Étymologie :
DORYPHORE, subst. masc.
Étymol. et Hist. I. 1752 antiq. (Trév.). II. 1817 entomol. (Cuvier Règne animal t. 3, p. 354 : [les chrysomèles] celles [...] dont l'arrière-sternum s'avance en forme de corne, composent le genre doryphore [doruphora] d'Illiger et d'Olivier). I empr. au lat. doryphorus de même sens (gr. δ ο ρ υ φ ο ́ ρ ο ς « qui porte une lance » en partic. « garde du corps, garde d'un prince »). II. adaptation du lat. sc. doryphora (supra).
Lire également la définition du nom doryphore afin d'amorcer la réflexion symbolique.
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Zoologie :
Dans Les Langages secrets de la nature (Éditions Fayard, 1996), Jean-Marie Pelt évoque les différents modes de communication chez les animaux et chez les plantes, ce qui l'amène également à s'interroger sur les modes d'alimentation :
Un cas typique d'oligophagie est celui du doryphore qui ne se nourrit que de quelques espèces de la famille des solanacées. Originaire d'Amérique du Nord, il n'a réussi à s'adapter, en Europe, qu'à certaines de ces plantes comme la douce-amère (Solanum dulcamara), mais continue à refuser la morelle noire (Solanum nigrum). Les botanistes ont qualifié de xénophobe l'attitude du doryphore à l'égard de cette morelle noire, plante étrangère pour lui et à laquelle il ne touche pas, et de xénophilie l'intérêt qu'il porte à la douce-amère, espèce qui n'est pas davantage originaire de son pays, le Colorado, à la différence des dix solanacées nord-américaines avec lesquelles il avait organisé sa vie avant de migrer en Europe. Et il est bien plus xénophile encore à l'égard des feuilles de pomme de terre qu'il dévore comme chacun sait à pleines dents !
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Symbolisme :
Dans "Le déchirement de l’opinion publique ukrainienne." publié sur La Vie des idées le 26 mai 2014, Tatiana Zhurzhenko évoque le doryphore comme symbole politique :
[...] Avec le durcissement de la confrontation entre le régime et les protestataires, la violence s’est aussi exportée dans les régions. Les « titushki », hommes de main des chefs politiques locaux (et mafieux), ont été utilisés contre les manifestants dans les villes de l’Est 2 de l’Ukraine, attaquant les manifestants pacifiques avec des pierres et des bâtons, et se montrant particulièrement menaçants envers les femmes et les personnes âgées. Reconnaissables à leurs rubans de saint Georges orange et noir, le symbole réinventé de la gloire militaire russe, les attaquants pro-russes ont été surnommés « kolorady » (en référence aux doryphores, parasites des pommes de terre connus en Ukraine sous le nom de cafards du Colorado) par leurs opposants pro-ukrainiens.
Fabrice Nicolino, auteur d'une Lettre à un paysan sur le vaste merdier qu'est devenue l'agriculture. (Éditions Les Echappés, 2015) évoque le doryphore :
[...] Cela me fait penser au doryphore, un autre envahisseur. Je te rappelle que le doryphore est un coléoptère arrivé dans les bagages des soldats américains en 1917, pendant cette grande guerre où s'est illustré Maurice Belmas, le survivant de Cazalrenoux. on aperçoit l'insecte une première fois dans les champs de patate du Taillan-Médoc, au nord-ouest de Bordeaux, en juin 1922. Or ce salopiaud mange aussi bien les feuilles des pommes de terre que les tiges et même les tubercules lorsqu'ils sont visibles. Que faire ? Les services du ministère de l'Agriculture éditent de grandes affiches, placardées sur le mur des mairies. On peut y lire "Le Doryphore est un dangereux insecte d'origine exotique, dont il faut éviter la propagation et le maintien sur notre sol."
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