Étymologie :
CHRISTE-MARINE, CRISTE-MARINE, subst. fém.
Étymol. et Hist. xve s. crete marine (Grant herbier, 149 ds Gdf. Compl.) ; ca 1490 croite marine (L'arbolayre ds Roll. Flore t. 6, p. 148), formes isolées ; 1579 criste marine (Prebonneau, Réfutation des abus, ibid.) ; 1611 christe-marine (Cotgr.). Adaptation du lat. sc. cretanus marinus, creta maritima « id. » (ds Roll., op. cit., p. 147), crethamum marinum, creta marina (d'apr. Diefenbach, ibid., p. 148), dont la 1repart. est une altération d'apr. crête*, lat. crista, du lat. crēthmos « id. » (Pline ds TLL s.v., 1187, 71), critimon (Dioscoride, ibid., ligne 78), lui-même empr. au gr. κ ρ η ̃θ μ ο ν « id. » et la 2e part. l'adj. fém. marine accordé avec crete.
Lire également la définition du nom criste-marine afin d'amorcer la réflexion symbolique.
Autres noms : Crithmum maritimum ; Bacille ; Casse-pierre ; Crithme ; Fenouil marin ; Herbe de Saint-Pierre ; Perce-pierre.
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Botanique :
Selon Dioscoride, auteur de Materia medica, (Livre II, chapitre 122) :
« La criste marine, que les Grecs appellent krithmon, ou kritamon, est une herbe rameuse, pleine tout autour de feuilles, qui croît à la hauteur d’une coudée presque. Elle naît près de la mer et dans les lieux pierreux, avec beaucoup de feuilles, salées au goût, grasses, blanchâtres, comme celles du pourpier, bien qu’elles soient plus larges et plus longues. Elle produit les fleurs blanches. La graine est comme celle du romarin, tendre, odoriférante et ronde. Elle se rompt quand elle est sèche, et a, par le dedans, un noyau semblable au grain de blé. Les racines, qui sont tantôt trois tantôt quatre, sont grosses d’un doigt et rendent, à l’odorat, une plaisante et agréable odeur. La décoction de la racine, des feuilles et de la graine, faite dans du vin puis bue, vaut pour les difficultés d’uriner, à la jaunisse et pour provoquer le flux menstruel. L’on mange la criste marine, crue ou cuite, comme les autres herbes du jardin, et outre cela, l’on la mange en saumure ».
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Contes et légendes :
Dans Le Folk-Lore de la France, tome troisième, la Faune et la Flore (E. Guilmoto Éditeur, 1906) Paul Sébillot recense nombre de légendes populaires :
Madame de Murat, née et élevée à Brest, avait pu trouver dans la tradition le germe du récit dont voici le résumé : Une princesse, voyant son amant changé en turbot par une fée, veut se précipiter dans les eaux pour le suivre, mais la fée, dans un mouvement de jalousie, la transforme en une petite herbe qui ne quitte point le bord de la mer, et que l'on nomme Crispe (criste marine).
Littérature :
Régine Detambel consacre un ouvrage à Colette. Comme une flore, comme un zoo (Éditions Stock, 1997) dans lequel elle s'intéresse aux métaphores botaniques et zoologiques :
La Criste-marine
« Pourtant, çà et là verdit la criste-marine, grasse, juteuse, acidulée, chair vive et tendre de ces dunes pâles comme la neige... » Les Vrilles de la vigne
Colette ne citera qu'une seule fois la criste-marine, cette plante comestible à feuille charnue, et que l'on trouve dans les rochers ou sur le sable. Elle apparaîtra dans Les Vrilles de la Vigne, à jamais associée aux bras blancs de Marthe. Marthe est la piquante jeune fille que Colette avait déjà comparée à un chardon roux.
La criste-marine révèle uniquement mais singulièrement les bras de Marthe, la gourmandise qu'ils suscitent : « Quand cette poison de Marthe, mon amie, a exaspéré tout le monde, quand on est tout près, - à cause de sa face de jeune furie, de sa voix de potache - d'oublier qu'elle est une femme, alors Marthe rit brusquement, rattache une mèche rousse envolée, en montrant des bras clairs, luisants, dans lesquels on voudrait mordre et qui craqueraient, frais, acidulés et juteux sous la dent comme la criste-marine. »
Toute la beauté d'un bras de femme désirée est dans la feuille mordue de la criste-marine. Grasse, fraîche, juteuse, acidulée, vive, tendre ou pâle, ces adjectifs dégustateurs sont dictés par un patient appétit d'amoureuse.
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