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L'Ibéride




Étymologie :

  • IBÉRIDE, subst. fém.

Étymol. et Hist. 1. 1615 ibéris (J. Desmoulins, Hist. générale des Plantes, trad. du lat. de J. Daléchamp, d'apr. Tolmer ds Fr. mod. t. 14, p. 283); 2. 1778 ibéride (Lamarck, La Flore fr., II, 671 ds Quem. DDL t. 10). Empr. au lat. de l'époque impériale ĭbēris, -ĭdis t. de bot., lui-même empr. au gr. ι ̓ ϐ η ρ ι ́ ς (v. André Bot.).


Lire également la définition du nom ibéride afin d'amorcer la réflexion symbolique.


Autres noms : Iberis sempervirens ; Ibéris toujours vert ; Corbeille d'argent ;

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Usages traditionnels :


Selon Otto Schaeffer, auteur d'un article intitulé "Cultes et cultures: apports huguenots à l’histoire culturelle du jardin et du monde végétal." (in Diasporas. Circulations, migrations, histoire, 2013, no 21, pp. 20-44.) :


C’est le botaniste Edmond Boissier, descendant de huguenots originaires d’Anduze, qui introduit les plantes alpines dans l’art du jardin ; on lui doit le « mur fleuri » (1) qui agrémente aujourd’hui, par la floraison printanière de coussins d’aubriétia (« corbeille de pourpre »), d’alysse (« corbeille d’or ») et d’ibéride (« corbeille d’argent »), les nombreuses localités aménagées en terrasses de Suisse romande.


Note : 1) Correvon, Henry, Fleurs des champs et des bois, Neuchâtel-Paris, Delachaux & Niestlé, 4e éd., 1943, p. 164.

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Symbolisme :

Louise Cortambert et Louis-Aimé. Martin, auteurs de Le langage des fleurs. (Société belge de librairie, 1842) nous livrent leur vision de cette fleur :


Hiver - Janvier.

IBERIDE DE PERSE -THLASPI VIVACE - INDIFFÉRENCE.


Vois comme au printemps tout sourit :

Les Grâces font fleurir la rose ;

L'air se tait, le flot s'assoupit,

Et sur le sein des mers repose.

Dans ce cristal brillant et pur

Déjà le cygne plonge et nage,

Tandis que l'oiseau de passage

Fend lentement un ciel d'azur ;

Du jour plus douce est la lumière ;

Les sombres nuages ont fui ;

Des trésors qu'enferme la terre

Le germe s'est épanoui ;

La vigne a repris son ombrage,

L'olivier son fruit, sa fraîcheur :

Sur les rameaux, sous le feuillage,

Partout nait le fruit ou la fleur.

Anacréon, traduction de Saint-Victor.


Cette belle saison, qui anime tout dans la nature et qui inspira au poëte des Amours des chants si doux, semble passer en vain pour la froide ibéride : cette plante, dans tous les temps, nous présente son vert feuillage et ses corymbes blancs et inodores ; souvent, pour recueillir ses graines, la main du jardinier arrache le voile fleuri qui persiste à les couvrir. Ainsi, le printemps et l'amour passent sans embellir cette insensible. La maternité arrive sans la flétrir ; elle conserve sa parure jusque dans sa décrépitude ; et, si son éclat nous rappelle celui des autres fleurs, c'est bien moins pour nous consoler de leur absence, que pour nous faire regretter leurs grâces et leurs doux parfums.

C'est sans doute à cause de son aspect, qui ne varie jamais, que les femmes de l'Orient, qui ont elles-mêmes inventé l'ingénieux langage des fleurs, ont fait de l'ibéride de Perse le symbole de l'indifférence.

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Dans Les Fleurs naturelles : traité sur l'art de composer les couronnes, les parures, les bouquets, etc., de tous genres pour bals et soirées suivi du langage des fleurs (Auto-édition, Paris, 1847) Jules Lachaume établit les correspondances entre les fleurs et les sentiments humains :


Ibéride de Perse ou Thlaspi vivace - Indifférence.

Le thlaspi symbolise l'indifférence, à cause du peu de cas qu'on fait de sa fleur dans un bouquet.

 

Emma Faucon, dans Le Langage des fleurs (Théodore Lefèvre Éditeur, 1860) s'inspire de ses prédécesseurs pour proposer le symbolisme des plantes qu'elle étudie :


Thlaspi - Je brise les obstacles.

Le thlaspi des champs comme celui des jardins, connu aussi sous le nom d'ibéride, se plait dans les terrains sablonneux ou pierreux ; dans les montagnes sa racine pénètre dans la roche et les cailloux, les fend et les divise.

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Dans son Traité du langage symbolique, emblématique et religieux des Fleurs (Paris, 1855), l'abbé Casimir Magnat propose une version catholique des équivalences symboliques entre plantes et sentiments :


IBÉRIDE DE PERSE - INDIFFÉRENCE.

Ne vous inquiétez de rien, mais en quelqu'endroit que vous soyez, présentez à Dieu vos demandes par des supplications et des prières.

Philippiens. IV, 6.

L’ibéride de Perse, connue aussi sous le nom de thlaspi, est une plante qui se fait remarquer par sa tige droite, souple, cylindrique, un peu rameuse, haute d'environ 40 centimètres, garnie dans toute sa longueur de feuilles épaisses, d'un vert glauque et ne tombant pas l'hiver. Ses fleurs sont très blanches ; elles paraissent d'octobre en mars, ce qui a fait donner à cette plante le nom d'ibéride de tous les mois. Les rigueurs de l'hiver et le changement des saisons ne peuvent rien sur l'insensible thlaspi ; c'est sans doute pour cette raison que les femmes de l'Orient en ont fait le symbole de l'indifférence.


RÉFLEXION.

L'indifférence est une qualité assez équivoque et n'est souvent pas moins l'effet de la stupidité que de la force de l'esprit.

(OXENSTIERN.)

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