Étymologie :
COQUECIGRUE, subst. fém.
Étymol. et Hist. 1532 coques cigrues (Rabelais, Pantagruel, é 1. V. L. Saulnier, chap. IX bis, 1. 259) ; 1534 a la venue des coquecigrues c'est-à-dire « jamais » (Rabelais, Gargantua, éd. R. Calder et M. A. Screech, chap. XLVII). Terme d'orig. obsc. (FEW t. 23, p. 150 b), à rapprocher des formes coquesagüe (E. Deschamps, Œuvres, éd. De Queux de Saint-Hilaire, t. 5, p. 32) et coque-grues (Farce d'un pardonneur, éd. Viollet le Duc, Ancien Théâtre fr., t. 2, p. 59), et prob. formé sur coq1*. L'hyp. d'une composition à partir de ce dernier mot et de grue*, et peut-être encore de ci-de cigogne* (Sain. Sources t. 1, p. 254 ; Riegler ds Arch. St. n. Spr., t. 145, p. 263 et ds Die neueren Sprachen, t. 33, p. 225), regroupe des formes qui peuvent être dues à des étymol. pop. ayant donné lieu à des transformations du mot. L'hyp. d'une adaptation du lat. médiév. coccygna représentant le terme de bot. du lat. class. coccygia désignant le fustet ou arbre à perruque (EWFS2) n'est étayée par aucun fait précis.
Lire également la définition du nom Coquecigrue afin d'amorcer la réflexion symbolique.
Zoologie :
Jean-Baptiste de Panafieu présente la Coquecigrue dans un ouvrage intitulé Deyrolles - Créatures fantastiques (Éditions Plume de Carotte, 2014) et illustré par Camille Renversade :
Il en propose une présentation sur France Inter le Dimanche 21 décembre 2014 dans l'émission présentée par Dorothée Barba et intitulée "C'est tout naturel" :
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Symbolisme :
Selon Anton Serdeczny, auteur d'un article intitulé "« Le bec de la cigogne » Déchiffrement de l'héritage d'un mythe", (paru dans la revue Etudes rurales, 2011/2 n°188, p. 205-221) :
[...] Dans un autre registre, un oiseau, imaginaire cette fois, sert à désigner des récits irréels : la coquecigrue (on disait de quelqu’un qui débitait des balivernes qu’il « contait des coquecigrues »).
Le mot est obscur ; ses étymologies le sont aussi. L’une d’elles en fait un composé « coq-cigogne-grue ». Mais on oublie généralement de préciser ce que ces deux oiseaux ont en commun. Certains dictionnaires du XVIIIe siècle définissent la coquecigrue comme suit :
Oiseau aquatique, qu’on dit avoir enseigné aux hommes à se donner des lavemens et que les Anciens appeloient Clyster.
Selon Marie-Agnès Girault, rédactrice du site Écrire ensemble :
La coquecigrue, aussi saugrenue soit-elle, nous apporte autant de rêves que de chimères. Ce mot fantasque, alors écrit sous l’orthographe cocquecigrue, fut inventé au XVIe siècle par François Rabelais (1494-1553) dans son deuxième roman, Gargantua. Le royaume de Grandgousier, le bon roi et père de Gargantua, est envahi par le mauvais roi, Picrochole. Rabelais raconte comment Picrochole, vaincu et chassé de son royaume, fut avisé par une sorcière que son royaume lui serait rendu à la venue des cocquecigrues. Cela signifiait jamais ou bien de nos jours, quand les poules auront des dents. Cette coquecigrue, parfois écrite coxigrue, incarne un être chimérique, imaginaire et burlesque (comique et extravagant). Comme son nom l’indique, cette créature fabuleuse serait un beau mélange du coq, de la cigogne ou de la ciguë, et de la grue. Elle serait d’ailleurs friande de cette plante très toxique qu’est la ciguë, grande, petite, blanche ou aquatique. Ces sortes d’oiseaux migrateurs se déplaceraient en bandes, mais à l’approche d’un humain, s’envoleraient aussitôt vers le ciel, devenant invisibles.
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En littérature, Jules Renard écrivit en 1893 une œuvre romanesque de contes et nouvelles, coquecigrues. Il dépeint des portraits humains avec humour et dominés par l’ironie du désespoir.
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