Étymologie :
BRUNELLE, subst. fém.
Étymol. et Hist. [1564 bot. prunelle (J. Thierry, Dict. fr.-lat., Paris)] ; 1694 brunelle (Tournefort, Bot., t. 1, p. 151). Empr. au lat. médiév. brunella, prunella (viiie-xie s., Glossae latino-theodiscae, 516, 3, 550, 3 dans Mittellat. W. s.v., 1589, 67), croisement du b. lat. brunus (brun*) et d'un dér. en -ella, de pruna (prune*; cf. aussi brugnon) ; le mot a été rapproché de l'all. Braüne « angine » [maladie que soigne la brunelle] (dér. de braun « brun » en raison de la coloration du visage qu'entraîne cette maladie) 1525 breune, Paracelse, 1528 preune dans Kluge.
Lire également la définition du nom brunelle afin d'amorcer la réflexion symbolique.
Autres noms : Prunella vulgaris - Bonnette - Brunelle commune - Brunette - Charbonnière - Herbe au charpentier - Petite consoude - Prunelle -
François Couplan, auteur de Les plantes et leur nom - Histoires insolites (Éditions Quae, 2012) nous en apprend davantage sur le nom de la Brunelle :
Brunelle - Lamiacées (Labiées) : On utilisait jadis indifféremment les noms Prunella et Brunella pour désigner ces cousines inodores des menthes. Il est possible que ces termes proviennent du haut allemand braun, signifiant « pourpre » (contrairement au bas allemand où le même mot signifie « brun »), par allusion à la couleur des fleurs, généralement d’un bleu violacé.
L’espèce la plus commune est la brunelle vulgaire, Prunella vulgaris. On rencontre fréquemment aussi la brunelle à grandes fleurs, Prunella grandiflora, dont les fleurs atteignent une taille remarquable pour une si petite plante.
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Botanique :
Jean-Jacques Rousseau écrit des Lettres élémentaires sur la botanique (177 dans laquelle il décrit précisément les classes de plantes ; la lettre XXII, datée du 1er juillet 1775, évoque la brunelle :
Ayant maintenant parcouru plus de la moitié de notre carrière, nous voilà arrivés à un ordre de classes naturelles, que vous connoissez si parfaitement, que vous ne trouverez point de difficulté à assigner la place convenable à chacune des plantes qui appartiennent à ces classes.
La structure des fleurs, dans la quatorzième classe, a été expliquée au long dans la quatrième lettre ; mais le caractère propre et essentiel est d'avoir quatre étamines, toutes dans un rang, et en paires, La paire intérieure est plus longue que l'autre, d'où on lui a donné le nom de di-dynamie. Enfin il n'y a qu'un style. Toutes ces parties sont renfermées dans une corolle irrégulière, monopétale ou plissée.
Cette classe n'a que deux ordres, qui ne sont pas fondés sur la forme de la fleur, comme vous pourriez l'imaginer par ce qui a été dit dans une lettre précédente, ni sur le nombre des styles, comme dans les classes précédentes, parce qu'aucune des fleurs n'en a plus d'un ; mais sur ce qu'ils ont quatre semences nues, enfermées dans le calice, ou bien qu'ils en ont plusieurs, fixées à un réceptacle, dans le milieu d'un péricarpe. Le premier de ces ordres est nommé gymnospermie ; le second angiospermie.
Cette classe contient cent deux genres, et six cent quarante - trois espèces. Chaque ordre forme une classe naturelle. Le premier renferme les plantes verticillées, ainsi nommées de la manière dont les fleurs croissent, en verticilles ou sommités ; elles se ressemblent encore en ce qu'encore, en ce qu'elles produisent les feuilles par paires, et en ce qu'elles ont les tiges carrées. Le second renferme les fleurs à masque, ou celles qui ont généralement une corolle à masque, et toujours un péricarpe ou vaisseau enfermant les semences.
La brunelle commune, si commune dans les pâturages, a toutes les feuilles d'une forme oblongue et ovale, dentelées sur le bord et pétiolées.
Dans sa thèse de Doctorat en pharmacie intitulée Les plantes médicinales des pelouses calcaires de la Réserve Naturelle de Montenach (57) (Nancy, 2010), Stéphanie Schaal propose la description suivante :
Description botanique : C’est une plante vivace de 5 à 70 cm, à souche rampante, qui aime les endroits secs et herbeux. Ses tiges dressées, peu velues, ont des feuilles presque toutes pétiolées, abondamment innervées, souvent dentées, ovales, parfois en forme de fer de lance. De juin à septembre se montrent des glomérules de fleurs généralement bleu violet, avec une paire de feuilles à la base et de larges bractées embrassantes. Le calice est brun à lèvre inférieure bifide et supérieure tridentée se rapprochant après floraison en donnant à la plante un aspect caractéristique. La corolle a un tube sans anneau de poils intérieur et une lèvre supérieure en casque sous laquelle sont placées les 4 étamines à filets parallèles – les antérieurs munis d’une apophyse – et à loges écartées s’ouvrant chacune par une fente. Les nectaires, bien développés, sont très visités par les abeilles (GARNIER et al, 1961, J.C. RAMEAU, 1989).
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Vertus médicinales :
Henri Ferdinand Van Heurck et Victor Guibert, auteurs d'une Flore médicale belge. (Fonteyn, 1864) nous apprennent les propriétés thérapeutiques de la Brunelle :
Usages médicaux. — La brunelle est presque inodore ; sa saveur est herbacée, styptique, un peu gluante (Tournefort). On la considérait comme vulnéraire, astringente et détersive ; elle entrait dans l'eau d'arquebusade. On la donnait aussi en potion contre toute espèce d'hémorrhagie, en injection dans les blessures profondes et en lavement dans les flux de sang ; aussi en gargarisme dans les affections scorbutiques des gencives. Césalpin employait les feuilles pilées et appliquées en cataplasme pour faire suppurer les furoncles et pour guérir les plaies. Aujourd'hui la brunelle n'est plus guère usitée par les hommes de l'art ; quelques uns de ces usages se sont encore conservés chez les campagnards. Cazin rapporte un cas de guérison d'hémorroïdes volumineuses et douloureuses par l'ingestion en salade pendant un certain temps de feuilles de brunelle.
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Selon le site Medisite :
Les vertus médicinales de la brunelle étaient déjà mentionnées dans le Traité des herbes médicinales de Shen Nong, rédigé environ 200 ans av. J.-C. Le célèbre botaniste anglais John Gerard, qui l’a plusieurs fois décrite dans ses ouvrages, aurait même affirmé qu’il n’existait pas de meilleure plante au monde pour soigner les plaies.
Dans sa thèse de Doctorat en pharmacie intitulée Les plantes médicinales des pelouses calcaires de la Réserve Naturelle de Montenach (57) (Nancy, 2010), Stéphanie Schaal recense les usages thérapeutiques de la Brunelle commune :
Brunella vient de l’allemand Braunheil, remède contre l’angine (emploi médicinal de la plante) (GARNIER et al, 1961). [...]
Propriétés pharmacologiques et utilisation traditionnelle : Elle a été autrefois utilisée comme astringent et vulnéraire dans l’hémoptysie, les diarrhées, la dysenterie, en gargarisme dans les angines, en application sur les plaies récentes. On signale la résorption d’hémorroïdes volumineuses en 25 à 30 jours grâce à l’ingestion quotidienne de salade de brunelle (GARNIER et al, 1961).
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Symbolisme :
Dans Les Fleurs naturelles : traité sur l'art de composer les couronnes, les parures, les bouquets, etc., de tous genres pour bals et soirées suivi du langage des fleurs (Auto-édition, Paris, 1847) Jules Lachaume établit les correspondances entre les fleurs et les sentiments humains :
Brunel - Bonnes maximes et Eloquence.
L’emblème des bonnes maximes, parce que cette plante se soutient d’elle-même et qu’elle est employée en plate-bande pour soutenir les terres ; de l'éloquence, parce qu’au fond du calice de sa fleur on croit apercevoir une petite chaire à prêcher.
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Maïa Toll, auteure de L'Herbier du chaman, 36 cartes divinatoires, A la rencontre de la magie des plantes (Édition originale 2020 ; Édition française : Larousse, 2021) nous révèle les pouvoirs de la Brunelle commune :
Mot-clef : Faire des ronds dans l'eau
« Jolie, jolie Prunella », murmurait ma formatrice en s'adressant à cette petite fleur aux feuilles légèrement velues et à l'aspect de gueule-de-loup. La brunelle est une « petite » chose, petite comme le battement d'ailes d'un papillon qui peur provoquer une tornade à l'autre bout du monde. Tel un caillou jeté dans un étang, la brunelle fait des ronds dans l'eau, initiant le début de la guérison. Elle vous rappelle qu'un seule changement pertinent, aussi petit soit-il, crée des cercles concentriques, des ondes qui se propagent et amplifient le changement initial. Elle sait comment trouver ce centre dont tout le reste découle. « Soyez l'onde qui se propage à partir d'ici », vous chuchote-t-elle en vous aidant à découvrir le secret de votre propre guérison véritable. Si la brunelle vient à vous, il est temps de laisser tomber votre caillou dans l'étang.
Rituel : Centrage
La brunelle vous rappelle à votre centre parce que c'est à partir de là qu'un changement minime peut faire toute la différence Quand votre vie est en déséquilibre, vous fonctionnez rarement à partir de votre centre. Parfois, vous êtes tellement bloqué mentalement que vous oubliez que vous avez un centre ! Il est temps d'y remédier :
Trouvez un endroit confortable où vous asseoir.
Respirez profondément plusieurs fois. A chaque inspiration, faites descendre votre souffle de plus en plus bas pour le sentir se déposer tout au fond de vos poumons.
Puis imaginez que chaque respiration est un petit caillou de lumière qui descend dans votre centre. Ce ne sont que de petits cailloux mais, à mesure qu'ils s'accumulent, votre centre se remplit de lumière.
Laissez la lumière, porteuse des changements progressifs de la brunelle, se diffuser dans votre corps à la manière des ronds dans l'eau.
Réflexion : Quelle énergie diffusez-vous ?
Chaque individu est un caillou tombé dans l'étang de sa famille, de ses amis, de sa communauté et du monde. Et vous ? Au-delà de vos tâches quotidiennes :
Quelles ondes concentriques se propagent à partir du petit caillou que vous êtes ?
Quelle est la mission de votre âme ici-bas ?
Que rêvez-vous de devenir ?
Quelle énergie diffusez-vous en avançant dans cette vie ?
Quelle énergie aimeriez-vous diffuser ?
« Faites le bien par petits bouts là où vous êtes ; car ce sont ces petits bouts de bien, une fois assemblés, qui transforment le monde. » (Desmond Tutu)
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