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Le Gendarme

Dernière mise à jour : 2 mars




Étymologie :


  • GENDARME, subst. masc.

Étymol. et Hist. 1. « homme de guerre à cheval puissamment armé ; combattant » av. 1475 escuier gendarme (G. Chastellain, Chron., éd. Kervyn de Lettenhove, IV, 275 : un gentil escuier gendarme qui avoit en charge seize ou vingt lances) ; 1477-83 (G. Leseur, Hist. de Gaston de Foix, I, 63 ds Bartzsch, p. 147 : un ... bel et adroit gendarme ... fort aysé en son harnoys) ; 1680 cette femme est un vrai gendarme (Rich.) ; 2. 1790 « agent de police » (d'apr. FEW t. 4, p. 107b) ; 1792 (Décret du 26-27 août 1792 ds Brunot t. 9, p. 933, note 3). Issu de gens d'armes, plur. « soldats » début xives. (Joinville, St-Louis, éd. N.L. Corbett, 143), « cavaliers » 1352-56 (Bersuire, Tite Live, B.N., 20312 ter, fol. 1 vods Gdf. Compl.; cf. 1439, nov. capitaines de gens d'armes. Edit établissant une force permanente à cheval ds Isambert, Recueil gén. anc. lois fr., t. 9, p. 59, § 1), gent d'arme, sing. coll. ca 1465 (Chants hist. des règnes de Ch. VII et L. XI, Bartzsch, p. 148), v. gent et arme.


Lire également la définition du nom gendarme afin d'amorcer la réflexion symbolique.


Autres noms : Pyrrhocorus apterus - Bête indienne - Cherche-midi (en raison de son attirance pour le soleil au Zénith) - Cordonnier - Diable - Forgeron sans ailes (en polonais) - Français - Lygée aptère - Masque-nègre - Punaise de feu - Punaise rouge - Pyrrhocore aptère - Pompier - Soldat - Suisse.

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Zoologie :


Étant donné, l'absence de documentation sur le symbolisme de cette punaise, il peut être utile d'étudier ses mœurs pour en déduire des pistes analogiques de notre comportement ; Étienne Mulsant et Claudius Rey, auteurs d'une « Histoire naturelle des punaises de France-6ème tribu-Les Lygéides. » (Publications de la Société Linnéenne de Lyon, 1878, vol. 25, no 1, pp. 131-189) nous y invitent :


Le Lygée aptère, dans la saison chaude, vit sur les arbres, les buissons, les haies, les murailles, mais le plus souvent sur la tige du tilleul. Pendant l'hiver, il se retire sous la mousse des arbres et sous les feuilles qui demeurent entassées au pied des arbres ou des buissons. Souvent, dans les jours doux de décembre ou de janvier, certains individus abandonnent pour quelque temps leur retraite d'hiver. C'est ainsi que dès les 7, 8 et 9 janvier de l'année 1801, j'en ai rencontré plusieurs sur les boulevards de Gottingue. J'en rapportai quelques-uns chez moi, mais il me fut impossible de les conserver vivants plus d'un jour, tandis qu'en été ils pouvaient passer plusieurs jours sans nourriture.

C'est au commencement ou au milieu de mars que ces insectes se réveillent de leur engourdissement. Pendant les premières semaines, ils se tiennent encore la plupart du temps sous les feuilles, et ne paraissent qu'avec les rayons du soleil. Mais plus les jours s'adoucissent, plus on les rencontre fréquemment hors de leurs retraites.

Depuis la fin de mars jusque vers le mois d'octobre, on les trouve, pendant les jours de chaleur, dès le grand matin et jusqu'au coucher du soleil, dans tous les endroits déjà mentionnés. Ils s'y réunissent en grand nombre et se tiennent serrés les uns contre les autres, et souvent les uns sur les autres, la tête dirigée vers un point central. Vient-on à les toucher, ils se séparent promptement, courant çà et là, mais se réunissent bientôt comme auparavant.

Ils se tiennent sur les tilleuls, à la partie inférieure du tronc, jusqu'à quatre pieds environ au-dessus de la racine, et sont constamment placés du côté du soleil. J'ai cru remarquer en outre que les jeunes individus se tiennent immédiatement au-dessus de la racine et sur les rameaux qui en partent, tandis que les vieux se placent plus haut. On les voit principalement sur les arbres dont l'écorce a des fissurés. Vers le soir et pendant les jours un peu froids, ils se cachent dans les fentes et les gerçures de l'écorce, et sous les feuilles qui garnissent les pieds des arbres et des buissons.

Ces insectes se nourrissent généralement des sucs qu'ils puisent dans les feuilles tombées, dans l'écorce des arbres ou dans le corps des insectes morts. Je n'ai jamais remarqué qu'ils se soient emparés d'insectes vivants pour se nourrir de leur substance. Ayant pris un jour un certain nombre de ces punaises et les ayant laissé jeûner plusieurs jours, je renfermai avec elles, dans un vase, d'autres petits insectes vivants, mais elles ne les attaquèrent pas, bien qu'elles l'emportassent sur eux tant par la force que par le nombre.

Au contraire, leur ayant donné des mouches et autres insectes morts, elles se jetèrent dessus et même sur les cadavres de leur propre espèce, introduisirent dans le corps le premier article de leur bec, et en sucèrent avidement la substance.

La femelle dépose dans les lieux humides environ vingt œufs disposés en petits tas.

Ces œufs sont d'un blanc couleur de perle, lisses et très brillants ; ils acquièrent peu à peu une couleur plus bleuâtre, et grossissent de plus en plus, jusqu'à l'éclosion des jeunes punaises, qui a lieu au bout de six ou huit semaines. Celles-ci sont d'abord molles et blanchâtres, et ne prennent leur consistance et leur couleur qu'à l'air libre. Elles sont longues d'une ligne et ont à peu près la forme de l'insecte parfait, si ce n'est que les hemiélytres sont encore très courtes, noires et réunies à l'écusson. Ce dernier est noir, comme dans l'insecte parfait, mais il offre au milieu une ligne longitudinale rouge. La tête est toute noire, ainsi que le corselet, qui est bordé de rouge en avant et en arrière. L'abdomen est entièrement rouge ; les 3e à 5e segments offrent en dessous une tache noire arrondie. L'anus et les pattes sont noirs : celles-ci présentent des taches rouges sur toutes leurs articulations.

Lorsque les jeunes punaises ont atteint deux lignes et demie de longueur, elles changent de peau pour la première fois. La peau se fend longitudinalement sur la tête et le corselet ; la punaise sort par cette ouverture et se présente sous une enveloppe nouvelle, en se dépouillant peu à peu de l'ancienne. Son corps est d'abord mou et blanchâtre comme la première fois, mais au bout de quelques heures, il acquiert toute sa fermeté et sa coloration. Les hémiélytres sont plus longues et plus pointues qu'auparavant, et chacun des segments de l'abdomen offre en dessous trois taches noires. Dans cet état, la punaise croît jusqu'à ce quelle ait atteint sa grosseur. Elle se dépouille alors pour la seconde fois. L'écusson perd sa ligne longitudinale rouge ; les hémiélytres s'allongent. Quand la punaise a acquis, dans ce second état, la longueur de quatre lignes et demie à cinq lignes, elle se dépouille encore, mais pour la dernière fois ; les pattes perdent leur tache rouge des articulations, et les segments de l'abdomen, leur couleur rouge, à l'exception du bord latéral.

Parmi les propriétés de cette punaise, il est à remarquer que l'odeur désagréable que répandent la plupart de ses congénères est à peine prononcée chez elle,

La profusion de cette punaise dans la nature laisse à présumer qu'elle est appelée à y jouer un assez grand rôle. Elle sert de nourriture à un assez grand nombre d'oiseaux ; elle aide à la destruction des feuilles et des insectes morts, qui tomberaient, sans elle, en pourriture.

Les dommages qu'elle nous cause sont peu appréciables.

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Dans Les Langages secrets de la nature (Éditions Fayard, 1996), Jean-Marie Pelt évoque les différents modes de communication chez les animaux et chez les plantes :


L'histoire des hormones juvéniles a connu un tour politico-scientifique tout à fait inattendu. Un chercheur tchèque, Slama, émigra de son pays en 1964 pour aller travailler aux États-Unis sur son insecte expérimental préféré, la punaise européenne (Pirrhocoris apterus). Élevées dans les laboratoires de Harvard, ces punaises manifestèrent des anomalies de développement, subissant non pas cinq mais six, parfois même sept métamorphoses successives. C'était là déroger à la règle absolue qui veut que, pour cette espèce de punaise, le nombre de métamorphoses soit de cinq, sans exception aucune. toutefois, à Prague, une sixième métamorphose larvaire avait pu être obtenue dans des essais expérimentaux où l'on avait fourni à l'insecte un supplément d'hormone juvénile. Il fallut donc admettre qu'à Harvard, les punaises avaient accès a une source inconnue de cette hormone (ou de quelque homologue), puisqu'elles faisaient mieux qu'à Prague sans supplémentation d'hormone. Diverses hypothèses furent émises, étudiées puis éliminées. On en vint à examiner les fragments de papier absorbant placés dans chaque boîte de culture et sur lesquels les punaises se déplaçaient. Ce papier, d'origine américaine, n'était évidemment pas le même que celui utilisé à Prague. Slama mena alors une enquête serrée sur la nature des papiers employés, et de nombreux échantillons furent testés. Sur vingt marques examinées, douze se révélèrent actives : elles déclenchaient une sixième métamorphose larvaire, voire parfois une septième, la larve devenant de plus en plus grosse d'une métamorphose à l'autre.

Le rôle du papier étant ainsi mis en évidence, la suite prit l'allure d'une farce scientifique, car Slama fit alors courir ses larves de punaises sur des journaux et des magazines américains, européens et japonais !... Il apparut alors que seuls les journaux et périodiques américains étaient actifs ; les autres ne l'étaient pas. Les insectes restaient impavides sur le Times de Londres, mais multipliaient leurs métamorphoses sur le New York Times.

Slama entreprit alors de remonter du papier à sa source, à savoir les arbres abattus pour élaborer la pâte à papier. Et l'on découvrit ainsi que les extraits d'if et de mélèze d'Amérique possédaient les mêmes activités que l'hormone juvénile. Mais c'est finalement au sapin baumier - ou balsamique, arbre d'ailleurs le plus employé dans la fabrication des pâtes à papier américaines - que revint la palme de l'activité. De ce sapin fut isolée en 1966 une substance active baptisée juvabione, mimant parfaitement les effets de l'hormone juvénile.

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Symbolisme :


Lors du cercle de tambour du 17 juin à Frontenex, l'Esprit du Gendarme s'est présenté à moi comme Allié dans la gestion des émotions. Je n'avais plus entendu parler de ce petit insecte depuis mon enfance, d'où ma surprise ! Du coup, je n'ai pas réussi à en savoir davantage d'autant que je devais gérer l'appropriation de la nouvelle salle et un groupe avec de nombreux nouveaux...

Mais je vais retourner voir ce petit insecte dès que possible puisque je ne trouve absolument rien dans la littérature à ma disposition.

 

François Lasserre répond à la FAQ du site de l'OPIE consacré aux insectes ; dans un article publié en ligne (Insectes n°136, 2005 (1)), il s'intéresse au gendarme :


Pourquoi le Pyrrhocore est-il nommé gendarme, d’où vient cette nomination ?

Rappelons que le nom “pyrrhocore” est le nom scientifique de la punaise appelée Gendarme. Ce nom vient du fait que ses couleurs et ses motifs rappellent les habits rouge et noir des gendarmes à partir de la fin du XVIIe siècle. Il est également appelé pour les mêmes raisons le Soldat ou le Suisse. Et parce qu’il affectionne les lieux ensoleillés il est également appelé le Cherche-midi. Sinon, pour étonner vos amis (!), regardez le en plaçant sa tête vers le bas et vous verrez avec les motifs de son corps la tête d’un gendarme avec, en noir, son képi, ses deux yeux et une grosse moustache triangulaire ! Lorsque vous aurez vu cela vous pourrez aussi voir une espèce de masque africain ou océanien…


=> en vertu de la loi analogique des signatures, le gendarme pourrait donc être un symbole de protection (d'autant qu'on l'appelle aussi "pompier") et de garant de la loi. La ressemblance avec un masque africain ajoute une part de mystère et d'exotisme à cet insecte qui permet de rêver mais établit également un lien avec les pratiques ancestrales chamaniques.


=> en tant que cherche-midi, il renvoie à la puissance virale du soleil et peut-être à la chaleur enveloppante, voire soporifique d'une belle journée d'été...


=> dans un échange avec une lectrice qui m'écrit : "Je vous écris suite à un sujet que vous aviez mis sur votre blog. e sujet : les gendarmes. Cela faisait des années que je n'en avais pas vus... justement on en parlait avec ma maman il y a quelques jours et là, surprise, j'en aperçois un sur ma lampe venu de nulle part. Je pense qu'il s'agit d'une synchronicité.", je remarque que, pour elle comme pour moi, l'insecte est relié à l'enfance et à la réapparition de choses disparues.... ou à la résilience de la nature malgré tous nos méfaits en tant qu'êtres humains égo et anthropocentrés. Cela me fait penser à la résurrection magnifique des coquelicots dans les champs de blé...

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