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  • Photo du rédacteurAnne

L'Œnanthe



Étymologie :

  • OENANTHE, subst. fém.

Étymol. et Hist. 1. 1545 bot. (Guill. Guéroult, Hist. des plantes, 391 ds Delb. Notes mss) ; 1787 oenanthe aquatique (Saint-Germain, Manuel des végétaux ds Roll. Flore, p. 157) ; 2. 1759 ornith. «motteux» (Dict. raisonné et universel des animaux) ; encore ds Coupin, Animaux de nos pays, 1909. Empr. au lat. d'époque impériale oenanthe (Pline ds OLD), lui-même du gr. ο ι ̓ ν α ́ ν θ η de même sens.


Lire également la définition du nom œnanthe afin d'amorcer la réflexion symbolique.


Autres noms : Œnanthe crocata L. ; Œnanthe safranée ; Navet du diable ;

Œnanthe fistulosa L. ; Œnanthe fistuleuse ;

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Botanique :


Dans une conférence intitulée "Les Corses et les plantes sauvages autrefois et maintenant" faite à Cervioni le 3 avril 1981 par Mme Marcellle Conrad au nom de l'A.P.E.E.M. (Association pour l'Etude Ecologique du Maquis), on peut lire une anecdote relative à l'œnanthe :


Œnanthe safran, ochjigrisgiu, ŒNANTHE CROCATA. A ne pas confondre avec le cresson. Vers 1503, Niccolò d'Oria… " marcha résolument sur Roccapina, dans la seigneurie de Rinuccio. Là, ses soldats mangèrent en salade une certaine herbe semblable à la chicorée, et qui pousse de ce côté au bord des cours d'eau ; cette herbe, que les paysans appellent occhiriscio, est très vénéneuse, et vingt-cinq soldats environ moururent après en avoir mangé " (Chronique de MONTEGGIANI. Trad. LETTERON).

 

Dans Plantes toxiques à usage médicinal du pourtour méditerranéen. (Springer Paris, 2013) Victoria Hammiche, Rachida Merad, Mohamed Azzouz, et al. s'intéressent à la toxicité de l'Œnanthe crocata L. :


Parties et principes toxiques : Toute la plante est toxique, surtout, la racine dont le suc jaune renferme des carbures acétyléniques poly-insaturés - polyines linéaires en C17 - en particulier l'oenanthotoxine, substance voisine de la cicutoxine de Cicuta virosa. Isolée dès 1953 sous forme cristalline, elle est accompagnée d'oenanthelol, alors que la cicutine, qui serait son isomère, est accompagnée de cicutol. La concentration des toxines est maximale en hiver et au début du printemps.


Circonstances de l'intoxication : L'intoxication est rare mais souvent mortelle chez Ie bétail comme chez l'homme. La plupart du temps, il s'agit de confusion avec des plantes comestibles comme Ie céleri et Ie persil.

Elle a été responsable d'empoisonnements criminels, sa saveur agréable de cèleri permettant de l'administrer en potage sans éveiller les soupçons. Deux cas d'intoxications dont un mortel sont signalés dans une étude rétrospective, sur 25 ans, au Centre d'information toxicologique suisse.

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Symbolisme :

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Littérature :


Pierre Magnan, auteur de Chronique d'un château hanté (Éditions Denoël, 2008) imagine un système de défense particulièrement ingénieux, quoique fort peu chrétien...


Ces œnanthes luxuriantes qui s'élevaient fleuries bien au-delà de la chapelle et tout au long de l'allée qui conduisait à la grand-route, ces œnanthes s'imprimèrent à son esprit comme un signe du ciel. Elle rameuta ses converses et leur ordonna de faire de ces fleurs et des racines une récolte totale, qu'elles s'y attaquent promptement et fassent diligence. Ensuite, elle alla trouver l'économe en son chauffoir.

- Combien nous reste-t-il de porcs au saloir ?

- Deux entiers et trois jambons de sanglier. Que prétendez-vous en faire, ma mère ? dit la nonne surprise.

- Un piège ! Dit la prieure. Vous allez immédiatement me trouver deux grands chaudrons que vous disposerez au centre du cloître. Vous ferez bouillir, infuser et réduire tant d’œnanthes que vous pourrez avec l'aide de vos sœurs. Ensuite vous dresserez sur les feux ces chaudrons bien en vue au centre du cloître du côté qui commande l'entrée. Et vous ouvrirez toutes grandes les portes d'icelui. […]

- Avez-vous convié Lucifer, ma mère ? demanda l'intendante impressionnée. Vous savez que l’œnanthe...

- Je sais, dit la prieure. C'est de la ciguë ! Croyez-vous que les parpaillots ne nous la feraient pas boire si d'aventure ils nous prenaient ?

Une effervescence laborieuse régna dans le couvent durant tout le jour que dura l'attente des assaillants. Vers midi, la sœur apothicaire s'approcha de la prieure, avec une grande brassée d'une plante naine dans son tablier.

- S'il m'était permis, ma mère, dit-elle, en mettant un genou en terre, de hasarder un avis bien modeste, je dirais que votre brouet serait bien plus efficace si vous y ajoutiez ceci !

Elle élevait entre le pouce et l'index une minuscule baie couleur violine.

- Qu'est-ce que c'est que ça ? demande la prieure.

- De la belladone.

- C'est un beau nom ! dit la prieure.

L'apothicaire fit un signe évasif.

- On m'en a dit beaucoup de bien. […]

Charance se mit à manger et à boire goulûment. Un homme, un peu sommeilleux, voulut le serrer contre sa poitrine et même l'embrasser sur les deux joues. Il était manifestement ivre mais ça n'expliquait pas l'odeur méphitique qu'il exhalait en respirant. Charance découvrit soudain à la lueur proche d'un cierge les yeux de cet homme bien en face. Ses pupilles étaient dilatées. Charance n'en avait jamais vu d'aussi énormes. A cet instant le reître tomba puis un autre. Bientôt, ils furent vingt autour de leur seigneur qui vomissaient, faisaient dans leurs chausses.

En un éclair de lucidité, Charance comprit tout.

Il se rua à coups d'épée sur la barrique qu'il éventra. Il renversa les deux chaudrons de viande à moitié plein sur les dalles, sur les hommes qui criaient, qui se débattaient, qui essayaient, mais ils avaient des gestes mous, de s'entre-tuer à coups de hallebarde. Orcières le fidèle n'avait encore ni bu ni mangé. Il comprit l'étendue du désastre quand il vit ces gaillards hauts de six pieds tomber comme sacs de cuillers, mous, sans force. Ils essayaient aussi de détruire les cierges à coups de dague mais ils les manquaient car l'atropine troublait leur vision.

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