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Le Laurier-cerise




Étymologie :


  • LAURIER-CERISE, subst. masc.

Étymol. et Hist. 1690 (Fur.). Composé de laurier* et de cerise*.


Lire la définition du nom laurier-cerise afin d'amorcer la réflexion symbolique.


Autres noms : Prunus laurocerasus - Laurier-amande - Laurier-amandier - Laurier de Trébizonde - Laurier-palme -




Botanique :


Dans Histoire et légendes des plantes utiles et curieuses (Librairie de Firmin Didot, Frères, Fils et Cie, 1871), J. Rambosson poursuit la tradition du sélam à la mode au XIXe siècle, tout en proposant quelquefois une description botanique :


Laurier-amandier ou laurier-cerise. — Ce bel arbuste est originaire de l'Asie Mineure, d'où il fut importé en Europe en 1576 ; depuis il s'est répandu dans presque tous les jardins, où il est recherché à cause de la beauté de son feuillage et de ses usages comme condiment.

Ses fleurs sont blanches, d'une odeur douce; ses fruits donnent un noyau et une amande très amers, ce qui tient à la présence de l'acide prussique, qui se trouve abondamment dans cette plante.

Ce poison est si subtil que les seules émanations du laurier-cerise, si l'on s'arrête trop longtemps sous son ombrage, suffisent pour occasionner des maux de tête et des nausées.

On se sert quelquefois de ses feuilles pour donner le goût d'amande au lait et aux crèmes; mais il ne faut jamais mettre plus de deux feuilles pour un litre de lait, si l'on ne veut s'exposer à faire naître des accidents, tels que vertiges, défaillance, etc.

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Symbolisme :


Louise Cortambert et Louis-Aimé Martin, auteurs de Le langage des fleurs. (Société belge de librairie, 1842) nous livrent leur vision de cet arbuste


Automne -Octobre.

LAURIER-AMANDIER - PERFIDIE.

Aux environs de Trébisonde, sur les bords de la mer Noire, croit naturellement le laurier perfide qui cache sous sa douce et brillante verdure le plus funeste de tous les poisons ; cet arbre, qui orne nos bosquets d’hiver, se charge au printemps de nombreuses pyramides de fleurs blanches auxquelles succèdent des fruits noirs semblables à de petites cerises ; ses fleurs, ses fruits et ses feuilles ont le goût et l'odeur de l'amande. On raconte qu’une tendre mère, le jour de sa fête, voulant préparer un mets agréable à sa famille, jeta quelques livres de sucre et une poignée de feuilles de laurier-amandier dans une chaudière de lait bouillant. A la vue du festin qui s'apprête, une innocente joie éclate dans tous les yeux. 0 surprise ! à peine a-t-on goûté le mets fatal que tous les visages changent, les cheveux se hérissent sur la tête des malheureux, leur respiration se précipite, mille cris confus sortent de leur poitrine, une fureur horrible les poursuit, les agite et s'empare de leurs sens La mère, désolée, veut appeler du secours ; mais, saisie du même mal, elle partage le délire insensé auquel elle veut en vain apporter remède. Le sommeil calma enfin les vertiges de cette triste ivresse. Mais que devint la pauvre mère, quand un homme habile lui apprit le lendemain qu'elle avait fait prendre à ses enfants un venin semblable à celui de la vipère (1) ! Ce venin, concentré dans l'eau distillée ou dans l'huile essentielle du laurier-amandier, est si violent qu'il suffit de le mettre en contact avec la plus légère blessure pour donner la mort à l'homme le plus robuste. De sages règlements ont défendu, en Italie, la vente de cet affreux poison. Cependant des distillateurs avides en distribuent secrètement sous le nom d'essence d'amandes amères. On assure encore qu'au moyen du parfum de ce terrible laurier, on peut évoquer du sein des enfers le démon du cauchemar. Fuseli, célèbre peintre anglais, a vu et représenté avec des pinceaux sublimes et bizarres les effets d'une semblable imprudence. Voyez cette jeune fille en proie au délire de l'amour. Pour appeler autour d'elle les songes légers, elle dépose sous son chevet une branche de laurier amandier. Bientôt un sommeil accablant ferme ses paupières. Le fantôme, appelé par un parfum qu'il ne saurait méconnaitre, arrive, et s'assied en grimaçant sur la poitrine de l'imprudente beauté. La douleur est exprimée dans tous les de l'infortunée, sa tête se renverse avec effort, ses bras tombent sur le bord du lit, son sein palpite et se soulève péniblement ; elle se sent étouffer, le mouvement interrompu de son cœur semble la menacer de la mort. Tourmentée par une succession de rêves incohérents, elle voit des villes prises d'assaut, des veuves en pleurs, des amants étendus dans des bières sanglantes ; elle est transportée dans un désert, au milieu d'une nuit obscure et glacée ; un assassin la poursuit un poignard à la main, et le plus épouvantable précipice s'oppose à sa fuite ; des convulsions agitent tous ses membres, ses mains se crispent, et ses pieds liés ne peuvent plus faire de mouvements. Elle essaye en vain de pousser des cris, ses lèvres tremblantes ne peuvent articuler ; elle fait d'inutiles efforts pour ouvrir ses paupières paralysées. Elle voudrait marcher, courir, nager, voler, se trainer ; mais la volonté n'a plus de pouvoir dans l'empire du sommeil. Le démon hideux pèse toujours sur son sein, il se dresse, se balance, roule ses yeux dans leur orbite sanglante, prête l'oreille à ses accents plaintifs et jouit de ses souffrances et de son désespoir.


Note : 1) C'est Fontana qui a obtenu ce résultat.

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Dans Les Fleurs naturelles : traité sur l'art de composer les couronnes, les parures, les bouquets, etc., de tous genres pour bals et soirées suivi du langage des fleurs (Auto-édition, Paris, 1847) Jules Lachaume établit les correspondances entre les fleurs et les sentiments humains :


Laurier-amandier - Perfidie.

Sa feuille, fort agréable à la vue et qui a une saveur d’amande, est un poison.

 

Dans son Traité du langage symbolique, emblématique et religieux des Fleurs (Paris, 1855), l'abbé Casimir Magnat propose une version catholique des équivalences symboliques entre plantes et sentiments :


LAURIER-AMANDIER - PERFIDIE.

Heureux celui qui est à couvert d'une langue perfide , qui n'a pas attiré sur lui sa colère, qui n'a pas subi son joug et n'a point été chargé de ses liens ; car ce joug est un joug de fer et ses liens sont des liens d'airain. La mort qu'elle donne est une mort terrible et le tombeau lui serait préférable.

Ecclésiaste : XXVIII, 23, 25.

 

Emma Faucon, dans Le Langage des fleurs (Théodore Lefèvre Éditeur, 1860) s'inspire de ses prédécesseurs pour proposer le symbolisme des plantes qu'elle étudie :


Laurier-amandier - Perfidie.

Sa feuille possède un goût d'amande qui est fort agréable ; mais elle renferme un poison actif, l'acide cyanhydrique.


Laurier blanc - Candeur.

Laurier-cerise - Orgueil.

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Dans Le Livre des superstitions, Mythes, croyances et légendes (Éditions Robert Laffont, 1995 et 2019), Éloïse Mozzani nous propose la notice suivante :


Lorsque le septième et dernier enfant est « né coiffé », il faut enterrer sa coiffe près d'un laurier-cerise : « cela stimulera ses dons de voyance toute sa vie ».

 





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