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La Châtaigne d'eau



Étymologie :

  • MACRE, subst. fém.

Étymol. et Hist. 1542 (Gesner, Catalogus plantarum latine graece germanice et gallice, p. 132 d'apr. FEW t. 21, p. 176a). Orig. inc. ; cf. FEW t. 21, p. 176a et 176b, note 1.


Lire également la définition du nom macre afin d'amorcer la réflexion symbolique.


Autres noms : Trapa natans ; Châtaigne aquatique ; Cornelle (Canada) ; Cornes-du-diable ; Echarbot (Loire atlantique) ; Mâcre nageante ; Mâcre flottante ; Marron d'eau ; Noix aquatique ; Noix de Jésuites ; Truffe d'eau ;

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Botanique :


Dans l'Almanach du Bon jardinier de 1833, on peut constater que la châtaigne d'eau est considérée comme une plante à cultiver :


Macre, châtaigne d'eau, truffe d'eau, Trapa natans L. (Tétrandrie Monogynie, famille des Onagres.) Indigène et annuelle, dans les eaux stagnantes, mais non croupissantes.

Elle donne des fleurs blanches, de juin en août, auxquelles succèdent des fruits ayant à peu près la couleur des châtaignes, mais moins gros et munis de leurs calices, dont les quatre divisions sont autant de cornes piquantes. Ces fruits, remplis d'une pulpe blanche, assez agréable au goût, se mangent crus, ou cuits dans l'eau ou sous la cendre. On les conserve dans l'eau pendant tout l'hiver. Il suffit, pour multiplier cette plante, d'en jeter les fruits mûrs dans la pièce d'eau où l'on veut se la procurer. Ensuite, on n'a d'autre peine que celle de la récolte, qu'il faut ne pas trop retarder, autrement les fruits se détachent et vont à fond.

 

Aline Raynal-Roques, dans un article intitulé "Les plantes aquatiques." (Flore et faune Aquatiques de L’Afrique Sahelosoudanienne. ORSTOM, Paris, 1980, p. 63-152) nous propose la description suivante :


TRAPACÉES - Trapa (clé nos 9, 152, 182)

Herbe normalement non fixée au sol : la rosette dérive librement à la surface de l’eau ; tige portant des paires de ((feuilles O finement divisées submergées, et une rosette émergée de feuilles à pétiole gonflé d’air. Fleur isolée, large de 1,5 à 3 cm ; 4 sépales,, 4 pétales blancs ; le fruit mûrit sous l’eau, et est dur, noirâtre, orné de 2 ou 4 grandes épines (fig. 51,170). Une (ou quelques) espèce systématiquement difficile à définir, originaire de tout l’Ancien Monde (introduite en Amérique du Nord et en Australie) ; on considère, en Afrique, avoir T. nafans var. bispinosa (Roxb.) Makino, plante variable et peu commune. Eaux calmes, permanentes, pouvant être profondes. Le fruit est comestible (châtaigne d’eau), et la plante a été, surtout autrefois, très cultivée dans ce but.

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Usages traditionnels :


Selon Alfred Chabert, auteur de Plantes médicinales et plantes comestibles de Savoie (1897, Réédition Curandera, 1986) :


La châtaigne d'eau, Trapa natans, était fort prisée autrefois quand nos vallées étaient parsemées d'étangs. Je tiens de ma mère décédée récemment à un âge très avancé, que dans la première partie de ce siècle, les paysans de Planaise et des autres communes situées sur les bords de l'Isère, en recueillaient des quantités en automne pour leurs provisions d'hiver et les mangeaient cuites à l'eau comme des châtaignes. Aujourd'hui l'Isère a été diguée, les étangs desséchés sont atteris ou en voie d'atterrissement les châtaignes d'eau devenues rares ne pourraient être récoltés que sur le lac d'Aiguebelle et quelques étangs ; les riverains les dédaignent et les laissent perdre. Beaucoup même ignorent qu'elles sont comestibles. Il est douteux qu'on les mangeât en Dauphiné au siècle dernier ; car Villars raconte qu'elles se vendaient à Venise sous le nom de Noix de Jésuites, qu'elles sont farineuses, nourrissantes et pectorales, mais il ne dit pas que les dauphinois en fissent usage. En Piémont, elles étaient aussi dédaignées ; Allioni ne cite que les enfants de Vercelli qui les recueillaient pour les manger.

 

Bernard Alet, Alexandra Angeliaume-Descamps et Gérard Briane, dans un article intitulé "Petite histoire des étangs du Ségala". (Patrimoni, 2011, pp. 16-21.) nous apprennent que :


Cl. Favarger (1961) signale une forte consommation de châtaignes d’eau (Trapa natans) en France et en Suisse au Moyen-Age. De même, il serait intéressant d’étudier d’après les archives s’il y avait en Aveyron une consommation locale de châtaignes d’eau. Cette plante flottante s’est aujourd’hui considérablement raréfiée en Europe et c’est le seul lieu où elle est encore présente en Midi-Pyrénées.

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Symbolisme :


Dans le calendrier républicain, la Mâcre était le nom attribué au 12e jour du mois de brumaire.

 

Dans Le Livre des Fleurs (Librairie philosophique J. Vrin, 1989), Georges Ohsawa (Nyoiti Sakurazawa) tente d'initier les Occidentaux à cet art ancestral particulièrement subtil qu'est celui des fleurs.


Ainsi, il nous apprend qu'on prête aux fleurs "non seulement une beauté personnelle, mais des qualités, des mouvements d'humeur, un caractère complet, une âme, minuscule reflet de la grande âme de la nature. [...]

Le hisi (trapa natans) est une plante pittoresque et utile. tous les Nippons connaissent ses fruits qui ont un goût de châtaigne, très bizarres de forme. Elle pousse dans l'eau.

En été la foule se répand loin dans la campagne pour aller admirer ses fleurs, toutes petites, à quatre pétales blancs rosés. Les tiges gonflées d'air servent de bouées et se faufilent entre les algues. Le jour, les fleurs sont presque fermées, mais le soir elles s'ouvrent, et toute la nuit elles suivent la direction de la lune, comme si elles la regardaient. Elles sont aimées des amoureux qui glissent sur des barques silencieuses. Depuis l'antiquité elles ont été chantées par les poètes, surtout par Hakurakuten, célèbre poète chinois.

En automne on vient cueillir ses fruits, les châtaignes d'eau qui flottent à la dérive. Ils ont la réputation de clamer la fièvre et la soif, d'apaiser les peurs nocturnes des enfants. A Shangaï et à Péking beaucoup de marchands en vendent au étrangers qui en sont très friands. La coque des fruits réduite en cendre est une poudre violette utilisée dans es brûle-parfums.

En cuisine on en fait des plats avec du riz (riz au hisi).

La langue japonaise a des dizaines de noms pour désigner les fleurs, les fruits, les feuilles de cette plante curieuse. Les fruits sont dits midu-kuri, châtaignes d'eau ; sikaku, violettes de hisi ; kiryo, céréale pointue ; ganraiko, rouges quand les oies sauvages s'enfuient vers le sud. Les fleurs sont nommées le plus souvent "hôtesses de l'eau".

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