (A. Joubert, Étude sur les misères de l'Anjou aux XVe et XVIe s., p. 268 ds Delb. Notes mss) ; 1507 nerprun (s. réf. ds FEW t. 9, p. 497b). D'un lat. pop. *niger prunus, proprement « prunier noir ».
Lire également la définition du nom nerprun afin d'amorcer la réflexion symbolique.
Autres noms : Rhamnus alaternus - Alaterne - Nerprun alaterne -
Rhamnus alpina - Nerprun des Alpes -
Rhamnus cathartica - Bourgépine - Bourg-Épine - Épine de cerf - Épine noire - Nerprun cathartique - Nerprun officinal - Nerprun purgatif - Noirprun - Quemot -
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Botanique :
Dans sa thèse de Doctorat en pharmacie intitulée Les plantes médicinales des pelouses calcaires de la Réserve Naturelle de Montenach (57) (Nancy, 2010), Stéphanie Schaal propose la description suivante :
Cet arbrisseau rustique, dont les branches auraient servi a tresser la couronne d’épines du Christ, est répandu dans les bois, les haies, les taillis, sur les coteaux très calcaires. Mesurant généralement 2 à 4 m de hauteur, il peut parfois atteindre 6 à 8 m ; les rameaux opposés épineux au sommet sont recouverts d’une écorce brun noirâtre, lisse et luisante pendant le jeune âge, qui devient ensuite fortement gercée et crevassée. Les feuilles opposées sur les jeunes rameaux, alternes et très rapprochées sur les rameaux âgés, sont simples, pétiolées, pourvues de stipules étroites et caduques ; le limbe est ovale aigu, régulièrement et finement denté, vert foncé en dessus légèrement velu en dessous, à nervures saillantes convergeant vers le sommet de la feuille. Les fleurs jaune verdâtre s’épanouissent d’avril à juin ; réunies en cymes à l’aisselle des feuilles, elles sont unisexuées ou hermaphrodites et comprennent un calice à 4 sépales triangulaires, une corolle à 4 pétales dont les bords latéraux recourbés en dedans entourent l’étamine ; l’androcée formé de 4 étamines à filet court, à anthères biloculaires introrses, avorte dans les fleurs mâles, comprend 2 à 4 carpelles constituant un ovaire surmonté d’un style prolongé par autant de branches stigmatiques qu’il y a de loges renfermant chacune un ovule ascendant anatrope. Le fruit est une drupe noire contenant 3 ou 4 noyaux parcheminés. Le nerprun se distingue de la bourdaine par ses rameaux épineux et ses feuilles finement dentées à nervures convergentes (GARNIER et al, 1961).
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Vertus mécidinales :
Pierre-Joseph Buchoz, médecin de Monsieur et auteur de Etrennes du printemps, aux habitans de la campagne, et aux herboristes, ou pharmacie champêtre, végétale & indigène, à l'usage des pauvres & des habitans de la campagne (Lamy libraire, Paris, 1781) recense les vertus médicinales des plantes :
Racine d’Alaterne. On l'emploie en décoction dans les Provinces méridionales, pour guérir les maladies vénériennes.
Henri Ferdinand Van Heurck et Victor Guibert, auteurs d'une Flore médicale belge. (Fonteyn, 1864) nous apprennent les propriétés thérapeutiques du Nerprun :
Propriétés Physiques et chimiques. - Ces fruits gros comme ceux du genévrier, verts d'abord, noirs quand ils sont mûrs, ont une odeur désagréable, un peu nauséabonde, une saveur amère, âcre et glutineuse. Ils contiennent quatre nucules accolées, ce qui permet de les reconnaître alors qu'on les falsifie avec les prunelles ou les baies de troëne. Le jus des baies est vert, mais passe au rouge violet très foncé par son contact avec l'air ; l'analyse y a rencontré de l'acide acétique, de l'acide malique, un principe amer, une matière colorante verte, du sucre et une substance de couleur brune (Hubert).
Usages Médicaux. Les baies de nerprun sont reconnues purgatives depuis les temps les plus reculés (Hippocrate) ; la tradition s'est conservée chez les campagnards qui en prennent de 10 à 25 pour se purger. Leur action cependant n'est pas toujours constante et inoffensive ; on les a vues quelquefois produire des accidents. Comme c'est un purgatif assez drastique, on en réserve l'administration lorsqu'on veut obtenir une forte révulsion, par exemple dans des cas d'hydropisie ou de paralysie. On les emploie aussi dans la médecine vétérinaire. Leur action hydragogue les a fait recommander dans le traitement de l'hydropisie (Sydenham, Corvisart, Debeunie). L'inconstance d'action des baies et les accidents qu'elles peuvent déterminer, coliques plus ou moins vives, soif, sècheresse de la bouche, ardeur du gosier, leur font préférer le rob ou le sirop (Syrupus e spina cervina). La seconde écorce des tiges et des racines passe pour vomitive.
Formes et doses. Baies récentes, 10 à 20. - Baies sèches, 30. Décoction, 20 à 30 par kilogramme d'eau. — Suc, 8 à 30 grammes en potion. Rob, 1 à 8 grammes - Sirop, 30 à 100 grammes. Le suc aussi en lavements de 50 à 100 grammes.
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Selon Alfred Chabert, auteur de Plantes médicinales et plantes comestibles de Savoie (1897, Réédition Curandera, 1986) :
Les purgatifs les plus employés sont, dans les plaines et les basses montagnes, les baies et l'écorce de racine de nerprun, Rhamnus cathartica [...].
Dans sa thèse de Doctorat en pharmacie intitulée Les plantes médicinales des pelouses calcaires de la Réserve Naturelle de Montenach (57) (Nancy, 2010), Stéphanie Schaal recense les usages thérapeutiques du Nerprun officinal :
Cathartica vient du mot grec kathartikos : servant à purifier (de kathairô : je purge) ; les fruits de cet arbuste sont purgatifs. Nerprun vient du latin populaire nyrum prunum ; prunier noir, prononcé de bonne heure neruprunu et en français nerprun.
Le Nerprun n’était pas connu de l’Antiquité et ses effets purgatifs ne sont mentionnés que depuis le XVIème siècle. Matthiole donna la recette d’un sirop de nerprun qu’il recommandait comme laxatif dans le traitement de la goutte, la sciatique, la paralysie. Au XVIIIème siècle, la poudre de graine était employée comme purgatif. Abandonné pendant quelques temps, le nerprun fût remis à l’honneur pour « tous les cas où l’emploi des drastiques est indiqué » (GARNIER et al, 1961). Il est toujours inscrit à la Pharmacopée Française 10ème édition.
Utilisation traditionnelle : Les fruits sont purgatifs, dépuratifs et diurétiques, on utilise un sirop de fruits ou les fruits séchés, en infusion (SCHAUENBERG, 1977).
Les fruits du nerprun sont laxatifs et diurétiques et contribuent à augmenter la sécrétion de la bile sans modifier la concentration des constituants solides. A dose élevées, ils peuvent provoquer de la diarrhée et de la néphrite.
Les feuilles et l’écorce sont douées de propriétés purgatives et peut-être antilaiteuses ; elles sont à peu près inusitées.
Les fruits étaient employés contre l’hydroptisie et comme révulsif dans certaines affections, apoplexies, congestion cérébrale, paralysie, et même comme vermifuge.
Un exemple de prescription : le suc à la dose de 15 à 30 g comme laxatif ; l’extrait à la dose de 4 à 8 g ; le sirop à la dose de 10 à 40 g le matin à jeun dans une tasse de thé (GARNIER et al, 1961).
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Symbolisme :
Philippe-François-Nazaire Fabre, dit Fabre d’Églantine dans son Rapport fait à la Convention nationale dans la séance du 3 du second mois de la seconde année de la République Française, p. 24 nous apprend que :
Dans le calendrier républicain, l'Alaterne était le nom attribué au 7e jour du mois de ventôse, équivalant généralement aux 25 février grégoriens.
Emma Faucon, dans Le Langage des fleurs (Théodore Lefèvre Éditeur, 1860) s'inspire de ses prédécesseurs pour proposer le symbolisme des plantes qu'elle étudie :
Nerprun - La mort est dans mon sein.
Cet arbrisseau, très commun dans nos bois, donne de petites baies noires purgatives et desquelles on extrait la couleur verte appelée vert de vessie. Son bois brûlé fournit un charbon excessivement léger et que l'on emploie de préférence à tous les autres pour la fabrication de la poudre à canon.
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Dans Le Livre des superstitions, Mythes, croyances et légendes (Éditions Robert Laffont, 1995 et 2019), Éloïse Mozzani nous propose la notice suivante :
Consacré par les Anciens aux Furies, le nerprun (ou « prunier noir », en raison de ses baies noires), est, selon la tradition, l'arbrisseau dont les branches ont servi à tresser la couronne d'épines du Christ.
Le nerprun, comme toutes les plantes épineuses, protège de la sorcellerie. Les Allemands, par exemple, croyaient préserver le bétail des sorts en piquant des branches dans le fumier, la veille du 1er mai. A la même date, en Sibérie, on clouait au-dessus des portes des étables des branches de nerprun en forme de croix.
Dès le XVIe siècle, on fabriquait avec les baies de nerprun un sirop propre à « évacuer le flegme et les humeurs grosses et visqueuses », utilisé notamment contre la goutte et l'hydropisie. Les botanistes soulignaient à cette époque les effets purgatifs des baies de l'arbrisseau, effets reconnus de nos jours.
Selon une croyance originaire du département de la Vienne, un chien qui mangeait une baie de nerprun devenait enragé.
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