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L'Étain

Dernière mise à jour : 23 févr.




Étymologie :


  • ÉTAIN, subst. masc.

Étymol. et Hist. Ca 1220 estains (G. de Cambrai, Barlaam et Josaphat, 98 ds T.-L.). Du b. lat. stagnum (stannum) « étain » (à l'époque impériale « alliage d'argent et de plomb »), peut-être emprunt au gaul., mais d'orig. incertaine (v. Ern.-Meillet, s.v. stagnum).


Lire également la définition du nom étain afin d'amorcer la réflexion symbolique.




Symbolisme :


Dans Le Livre des superstitions, Mythes, croyances et légendes (Éditions Robert Laffont S.A.S., 1995, 2019) proposé par Éloïse Mozzani, on apprend que :


Associé à Jupiter, ce métal blanc grisâtre entre dans la fabrication de talismans et peut servir également à des divinations : en Italie comme en France, on tire des présages de la forme que prennent des morceaux d'étain en fusion que l'on a jetés dans de l'eau froide ; les jeunes filles recouraient notamment à ce procédé pour connaître le métier de leur futur époux : « Les dessins d'étain fondu dev[aie]nt représenter les outils de la profession ».

Dans la région de Boulogne-sur-Mer, certains prétendaient guérir le prolapsus (descente) de l'utérus en appliquant une coupe d'étain sur le bas-ventre, qui était ensuite massé avec de l'onguent populéum (pommade à base de bourgeons de peupliers et de plantes narcotiques).

La découverte de l'étain dans le Cornwall (Angleterre) est attribuée à saint Piran ou Perran, patron des étameurs. Le saint, qui avait mis au feu ce qu'il croyait être un morceau de rocher ramassé dans les falaises, vit s'écouler un beau métal blanc. D'autres récits de la même région font intervenir des rêves prémonitoires : sous le règne d'Édouard VI (1547-1553), une femme vit en songe un homme lui montrer un filon d'étain : on creusa et on trouva en effet le métal.

Signalons que les mineurs boliviens surnomment l'étain « métal du diable » : ils « prétendaient mourir pour avoir dérangé le dieu protecteur des gisements de ce métal ».

 

Selon Wikipédia :


  • Les noces d'étain symbolisent les 10 ans de mariage dans le folklore français.

  • L'étain est le 4e niveau dans la progression de la sarbacane sportive.

  • Fabre d'Églantine proposa d'associer à chaque jour du calendrier républicain un des « objets qui composent la véritable richesse nationale », à la place des saints du calendrier romain. Le 26e jour du mois de nivôse a donc été dédié à l'étain.

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Symbolisme alchimique :


Dans Les Origines de l'alchimie (Georges Steinheil Éditeur, 1885), Marcellin Berthelot évoque la signification originelle de l'étain :


Le sceau d'Hermès , que les praticiens du moyen âge apposaient sur les vases et qui est devenu le scellement hermétique de nos laboratoires , rappelle encore l'origine égyptienne de la science . Le fait seul que le nom et le signe du dieu Hermès (Mercurius) aient été attribués par les alchimistes au métal qui constituait la matière première du grand œuvre , c'est-à-dire à l'étain d'abord, au mercure plus tard , fournit un rapprochement du même ordre.

[...]

Le signe actuel d'Hermès et de la planète correspondante figurent sur les pierres gravées et amulettes gnostiques des collections de la Bibliothèque Nationale de Paris. Ce signe et cette planète étaient attribués d'abord à l'étain ; lorsque ce métal changea de signe et de planète, son symbole et sa planète furent assignés au mercure , c'est-à-dire au corps qui jouait le rôle fondamental dans la transmutation des métaux. Ces changements de notation ont eu lieu entre le Ve et le XIIe siècle. Ils rappellent ceux que l'histoire de la chimie a si souvent présentés.

[...]

La dynastie des Ou a régné de l'an 222 à l'an 277 de notre ère. C'est donc au milieu du me siècle que les Chinois auraient commencé à s'occuper d'alchimie. L'initiative , d'après le dictionnaire yun-fou-kinn-yu, en appartiendrait aux moines de la secte du Tao, sectateurs du philosophe Lao-tse, lesquels pratiquèrent aussi la magie. Les alchimistes chinois s'attachaient également à transmuter l'étain en argent et l'argent en or ; ils plaçaient toujours dans leurs creusets, avec la pierre de tan, une certaine quantité du métal cherché, envisagée comme substance mère. Or ce sont là les pratiques usitées chez les Græco-Egyptiens ; c'est aussi la même association de la magie avec l'alchimie.

[...]

Le Serpent ou Dragon qui se mord la queue (ouroboros) est plus significatif encore : c'est le symbole de l'œuvre, qui n'a ni commencement ni fin. Dans les Papyrus de Leide, il est question d'un anneau magique, sur lequel ce serpent est tracé . Il est aussi figuré deux fois dans le manuscrit 2.327, en tête d'articles sans nom d'auteur, dessiné et colorié avec le plus grand soin, en deux et trois cercles concentriques, de couleurs différentes, et associé aux formules consacrées : « La nature se plaît dans la nature, etc. » Il est pourvu de trois oreilles, qui figurent les trois vapeurs, et de quatre pieds, qui représentent les quatre corps ou métaux fondamentaux Plomb, cuivre, étain, fer.

Les derniers détails rappellent singulièrement la salamandre, animal mystérieux qui vit dans le feu, lequel apparaît déjà à Babylone et en Égypte, et dont Aristote, Pline, Sénèque et les auteurs du siècle suivant rappellent souvent les propriétés mystérieuses.

[...]

Le papyrus nº 66 (4) est surtout capital à ce point de vue car il ne s'agit plus de simples indices, mais d'une centaine d'articles, relatifs à la fabrication des alliages, à la teinture en pourpre et à la matière médicale. C'est un livre sur papyrus, de format in-folio, haut de 0m30 sur 0m18 de large, originaire de Thèbes : il consiste en dix feuilles entières, pliées en deux et brochées, dont huit seulement sont écrites. Cela fait donc seize pages écrites, contenant environ sept cent vingt lignes. Elles sont très lisibles, comme j'ai pu m'en assurer sur la photographie de deux de ces pages l'écriture serait du commencement du Ie siècle.

Les articles portent chacun un titre. Ce sont des recettes pures et simples, sans théorie , toutes pareilles par leur objet et par leur rédaction à un groupe de formules inscrites dans les manuscrits grecs de nos bibliothèques. Je pense que ces dernières formules ont été probablement transcrites à l'origine d'après des papyrus semblables à celui-ci. Le texte même des articles du papyrus que j'ai pu me procurer in integro n'est tout à fait identique dans aucun cas à celui de nos manuscrits ; mais la ressemblance n'en est pas moins frappante, comme je vais l'établir.

Signalons les principaux sujets traités dans les articles du papyrus, en les rapprochant à l'occasion des sujets pareils du manuscrit 2.327. Je les grouperai sous les chefs suivants : Plomb, étain, cuivre, argent et asemon, or, pourpre, minerais divers. [...]

Etain. --- Purification de l'étain, décapage et durcissement de ce métal. Les manuscrits donnent de même des procédés pour l'affinage de l'étain.

Purification de l'étain, projeté dans le mélange qui sert à fabriquer l'asemon (c'est-à-dire pour la transmutation de l'étain en argent).

Epreuve de la pureté de l'étain.

Blanchiment de l'étain. Ce titre se retrouve dans le manuscrit 2.327. Dans la langue des alchimistes , le mot blanchiment s'applique d'ordinaire à la teinture du métal transformé en argent, comme le montre l'un des articles du manuscrit 2.327 (fol . 288 vº).

[...]

Livre de la Vertu. Sur la composition des eaux. Trois leçons, avec avis complémentaire.

C'est l'un des plus importants ouvrages de Zosime que nous possédions. [...]

« Construis, mon ami, dit encore Zosime, un temple monolithe, semblable à la céruse, à l'albâtre, un temple qui n'ait ni commencement ni fin, et dans l'intérieur duquel se trouve une source de l'eau la plus pure, brillante comme le soleil. C'est l'épée à la main qu'il faut chercher à y pénétrer, car l'entrée est étroite . Elle est gardée par un dragon qu'on doit tuer et écorcher. En réunissant les chairs et les os, il faut en faire un piédestal, sur lequel tu monteras pour arriver dans le temple, où tu trouveras ce que tu cherches. Car le prêtre, qui est l'homme d'airain que tu vois assis près de la source, change de nature et se transforme en un homme d'argent, qui lui-même, si tu le désires, peut se transformer en un homme d'or...

Ne révèle rien de tout cela à autrui et garde ces choses pour toi-même, car le silence enseigne la vertu. Il est très beau de connaître la transmutation des quatre métaux, du plomb, du cuivre, de l'étain, de l'argent, et de savoir comment ils se changent en or parfait. »

[...]

En fait, c'est en soumettant les métaux à des oxydations et calcinations prolongées, puis en les réduisant à l'état de corps métalliques, et en répétant ces opérations, que Geber cherche à les dépouiller de leurs propriétés par exemple, on ôte ainsi à l'étain son cri, sa fusibilité, sa mollesse, qui le distinguent de l'argent ; on l'endurcit et on le rend plus fixe par des régénérations successives (ce qui est erroné).

[...]

$ 10. - L'Étain.

L'étain, circonstance singulière, ne figure pas dans la liste de Lepsius, bien qu'il entre dans la composition du bronze des vieux Égyptiens . Peut-être ne savaient-ils pas le préparer à l'état isolé. Il n'a été connu à l'état de pureté que plus tard , à l'époque des Grecs et des Romains. Mais il était d'usage courant au temps des alchimistes, comme en témoignent les recettes des papyrus de Leide (p. 88). C'était l'une des matières fondamentales employées pour la prétendue fabrication ou transmutation de l'argent, dans ces papyrus (p. 90), comme dans nos manuscrits. C'est pourquoi il convient de parler ici du cassiteros antique, mot dont le sens a changé, comme celui de l'airain, avec le cours des temps.

A l'origine, dans Homère par exemple, il semble que le cassiteros fut un alliage d'argent et de plomb, alliage qui se produit aisément pendant le traitement des minerais de plomb. Plus tard , le même nom fut appliqué à l'étain, ainsi qu'à ses alliages plombifères. De même, en hébreu, bédil signifie tantôt l'étain, tantôt le plomb, ou plutôt certains de ses alliages.

L'étain lui-même a été regardé d'abord comme une sorte de doublet du plomb ; c'était le plomb blanc ou argentin, opposé au plomb noir ou plomb proprement dit (Pline). Son éclat , sa résistance à l'eau et à l'air, ses propriétés, intermédiaires en quelque sorte entre celles du plomb et celles de l'argent, toutes ces circonstances nous expliquent comment les alchimistes ont pris si souvent l'étain comme point de départ de leurs procédés de transmutation. Une de ses propriétés les plus spéciales, le cri ou bruissement qu'il fait entendre lorsqu'on le plie, semblait la première propriété spécifique qu'on dût s'attacher à faire disparaître. Geber y insiste et les alchimistes grecs en parlent déjà.

Les alliages d'étain, tels que le bronze, l'orichalque (alliages de cuivre), et le claudianon (alliage de plomb), jouaient aussi un grand rôle autrefois. On remarquera que les alliages ont dans l'antiquité des noms spécifiques, comme les métaux eux-mêmes.

Rappelons encore que l'astre associé à l'étain à l'origine n'était pas la planète Jupiter, comme il est arrivé plus tard, mais la planète Mercure. Les lexiques alchimiques portent la trace de cette première attribution. Le signe, de Jupiter était assigné originairement à l'électrum. Cette planète d'ailleurs, ou plutôt son signe, paraît avoir possédé à un certain moment une signification générique ; car ce dernier est adjoint comme signe auxiliaire à celui du mercure, dans un lexique alchimique très ancien .

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Mythologie :


Claude Mossé propose un compte-rendu de l'article de J. Ramin, 'Le problème des Cassitérides et les sources de l'étain occidental depuis les temps protohistoriques jusqu'au début de notre ère". (In : Annales. Economies, sociétés, civilisations. 25ᵉ année, n°5, 1970. pp. 1313-1314) dans lequel il résume les croyances antiques sur l'origine de l'étain :


Les sources de l'étain occidental : Les auteurs anciens ne nous ont pas laissé beaucoup de précisions sur les faits économiques de leur époque, et lorsqu'il arrivait à certains d'entre eux d'apporter un renseignement, il n'était ni précis ni fondé sur des preuves évidentes. On se bornait le plus souvent à faire état de traditions anciennes qu'on ne songeait que rarement à remettre en question. Ainsi des îles Cassitérides, ces contrées un peu mystérieuses où l'on se procurait l'étain depuis les temps les plus anciens. Hérodote est le premier qui en parle, sans trop y croire, et après lui, les rares mentions de ces contrées lointaines productrices d'étain sont contradictoires et vagues, au point que, au premier siècle de notre ère, Pline tenait ces îles pour une « fable » inventée par les Grecs. Il reste cependant vrai que ceux-ci, qui n'avaient pas d'étain, et avant eux les Phéniciens, allaient chercher ce précieux métal dans les pays riverains de la mer occidentale, au-delà des colonnes d'Hercule, et qu'il peut être tentant aujourd'hui, à partir des résultats de la recherche archéologique en Occident, et en soumettant les textes à une étude critique, de chercher à situer ces îles mystérieuses. Trois régions pouvaient être retenues, où l'on a retrouvé des traces d'exploitations anciennes : l'Espagne occidentale, la Cornouaille britannique et le sud de l'Armorique. L'auteur s'arrête à cette dernière région, et pense que les anciens avaient donné le nom de Cassitérides aux îles qui se trouvent au large de l'embouchure de la Loire, aux îles « Vénétiques », c'est-à-dire Houat, Hoëdic et la presqu'île de Penestin. Nous n'entreprendrons pas de résumer ici sa démonstration. Elle est ingénieuse, elle n'est pas tout à fait convaincante. Car s'il est certain, comme il le dit lui-même, que les ports vénètes étaient un relais pour l'étain de Cornouaille, il est plus douteux que les gisements d'étain armoricains aient été exploités de façon importante avant l'occupation romaine.

J.-J. Hatt a constaté par des analyses chimiques et métallographiques que dans les années qui suivent immédiatement la destruction par César des ports vénètes, l'étain n'arrivait plus en Gaule, et qu'il fallut attendre le règne de Claude pour que les courants commerciaux se rétablissent. Sans nier l'intérêt d'un ouvrage comme celui de J. RAMIN, on retiendra avec prudence ses conclusions qui n'entament pas vraiment la thèse communément admise de l'origine essentiellement britannique de l'étain antique.

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