Étymologie :
Étymol. et Hist. 1. 1256 « petit insecte à corps aplati et d'odeur infecte » (Aldebrandin de Sienne, Régime du corps, éd. L. Landouzy et R. Pépin, p. 142, 26) ; 2. a) 1836 « femme de mauvaise vie » (Vidocq, Voleurs, t. 2, p. 38) ; b) 1901 punaise de sacristie (Bruant, p. 314) ; 3. 1846 « petit clou à tête plate et ronde, à pointe courte » (Besch. Suppl.) ; 4. 1947 punaise! exclam. (Genet, loc. cit.). Fém. de l'adj. punais*, empl. subst. Le lat. class. cimex survit dans le domaine d'oc (a prov. cimia, pour les formes mod. v. FEW t. 2, p. 673, ital. cimice, esp. chinche).
On peut lire également la définition du nom punaise afin d'amorcer l'interprétation symbolique de cet animal.
Autres noms :
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1966
Zoologie :
Didier Van Cauwelaert, dans un ouvrage intitulé Les Émotions cachées des plantes (Éditions Plon, 2018) évoque l'affaire du New York Times :
En 1964, un chercheur de l'université d'Harvard spécialisé dans les punaises, Karel Slama, se retrouve confronté à un mystère insoluble. Depuis qu'il a quitté son pays natal, la Pologne, pour intégrer ce laboratoire américain, il observe du jamais-vu : les insectes éclosant dans ses boîtes de culture produisent six, voire sept métamorphoses larvaires au lieu de cinq, règle absolue pour cette espèce. Du coup, les larves meurent avant d'être devenues punaises. Il finit par en trouver l'explication : un excès d'hormone juvénile. Mais quelle en est l'origine ? Après avoir examiné en vain tous les facteurs de contamination possibles, il n'en reste qu'un : les feuilles de journal tapissant les boîtes de culture.
Slama se livre alors à des expériences qui laissent perplexes les laborantins : il entreprend de faire pondre ses punaises sur divers organes de presse, du Washington Post à la Pravda en passant par Le Figaro, le Times de Londres et le Tempo de Rome. Aucune perturbation hormonale. En revanche, dès que les larves se retrouvent placées sur le New York Times, journal auquel son laboratoire est abonné, elles multiplient leurs métamorphoses jusqu'à ce que mort s'ensuive.
Qu'a donc de spécial le New York Times ? Qu'est-ce qui le rend fatal aux punaises ? Les analyses sont formelles : ni le plomb des caractères, ni l'encre d'imprimerie, ni la ligne éditoriale ne peuvent être incriminés. Alors ? Serait-ce le papier en lui-même ? Non, ses composants chimiques sont identiques à ceux qu'emploie la concurrence. Il reste une dernière piste : la source même de ce papier.
Après une enquête confiant à l'obsession, l'infatigable Slama découvre que les arbres abattus pour élaborer la pâte à papier du New York Times (sapins balsamiques et mélèzes) proviennent tous d'une forêt infestée... de punaises. Et il acquiert alors la conviction que le décès de ses propres punaises de laboratoire n'est pas un accident, mais un crime. Et qui plus est, un crime posthume. Aussi aberrant que cela paraisse, la substance mortelle fabriquée par ces arbres demeure active sous la forme de pâte à papier, malgré tous les broyages, les mixages, les transformations chimiques subis par le bois !
Délire paranoïaque d'un savant fou ? Non en 1966, on put isoler dans ces conifères une substance baptisée « juvabione », mimant à la perfection les effets de l'hormone juvénile des punaises, mais à un dosage qui provoquait leur décès. En un mot, les sapins balsamiques et les mélèzes pour lutter contre l'attaque des punaises à bois, avaient mis au point le plus redoutable des insecticides. Celui qui détruit une espèce en l'empêchant de se reproduire.
Les botanistes s'arrachèrent les cheveux, tant cette découverte mettait à mal leur connaissance du fonctionnement des végétaux. Parlons cru : pour arriver à reproduire l'hormone juvénile propre aux punaises, l'arbre devait en quelque sorte les « scanner ». Mais de quelle manière ? Par quelle technique d'investigation et de traitement de l'information ? On ne le sait toujours pas. En revanche, on a trouvé comment l'arbre synthétise cette hormone. Grâce au cholestérol ! Encore un bastion de la botanique qui s'effondrait : on pensait jusqu'alors que ce cholestérol existait uniquement chez l'humain et l'animal. Eh non. Il permet aux végétaux de réguler la population de leurs parasites et prédateurs en supprimant leur descendance.
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Croyances populaires :
Adolphe de Chesnel, auteur d'un Dictionnaire des superstitions, erreurs, préjugés, et traditions populaires... (J.-P. Migne Éditeur, 1856) propose la notice suivante :
PUNAISES. De ce que les Chartreux étaient accoutumés à entretenir une grande propreté dans leurs cellules, on en concluait, autrefois, que les punaises avaient quelque motif pour respecter l'habitation des Chartreux, et cette croyance était devenue superstitieuse. Jacques Dubreul, par exemple, déclare, dans ses Antiquités de Paris, que ce fait doit être considéré comme une faveur particulière du ciel accordée aux Chartreux en récompense de leur vie pieuse et sainte. Cardan attribue l'absence des insectes en question à l'abstinence de viande à laquelle les Chartreux s'étaient assujettis.
Albert le Grand prétend que si l'on a, par mégarde, avalé des sangsues en buvant de l'eau des marais, on les fait sortir du corps, en prenant du vinaigre dans lequel on a fait infuser des punaises.
Selon Ignace Mariétan, auteur d'un article intitulé "Légendes et erreurs se rapportant aux animaux" paru dans le Bulletin de la Murithienne, 1940, n°58, pp. 27-62 :
On prétend que les Punaises savent se suspendre en forme de chaîne depuis le plafond jusque sur le lit de leur victime. Lorsque la première est rassasiée elle remonte le long de la chaîne.
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Dans l'article intitulé "Cinq figures de magiciens en Dauphiné et Savoie." In : Le Monde alpin et rhodanien. Revue régionale d’ethnologie, n°1/1986, pp. 17-136, Alice et Charles Joisten relatent le témoignage de villageois :
Punaises éloignées, poules ramenées à la ferme
Il s'agit ici d'un des rares récits dans lesquels Saoussa n'intervient pas pour rétablir un ordre qu'il a détruit lui-même, mais pour faire bénéficier une famille de son pouvoir. Notons qu'il a déjà opéré une guérison dans cette famille (récit n° 26).
53 — « Saoussa s'était ramassé [retrouvé] un soir à la tombée de la nuit chez les Maron, à La Piarre. Il avait soupé et il avait demandé à ce qu'on le fasse coucher. Alors on lui dit :
— Bien volontiers, mais vous ne pourrez peut-être guère dormir.
— Et pourquoi je ne dormirais pas ?
— Bè, nous avons des bêtes, dans le lit, qu'elles ne sont pas tellement intéressantes, quoi !
Alors il leur a dit :
— Qu'est-ce que c'est que ces bêtes-là ?
— Oh ! C'est des punaises !
Alors il a dit :
— Il faut tenir [veiller à] d'en tuer quelques-unes et puis ça disparaîtra.
Parlant de ça, au cours de la veillée, ils ont parlé de leurs poules qui allaient faire l'œuf dans l'écurie de Moullet. Il leur a répondu que ça disparaîtrait petit à petit. Et durant quarante ans au moins, ils n'ont plus eu aucune punaise et les poules, même qu'on aurait voulu les faire aller dans l'écurie du voisin, il était impossible de le faire : il paraît qu'elles partaient en criant. » (La Piarre, inf. n° 2).
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Symbolisme :
Selon Éloïse Mozzani, auteure de Le Livre des superstitions, mythes, croyances et légendes (Éditions Robert Laffont, 1995 et 2019) :
Selon la légende, les punaises, ainsi d'ailleurs que les poux et les puces, ont été inventées par Dieu pour occuper quelqu'un qui s'ennuyait.
Un récit bruxellois rapporte que Noé, refusant d'accueillir dans son arche les punaises, les écrasa. Elles embarquèrent quand même mais conservèrent de cet épisode leur forme aplatie.
Au Moyen Âge, on prétendait que si elles fréquentaient les cellules des Capucins, pas une n'approchait celles des Chartreux. Pour certains, c'était le signe de la grande propreté des religieux de cet ordre, pour d'autres, il s'agissait d'un privilège que leur avait accordé Dieu.
Pour chasser les punaises, disent les Belges, il faut en mettre neuf dans une boîte qu'on glisse dans la poche d'un passant : elles iront toutes dans sa maison.
Boire du vinaigre dans lequel ont infusé des punaises fait sortir du corps les sangsues que l'on a avalées.
Aux Etats-Unis, attraper une punaise porte chance mais si l'une d'elles pénètre dans une maison la nuit, une personne y mourra la nuit suivante.
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Julieta Ramos-Elorduy dans un article intitulé « Les “jumiles”, punaises sacrées au Mexique. » paru dans Les Insectes dans la tradition orale (2003 ; pp. 325-356) détaillent les rituels et les symboles associés à cette punaise. Voici le résumé de cet article :
Depuis des temps très anciens, les jumiles ont été considérées, dans le centre du Mexique, comme de petits animaux sacrés. Dans ce travail, on analysera les différents rôles que la punaise sacrée Edessa cordifera ainsi que diverses autres espèces jouent ou ont joué dans la vie quotidienne des populations locales. A travers leur utilisation alimentaire et médicinale, leur fonction religieuse, leur intervention dans les rituels et fêtes, leur place dans l'économie, etc. ces punaises constituent les fondements de l'identité culturelle des hommes qui partagent leur territoire.
[…]
Au Mexique, le terme espagnol de jumiles est utilisé pour désigner les "punaises puantes". Ce terme vient du nahua xomitl (xo "pied" ; mitl "semis) c'est-à-dire "[qui se trouve] au pied des semis" (Santa maria, 1942, Ramos Elorduy & Pino, 1989).
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Selon Frederic Laugrand and Jarich G. Oosten, auteurs de l'article intitulé « Maîtres de la vie et de la mort », paru dans la revue L’Homme, 202 | 2012, 53-75 :
Des figures similaires de bestioles géantes se retrouvent plus au sud, chez les Innu de la Côte-Nord, par exemple. Rémi Savard (2004 : 118) décrit le cas du barbeau, une énorme punaise d’eau (uteshkan-manitush) qui a la forme d’un insecte cornu et qu’on peut voir au moment où tombe la foudre. Georg Henriksen (2009 : 137-138) l’associe à la figure du grand-père tout en soulignant, qu’à chaque fois qu’elle émerge des eaux, elle déclenche le tonnerre et les éclairs. Dans un rapport de recherche inédit, Peter Armitage (2007 : 42) a identifié deux toponymes qui renvoient à ce même insecte. Les aînés innu en donnent des descriptions signifiantes. Le premier est Manitupek, «l’endroit où un manitush géant a attaqué des enfants» :
« Une fois, des enfants innus jouaient dans l’eau, près du rivage du lac Manitupek. Des chasseurs étaient postés sur une colline lorsqu’ils aperçurent un manitush géant nager vers les enfants. Les chasseurs tentèrent de les avertir en criant et en leur ordonnant de sortir de l’eau ; s’ils ne les avaient pas avertis, le manitush les aurait probablement pris. Le manitush géant a une tête en forme de dos de cuillère avec une queue et il est tout noir. Il ressemble à une amishku-utikuma (une sorte de scarabée, Leptinillus validus) ».
Le second toponyme, Manitu-Ushu, désigne une montagne dite « malveillante », mais signifie littéralement « le lieu où vit Uenitshikumishiteu », une punaise géante :
« Mon oncle Tshetshishepateu (Etuat Rich) racontait avoir vu la créature malveillante (manitush) Uenitshikumishiteu près de la montagne que l’on appelle Manitu-utshu. Les Innus disent que cette mauvaise créature Uenitshikumishiteu est capable de se déplacer partout, sur l’eau et sous l’eau, qu’elle peut même briser la glace. Elle peut également voyager sous terre et à travers les pierres. Mon père nous parlait de ce manitush Uenitshikumishiteu. Pendant la nuit, on pouvait l’entendre à distance faire craquer les glaces » (Armitage 2007 : 45).
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Littérature :
Patricia Highsmith dans Eaux profondes (Edition originale ; traduction française Editions Calmann-Lévy, 1958) brosse le portrait d'un personnage qui est fasciné par les punaises :
- «...Vous n’avez pas soif, Vic ?
- Pas pour le moment, merci.
- Vous voyez ? Même quand il s’agit de boire vous êtes parfait !… Mais, dites-moi, qu’est-ce que vous avez à la main ?
- Une piqûre de punaise.
- De punaise ! Seigneur ! Où avez-vous attrapé ça ?
- Au Motel de la Montagne Verte. »
Mary ouvrit la bouche d’un air incrédule ; puis elle éclata de rire. « Mais qu’est-ce que vous fabriquez là-bas ?
- Oh ! J’avais passé une commande depuis des semaines. J’avais dit que si jamais on trouvait des punaises je les voulais, et j’ai fini par en recueillir six. Ca m’a coûté cinq dollars de pourboire. Maintenant, elles vivent dans mon garage, dans une vitrine, avec un morceau de matelas sur lequel elles dorment. De temps en temps, j’en laisse une me piquer, parce que je tiens à ce qu’elles continuent à mener une vie normale. J’ai maintenant deux lots d’œufs.
- Mais pour quoi faire ? interrogea Mary en pouffant.
- Parce que je crois qu’un certain entomologue qui a écrit un article dans un journal d’entomologie a des opinions erronées sur un point précis de leur cycle reproducteur, répondit Vic en souriant.
- Sur quel point ? demanda Mary, fascinée.
- Oh ! C’est un petit détail concernant la période d’incubation. Je ne crois pas que cela intéresse grand monde, et pourtant les fabricants d’insecticides devraient bien…
- Vi-ic ? murmura la voix rauque de Melinda. Tu permets ? »
Vic leva vers elle un regard où brillait une lueur de surprise subtilement insultante, puis se leva de la banquette et désigna le piano d’un geste gracieux. « Je te le laisse. »
[…]
Avant d’aller se coucher, il se pencha sur ses caisses de plantes ; les digitales étaient sorties de terre : il y avait six ou huit pousses d’un vert pâle sur lesquelles se formaient déjà de petits groupes de trois feuilles caractéristiques. Deux punaises rampaient tout autour de leur bout de matelas, cherchant de la chair et du sang, mais il ne se sentait pas d’humeur à leur offrir sa main ce soir, et les deux insectes se traînaient lentement, cherchant à échapper au faisceau de sa lampe électrique.
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Nicolas Bouvier dans son récit de voyage intitulé Le Poisson-Scorpion (Co-Éditions Bertil Galland et Gallimard, 1982 ; Éditions Gallimard, 1996) évoque la chambre d'une auberge dans laquelle il a séjourné :
« Avez-vous une chambre bon marché ma belle ?
elle vous coûtera moins que le soleil mon ami !
Des punaises ?
Quantité de punaises, Dieu soit loué ! »
Dylan Thomas
La chambre coûte une roupie par jour. Le soleil ne coûte rien : il l'allume, il s'y promène, il y fait naufrage dans des murs crépis d'un outremer indicible que l'humidité festonne de taches plus sombres. Quant à notre médiocre punaise-des-lits (Cimex lectularius), la nature ne l'a pas suffisamment armée pour affronter ce qui l'attend ici. « Dieu soit loué ! »
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Selon Brigitta Helbig-Mischewski, auteure d'un article intitulé "Séduit par la mère : déchéance du patriarcat dans la prose de Bruno Schulz." extrait de la conférence Kartografia/e mniejszosci literackich i innych (Cartographie (s) des littératures mineures et autres). Vol. 18. 2004 :
Les Boutiques à la cannelle et Le Sanatorium au croque-mort constituent le récit du destin dramatique d'un père, de la crise de l'autorité et de l'institution patriarcale. Son étendue symbolique va bien au-delà de l'aspect économique de la défaite du véritable père du poète, celui-là même qui sera à l'origine du personnage de Jacob. La défaite du père dans la prose de Schulz devient le symbole d'une bouleversante crise de la culture patriarcale juive et chrétienne, de ses mythes et de ses modèles d'interprétation de la réalité. Unique dans son genre, la prose de Schulz est le « chant funèbre » de la disparition d'une certaine formation culturelle qui ne se laisse pas enfermer dans les schémas nationaux-patriotiques en vigueur dans la littérature polonaise à vocation sociale.
[…]
Pour le narrateur, le mannequin est la personnification de la féminité : « un monstre implacable comme peuvent l'être les monstres de la féminité ». Aussi, le narrateur rend Adèle - despotique par ailleurs - semblable à une poupée qui se laisse pousser, déplacer par des commis sans se défendre. Endormie, nue et sans défense, elle se laisse posséder par le regard de l'infirme Edouard qui se traîne au sol. Dans la même scène, le narrateur envoie des tribus entières de punaises voyager sur son corps, alors qu'elle « ne ressent pas la moindre chatouille », comme il se doit d'une poupée. Endormie de cette manière, elle se trouve symboliquement immobilisée et violée. L'énorme punaise qui parcourt son corps peut être interprétée comme un symbole phallique. Le rapprochement avec Grégoire Samsa, changé en un énorme insecte dont le cadavre sera débarrassé par une domestique ressemblant à Adèle, semble être fondée. Mais, malgré toutes ces images de la mortification des femmes, le narrateur met l'accent sur leur vitalité qui sauve le monde de la déchéance.
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Dans Un Baiser d'ailes bleues, 150 rencontres avec des animaux extraordinaires (Éditions Arthaud, 2009) Nicole Viloteau croque sur le vif des portraits animaliers insolites :
Une punaise pentagonale
Janvier 1996. Gabon. Forêts montagneuses de la région de N'Djolé. A la recherche de paysages photogéniques, je me promène sur une vieillie piste abandonnée par les coupeurs de bois. Alors que je suis en train de cadrer une lisière avec mon objectif grand angle, un insecte sombre me frôle et se pose un peu plus loin sur le bas-côté droit du chemin. Est-ce une guêpe maçonne ? L'insecte indigo aux pattes orange fluo boîte bizarrement. Il lui manque une patte ! A mon approche, il ne s'envole même pas... Curieux ! La malheureuse bestiole est une punaise de forme pentagonale : élytres et thorax jettent de magnifiques reflets noir irisé.
A peine l'ai-je saisie pour l'ausculter et lui venir en aide que je ressens une vive brûlure à l'extrémité du pouce. Je crie de douleur et lâche l'insecte, qui s'envole aussitôt. Quelle est la nature de son venin ? Réflexe du vieux broussard, je me brûle aussitôt le pouce avec la flamme de mon briquet. Les élancements s'estompent rapidement : les venins d'insectes et d'arachnides sont thermolabiles (destructibles à la chaleur). Ce traitement est radical contre les piqûres d'abeilles, de guêpes, de frelons, d'araignées, de scorpions et autres scolopendres. Bien que je ne fume pas, je porte toujours sur moi briquet et cigarettes - en cas de pépins de ce genre !
Je presse la blessure devenue rouge, pour voir si du venin s'en écoule. Surprise ! Dégoût ! Une larve blanche de cinq à six millimètres gicle avec du sang. Ai-je affaire, moi aussi, à une espèce endoparasite comme ces terribles guêpes tropicales qui pondent dans le corps de leurs victimes ?
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