Anne
Le Jade
Étymologie :
JADE, subst. masc.
Étymol. et Hist. 1. 1633 fém. éjade « pierre très dure de couleur verte » (Voiture, Lettre à Mlle Paulet ds Œuvres, éd. A. Ubicini, t. 1, p. 98) ; 2. 1661 masc. jadde « id. » (Invent. de Mazarin, f°49 ds Gay). Empr. à l'esp. (piedra de la) ijada, proprement « pierre des flancs », attesté dep. 1569 (Monardes d'apr. Cor., s.v. jade ; v. texte cité par W. Meyer-Lübke ds Z. rom. Philol. t. 29, p. 408) : les conquistadores espagnols avaient donné ce nom au jade parce que les Indiens croyaient que cette pierre les préservait des coliques néphrétiques ; l'esp. ijada « flancs » est issu du lat. īlia « id., ventre ». 2 est issu de 1 par confusion de l'é- avec l'art. masc. le. Voir Thomas (A.) Mél. Étymol. 1, p. 94.
Lire aussi la définition pour amorcer la réflexion symbolique.
Symbolisme :
Selon Mircea Eliade, auteur de Images et symboles (Éditions Gallimard 1952, renouvelé en 1980) :
"Le yin représente entre autres, l'énergie cosmique féminine, lunaire, "humide". Aussi l'excès du yin actif en une région déterminée exaspère-t-il l'instinct sexuel féminin et fait-il que "les femmes lascives pervertissent les hommes". Il existe, en effet, une correspondance mystique entre les deux principes, yin et yang, et la société humaine. Le char du roi était orné de jade (riche en yang), celui de la reine, de plumes de paon et de coquillages, emblèmes du yin. Les rythmes de la vie cosmique suivent leur cours normal tant que la circulation des deux principes opposés et complémentaires se poursuit sans entrave. Sûn-tsï écrit : "Si le jade est dans la montagne, les arbres de la montagne porteront fruit ; si les eaux profondes produisent des perles, la végétation du rivage ne se desséchera point". On verra plus bas la même polarité symbolique jade-perle reparaître dans les coutumes funéraires chinoises.
[...]
De là aussi la mission des coquillages et des perles dans les usages funéraires ; le défunt ne se sépare pas de la force cosmique qui a alimenté et régi sa vie. Aussi, dans les tombeaux chinois, trouve-t-on du jade ; imprégné de yang - le principe masculin, solaire, "sec" - le jade, par sa nature même s'oppose à la décomposition. "Si l'on bouche avec de l'or et du jade les neuf orifices du cadavre, il sera préservé de la putréfaction", écrit l'alchimiste Ko Hung. Et dans le traité T"ao Hung-Ching (Ve siècle) on trouve les précisions suivantes : " Si à l'ouverture d'un ancien tombeau le cadavre semble vivant à l'intérieur, sachez qu'il y a à l'intérieur et en dehors du corps une grande quantité d'or et de jade. Selon les règles de la dynastie Han, les princes et les seigneurs étaient enterrés avec leurs vêtements ornés de perles et avec des étuis de jade destinés à préserver le corps de la décomposition". Les fouilles récentes ont confirmé l'affirmation de Ko Hung sur le jade qui "bouche les neuf orifices du cadavre", affirmation qui avait paru suspect à plus d'un auteur.
Le jade et les coquilles concourent à créer une destinée excellente dans l'au-delà, si le premier préserve le cadavre de la décomposition, les perles et les coquillages préparent au trépassé une nouvelle naissance. D'après Li Ki, le cercueil était orné de "cinq rangées de coquillages précieux" et de "tablettes de jade".
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D'après le Dictionnaire des symboles (1ère édition, 1969 ; Édition revue et corrigée, Robert Laffont : 1982) de Jean Chevalier et Alain Gheerbrant,
"De même que l'or, le jade est chargé de Yang, et donc d'énergie cosmique.. Symbole même du Yang, il est doué de qualités solaires, impériales, indestructibles. D'où son rôle important dans la Chine archaïque : Dans l'ordre social, il incarne la souveraineté et la puissance ; en médecine il est une panacée et s'absorbe pour procurer la régénération du corps ; considéré comme la nourriture des esprits et pouvant, selon les croyances taoïstes, assurer l'immortalité, il joue un rôle important dans les pratiques funéraires : si l'on met de l'or et du jade dans les neuf ouvertures du cadavre, il sera préservé de la putréfaction (texte de l'alchimiste Ko-Hung). Des fouilles récentes ont confirmé cette idée : selon les règles de la dynastie Han, les princes et les seigneurs étaient enterrés avec leurs vêtements ornés de perles et avec des étuis de jade destinés à préserver leur corps de la décomposition. (traité T'ao Hung-CHing, Ve s).
Si le jade, en tant que matérialisation du principe Yang, préservait le corps de la décomposition, les perles détentrices du Yin, assuraient au trépassé une nouvelle naissance.
Le mot nous viendrait d'Espagne. Il rappellerait l'usage du minéral dans les civilisations précolombiennes. Si l'on distingue généralement entre jadéites et néphrites (ces dernières ainsi nommées en raison de leur usage thérapeutique occidental dans les maladies des reins), la nuance est imprécise dans le terme chinois yu dont les définitions anciennes ne se réfèrent qu'à la beauté de la pierre. En fait, les jadéites n'ont supplanté les néphrites en Chine qu'au XVIIIe s., alors que s'affirmait la dynastie illégitime de Ts'ing, ce qui ne peut manquer d'être significatif, lorsqu'on sait que le jade est lié à l'exercice du mandat céleste.
Par sa beauté, le jade est l'emblème de la perfection. Celui des cinq vertus transcendantes : bienveillance, transparence, sonorité, immutabilité, pureté ; et selon le Li-ki, de la plupart des qualités morales : bonté, prudence, justice, urbanité, harmonie sincérité, bonne foi, ainsi que du ciel, de la terre, de la vertu, et de la voie de la vertu. Ainsi, dit Segalen, l'éloge du jade est l'éloge même de la vertu. Le jade est la douceur, la chaleur et la préciosité. Ce ne sont pas seulement la vue ou le toucher du jade, qui inclinent à la vertu ; peut-être faudrait-il dire que ce fut successivement la vue-contemplation, puis le toucher-perception sensible ; mais aussi sa sonorité. Les officiers admis à la cour portaient à la ceinture des jades, dont la sonorité était exactement fixée ; leur son, lorsqu'ils allaient sur leur char, les maintenait dans la voie droite et dans la loyauté. Cette sonorité, en effet, c'est l'écho de celle qui règle l'harmonie entre le Ciel et la Terre. Sous forme de disque, Pi, avec un trou central, le jade symbolise le ciel.
C'est pourquoi le sceau impérial est un jade depuis la plus haute Antiquité, la transmission du sceau équivalant pratiquement à celle du Mandat. Le jade est donc le symbole de la fonction royale. Le caractère yu est d'ailleurs, à un détail près, semblable au caractère wang, qui désigne le Roi dans sa fonction suprême. En fait, c'est même le yu qui est la racine du wang, et l'on peut ainsi dire que le jade fait le roi. Ce caractère, formé de trois traits horizontaux parallèles reliés par une tige verticale, est unanimement considéré comme l'image de la Triade suprême, le Ciel, l'Homme et la Terre étant unis par l'Axe du Monde, ou par la Voie : Voie centrale (tchong-tao), à laquelle s'identifie la Voie royale (wang-tao) : Un - qui réunit les trois - est le Roi (Tong Tchong-chou).
Si donc le wang s'affirme graphiquement comme le fils du Ciel et de la Terre, il est est de même du yu. Et l'on dit du jade qu'il se forme dans la terre sous l'effet de la foudre, c'est-à-dire de l'activité céleste. Cette fécondation cosmique est encore l'image de la formation de l'Embryon de l'Immortel par l'alchimie interne. Le jade de Pien Ho, qi servit à fabriquer le palladium des Tcheou, de lui fut-il pas révélé par un phénix ? Les alchimistes disent encore que le jade se forme dans la matrice terrestre par maturation lente d'un embryon de pierre ; ce qui, à leurs yeux, l'identifie à l'or. Si l'on sait en outre que le jade des descriptions fabuleuses est toujours un jade blanc, et que le blanc est la couleur de l'or alchimique, on voit que le jade ne se distingue pas de la Pierre philosophale et qu'il est un symbole d'immortalité. On ajoutera qu'il existe un autre caractère yu, composé de kin (or) et de yu (jade), qui possède le sens de l'or pur.
Le jade se trouve en abondance dans les séjours des Immortels. En tant qu'élixir de longue vie, il se consomme en poudre, ou liquéfie ou mêlé à la rosée, recueillie dans une coupe de jade. Certains objets, placés dans la tombe et revêtus de caractères de jade, permettent au mort de renaître. Du jade (ou de l'or), inséré dans les statues votives, leur donne vie. Le jade, au même titre que l'or, est le yang essentiel : il contribue à la restauration de l'être, à son retour à l'état primordial.
On notera encore que, selon plusieurs exégètes, le caractère yu primitif était composé de trois pièces de jade perforées, réunies par un fil, ou par une tige. S'il en est bien ainsi, nous avons une image exacte de l'autel védique primitif, dont les trois pièces correspondaient aux trois mondes (Terre, monde intermédiaire, Ciel), la tige figurant l'Axe cosmique.
En Amérique centrale, cette pierre symbolise l'âme, l'esprit , le cœur ou le noyau d'un être, et, par analogie, est assimilée à l'os. On retrouve au Mexique la coutume de placer une pierre de jade dans la bouche des défunts.
Selon Krickeberg, le jade, dans l'ancien Mexique, était un symbole de l'eau et de la végétation jaillissante, en raison de sa couleur vert-bleuté et de sa clarté translucide. Des objets de jade forment l'essentiel du mobilier funéraire dans la civilisation de La Venta. A l'époque classique mezzo-américaine, les prêtres faisaient aux dieux des pluies et de la nourriture des offrandes d'eau précieuse contenant des parcelles ou des poussières de jade. Le jade, symbole de la pluie fécondante, chez les Maya, devient par extension le symbole du sang et celui de l'année nouvelle.
Sous le nom de Chalchiuatl, l'eau précieuse, le jade vert symbolise le sang jaillissant des sacrifices humains offerts pour leur régénérescence au Soleil et au dieu des Pluies.
Le même sens symbolique est accordé aux pierres vertes dans les traditions des peuples africains. Ainsi, dans un mythe Dogon, un génie des eaux apparaît, sortant d'un ruisseau gonflé par l'orage, la tête ceinte d'un serpent pluie-vert qui, lorsque le génie sort de l'eau, sous l'apparence d'une femme, se transforme en une pierre verte qu'elle s'attache au cou. [Note personnelle : voir les ressemblances avec la légende e la vouivre en Europe] De telles pierres, dotées d'une valeur sacrée, liée à la fertilité, sont conservées dans les sanctuaires soudanais.
Le symbolisme fort important du jade-objet est traité dans la notice Anneau :
[...] Nous insisterons surtout sur l'anneau de jade pî, dont le symbolisme revêt une très grande importance. Le pî est un disque plat de faible épaisseur, le diamètre de l'ouverture étant égal à la largeur de l'anneau, ou plus souvent à la moitié de cette largeur. Nous indiquons la notice jade les éléments du symbole royal de ce minéral. Les jades royaux sont des pî ; le caractère pî se compose d'ailleurs significativement, de pî (prince) et de yu (jade). Le pî, parce qu'il est rond, est le symbole du Ciel : en quoi il s'oppose au jade ts'ong, carré, symbole de la Terre. L'offrande rituelle du pî au Ciel et du ts'ong à la Terre s'effectuait aux solstices.
Le trou central de l'anneau est le réceptacle, ou le lieu de passage, de l'influence céleste. Il est à la verticale de la Grande Ourse et de la Polaire, comme l'empereur dans le Ming-T'ang. Il est donc l'emblème du roi comme Fils du Ciel. En outre, le Ming-T'ang est entouré d'un fossé annulaire nommé Pî-yong, car il a l a forme d'un pî. [...]
Il existe des pî dentelés dont on a montré qu'ils sont un gabarit précis de la zone circumpolaire et qu'ils permettent la détermination du pôle, ainsi que celle de la date du solstice. C'est qu'observer le ciel est le moyen de l'honorer comme il convient, de se conformer à l'harmonie qu'il enseigne et d'en recevoir la bénéfique influence.
On notera, après Coomaraswamy, que le pî correspond à la brique perforée supérieure de l'autel védique, laquelle représente effectivement le Ciel, les deux briques inférieures correspondant au ts'ong.
Les anneaux de jade sont parfois ornés. Ce qui peut constituer une altération du symbole primitif, lequel exige l'hiératisme, le dépouillement : ornés de deux dragons, c'est le yin et le yang, mutant autour de l'Essence immuable du centre ; dans les anneaux ornés des huit trigrammes, le vide central est de toute évidence le yin-yang ou (T'ai-kî), l'indistinction de l'Unité première. Altération ? Ou plutôt manifestation, explicitation d'un symbole, qui n'est plus perçu par intuition directe."
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Roger Tanguy-Derrien, auteur de Rudolph Steiner et Edward Bach sur les traces du savoir druidique... (L'Alpha L'Oméga Éditions, 1998) s'inspire du savoir ancestral pour "récapituler de la manière la plus musclée les informations sur les élixirs" :
Jade ou Jadéite ou Néphrite : L'élixir de Jade développe de nombreuses vertis comme l'amour inconditionnel, l'altruisme, le courage, la droiture, la bonté, l'humilité, la justice, la sagesse, la noblesse de cœur. Le Jade était la pierre des samouraïs, des preux chevaliers, des Templiers. Elle est la gardienne des vertus impérissables. Pour les Druides, elle provient de la constellation du Cocher. Les natifs nés sous cette constellation ont confiance en eux-mêmes, vivant d'heureuses aventures, mais leur bonheur est exposé à de grandes vicissitudes. Si ces natifs ont la chance de porter cette pierre, leur démarche sera moins douloureuse car le jade passe pour infiltrer en soi le sens du sacrifice, et clame l'agitation intérieure. Il met du baume au cœur en soignant les blessures émotionnelles les plus profondes. Dans les épreuves les plus dures, il permet à celui qui le porte de garder sa dignité. Cela vient partiellement de la fréquence vibratoire du jade qui facilite la liaison entre le mental et l'intuition, entre le mental et le Moi supérieur. Ce dernier d'ailleurs est l'expression de la plus haute dignité de l'homme, juste le niveau qui précède sa déité.
Qu'a-t-elle donc de particulier cette pierre ? Son système cristallin qui est monoclinique ? Sa dureté qui est de 6.5 à 7 ? Peut-être sa composition ? elle est la suivante : 16% de calcium, 25% de silicate d'aluminium et 59% de silice. SI elle est verte émeraude, cette couleur est due à la présence de chrome, lequel soigne le diabète et indirectement le Moi. Il apparaîtrait que ces différentes alliages qui forment le jade flattent l'oreille, les reins, et indirectement l'âme si on considère que ces derniers constituent le support physique de l'âme. Cette fréquence vibratoire résonnerait sur la dernière vertèbre appelée « Alta Major » ou encore la « Porte de l'Âme ». Ces quelques explications nous portent à penser que le frottement provoqué par deux pièces de jade réjouirait l'âme et la rendrait vaillante. C'est pour cela qu'on recommandera aux chevaliers d'industrie, ces chevaliers modernes, d'en porte dans les poches lors de négociations difficiles. L'élixir de jade réaligne les vertèbres, soulage l'atlas, les migraines, apaise le système nerveux. Quelques gouttes de cet élixir dans l'eau du bain procurent une bonne détente. Pour des problèmes de colonne vertébrale très douloureux, on conseillera de glisser ces quelques gouttes dans de l'huile d'arachide ou de tournesol (huile très yang) et de se masser le dos.
On conseillera particulièrement cet élixir fabriqué avec du jade blanc-crème. Par contre, celui préparé avec de la néphrite (vert-foncé) agira plus spécialement sur le corps physique tout entier et sur les reins (le jade se dit en espagnol la pierra de la ijada, c'est-à-dire la pierre qui enlève les douleurs rénales). Cette dernière couleur sera favorable aussi pour le système immunitaire, pour les poumons, la thyroïde, le foie (organe bois en médecine chinois), la grossesse, l'oxygénation des cellules, la longévité. Par contre, le silicate d'aluminium sera prépondérant pour soigner les troubles oculaires, ceux de l'hypophyse, ceux de l'hypothalamus et parfois les problèmes d'origine génétique.
Les boules de jade sont conseillées pour les enfants, pour les personnes nerveuses ou atteintes de maladies chroniques telles que le tremblement sénile, la maladie de Parkinson, l'épicondylite, la tendinite des membres supérieurs, la rhizarthrose, la périarthrite spanulo humérale, l'arthrose sous toutes ses formes, le rhumatisme déformant ; pour les kystes ou lipomes aux excédentaires des mains ; pour les hypertendus, les insomniaques, les asthéniques, les pertes de mémoire, les dérèglements du système nerveux central ou du bulbe rachidien.
Leur fabrication date de la dynastie Minh (1368-1644). Elles sont, bien entendu, importées de Chine. Lorsqu'on les fait tourner dans la main, elles produisent un son aigu ou doux qui agit sur l'oreille et permet de créer une connexion entre les doigts et l'énergie vitale. Les points principaux d'acupuncture des dix doigts sont connectés avec les nerfs du crâne et les organes vitaux du corps humain, incluant le cœur, les reins, la vésicule biliaire, l'estomac, les intestins. La partie mentale de ces organes est aussi concernée. La manipulation des ces Boules de Santé permet de stimuler les points d'acupuncture de la main, d'éviter la maladie de Dupuytren, l'obstruction du canal carpien. Il en résulte ainsi une meilleure circulation du sang et de l'énergie vitale, salutaire à un meilleur fonctionnement de la lymphe. Le résultat final se répercute sur une meilleure qualité des muscles et des os proches de ces canaux. On conseillera particulièrement la manipulation de ces Boules de Santé tout au long du mois de février, période où la tension artérielle a tendance à se dérègler.
Mots-clés : en décomposant le mot j a déite nous obtenons, JE a déité. Et effectivement cette beauté intérieure que le jade procure, ce pont que le jade réalise entre les Moi Inférieur et Supérieur, positionne l'âme vers son plus haut degré de déité, stimulant par là même sa particule divine.
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Dans Le Livre des superstitions, Mythes, croyances et légendes (Éditions Robert Laffont, 1995 et 2019), Éloïse Mozzani nous propose la notice suivante :
Le jade vert, pierre de la noblesse d'âme et de la puissance, est particulièrement prisé en Chine. Emblème de la perfection, il y incarne les cinq vertus cardinales : charité, modestie, courage, justice et sagesse et « symbole même du Yang, il est doué de qualités solaires, impériales, indestructibles ». Depuis des millénaires, le jade a servi à la fabrication d'amulette, d'objets -haches, couteaux, pointes de flèche, lances, etc.) et surtout à celle d'instruments cultuels et rituels (gong de prière, coupes, vases), sans oublier le pi (disque plat avec un trou central), symbole du ciel, le t'sung (tablette ou cylindre de forme carrée mais rond à l'intérieur), souvent en jade jaune, symbole de la terre, et qui « sert de canal aux influences céleste terrestre du yang et du yin » et le huang de jade noir (anneau coupé en deux ou trois morceaux qui est utilisé en nécromancie). On brûlait des pièces de jade sur l'autel, on se servait de la pierre pour appeler la pluie ou le soleil, ou pour effectuer des opérations de magie et de sorcellerie - on le fait encore aujourd'hui, dit-on -, le jade étant censé « [développer] les pouvoirs supranormaux dans l'être humain ».
Le sceau impérial, lui-même, est en jade depuis la plus haute antiquité, la pierre symbolisant la fonction royale et surtout le « mandat céleste ». Pour preuve du caractère sacré de la gemme, la montagne sacrée des taoïstes, ou montagne des Immortels, est en jade.
Cette gemme d'une pureté sans égale permet la régénération des corps. Les pierres ou objets de jade placés aux côtés des morts étaient censés conserver le corps : « Selon les règles de la dynastie Han, les princes et les seigneurs étaient enterrés avec leurs vêtements ornés de perles et avec des étuis de jade destinés à préserver ler corps ede la décomposition » (Traité de T'ao Hung-Ching, Ve siècle). On scellait également les ouvertures corporelles avec des morceaux de jade.
La « divine liqueur de jade », évoquée par une encyclopédie chinoise de 1596, composée de jade, de riz et de rosée, purifiait le sang, renforçait les muscles, leur donnait la souplesse, durcissait les os, et procurait la sérénité de l'esprit.
En Asie, les amulettes de jade protègent le foyer et y apportent l'harmonie, la bonté et la tolérance. Les japonais, qui en ont fait une pierre de réconciliation, l'offrent après une dispute en gage de l'amitié retrouvée.
En Amérique centrale, le jade « symbolise l'âme, l'esprit, le cœur ou le noyau d'un être » ; au Mexique, on place une pierre de jade dans la bouche des morts.
Le jade est également présent dans les traditions de a plupart des pays méditerranéens ; des fouilles ont même mis au jour des jades « portant des inscriptions chaldéennes ou ornées de scènes inspirées par le culte de Mithra ».
Les Occidentaux, quant à eux, associent le jade à la droiture et à la bienveillance. Il conduit à la tolérance et à la sérénité, même dans les questions les plus délicates, et apaise celui qui le tient ou le regarde. Le jade rouge suscite la colère mais « il en clarifie l'origine, permettant que des réponses soient trouvées ». On prétend encore que qui contemple la pierre « s'élève aux plus hautes réalisations de l'humanité ». Le jade blanc porte bonheur tandis que celui de couleur lavande peut agir bénéfiquement sur les troubles mentaux.
La gemme, dont le nom viendrait de l'espagnol piedra de la ijada (pierre du flanc), est réputée guérir les coliques, notamment néphrétiques. Une variété de jade, la néphrite (du grec nephros, rein), de couleur jaune-vert à vert-noir, soulage, par application, les douleurs de reins ; d'une manière générale, le jade est recommandé pour toutes les affections de l'appareil urinaire. Sa renommée dans ce domaine était si grande « que l'empereur Rodolphe II de Habsbourg (1552-1612) n'hésita pas à en payer un échantillon au prix de 1 600 écus ». Signalons encore que, bien avant la conquête espagnole du Nouveau Monde, les Indiens recouraient également au jade pour traiter les roubles rénaux et faciliter les accouchements.
Le jade est également un remède très employé dans la médecine extrême-orientale contre l'épilepsie : lorsqu'il est porté en amulette, il protège des morsures des animaux venimeux. L'élixir de jade, recommandé pour le cœur, les reins et la rate, purifie également le sang ; en outre, « il favorise la projection astrale ».
Le jade est tout particulièrement recommandé aux natifs de la Balance et du Sagittaire.
Rêver de jade vert indique un besoin de quiétude et d'autonomie dans la vie professionnelle. Rêver de jade blanc annonce qu'une chose jugée sans valeur se révélera inestimable tandis que rêver de jade rouge « signale un problème pour l'heure des plus ennuyeux mais auquel un comportement plus coopérateur ne manquera pas d'apporter réponse ».
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D'après Didier Colin, auteur du Dictionnaire des symboles, des mythes et des légendes (Larousse Livre, 2000) :
Aux yeux des Chinois de l'Antiquité, le jade était une pierre plus précieuse que l'or. Toutefois, ce n'est qu'au XVIIe siècle que l'on découvrit son existence en Europe. Ce sont les conquistadores espagnols qui en ramenèrent du Mexique - et non de Chine où l'on en trouve une espèce différente. Ils la surnommèrent la piedra de la ijada, littéralement "pierre du flanc"; En effet, les Mayas croyaient aux pouvoirs de cette pierre pour guérir les coliques néphrétiques et soulager les maux de reins. C'est ainsi que les Allemands, quant à eux, nommèrent ce même jade miereinstein, c'est-à-dire "pierre des reins".
Mais les Chinois attribuaient de bien plus grandes vertus au jade, symbole de la plus intense et éclatante beauté, mais aussi de la fermeté, de l'endurance, de la force intérieure. Selon eux, il avait un goût d'éternité. Ils le réduisaient donc en poudre précieuse qu'ils diluaient dans de l'eau et le considéraient non seulement comme un remède miracle, mais aussi comme un breuvage d'éternité. Les fiancés avaient aussi coutume de boire dans des coupes de jade pour sceller leur union à tout jamais. Enfin, citons des extraits du sixième trait de l'hexagramme 50 du Yi-king, qui est composé symboliquement à un chaudron et dont le sixième trait représente des anneaux grâce auxquels on le suspend au-dessus du feu et qui sont en jade : "Le jade se distingue en ce qu'il joint la dureté à un doux éclat. [...] [Le sage,] lorsqu'il conseille, est doux et pur comme un jade précieux." (Yi-king, Le Livre des Transformations, traduit du chinois à l'allemand par Richard Wilhelm, et de l'allemand au français par Etienne Perrot, Librairie de Médicis, 1973).
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Symbolisme celte :
Selon Jean Chevalier et Alain Gheerbrant, dans le Dictionnaire des symboles (1ère édition 1969 ; édition revue et augmentée Robert Laffont, 1982),
à la rubrique "anneau" : "Il est important de noter que les Celtes utilisaient eux-mêmes de très beaux anneaux de jade et que l'un d'eux a été retrouvé en Bretagne, associé à une hache dont la pointe marquait le centre de l'anneau. Or la hache est associée à la foudre, qui est une manifestation de l'activité céleste. Le trou central de l'anneau, c'est encore l'Essence unique, et c'est aussi le vide du moyeu qui fait tourner la roue : il symbolise et contribue à réaliser la vacuité au centre de l'être, où doit descendre l'influx céleste."
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Littérature

Éloge du jade
Si le Sage, faisant peu de cas de l’albâtre, vénère le pur Jade onctueux, ce n’est point que l’albâtre soit commun et l’autre rare : Sachez plutôt que le Jade est bon,
Parce qu’il est doux au toucher — mais inflexible. Qu’il est prudent : ses veines sont fines, compactes et solides.
Qu’il est juste puisqu’il a des angles et ne blesse pas. Qu’il est plein d’urbanité quand, pendu de la ceinture, il se penche et touche terre.
Qu’il est musical : sa voix s’élève, prolongée jusqu’à la chute brève. Qu’il est sincère, car son éclat n’est pas voilé par ses défauts ni ses défauts par son éclat.
Comme la vertu, dans le Sage, n’a besoin d’aucune parure, le Jade seul peut décemment se présenter seul.
Son éloge est donc l’éloge même de la vertu.
Victor Segalen, "Éloge du jade" in Stèles, 1912.
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