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Le Yucca




Étymologie :

  • YUCCA, subst. masc.

Étymol. et Hist. A. 1. 1533 zucque « racine de manioc » (P. Martyr D'Anghiera, Extraict ou Rec. des Isles nouvellement trouvees en la grand mer Oceane [trad. du lat.], Dec. I, fol. 4a ds König, p. 214) ; 1556 hyuca (Le Blanc, Subtilité, éd. 1566, 322 r° [trad. du lat.] ds Delb. Notes mss) ; 1568 yucca (Fr. Lopez de Gomara, Hist. Gen. des Ind. Occ. [trad. de l'esp. par M. Fumée], fol. 249b ds König, p. 214) ; 2. 1555 Yuca synon. de manioc ([Oviedo], L'Hist. nat. et gen. des Indes, Isles et Terre Ferme de la Grand Mer Oceane [adapt. de l'esp.], fol. 102b, ibid.). B. 1694 Juca désigne une plante liliacée de l'Amérique tropicale (Corneille) ; 1765 yuca (Encyclop.) ; 1808 yucca (Boiste). A est empr. à l'esp. yuca « manioc », att. dep. ca 1495 (Fr. Ramón Panér d'apr. Cor.; cf. Fried.), lui-même empr. au taino. B, qui désigne une plante tout à fait différente de A, est prob. empr. à une autre lang. indigène d'Amérique que l'on n'a pas pu jusqu'ici identifier (cf. König, pp. 214-215; Cor.; Fried.; FEW t. 20, pp. 84b-85a).


Lire également la définition du nom yucca afin d'amorcer la réflexion symbolique.


Autres noms : Yucca ; Aiguille d'Adam ;

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Botanique :


Selon A. Nodon, auteur d'un article (daté) intitulé "Utilisation des fibres de Yucca." (In : Revue de botanique appliquée et d'agriculture coloniale, 10ᵉ année, bulletin n°106, juin 1930. pp. 376-380) :

[...] Nos recherches ont porté principalement sur les Yuccas, plantes rustiques qui se développent presque sans soins, dans la plupart des régions méridionales, même celles dont le sol est relativement sec. Les Yuccas qui appartiennent au genre des Liliacées-Aloinées, sont des plantes répandues dans tout le Midi de la France, où elles se présentent sous la forme de buissons de feuilles cusiformes rigides, entourant des panaches de fleurs diversement colorées suivant les espèces. Les Yuccas, dont l'aspect est décoratif atteignent suivant les climats, une hauteur variant de un à deux mètres, et peuvent former des massifs du plus joli aspect. Il existe une vingtaine d'espèces de Yuccas, croissant spontanément dans toutes les régions chaudes de l'Amérique du Nord ainsi que dans l'Amérique centrale. Les espèces Y. aloifolia et Y. filamentosa qui sont cultivées dans les possessions anglaises des Indes y sont soumises à des traitements mécaniques qui permettent d'en extraire un textile soyeux et résistant, désigné en Angleterre sous le nom de Silgrass (Herbe de soie). On a également cultivé dans nos possessions françaises de l'lnde ainsi que dans l'île de la Réunion, les espèces de Yucca : Y. glaucescens et Y. gloriosa qui ont fourni des textiles fort remarqués jadis aux Congrès de Vienne en 1873, et de Paris en 1875. Mais ces tentatives déjà lointaines, n'ont pas été poursuivies et la question était restée en suspens. A la suite de nouvelles recherches nous avons pu constater que les feuilles de Yucca soumises à l'action de lessives de soude faibles à la température de l'ébullition, puis, à l'action du chlore, fournissent effectivement, des fibres textiles soyeuses et résistantes, rappelant à la fois le Lin et la soie. Ces fibres se teignent et se tissent facilement ; leur proportion est en moyenne de 12 °/0 du poids total des feuilles fraîches.

Par une action plus complète des lessives alcalines, suivie d'un blanchiment au chlore, on obtient de la pâte à papier d'excellente qualité.

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Dans la conclusion de sa thèse (Contribution à l'étude des yuccas, Sciences pharmaceutiques, 1987, ⟨dumas-02156700⟩) soutenue à l'Université de Grenoble, Thierry Mazzilli‎ fait le point sur les différents usages des yuccas :


Au terme de cette mise au point sur le genre Yucca, comprenant plus de 45 espèces, nous nous apercevons qu'ils sont très originaux, et qu'il existe des espèces rustiques natives du Mexique (29 espèces) et du Sud des Etats-Unis et des espèces acclimatées en Europe ou aux Indes, citons le Yucca filamentosa ; le Yucca gloriosa.

Les yuccas appartiennent d'après leurs caractères botaniques à la famille des Liliacées, c'est d'ailleurs ce que reconnaît la majorité des auteurs cités, néanmoins ce genre se démarque des autres genres appartenant aux Liliacées de part sa composition chimique.

En effet, les yuccas ne contiennent ni alcaloïdes, ni cardénolides, ni anthraquinones, mais principalement des stéroïdes, libres comme le cholestérol ou le stigmasterol ou conjugués sous forme de saponosides, des polysaccharides, de la cellulose, de la vitamine C, des tanins, des acides gras et des protéines.

Les saponosides ont fait l'objet de nombreuses études. On sait qu'ils dérivent du noyau stéroïdique : le squalène en C 30, leur hydrolyse libère une génine dénommée : saponine et des oses comme le glucose, le rhamnose, le galactose. De nombreuses réactions caractérisent les saponosides, ils sont séparés principalement grâce à une chromatographie sur colonne.

Les saponosides, après hydrolyse sont identifiés grâce à leur pouvoir rotatoire, leur spectre infrarouge, la spectrométrie de masse, la résonance magnétique et la chromatographie en phase gazeuse. Les différentes espèces de yuccas ne renferment pas les mêmes saponines, les génines les plus répandues sont la sarsapogénine, la tigogénine, la smilagénine, l'hécogénine.

La graine est la partie la plus riche en saponosides, certaines espèces comme le Yucca filifera peuvent même renfermer plus de 10 % de saponosides dans leurs graines.

Quant aux cultures de tissus, elles peuvent contenir des génines particulières comme la markogénine et la kétotigénine. De plus, les sapogénines sont soumises à une variation saisonnière, les premières constatations datent de 1947 et sont l'œuvre de MARKER.

Les propriétés physiologiques des yuccas ont été peu étudiées. Citons quand même BINGHAM, qui entreprit en 1974 et 1975 deux études cliniques sur le rôle antiarthritique des sapogénines extraites du yucca. relatant yuccas. Trois ans plus tard, il publia une les effets hypocholestérolémiants et autre étude clinique, antihypertenseurs des yuccas.

Cependant, il faut rester extrêmement prudent quant à ces propriétés. En effet, l'extrait de yucca agit de concert avec d'autres médicaments (vitamines, antiarthritiques classiques), on ne pourra reconnaître ces propriétés que lorsqu'on aura vérifié l'activité propre aux saponosides. De plus, on ne connaît toujours pas le mécanisme d'action de ces molécules, ce qui est encourageant c'est 1' absence d'effets secondaires gênants. En dehors de ces effets sur l'homme, les saponines agissent comme agent antistress sur les microorganismes, mollusques et végétaux supérieurs. Les essais pharmacologiques sur l'animal sont très restreints, une action anticancéreuse prometteuse a été démontrée chez la souris, elle serait due à la présence de polysaccharides dans les fleurs fraîches du Yucca glauca et du Yucca shottii.

D'autres espèces de yucca ont été testés par NCI aux USA, les tests se révélèrent négatifs. Les applications industrielles et alimentaires des yuccas semblent plus intéressantes.

Les fleurs et les fruits de certaines espèces sont comestibles ; ils sont d'ailleurs consommés depuis fort longtemps par les tribus primitives du Mexique et du Sud des Etats-Unis. Les fleurs sont riches en protéines et en vitamine C.

La présence de résine chez certaines espèces peut rendre les fleurs impropres à la consommation, mais cette résine s'élimine facilement après traitement. Les feuilles de l'espèce Yucca elata peuvent servir de fourrage pour le bétail ce nouveau fourrage permet d'obtenir des rendements supérieurs en tonnage/ha au maïs fourragé, et est disponible toute l'année sur pied.

Les saponines une fois extraites peuvent servir de supplément nutritionnel pour les bovins, volailles.

De plus, l'utilisation de l'huile de graines en alimentation animale sera possible, quand on aura éliminé les stéroïdes présents en trop grande quantité ; aucun essai d'alimentation prolongée n'a encore été entrepris à ce jour.

Mais, ce qui fera sûrement reconnaître cette plante comme valeur industrielle c'est la présence dans la feuille et le tronc de fibres de cellulose longues et résistantes permettant l'obtention de fibres textiles d'une bonne qualité, intermédiaire entre le sisal, le chanvre et le ramie et l'obtention d'une bonne pâte à papier compatible avec la fabrication de papier journal ou type kraft.

De plus, ces fibres sont utilisées traditionnellement pour fabriquer des sacs, cordes, câbles, tapis, semelles ou plus récemment dans la construction sous forme de fibres composites.

Comme matériau composite, la fibre de yucca mélangée au polyester, à la fibre de verre, à l'acrylique diminue leur coût, néanmoins les fibres composites semblent moins résistantes que les fibres synthétiques pures. La biodégradation des fibres de yucca est ralentie après vernissage avec une fine couche de polyuréthane.

Enfin, les saponines, notamment la sarsapogénine, la tigogénine et l'hécogénine peuvent servir de matière première pour l'hémisynthèse des corticoïdes et stéroïdes antiinflammatoires. La sarsapogénine est la génine la plus couramment extraite, la graine en est la partie la plus riche.

La graine du Yucca filifera peut fournir un taux en saponosides supérieur à 15 % leur hydrolyse acide produit un seul type de génine : la sarsapogénine. La sarsapogénine permet d'obtenir de la cortisone, de la progestérone, des oestrogènes et des NOR 19 stéroïdes.

La tigogénine permet l'obtention de dexaméthasone, après passage par la 16 déhydroprégnénolone, on peut aussi obtenir des corticoïdes et des œstrogènes.

Cependant, peu d'espèces fournissent un taux élevé en tigogénine, le Yucca gloriosa en est l'espèce la plus riche. Quant à l'hécogénine, son utilisation est récente, elle permet l'hémisynthèse de cortisone, prednisone et dexaméthasone, sans passer par la déhydroprégnénolone.

Néanmoins, les saponines peuvent aussi être utilisées dans des domaines comme la parapharmacie (fabrication de savons, crèmes, agents moussants) ou la chimie (fabrication d'un agent réactif ou aromatisant la vanillineR). Les utilisations thérapeutiques des yuccas sont encore peu développées. Pourtant, les Yuccas possèdent des propriétés gastro-intestinales, antiparasitaires, antiarthritiques, métaboliques (hypocholestérolémiantes). En France, les laboratoires Arkopharma sont les seuls à avoir commercialisé des gélules à base de racine de yucca. [...]

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Symbolisme :


Selon Pierre Zaccone, auteur de Nouveau langage des fleurs avec la nomenclature des sentiments dont chaque fleur est le symbole et leur emploi pour l'expression des pensées (Éditeur L. Hachette, 1856) :


YUCA - GRANDEUR - ÉLÉVATION.

Plante de la famille des liliacées , qui a l'aspect de l'aloès et qui porte une touffe de belles fleurs blanches. Au Mexique , le yuca acquiert ordinairement des proportions gigantesques.

 

Dans son Nouveau Langage des fruits et des fleurs (Benardin-Béchet, Libraire-Éditeur, 1872) Mademoiselle Clémentine Vatteau poursuit la tradition du Sélam :


YUCCA, OU GLORIEUSE : Goût des voyages lointains.

C'est un grand arbuste d'ornement, semblable aux palmiers, et dont la hauteur est de deux mètres ; sa tige supporte quelquefois jusqu'à deux cents fleurs.

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Pour Scott Cunningham, auteur de L'Encyclopédie des herbes magiques (1ère édition, 1985 ; adaptation de l'américain par Michel Echelberger, Éditions Sand, 1987), le Yucca (Yucca) est lié au mythe suivant :


Il y a longtemps, les grands anthropoïdes voyaient mourir leurs frères et sœurs avec indifférence, car ils ne faisaient nullement le rapprochement avec leur propre, mort prochaine. Un jour un grand anthropoïde comprit de quoi il s agissait. Ce court chapitre de l'histoire de l'humanité se serait déroulé au pied d'un Yucca. (Histoire apache.)

 

Selon Ismael Penedo et Leonardo D’Amico, auteurs d'un article intitulé « La culture musicale des Garifuna. Communauté afro-amerindienne d’Amérique centrale », (Cahiers d’ethnomusicologie [En ligne], 13 | 2001) :


Dans l’univers religieux garifuna, l’âme de l’homme est divisée en trois parties : la force vitale du cœur (anigi), l’âme qui réside dans la tête (iuani) et le corps astral ou esprit double (afurugu). Après la mort, l’afurugu reste dans le voisinage du lieu du décès jusqu’à la beluria (veillée funèbre de neuf nuits), pour arriver ensuite à sairi, le paradis constitué de champs où les yuccas poussent en abondance et où il est reçu par les autres esprits. [...]

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Croyances populaires :


Jean-Jacques Barloy, dans un article intitulé "Rumeurs sur des animaux mystérieux." (paru In : Communications, 52, 1990. Rumeurs et légendes contemporaines. pp. 197-218) fait état de rumeurs récentes et importées :


[...] C'est en 1984 qu'apparut en France la rumeur des mygales dans les yuccas, qui devait connaître une grande ampleur et envahir peu à peu la presse.

Le scénario en cause est à peu près toujours le même. Un beau jour, le propriétaire d'un yucca arrose celui-ci. Il a alors la stupéfaction de voir le tronc remuer ou même de l'entendre siffler. Aussi, il l'ouvre et y découvre... un nid de mygales. Affolé, il le porte au Muséum.

En fait, le laboratoire des arthropodes du muséum national d'histoire naturelle de Paris n'a jamais reçu un seul yucca hébergeant des mygales. Il a seulement été submergé de coups de téléphone racontant qu'un adua (ami d'un ami) avait trouvé des mygales. Ou simplement des araignées indéterminées. Ou seulement de « petites bêtes »... Parfois, il n'est plus question de yucca, mais d'une autre liliacée aux fleurs roses. Une personne qui aurait dépoté son yucca et l'aurait passé au jet y aurait découvert des « objets » ressemblant à des grains de maïs.

Quelle base scientifique peut avoir une telle rumeur, qui s'est propagée à travers l'Europe, jusqu'au Danemark par exemple ?

Des mygales ne pourraient, en aucune façon, percer un tronc pour s'installer à l'intérieur. Mais il est exact qu'elles occupent des excavations.

De plus, si les yuccas sont bien originaires des régions chaudes, et notamment d'Amérique tropicale (où vivent les plus grosses mygales), ils se reproduisent désormais très facilement dans nos régions : il n'y a donc aucune raison d'y trouver des mygales ou d'autres animaux exotiques.

La rumeur aurait-elle été forgée de toutes pièces pour « casser » la vente des yuccas ? C'est peu probable.

Ce qui demeure exact, c'est que les plantes exotiques, les cageots de fruits, les cargaisons diverses, voire les colis postaux, véhiculent araignées, scorpions, insectes, et même des serpents.

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Mythes et légendes :


D'après Angelo de Gubernatis, auteur de La Mythologie des plantes ou les légendes du règne végétal, tome 2 (C. Reinwald Libraire-Éditeur, Paris, 1882),


JUCCA. — D’après Pietro Martire (Sommario delle Indie Occidentali, Ramusio), les petits génies de l’Amérique appelés Tchemi, se montrent souvent sur les racines de jucca, avec lesquelles ils fabriquent une espèce de pain ou gâteau, appelé cazabi, et leurs propres idoles. (On écrit aussi Yucca.)




Littérature :


David-Herbert Lawrence, dans son ouvrage Matinées mexicaines, (traduction française : Éditions Stock, 1986) évoque après le poinsettia, la taille remarquable du yucca :


Le Yucca aussi est très grand ; plus haut que la maison. Il est également fleuri et laisse pendre de longues touffes de clochettes, laiteuses comme des grappes d’écume. Les calices d’un blanc de cire, dont le vent brise les tiges, se détachent sans bruit du long bouquet crème qui demeure presque immobile.

 

Yves Paccalet, dans son magnifique "Journal de nature" intitulé L'Odeur du soleil dans l'herbe (Éditions Robert Laffont S. A., 1992) évoque ainsi le Yucca :

13 septembre

(La Bastide)


Les yuccas en fleurs sont des chandelles de larmes coulantes, gris-vert et blanc sur le gris-vert et noir des oliviers, avec le gris du ciel au fond, et dans mon cœur le gris définitif des existences imbéciles.

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Dans La Nuit de Géronimo (Éditions Viviane Hamy, 2009) Dominique Sylvain évoque quelques légendes en lien avec le héros apache :


Dotko s'assit sur le fauteuil et l'observa. Que pourrait-il lui dire à son réveil ? Lui raconter une des histoires qui lui étaient venues alors qu'il filait dans la campagne ? Celle de Géronimo, par exemple, qu'il tenait de Youri, qui ne jurait que par l'enseignement des soldats et des guerriers. Bonne idée, il lui parlerait de Géronimo enfant, à l'époque où ses parents l'appelaient encore par son vrai nom, Huu ji ya, un nom magnifique, beau comme le souffle du vent dans les branches humides des grands arbres, Huu jiiii yaaaa...

Le père de l'enfant apache venait de mourir, tué au combat. Huu ji ya n'avait pas le droit de prononcer son nom. Désobéir à cette injonction était dangereux. Énoncer le nom d'un mort équivalait à convoquer son fantôme, et les fantômes ne revenaient que pour séduire les vivants, pour les entraîner au pays des morts. Un pays splendide, à la végétation généreuse, aux montagnes escarpées, aux gorges profondes. Où l'on pouvait boire et manger sans restriction. D'ailleurs, les revenants tentaient leurs proies avec des fruits de yucca goûteux, ou des quartiers de bison odorants et rôtis à point. Manger ces cadeaux signifiaient mourir sur-le-champ. Les spectres apaches n'étaient pas nés de la dernière pluie, leur ruse dépassait celle du renard.

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