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La Dame rouge

  • Photo du rédacteur: Anne
    Anne
  • 18 mai 2017
  • 8 min de lecture

Dernière mise à jour : il y a 2 jours


Étymologie :


Étymol. et Hist. I. A. 1. Ca 1050 dama appellation d'une femme mariée, de haut rang (Alexis, éd. Chr. Storey, 148) ; 2. ca 1175 « épouse » (Chr. de Troyes, Chevalier Lyon, 5701 ds T.-L.) ; fin xiies. lang. courtois « femme aimée » (Chastelain de Couci, Chansons, éd. A. Lerond, I, 20 et passim) ; ca 1200 p. ext. s'applique également à des personnes n'appartenant pas à la noblesse (Doon de la Roche, 3266 cité ds A. Grisay, G. Lavis, M. Dubois-Stasse, Les Dénominations de la femme dans les anc. textes littér. fr., 1969, p. 134) ; 3. ca 1220 Nostre Dame « la Vierge » (G. de Coincy, Miracles, éd. F. Kœnig, I Pr 2, 12) ; 4. xiiies. titre donné à une abstraction (Mariage des sept ars, version anonyme, éd. A. Långfors, 210 : damme Théologie). B. 1508 jeu (D'Amerval, Diablerie, éd. Ch.-Fréd. Ward, p. 606 : jeu d'echecz ou des dames). II. 1665 interj. (Molière, Dom Juan, III, 1). I A du lat. class. domina, domna « maîtresse de maison ; épouse ; amie, maîtresse ; souveraine » ; le développement particulier du -o- s'explique par le fréquent emploi proclitique du mot, notamment devant les noms propres. I B ext. de I A p. réf. à l'idée de reine aux échecs et aux cartes et p. allus. au fait que le pion qui a traversé tout le damier au jeu de dames, peut se déplacer d'un nombre illimité de cases diagonalement, comme la reine aux échecs. II de Notre-Dame!, en invocation à la Vierge.


Lire également la définition du nom dame afin d'amorcer la réflexion symbolique.

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Symbolisme :

Adolphe de Chesnel, auteur d'un Dictionnaire des superstitions, erreurs, préjugés, et traditions populaires... (J.-P. Migne Éditeur, 1856) propose la notice suivante :


DAMES ROUGES. Nous ne croyons pas que les dames de cette couleur soient en grand nombre dans notre mythologie populaire ; mais M .Désiré Monnier en cite une qui habite une grotte du vallon de la Creuse, dans le département du Jura : elle y fait entendre des cris plaintifs, et l'on menace de cette Dame Rouge les petits enfants de la contrée qui ne sont point sages.

Sur le site http://www.france-pittoresque.com/, on peut lire la notice suivante, établie d’après le Dictionnaire des superstitions, erreurs, préjugés et traditions populaires paru en 1856 :


"Nous ne croyons pas que les dames de cette couleur soient en grand nombre dans notre mythologie populaire ; mais Désiré Monnier en cite une qui habite une grotte du vallon de la Creuse, dans le département du Jura : elle y fait entendre des cris plaintifs, et l’on menace de cette Dame Rouge les petits enfants de la contrée qui ne sont point sages."

Dans Le Livre des superstitions, Mythes, croyances et légendes (Éditions Robert Laffont, 1995 et 2019), Éloïse Mozzani nous propose la notice suivante :


On parle quelquefois de « dames rouges » : il y en avait une qui habitait une grotte du vallon de la Creuse (Jura) : « Elle y fais[ai]t entendre des cris plaintifs et l'on mena[çait] de cette dame rouge les petits enfants de la contrée qui n'[étaient] point sages ».

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Dans La Grande encyclopédie des Fées (Éditions Hoëbeke, 1996) illustrée par Claudine et Roland Sabatier, Pierre Dubois mêle le destin des Dames de deux couleurs


Dames Noires et Dames Rouges


Taille : Plutôt grande et droite.


Aspect : Les Noires et Rouges se ressemblent très fort. Si la Noire se montre certaines nuits « hideuse et affreusement dentue », elle est le plus souvent, pareillement à la Rouge, « d'une irrésistible beauté », offrant les appas sournois d'une « daymonne et louve de luxure ». L'œil brillant et velouté se retourne sous la paupière révélant une livide laitance au moment du coït précédant l'inévitable morsure. « Si blanche de corps que le bleu des veines en ressort » dit Dom Anselme (Incubes et Succubes de nos campagnes). On peut la comparer aux Stiga de Hongrie.


Vêtements : Élégants. Collerette en calice qui encadre un visage anguleux. Elles portent de longues robes de cour aux couleurs de nuit et de sang.


Nourriture : Ce sont d'insatiables ogresses.


Habitat : Afin de garder leur beauté intacte et l'éclat lunaire de leur peau, elles se réfugient l'une contre l'autre dans la chambre la plus froide d'inaccessibles manoirs.


Mœurs - Activités : Monstres de perversité, elles s'ingénient au mal. Volent et dévorent le enfants, obligent leurs enfants d'une nuit à se soumettre aux plus démoniaques débauches. Elles jalousent cependant les performances sexuelles des Martes. Elles redoutent les miroirs et ne supportent la vue de leur image que dans le reflet des eaux corrompues.

***

Je remplace, pour qui me voit nue et sans voiles,

La lune, le soleil, le ciel et les étoiles.

(Charles Baudelaire)


Les Dames Noires sont des Dames Blanches qui ont mal tourné, et sont devenues méchantes le jour où elles ont troqué leurs belles vêtures de lumière contre des robes aux couleurs des ténèbres.

A Chateaugay (Puy-de-Dôme), des Dames habillées de noir, dont la vue est très redoutée, dansent en rond au clair de lune sur un monticule. Dans le Beaujolais, des Dames noires et hideuses frôlent par les nuits obscures eux qui e trouvent dans le voisinage des mares. La châtelaine de Montanges apparaît en Dame Noire au Rieu d'Enfer. Elle précipitait dans le torrent ses amants dont elle avait épuisé les charmes.

La Demoiselle Noire de Gruchy était magicienne et connaissait le moyen de se transformer en toutes sortes d'animaux. Insatiable maîtresse, elle faisait entrer les jeunes gens dans sa tour, puis, quand elle en était lassée les changeait en bêtes ou en plantes. Ceux qui osaient lui résister étaient éventrés, leurs intestins mis à sécher sur les haies d'aubépines. Des bandes de pies toujours l'accompagnaient.

Margot la Noire mangeait les enfants. Les mères avaient bien soin de les garder cachés car, dès qu'elle en connaissait un gras à point, l'ogresse envoyait ses gardes le quérir. Un jour son cuisinier, pris de remords, accommoda de la même manière qu'un petit enfant un veau nouvellement né et le servit en blanquette à sa maîtresse. La goule n'avait pas encore achevé son festin que de lamentables gémissements se firent entendre dans la cour du château. Elle envoya un valet s'en informer, qui rapporta qu'une vache à laquelle on avait enlevé son petit s'était détachée des liens qui la retenaient à l'étable pour le chercher. La comtesse, émue de ce récit, plaignit la pauvre bête et ordonna qu'on lui rendît son veau. Hélas, lui répondit-on, c'est désormais chose impossible puisqu'on vient de vous le servir à la place d'un marmot. Folle de colère, Margot l'ogresse fit mander le maître queux à qui elle reprocha durement sa tromperie et sa cruauté. « Vous plaignez aujourd'hui une pauvre vache dont on a pris le veau, parce que vous avez vu sa douleur, dit-il, mais n'éprouvent-elles rien, ces pauvres malheureuses mères dont vous faites enlever les enfants ? »

A ces reproches, la comtesse creva de douleur. Depuis, enveloppée de vêtements de deuil, Margot la Noire revient chaque nuit pleurer ses crimes autour du château englouti par les eaux. Derrière elle suit une procession funèbre d'ogresses repentantes. C'est parce qu'elles ont tant et tant erré sur les rives liquides, que les fanges de l'étang ont absorbé la couleur de leurs ombres pourrissantes.

La robe des Dames Rouges est aussi rouge que leur peau est blanche. Elles sont « comme le sang sur la neige », et ce contraste évoque parfaitement leur appétit de luxure et de chair vive. Le regard possède l'éclat des tisons, la bouche celui d'un coquelicot dissimulant des dents de chat. Elles capturent les hommes en ouvrant leur manteau écarlate, offrant à leur vue « un corps que nulle autre Fée ne pet égaler non par perfection de beauté mais par le sortilège érotique qui l'anime » (Fleury).

Celui qui tombe entre leurs griffes au milieu de la nuit n'est plus qu'une peau vide et rêche au matin, tant les belles l'ont vidé de toute vie, jusqu'aux os que leur souffle de feu a réduits en cendres. Elles collectionnent les âmes piquées sur des aiguilles à chapeau. Très bien adaptées au monde moderne, beaucoup ont fait, sous d'alléchants sobriquets, de profitables carrières dans le cinéma pornographique.

« Lorsque les noyés que la Princesse Rouge retenait dans son étang magique de Tréguier eurent été délivrés par une sainte mendiante qui en ouvrit les écluses, celle-ci les vit se lever, comme ressuscités, marcher vers elle sur le flot. »

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Mythes et légendes :


On peut lire sur le site en ligne de Midi-Libre.fr du 6 août 2014 l'article suivant de Loïc Marlas :


Sud-Aveyron : la Légende de la Dame rouge


Au XVIIe siècle, une dame du château serait morte en ces lieux. Depuis, elle vole les enfants.

Parmi tous les personnages de la mythologie caussenarde, elle est certainement la plus mystérieuse et la plus controversée. La légende de la Dame rouge existe et se perpétue depuis longtemps déjà, sans qu'on ne sache exactement depuis quand, jusqu'à douter même de l'existence du personnage. Dans la mythologie française, on retrouve souvent des histoires de dames blanches, mais très peu d'histoires faisant état d'une dame rouge. Toutes ont en commun le fait qu'il s'agisse d'une entité, un fantôme tourmenté. Si la Dame blanche est un ange protecteur, la Dame rouge est une voleuse d'enfants. À chaque fois, c'est le même témoignage concernant des enfants disparus : on les aurait vus s'évanouir dans la nature, au bras d'une dame, vêtue d'une robe pourpre et à la peau blanche pâle. Elle hante les abords d'un château et vit autour des cavités diverses, ruines et oubliettes…


La Dame rouge ne peut s'enfuir : Dans la mythologie caussenarde, la Dame Rouge de Veyreau ne déroge pas à cette règle. Elle hante les souterrains du château. L'histoire remonte en 1607, quand le seigneur Simon d'Albignac occupait les terres du château de Veyreau. Deux souterrains parcourent les sous-sols et débouchent à divers endroits du village. L'un à une cinquantaine de mètres à l'ouest, l'autre à une centaine de mètres au nord du village. Difficile de dire si ces souterrains ont été bâtis à l'époque de Simon d'Albignac, ou s'ils sont plus vieux, mais leur utilité est sans équivoque : ils servaient d'échappatoire en cas d'attaques.

Justement, en juin de l'an de grâce 1625, les protestants, sous le commandement du seigneur de Montméjean, récemment converti, prennent possession de Veyreau, place forte du seigneur et fidèle catholique Simon d'Albignac. Les protestants s'emparent des terres et des récoltes, occupent la place du village et tentent d'attaquer le château. Simon d'Albignac et sa famille étant au château de Peyreleau à ce moment-là, seuls quelques gens de la forteresse de Veyreau se sont servi des tunnels pour tenter de s'échapper. On pense qu'une des dames du château, en s'enfuyant par les souterrains, a été rattrapée par ses assaillants et aurait connu un sort funeste.

Mais mythe ou réalité, cela nous ramène toujours au temps jadis et à l'histoire qui laisse encore plein de questions en suspens. L'âme perdue, qui depuis hante ces lieux, était-elle vraiment une dame du château ? Pourquoi vole-t-elle des enfants, lui a-t-on, à elle aussi, confisqué son bébé ? Est-elle vraiment morte au cours de ce combat ? Ou est-ce un simple spectre, servant à faire peur aux enfants pour éviter qu'ils n'aillent s'amuser près des tunnels que le temps a rendu dangereux ? Impossible de répondre à ces questions, ce qui rend cette légende difficile à comprendre. Ainsi, la Dame rouge en est encore plus mystérieuse qu'elle ne le paraît déjà. Et bien qu'il ne soit plus possible aujourd'hui d'accéder à ces souterrains, les générations nées jusque dans les années soixante ont bien connu ces tunnels. Ils y jouaient même avant qu'ils ne se soient en partie effondrés. Leurs parents les mettaient en garde sur la dangerosité des lieux : la Dame rouge rodait, eux le savaient bien !


# Chronique tirée du film "Veyreau du causse Noir".

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