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Le Rubis

Dernière mise à jour : 2 mars



Étymologie :


  • RUBIS, subst. masc.

Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1165 rubis forme plur. « pierre précieuse d'un rouge vif » (Benoît de Ste-Maure, Troie, 14773 ds T.-L.) ; 1228 rubi balois, balaiz rubiz « rubis d'un rouge léger » (J. Renart, Guillaume de Dole, éd. F. Lecoy, 4830, 3351) ; b) 1783-88 rubis du Bresil « topaze » (Buffon, Hist. nat. des minéraux, t. 3, p. 530) ; 1768 rubis de Bohême « variété de quartz rose » (Valm.) ; 2. 1539 « boutons, taches qui apparaissent sur le nez, surtout chez un buveur » (G. Corrozet, Blasons domestiques, Blas. de la cuisine ds Gdf. Compl.) ; 3. 1640 « boire tout et puis égoutter la dernière goutte sur l'ongle » (Oudin Ital.-Fr. : faire rubis sur l'ongle) ; 1685 payer rubis sur l'ongle « payer exactement et immédiatement » (Fur.) ; 4. 1704 « couleur rouge éclatante, objets de cette couleur » (Trév.) ; 5. 1791 « nom donné à des colibris de couleur vive » (Valm.) ; 6. 1801 « pierre dure servant de pivot à un rouage d'horlogerie » (Fourcroy, Système des connaissances chim., t. 2, p. 293). Empr. au lat. médiév. rubinus « rubis » (dér. de rubeus « rouge »), la forme du plur. rubis a fait disparaître rubi vers le xvie s. ; on trouvait également la forme robin (ca 1165, Benoît de Ste-Maure, op. cit., 13407 ds T.-L.) jusqu'au xiiie s. ; la forme fr. s'explique par l'infl. de la forme prov. robi où le -n était normalement tombé (v. FEW t. 10, p. 535a, 536a). Pour 3, cf. Rey-Chantr. Expr.



  • ESCARBOUCLE, subst. fém.

Étymol. et Hist. Ca 1150 [ms. mil. xiiie s.] escharbocle (Nymes, éd. McMillan, 245). Altération d'apr. boucle*, de l'a. fr. escarbocle (ca 1100, Roland, éd. J. Bédier, 1531 : escarbuncle), dér. de l'a. fr. carbocle (ibid., 1326 : carbuncle ; devenu ultérieurement carbo(u)cle) empr. au lat. class. carbunculus « petit charbon ; escarboucle ».


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Gemmologie :


Selon Marie-Laure Cassius-Duranton, autrice de « La nomenclature des gemmes entre science et histoire, de Marbode de Rennes (vers 1080) à Pouget fils (1762) : le cas exemplaire du rubis », (In : Technè, 54 | 2022, pp. 70-81) :


Les grands rubis historiques ne sont pas des « rubis » d’un point de vue gemmologique. La littérature gemmologique récente présente celui qui est serti sur la couronne de saint Venceslas comme le plus gros rubis de qualité gemme. Cette couronne appartient aux Regalia des rois de Bohême conservés dans la chambre du Trésor de la cathédrale Saint-Guy, Saint-Venceslas et Saint-Adalbert de Prague. Son existence est mentionnée pour la première fois dans la bulle du pape Clément VI en 1346. Elle est utilisée en 1347 lors du couronnement comme roi de Bohême de l’empereur romain germanique Charles IV. C’est lui qui aurait commandité cette couronne et en aurait réuni la collection de gemmes extraordinaires, pour la plupart des réemplois romains ou byzantins, dont certaines d’une dimension exceptionnelle. La partie frontale de l’objet est dominée par les gemmes rouges qui sont toutes des spinelles à l’exception de la plus grande, supposée être un rubis, dont la masse est estimée à 250 carats. En 1998, lors des célébrations du 80e anniversaire de la fondation de la République tchèque, le président Vaclav Havel a invité plusieurs équipes de gemmologues et de minéralogistes européens à étudier les Regalia. L’un d’entre eux, Jaroslav Hyrsl, menant l’analyse avec le matériel usuel de la gemmologie pratique, a démontré que le fameux rubis est en fait… une rubellite, la variété rouge de la tourmaline. D’autres exemples comme les célèbres « Rubis du Prince Noir » (170 carats) et « Rubis de Tamerlan » (361 carats), des joyaux de la Couronne britannique, sont en fait des spinelles rouges.

Une semblable découverte de la nature minéralogique des grands « rubis » historiques grâce à la gemmologie est essentielle pour écrire l’histoire des gemmes, mais ne suffit pas pour comprendre celle-ci. En effet, la minéralogie, et la gemmologie montrent que, si les gemmes sont des minéraux, tous les minéraux ne sont pas des gemmes. Celles-ci, dont la désignation est issue du latin gemma, supposent beauté, préciosité et ornement4. Pour être considéré comme tel, un minéral doit être à la fois beau et durable. Si la notion de beauté est relative et varie en fonction des époques et des cultures, celle de durabilité est mesurable et renvoie à la possibilité d’une portabilité5. La gemmologie est donc une science paradoxale qui se caractérise à certains égards par une dimension à la fois esthétique et culturelle. Retracer l’histoire des gemmes n’est ainsi pas chose aisée, car certains termes employés par les auteurs anciens, pour familier qu’on en soit, ne se rapportent pas nécessairement à une même réalité en fonction des époques. [...]

Dans Le Roman de Troie, aux alentours de l’an 1165, Benoît de Sainte-Maure, introduisant une variation par rapport à la tradition de la « matière antique » dans laquelle il puise, ajoute le rubis à l’escarboucle pour la description de la « Chambre de Beautés » par un dédoublement symbolique de la référence à la couleur rouge. Il s’agit là de la première occurrence en langue d’oïl du mot « rubis », probablement formé en provençal à partir du latin ruber, pour désigner une gemme, avant que le terme soit inscrit dans les lapidaires. [...]

Pourtant le rubis, bien qu’identifiable alors par un mot particulier, est absent d’un grand nombre de lapidaires au Moyen Âge, car il est généralement intégré à la catégorie de l’escarboucle. Cette terminologie, du latin carbunculus qui signifie « petit charbon ardent », remonte à l’Antiquité et elle est employée par Pline l’Ancien qui la tient lui-même de Théophraste, chez qui les gemmes rouges sont nommées anthrax, « charbon ardent » en grec. Pline l’Ancien énumère les différentes catégories de ces escarboucles en fonction de leur origine géographique, de leur éclat, de leur transparence, texture, couleur et de leur genre. En effet, pour lui, les gemmes ont un sexe associé à un type d’éclat et de couleur : « Au premier rang est l’escarboucle, ainsi nommée à cause de sa ressemblance avec le feu ; […] De plus, chaque espèce se subdivise en escarboucles mâles, d’un éclat plus vif, et en escarboucles femelles, d’un éclat plus faible. Parmi les escarboucles mâles, on en voit aussi qui ont un feu plus clair ; d’autres l’ont plus sombre ; d’autres brillent par une lumière étrangère, et au soleil sont plus éclatantes que les autres. » [...]

Dans les textes anciens, l’escarboucle est d’abord définie en termes d’éclat, de lumière. Elle est rouge par analogie avec le feu ; et dans les lapidaires, elle est considérée comme une gemme admirable grâce à sa capacité de générer sa propre lumière et d’éclairer dans la nuit. Les différentes catégories d’escarboucles sont ensuite distinguées notamment en fonction de leur origine, mais surtout de leur couleur, laquelle constitue, jusqu’à l’avènement de la minéralogie, le principal critère de classification des gemmes. [...]

L’un des lapidaires les plus consultés est le De lapidibus (Lapidaire) de Marbode, évêque de Rennes (vers 1035-1123). Dans la première version romane de ce lapidaire, il n’est question que de l’escarboucle. Dans la deuxième version en prose, le rubis est présenté comme une variété d’escarboucle, probablement la plus belle : « Les rubis surpassent toutes les pierres rouges en beauté ; ils sont plus beaux les uns que les autres : celui qui est pur et délicat, de couleur agréable, ressemble à du charbon ardent. C’est le roi des pierres, c’est la gemme des gemmes. » Dans le Lapidaire chrétien, œuvre anonyme, qui traite des douze gemmes bibliques du pectoral d’Aaron, le rubis est placé en premier sur la deuxième rangée. L’auteur précise qu’il « surpasse de loin les autres pierres par sa beauté, également appelé escarboucle ». Certains auteurs comme Philippe de Thaon dans son Lapidaire alphabétique mentionne aussi la dracontite : « Dracontite est le nom d’une pierre qui vient du dragon ; […] Elle a pour nom escarboucle en français. Les rois l’apprécient pour sa lumière. »

Au Moyen Âge, le rubis est de loin la gemme la plus prestigieuse, à cause de sa couleur et de sa relation avec le Christ. Le rouge est la couleur du feu, mais c’est aussi celle du sang et de l’amour. Pour les Chrétiens, lors de la Crucifixion, le Christ a donné son sang pour sauver l’humanité. C’est la quintessence de l’amour divin au sens de la Caritas. On connaît de nombreux exemples illustrant la dimension christique du rubis. Dans son roman Perceval (vers 1180), Chrétien de Troyes associe le Saint Graal à la coupe grâce à laquelle Joseph d’Arimathie aurait recueilli le sang du Christ pendant la Crucifixion. Une enluminure d’un manuscrit du XIIIe siècle le représente façonné dans un unique rubis. Dans le reliquaire, dit de Hallwyl, figurant la Crucifixion, réalisé à Strasbourg vers 1470 et conservé à l’Historisches Museum de Bâle (inv. 1882.83), la plaie du Christ est sertie d’un rubis ; tout comme la plaie du pélican nourrissant sa couvée avec son propre sang, métaphore du sacrifice du Christ, l’un des thèmes les plus populaires dans les bijoux de la fin du Moyen Âge et à la Renaissance. Sur les couronnes, comme sur celle de saint Venceslas, la grande gemme rouge si précieuse, frontalement positionnée, protège très souvent une relique du Christ.

[...]

Ensuite, dans un passage extraordinaire, il [ Boèce de Boodt, Gemmarum et lapidum historia, 1609] décrit la naissance des rubis. L’idée n’est pas nouvelle, mais la description de Boèce de Boodt est vraiment remarquable : « Ils ont accoustumé de naistre das une certaine matiere pierreuse de couleur rose, que quelques uns (si elle est transparente) appellent rubis balais. Car si elle n’est pas transparente tout ainsi qu’une pierre precieuse, elle est appellee de tout le monde la mere, ou matrice des rubis ; ce d’autant que comme l’enfant se nourrit de sang, dans le ventre maternel ; ainsi le rubis se forme, se nourrit, & prend son accroissance dans icelle mere ou matrice. Premierement il blanchit. Apres se meurissant petit à petit, il contracte une rougeur. D’où vient que l’on en trouve de tout à faict blancs, & d’autres qui blanchissent seulement : à cause qu’ils ne sont pas encore meurs. Il naist le plus souvent dans la mesme mine que le saphir. Si l’aliment est divers, & non pas tout à faict propre aux rubis, ils se forment de couleur meslée, c’est-à-dire, ils blanchissent en partie, & en partie rougissent, ou bien ils sont à moitié rubis, & à moitié saphirs. » Ce qui transparaît ici est l’idée de la métamorphose comme rythme de l’univers ; de la mutablité des éléments qui composent la Terre-Mère, la Mère-Matière (mater-materia), creuset primordial de toute chose. Le rubis est comme un fruit dont la couleur évolue en fonction du degré de maturité. Cette conception métamorphique de la nature, de la natura naturans, est propre à la pensée transformiste qui envisage la nature comme Création continue, indépendamment des règnes. Par ailleurs, ce passage est particulièrement intéressant parce qu’il montre que, à une époque où on ignore à peu près tout de la chimie minérale, Boèce de Boodt est conscient d’une parenté entre le rubis et le saphir.

[...]

Ce n’est qu’à l’extrême fin du XVIIIe siècle que le terme « rubis » commence à être utilisé pour désigner la variété rouge de l’espèce minérale corindon. Du sanskrit kuruvinda, qui signifie cinabre et rubis dans les lapidaires indiens anciens, le corindon est un oxyde d’aluminium (Al2O3) qui cristallise dans le système rhomboédrique. La minéralogie est alors une science nouvelle et l’on voit qu’elle s’applique à définir rigoureusement les minéraux en fonction de leur composition chimique et de leur structure atomique. Les minéraux sont comme des édifices construits d’atomes, organisés suivant sept systèmes cristallins déterminés selon un nombre précis d’axes et de plans de symétrie. L’espèce minérale baptisée « corindon » est décrite pour la première fois autour de 1800 par Charles Greville, Jacques-Louis de Bournon et Richard Chenevix. En théorie, la couleur cesse d’être un critère de classification des gemmes. Quand il est chimiquement pur, le corindon est incolore. Mais il existe, en réalité, dans de nombreuses couleurs résultant principalement de la présence de certains éléments chimiques en faible quantité, considérés comme traces ou impuretés, en remplacement d’atomes d’aluminium dans la structure atomique. Quand il est bleu, on parle de saphir. Sa couleur est due à des traces de fer et de titane ainsi qu’à un transfert de charge entre ces éléments et l’oxygène. L’adjectif qualificatif de la couleur permet de distinguer d’autres sortes de corindon comme le saphir jaune ou le saphir vert. Le rouge du rubis est lui essentiellement dû à des impuretés de chrome. Le rubis est le corindon le plus recherché, car le chrome est un élément chimique beaucoup plus rare dans la nature comparé à d’autres tel le fer, qui est lui aussi présent en quantité variable dans le rubis. Plus il y a de fer, plus sa couleur est sombre.

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Lithothérapie :


Judy Hall autrice de La Bible des Cristaux (volume 1, Guy Trédaniel Éditeur, 2011) présente le Rubis :


Rubis

Couleur : Rouge.

Aspect : Brillant, transparent si poli, opaque à l'état brut. Petit cristal facetté ou cristal nuageux plus grand.

Disponibilité : Le rubis brut est facile à trouver, les pierres taillées sont chères.

Source : Inde - Madagascar - Russie - Sri Lanka - Cambodge - Kenya - Mexique.


CARACTÉRISTIQUES. Bonne pierre énergétique. Confère vigueur, énergise et équilibre – stimule parfois trop les personnes fragiles ou irritables. Encourage la passion pour la vie, mais jamais de façon destructrice. Accroît la motivation et permet d'établir des objectifs réalistes. Stimule le chakra du cœur et équilibre le cœur. Encourage la poursuite du "bonheur extrême". Puissant bouclier contre l'attaque psychique et le vampirisme de l'énergie du cœur. Favorise les rêves positifs, éclaire la visualisation, stimule l'épiphyse. Pierre d'abondance, aide à garder la richesse et la passion. Sur le plan psychologique, le rubis fait ressortir la colère ou l'énergie négative pour les convertir. Encourage l'élimination de tout obstacle, quel qu'il soit. Favorise une l'élimination de tout obstacle, quel qu'il soit. Favorise une direction dynamique. Sur le plan mental, le rubis suscite un état d'esprit positif et courageux. Sous son influence, le mental dispose d'une prise de conscience accrue et une excellente concentration. Grâce à ses effets protecteurs, raffermit durant des disputes ou des controverses. Émotionnellement parlant, le rubis est dynamique, accroît la passion et déclenche l'enthousiasme. Pierre sociable, attire les rapports sexuels. Sur le plan physique, le rubis vainc l'épuisement et l'apathie et confère puissance et vigueur. À l'inverse, calme l'hyperactivité.


GUÉRISON. Détoxifie le corps, le sang et la lymphe, traite les fièvres, les maladies infectieuses et la circulation sanguine restreinte. Très bénéfique pour le cœur et le système circulatoire. Stimule les surrénales, les reins, les organes reproducteurs et la rate.


POSITION. Sur le cœur, au doigt, sur la cheville.


PIERRE COMBINÉE. Le rubis sur zoïsite (anyolite) active le chakra couronne, génère un état modifié de conscience et facilite l'accès à la mémoire de l'âme et à l'apprentissage spirituel. Très utile pour la guérison de l'âme et des vies antérieures. Favorise l'individualité, tout en maintenant l'interconnectivité avec le reste de l'humanité, propriété assez inhabituelle. Amplifie le champ biomagnétique entourant le corps.

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Symbolisme :


Dans le Dictionnaire des symboles (1ère édition 1969 ; édition revue et corrigée Robert Laffont, 1982) de Chevalier et Gheerbrant, on peut lire que :


"Le rubis, selon Portal, était considéré dans l'Antiquité comme l'emblème du bonheur ; s'il changeait de couleur, c'était un sinistre présage, mai il reprenait sa teinte pourprée lorsque le malheur était passé ; il bannissait la tristesse et réprimait la luxure, il résistait au venin, prévenait de la peste et détournait les mauvaises pensées.

Pierre de sang, il fut utilisé homéopathiquement pour les préparations de médicaments anti-hémorragiques. Pour la même raison, la tradition populaire voulait en Russie qu'il soit bon pour le cœur, le cerveau, la mémoire, la vigueur et qu'il clarifie le sang. Il est par extension devenu la pierre des amoureux qui enivre sans contact (N.A. Teffi, Souvenir, Paris, 1932). Pourtant, s'il faut en croire le bon évêque Marbode, c'est l’œil unique et rougeoyant que portent au milieu du front dragons et vouivres. On l'appelle alors l'escarboucle. Elle surpasse toutes les pierres les plus ardentes, jette des rayons tels qu'un charbon allumé, dont les ténèbres ne peuvent venir à bout d'éteindre la lumière."

 

Selon Elie-Charles Flamand, auteur de Les pierres magiques. (Éditions Le Courrier du Livre. Paris, 1981) :


LE RUBIS : Le rubis symbolise la charité, l'amour divin, la loyauté, la vaillance, la hardiesse. Il doit ses nombreuses vertus ardentes à sa couleur qui en fait un élément du feu.

Il stimule les sentiments aussi bien que la santé. Il contribue à cicatriser les plaies, à guérir les troubles cardiaques et à purifier le sang. C'est aussi un antihémorragique : comme tel, on l'administrait, au Moyen Age, pulvérisé dans une boisson très chaude. Il est bon pour le cerveau et la mémoire. Il fortifie les organes génitaux et la vésicule biliaire.

Le rubis est d'un grand secours aux anémiques, asthéniques, neurasthéniques, timides. Il favorise l'effort, la lutte contre l'adversité.

Il apporte la joie, donne la paix, écarte la tristesse et va jusqu'à détourner les désespérés du suicide. Il empêche d'avoir des songes fâcheux et en procure d'agréables. Il fait respecter tous ceux qui l'ont sur eux, leur attire la vénération et facilite la réalisation de leurs vœux.

Selon Cahagnet, « cette pierre est affectionnée par des esprits ardents à l'étude, désirant connaître beaucoup. Le rubis influe en ce genre sur celui qui le porte (1) ».

Il a encore la vertu de préserver de la peste, de réprimer la soif, de combattre l'effet du poison.

« Le rubis, dit Portai, était dans l'Antiquité l'emblème populaire du bonheur ; s'il changeait de couleur, c'était d'un sinistre présage, mais il reprenait sa teinte pourprée lorsque le malheur était passé (2). »

Cette croyance en le pouvoir prophétique du rubis était encore couramment admise au XVIIe siècle. Robert de Berquem s'en fait l'écho en ces termes : « Et pour vérifier qu'il a cette vertu, on récite une histoire que Wolfgangus Gabelchoüer écrit lui-même, de ce qui lui est arrivé autrefois. Que faisant voyage avec sa femme, il s'aperçut qu'un rubis, qu'il portait au doigt de tout temps, aussi beau qu'on se le peut imaginer, perdit tout à coup sa couleur vive et brillante et qu'il devint si obscur qu'il en était presque tout noir. Ce qui lui causa du déplaisir, parce que la pierre demeura longtemps en cet état ; si longtemps qu'il crut tout de bon que c'était une pierre perdue ; qu'il en avertit sa femme et qu'il lui fit entendre que cette aventure lui prédisait quelque chose de sinistre ; et que cela arriva au bout de quelques jours, que sa femme qu'il aimait passionnément, tomba malade et mourut. Mais qu'après cette mort, par une merveille plus surprenante, le rubis reprit son lustre et devint aussi beau qu'auparavant. C'est ce qu'a écrit un médecin de Leide que j'ai suivi (3). »

Trituré dans l'eau, il passe pour remédier aux affections oculaires, à l'hydropisie et pour guérir les bêtes malades.

Si l'on touche avec cette pierre les quatre angles d'une maison, d'un champ, d'un verger, d'un vignoble, ces lieux seront protégés de la foudre, de la tempête et à l'abri de la vermine.

Mais le rubis est une pierre dangereuse à porter pour les gens sanguins chez qui elle provoquera des troubles circulatoires. Plus encore, elle est à déconseiller aux êtres violents et cruels. Cette pierre de feu exalte leurs penchants à la colère, à la luxure, à l'avidité, à l'ambition forcenée, aux actions sanglantes.

[...]

Certains Lapidaires occidentaux comme le grand poème pédagogique du Moyen Age sur les pierres précieuses que fut l'ouvrage de Marbode, évêque de Rennes au xi" siècle, se contentent de donner la description des vertus naturelles et surnaturelles des pierres. D'autres, écrits d'après les préceptes des Pères de l'Eglise, cherchent dans les images et les symboles qu'ils empruntent aux gemmes un sujet d'édification et de moralisation. Tels sont les traités de saint Epiphane, d'Anastase le Sinaïte, de Conrand de Haimbourg, de Richard et Hugues de Saint-Victor, de Cornélius a lapide, etc.

Voici, empruntée à toutes ces sources, l'opinion la plus généralement acceptée au Moyen Âge sur la signification mystique des gemmes : [...]

Le rubis ou escarboucle figurait la charité. Par une sorte d'antithèse, ou plutôt en vue du prix de la modestie, il figurait aussi cette humble vertu

[...]

D'après l'exégèse mystique, les correspondances des gemmes avec les milices célestes sont les suivantes :

Le Rubis — les Archanges


Notes : 1) A. Cahagnet, loc. cit., p. 263

2) Frédéric Portai, Des couleurs symboliques dans l'Antiquité, le Moyen Age et les Temps modernes, Paris, 1837, réédition Niclaus, p. 80.

3) Robert de Berquem, loc. cit., p. 263.

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D'après Le Livre des superstitions, Mythes, légendes et croyances (Éditions Robert Laffont S.A.S., 1995 et 2019) proposé par Éloïse Mazzoni,


"Le rubis, qui était l'emblème du bonheur dans l'Antiquité, passait pour la plus précieuse des pierres que Dieu avait créées. Abraham aurait acquis un rubis dans les circonstances suivantes : « Quand notre Seigneur Brahim [Abraham] eut construit cette maison de Dieu-Bite Allah, laquelle est la kaaba, le Temple de La Mecque, l'ange Gabriel lui apporta un énorme rubis que les péchés des Hommes ont noirci. Ce n'est point une pierre vulgaire, car elle a des yeux, une langue, des oreilles; Elle voit, elle entend, et "au jour de la Balance" [le Jugement dernier], elle témoignera en faveur de ceux qui l'ont baisée, contre ceux qui l'auront méprisée ». Une tradition fait du rubis la pierre talismanique de l'ange gardien Malchadiel.

En Inde, où la gemme est désignée par le terme sanscrit ratnanavala ou « Seigneur des pierres précieuses », une légende veut que d'énormes rubis éclairent les demeures des dieux. En Orient, le rubis est qualifié de « goutte de sang issue du cœur de Mère Nature ».

La gemme soit sa couleur rouge (associée au feu) de représenter la hardiesse et la vaillance : porter un rubis rend courageux. La pierre est également l'emblème de la prospérité et de la joie. C'est pour cela, dit-on, que Joséphine choisit de porter, au couronnement de Napoléon, un anneau d'or serti d'un rubis.

Symbole de charité, d'amour pur et de loyauté, le rubis unit les époux, éloigne la tristesse, les mauvaises pensées et même les idées suicidaires, apaise les passions, garanti de la luxure, renforce l'intuition et amène le contentement, la sagesse ou la paix. Considéré comme la pierre des amoureux, le rubis aide en outre à surmonter les chagrins d'amour et provoque la réconciliation de ceux qui se sont battus. Celui qui porte un rubis suscite le respect chez autrui, voire la vénération.

Si le rubis, censé accroître l'estime de soi, favoriser les prises de décision et développer l'art de négocier, convient aux personnes volontaires, audacieuses et ouvertes aux autres, cette pierre de feu ne devrait jamais être portée par les individus violents et cruels : le rubis « exalte[rait] leurs penchants à la colère, à a luxure, à l'avidité, à l'ambition forcenée, aux actions sanglantes ». Il faut savoir aussi qu'en avoir un sur soi le jeudi porte malheur.

A suivre

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Selon Valérie Gontero, autrice de « Un syncrétisme pagano-chrétien : la glose du Pectoral d’Aaron dans le Lapidaire chrétien », (in : Revue de l’histoire des religions [En ligne], 4 | 2006) :


Le lapidaire mixte est consacré aux douze gemmes les plus célèbres de La Bible : celles du Pectoral d’Aaron, reprises en partie par la Jérusalem Céleste. L’Exode décrit deux fois le gigantesque pendentif qui orne la poitrine du Grand Prêtre, élaboré selon les directives divines : « Ils le garnirent de quatre rangs de pierres précieuses : première rangée : une sardoine, une topaze, une émeraude ; deuxième rangée : un rubis, un saphir, un jaspe ; troisième rangée : une pierre d’ambre, une agate et une améthyste ; quatrième rangée : une chrysolite, un onyx et un béryl ; elles étaient serties d'or dans leurs montures (1). »

À la fin de la Bible, L’Apocalypse de saint Jean dépeint la Jérusalem céleste, dont les piliers sont taillés dans les mêmes gemmes, à quelques exceptions près : « Les soubassements du mur de la ville sont ornés de toutes sortes de pierres précieuses ; le premier est de jaspe ; le deuxième de saphir ; le troisième de calcédoine ; le quatrième d'émeraude ; le cinquième de sardonyx ; le sixième de sardoine ; le septième de chrysolithe ; le huitième de béryl, le neuvième de topaze ; le dixième de chrysoprase ; le onzième d’hyacinthe ; le douzième d'améthyste (XXI, 19-20). »

[...] Dans le lapidaire, l’exégèse s’effectue à plusieurs niveaux, de la partie au tout, du microcosme au macrocosme. Ainsi une senefiance est dévolue à chaque gemme, à chaque rangée (parfois même au rang de la gemme sur la rangée) et enfin à l’ensemble des douze pierres du Pectoral. Le texte considère les qualités physiques et la disposition des gemmes pour établir des correspondances avec les qualités morales et les expériences spirituelles des chrétiens, comme l’illustre le tableau suivant, récapitulant les données de la seconde partie du lapidaire.

​Gemme

​Rang sur le Pectoral d'Aaron et dans la Jérusalem céleste

Symbolique des nombres

Couleur

Symbolique religieuse et mystique

1ère rangée

La prudence

Rubis

4e/absent

1er de la deuxième rangée

Dieu est toujours parmi les siens, et ne demeure pas en un lieu précis Illumine les autres pierres

Rouge

Jésus Christ qui éclaire son peuple et chasse les ténèbres ; Dieu qui illumine le monde

[...] Le raisonnement analogique, qui sous-tend l’ensemble du texte, s’appuie systématiquement sur le nombre et sur la couleur, mais reprend aussi des propriétés décrites dans la partie païenne du lapidaire. L’analogie principale, aux ramifications variées, s’enrichit parfois d’analogies secondaires, qui étoffent et complexifient la glose.

L’analogie par le nombre, véritable mode de pensée au Moyen Âge, est la plus marquante dans le lapidaire. Les clercs accréditent l’exégèse biblique des nombres en se fondant notamment sur le verset suivant : « Mais vous réglez toutes choses avec mesure, avec nombre et avec poids » (Sagesse, XI, 21).

Dans son versant numérique, la glose s’attache au rang de la gemme, sur le pectoral d’Aaron (rang parmi les douze gemmes, rangée, place sur la rangée) et dans la Jérusalem céleste (rang parmi les piliers de gemmes). Pourquoi douze gemmes ? Le douze représente le syncrétisme du nombre matériel 4 et du nombre spirituel 3, et fait écho au 7, qui incarne la perfection. Les gemmes matérialisent les douze tribus d’Israël – comme il est dit dans L’Exode et rappelé dans le lapidaire (v. 601-608) – mais aussi les douze apôtres (v. 662-667).

Rang

Pectoral d'Aaron

​Apôtre

Tribu d'Israël

4

Rubis

André

Ruben

[...] Le va-et-vient entre les textes de L’Exode et de L’Apocalypse de saint Jean est parfois entravé : en effet, les gemmes qui ornent le pectoral ne sont pas exactement les mêmes que celles de la Jérusalem céleste [...].

Du point de vue numérique, la symétrie entre les textes bibliques comporte donc des failles, que le clerc parvient à résoudre très habilement, en remplissant les vides de sa démonstration. Le premier hiatus apparaît avec le rubis, absent de la Jérusalem céleste. Selon le clerc, l’absence du rubis métaphorise l’omniprésence de Dieu, Lui qui est partout sans s’arrêter nulle part :


Seint Jehans en sa glose dit

que li biaus rubi pas ne vit

ou haut fondement precïeus

car li verai Deus gracïeus

est entre ses amis tojors,

nus ne set nus de ses sejorz

en .I. eure en cor (autre) ou meleu ;

einsi n’a point de propre lieu

fors la ou li plest demorer,

par tot doit l’en Dieu aorer. (v. 921-930)

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Maïa Toll, auteure de Les Cristaux du chaman, 36 cartes divinatoires, A la découverte du pouvoir des pierres et des cristaux (Édition originale 2020 ; Édition française : Larousse, 2021) nous révèle les pouvoirs du Rubis :


Mot-clef : Vous, en beaucoup plus

Échelle de Mohs : 8


Le rubis est comme l'amour : il peut vous combler ou vous videz Comme l'amour, le rubis sert d'amplificateur, il grossit vos traits positifs et négatifs. Il vous donne du courage et de l'assurance... si ces graines sont déjà semées en vous. Si le manque de confiance et la haine de soi ont déjà pris racine, il les intensifiera. Le rubis stimulera votre énergie si vous êtes en forme, mais vous mettra à plat si vous vous sentez fatigué. Il ne fait pas de distinction et ne juge pas, il accentue simplement ce qui est déjà là. comme l'orpheline du Magicien d'Oz l'a découvert en chaussant les souliers rouge rubis, c'est un apprentissage en accéléré. Passez une bague en rubis à votre doigt et vous deviendrez vous en XXL. Mais êtes-vous prêt ?


Rituel : Amplifie l'intention

Le rubis est la pierre du magicien qui sait que tout est énergie. Changer l'amplitude de l'énergie change le monde. Mais comment ? Grâce à l'intention et à l'attention.

Ce sur quoi vous vous concentrez compte ; cela ne façonne pas seulement votre vision du monde, mais le monde lui-même. Imaginez que caque personne émette l'intention de nourrir les affamés. L'attention étant amplifiée, idées et actions arriveraient vite En peu de temps, la faim serait un problème du passé.

  • Le matin, émettez une intention pour la journée (plus modeste que celle de lutter contre la faim dans le monde).

  • Fortifiez cette intention par une action comme l'écrire dans votre journal.

  • A chaque repas, prenez un moment pour vous reconcentrez sur votre intention.

  • Le soir, notez les résultats !

Réflexion : Vérification

Le rubis ressemble à la veuve noire, pas seulement à cause des marques rouges que l'araignée et le cristal partagent, mais à cause de sa morsure imprévisible. La tradition taoïste conseille de se méfier quand on travaille avec le rubis, car il amplifie le positif comme le négatif et peur aspirer l'âme de ceux qui s'en servent inconsidérément en fin de compte, le rubis nous demande de regarder où nous avons besoin d'un peu d'attention ou d'autodiscipline.

Quel est votre niveau d'énergie ?

Vous sentez-vous en forme ou à plat ?

Êtes-vous dévoré par des émotions rentrées, comme la colère ou la jalousie ?

Que se passerait-il si vous deveniez davantage vous ?


« Le rubis est la veuve noire du monde des cristaux »

(Sarah Thomas, Upper Clarifiy School of Stone Medicine)

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Joëlle Ricordel, dans un article intitulé "Des vertus et couleurs de quelques minéraux dans les écrits des médecins de langue arabe (IXe-XIIIe siècle). (In : Pallas. Revue d'études antiques, 2021, no 117, pp. 219-233) explique l'importance du rubis dans la pharmacologie arabe :


Le rubis (ياقوت) est la seule pierre précieuse de cette liste. Son nom, yāqūt, pose problème s’il est employé sans précisions car il désigne également d’autres corindons colorés ainsi qu’Ibn Biklāriš l’écrit se référant à Aristote : «  La base des corindons est de trois sortes  : la rouge, la jaune et celle qui tire sur un bleu très foncé. Chaque sorte présente de nombreuses nuances des plus intenses aux plus atténuées. Les corindons colorés sont chauds et secs au 1er degré mais le rubis est plus proche de la chaleur, le corindon bleu noir est plus proche du froid et la topaze est entre les deux. »

Le qualificatif rouge (aḥmar) est donc nécessaire pour parler du rubis le plus prisé et le plus recherché des corindons. Tous les médecins s’accordent à lui reconnaître une vertu en rapport avec le sang soit « qu’il empêche les effusions de sang » (Masīḥ), soit qu’il « pénètre avec le sang aux régions du cœur » (Ibn al-Bayṭār), et qu’il suffise « de le porter (sur soi) pour combattre la congélation selon Al-Rāzī, dans son Livre des Propriétés ». Le rubis est décrit comme possédant des vertus cordiales et hémostatiques.

[...]

L’échantillon de pierres de couleur rouge prononcé que nous avons choisi dans cette étude, pierres précieuses ou fines, inorganique ou organique, met en lumière une relation analogique basée sur la couleur entre le sang et les gemmes. Ces dernières semblent bien posséder une qualité particulière, ḫawaṣṣ, leur permettant d’être efficaces contre toute maladie en relation avec le flux sanguin (hémorragies, épanchements sanguins) et en rapport avec le muscle contrôlant le sang, le cœur, sur lequel ils agissent en le fortifiant au propre comme au figuré. On note aussi, que par effet d’opposition à la couleur blanche, certaines sont utiles dans les cas de leucorrhées.

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Littérature :


Dans William Shakespeare, II, 1 (1864), Victor Hugo élabore ce qu'on peut appeler "la théorie de l'escarboucle", à laquelle il fait déjà allusion dans "Les Mages" (Les Contemplations, Livre VI, 1856) et qui peut être appréhendée comme une glose du mot contemplation :


"Un des caractères qui distinguent les génies des esprits ordinaires, c'est que les génies ont la réflexion double, de même que l'escarboucle, au dire de Jérôme Cardan, diffère du cristal et du verre en ce qu'elle a la double réfraction.

Génie et escarboucle, double réflexion, double réfraction, même phénomène dans l'ordre moral et dans l'ordre physique ?

Ce diamant des diamants, l'escarboucle existe-t-elle ? C'est une question. L'alchimie dit oui, la chimie cherche. Quant au génie, il est. Il suffit de lire le premier vers venu d'Eschyle ou du Juvénal pour trouver cette escarboucle du cerveau humain.

Ce phénomène de la réflexion double élève à la plus haute puissance chez les génies ce que les rhétoriques appellent l'antithèse, c'est-à-dire la faculté souveraine de voir les deux côtés des choses."

 

L'Escarboucle bleue de Sir Arthur Conan Doyle : une aventure de Sherlock Holmes.

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