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Le Marrube




Étymologie :

Étymol. et Hist. [Fin xie s. mar[r]ubie (Raschi, Gl., éd. A. Darmesteter et D. S. Blondheim, t. 1, n°687)] ; ca 1200 marubïon (G. de Douai, Jérusalem, 6406 ds T.-L. ; ca 1300 marrouble blanc (La chirurgie de l'abbé Poutrel ds Mél. Lecoy (F.) 1973, p. 545) ; 1387-89 marrubre blanc (Gaston Phébus, Livre de chasse, éd. G. Tilander, 16, 121); xves. [date du ms.] marube (Médicinaire namurois, éd. J. Haust, 337). Empr. du lat. marrubium, de même sens. L'a. fr. a la forme marroge/marruge (xiie s. ds Gdf. et T.-L.), aboutissement phonétique normal du lat. marrubium, qui a été rapprochée, p. étymol. pop., des mots de la famille de rouge*, d'où l'a. fr. maroil/maruil (mil. xiiie s. ds T.-L., s.v. marroge), par croisement avec *robicŭlu (rouille*).


Lire également la définition du nom marrube afin d'amorcer la réflexion symbolique.


Autres noms : Marrubium vulgare ; Bonhomme ; Giroflée odorante ; Grand Bonhomme ; Herbe aux crocs ; Herbe vierge ; Mapiochin ; Marrochemin ; Marrube blanc ; Marrube commun ; Marube ;

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Botanique :


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Phytothérapie :


Ferdinand Otto Wolf, auteur de Plantes médicinales indigènes ou cultivées en Valais leurs propriétés et emplois en médecine populaire (1906) décrit deux sortes de marrube :


Ballotta nigra L. Ballote, Marube noir.

N. pop. Ortia morta (L.).

Le Marube noir (ou fétide) croit aux bords des chemins, dans les lieux secs et arides de la vallée du Rhône (de St-Gingolph ä Mœrel) et dans les vallées latérales (Salvan, Liddes, Bagnes, Grimentz, Staldenried, Gondo, Bitsch, etc. etc.) Alt. 375 - 1500 m. Fleurit de juin à septembre.

On la récolte au moment de la floraison, les sommités fleuries sont préférables aux feuilles. Elle possède des propriétés toniques., vermifuges et aménagogues, assez prononcées, mais sa mauvaise odeur empêche de l'employer à l'intérieur. On lui préfère le Marube blanc. Mais à l'extérieur on l'emploie avec succès en décoction comme détersif, contre les ulcères atoniques et variqueux, à la dose de 25 à 30 grammes par litre d'eau.

[...]

Nous avons déjà parlé du Marrube noir (Ballota nigra), qui peut être employé de la même manière que le Marrubium vulgare ou Marrube blanc ; mais ce dernier est préférable.


Marrubium vulgare L. Marrube.

Noms pop. : Marrube (M.) ; Baunbaung rodzo (L.) ; Marrobe H.).

Le Marrube se rencontre assez fréquemment dans la grande vallée du Rhône, depuis St-Maurice jusquà Viége ; il aime les lieux secs et arides, les décombres, les bords des chemins et fleurit de mai à octobre. Nous le trouvons encore quelques fois près des villages élevés : Orsières, Verbier, Isérables, Vex, Nax, Niouc, etc.

Alt. 450 - 1450 m.

Les feuilles du Marrube blanc, d'un goût prononcé d'amertume, contiennent une huile volatile qui possède une grande vertu expectorante. Elles agissent d'une manière vivifiante, toxique, dissolvante et quelque peu excitante, et sont employées sous forme de thé ou infusion quand on a la poitrine embarrassée et aussi dans les obstructions des organes du bas ventre, du foie ou des poumons, et enfin dans la jaunisse. Le jus extrait de la plante fraîche, mélangé d'huile fine et introduit dans l'oreille, calme les douleurs ; mélangé à du miel il est employé contre la toux, la coqueluche et les pâles couleurs (chlorose) l'anémie.

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Croyances populaires :


Dans Le Folk-Lore de la France, tome troisième, la Faune et la Flore (E. Guilmoto Éditeur, 1906) Paul Sébillot recense nombre de légendes populaires :


Suivant une croyance très répandue, on peut se débarrasser d'une maladie en la transmettant à un être ou à un objet ceux-ci la prennent, en souffrent et éprouvent le même sort qu'aurait subi celui qui la leur a passée. En ce qui concerne les plantes, cette transmission se fait assez fréquemment au moyen de l'urine. Au XVIe siècle, ce procédé était réputé efficace pour l'hydropisie ; il fallait « pisser neuf matins sur le marrube avant que le soleil l'ait touché et à mesure que la plante mourra, le vantre se desanflera. »

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Symbolisme :


Pour Scott Cunningham, auteur de L'Encyclopédie des herbes magiques (1ère édition, 1985 ; adaptation de l'américain par Michel Echelberger, Éditions Sand, 1987), le Marrube (Marrubium vulgare) a les caractéristiques suivantes :


Genre : Masculin

Planète : Mercure

Élément : Air

Divinité : Horus-horammôn, l'Ammon thébain

Pouvoirs : Exorcisme, Facultés mentales ; Guérison.


Utilisation rituelle : À Thèbes, la « capitale aux cent portes » de la Haute-Égypte, on brûlait des Marrubes dans les cérémonies qui célébraient la fusion du dieu-épervier Horus avec Ammon-Râ.

L'Ammon thébain avait son temple colossal à Karnak ; on y allait par la célèbre avenue bordée de béliers. Lors de certaines fêtes, les prêtres solaires défilaient le long de cette avenue, avec au milieu d'eux des béliers vivants à qui l'on donnait à brouter des Marrubes.


Utilisation magique : Les sommités fleuries entrent dans des sachets protecteurs qui repoussent les mauvais sorts. On en fait aussi des infusions dont on asperge les lieux ou les personnes à exorciser.

Lorsque cette même infusion est bue, elle renforce considérablement les facultés mentales : l'esprit devient lucide, la pensée plus claire, la puissance de travail accrue.

Des feuilles de Marrube blanc mêlées à parts égales avec des feuilles de frêne, et mises à tremper dans un bol d'eau de pluie recueilli une nuit de pleine lune, dégagent de puissantes vibrations positives. Ce charme agit tout particulièrement dans les cas de maladies nerveuses. Il faut placer le bol à la tête du lit du malade, du côté du mur le plus proche.

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Dans Le Livre des superstitions, Mythes, croyances et légendes (Éditions Robert Laffont S.A.S., 1995, 2019) proposé par Éloïse Mozzani, on apprend que :


Consacrée par les Égyptiens au dieu Horus, d'où son appellation de "sperme d'Horus", cette plante herbacée jouait également un grand rôle dans le culte d'Ammon : à Thèbes, on en brûlait "dans les cérémonies qui célébraient la fusion du dieu-épervier Horus avec Ammon-Râ, tandis que, dans le temple de Karnak, à l'occasion de certaines fêtes, on donnait des marrubes à brouter aux béliers qui accompagnaient les prêtres défilant le long de l'allée bordée de sphinx et d'animaux sacrés (dont des béliers).

C'est peut-être à cause de son odeur musquée que la plante, qui sous le nom de "graisse d'Horus" était un remède aux maladies respiratoires, est renommée pour ses grandes vertus purificatrices : ses sommités fleuries éloignent les mauvais sorts et servent à faire des infusions qu'on projette sur les lieux ou individus à exorciser. Ceux qui veulent aiguiser leur esprit et renforcer leur puissance au travail ont tout intérêt également à boire une infusion de marrube.

Un mélange de feuilles de marrube blanc et de feuilles de frêne mises à tremper dans un bol d'eau de pluie recueillie une nuit de pleine lune exhale "de puissantes vibrations positives", particulièrement efficaces en cas de maladie nerveuse : il suffit "de placer le bol à la tête d lit du patient, du côté du mur le plus proche".

Selon une recette du XVIIe siècle, uriner sept matins de suite avant le lever du jour sur cette plante guérissait l'hydropisie. A la même époque, elle passait pour faire monter le lait chez les animaux femelles. Dans le Poitou, le marrube était censé être un remède à la rage tandis que dans le Languedoc on l'invoquait contre le vers des animaux : il fallait le cueillir avant le lever du jour en disant : "Je t'arrache pour que tu délivres des vers mon bœuf, mon chien...", puis faire une croix avec deux de ses branches.

D'après une croyance bretonne (Ille-et-Vilaine) : "Plus il y a des bonhommes (surnom de la plante) à fleurir dans l'année, meilleurs seront les hommes".

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Mythes et légendes :


D'après Angelo de Gubernatis, auteur de La Mythologie des plantes ou les légendes du règne végétal, tome 2 (C. Reinwald Libraire-Éditeur, Paris, 1882)

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MARRUBIUM. — On reconnaît le marrubium plicatum dans cette herbe dédiée par les Égyptiens à leur dieu Horus, et que les prêtres appelaient même le sperme de Horus, ou le sang du taureau et l’œil de l’étoile ; les Latins le nommaient prassium, les Grecs linostrophon et asterion (le Gotthülf ou Helfenkraut des Allemands). Walafridus Strabo, dans son Hortulus, recommande le marrubium comme un contrepoison magique :


Si quando infensae quaesita venena novercae

Potibus immiscent dapibusve aconita dolosis

Tristia confundunt, extemplo sumpta salubris

Potio marrubii suspecta pericula pressat.

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