Étymologie :
VERDIER, subst. masc.
Étymol. et Hist. Ca 1280 verder (Gautier de Bibbesworth, Traité sur la langue française, 749, éd. A. Owen, p. 113) ; 1385-89 verdier (Eustache Deschamps, Le Miroir de Mariage, 136, éd. G. Raynaud, t. 9, p. 7). Dér. de vert* ; suff. -ier*.
Lire également la définition du nom verdier afin d'amorcer la réflexion symbolique.
Autres noms : Chloris chloris ; Berdet (gascon) ; Bruant ; Tarin ; Tarin bruyant ; Térin.
Dans Origine des noms des oiseaux et des mammifères d'Europe y compris l'espèce humaine (Éditions Saint-Augustin, 2000) de Michel Desfayes, on peut lire la notice suivante :
Bruant : Bruant et ses variantes sont des noms répandus du verdier dans le nord de la France. Il doit ce nom à son chant grinçant.
Tarin : un nom du verdier aussi appelé tarin bruyant à cause de son chant aigre comme le bruit d'une tarière. Il a été faussement attribué à Carduellis spinus. En Lorraine, on fait la distinction entre térin, le verdier et petit térin, le "Tarin". Le nom est attesté dans le nord-est, de Lille jusqu'en Haute-Marne. Pour la base acoustique t-r, voir étourneau.
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Zoologie :
Œillet Des Murs, dans La vérité sur le coucou. (C. Klincksieck, 1879) nous rappelle que le Verdier peut être la victime du Coucou :
On sera peut-être surpris de trouver plusieurs Oiseaux granivores, tel que la Linotte, le Verdier, le Bouvreuil parmi les nourrices du Coucou. Mais il faut savoir que la plupart de ces Gros-Becs alimentent leurs petits, dès leur naissance, avec des insectes ; et que d'ailleurs les matières végétales macérées dans le jabot de ces petits Oiseaux, peuvent convenir au jeune Coucou à un certain point, et jusqu'à ce qu'il soit en état de trouver lui-même les chenilles, les araignées, les coléoptères, et autres insectes dont il est friand, et qui le plus souvent fourmillent autour de son habitation.
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Symbolisme :
Dans l'article intitulé « Les dits des oiseaux » (Le Moyen Âge, vol. tome CIX, n°1, 2003, pp. 59-78) de Marie-Dominique Leclerc, on apprend que le verdier est un oiseau qui peut être augural :
Au XVIIe siècle, les impressions de la Bibliothèque bleue récupèrent la plupart de ces pièces animalières, sauf Les Dits des bêtes présents, semble-t-il, dans une seule édition de Nicolas Le Rouge. Dès les éditions Bonfons, les prévisions météorologiques sont étoffées à 9 oiseaux dont il faut interpréter le vol : aux cinq précédents, s’ajoutent en effet le héron, l’espere [pivart}, la verdiere [verdier] et le butor. L’agencement interne y est un peu différent : si la comparaison homme/animaux ne jouxte plus Les Dits des oiseaux, en revanche ces derniers sont maintenant immédiatement suivis de l’interprétation de leur vol. On sent pourtant que les imprimeurs troyens, tout comme leurs prédécesseurs, cherchent vaguement à instaurer une certaine cohérence entre toutes ces pièces en les inscrivant dans une continuité thématique et éditoriale. Toutefois on a aussi l’impression, dans le même temps, que la présence ou l’absence de telle ou telle pièce au sein d’une édition, relève de choix éditoriaux purement conjoncturels, en fonction d’un degré de remplissage plus ou moins important, donc d’un critère de rentabilité.
On voit donc comment Les Dits des oiseaux sont passés du statut de volucraire moral et littéraire autonome à celui de pièce constitutive d’un almanach encyclopédique, considéré comme modèle de conduite humaine pour le berger et tout individu en général. S’inscrivant alors dans un vaste réseau d’interprétation du monde, les Dits des oiseaux perdaient quelque peu leur caractère poétique au profit d’une utilité pragmatique : savoir se comporter en toutes circonstances comme le berger lorsqu’il est seul face à l’univers. « Il s’agissait d’enseigner la science des bergers qui est science de l’âme, du corps, du temps, des astres, de la vie et de la mort » comme le stipule le Calendrier lui-même. Et c’est de cette science poétique que se contenta le peuple jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, sans que les théories coperniciennes et galiléennes ne viennent, à un quelconque moment, remettre en cause son contenu. Belle pérennité d’un savoir médiéval qui sembla satisfaire des lecteurs davantage à la recherche de traditions que d’exactitude scientifique !
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Galina Kabakova, dans un ouvrage intitulé D'un conte l'autre. (Éditions Flies France, 2018) s'intéresse à la signification des contes étiologiques. Elle y mentionne à cette occasion le verdier qui nous intéresse :
Il arrive que les oiseaux et les animaux se produisent aussi en « héros culturels », prêts à civiliser l’humanité et à conseiller le Créateur lui-même. [...] Le verdier catalan explique comment battre le blé : Jo la giraria, jo la giraria ! (Moi, je la tournerais, moi, je la tournerais !).
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Littérature :
Yves Paccalet, dans son magnifique "Journal de nature" intitulé L'Odeur du soleil dans l'herbe (Éditions Robert Laffont S. A., 1992) évoque la beauté des Verdiers :
22 janvier
(La Bastide)
Verdier qui vole : mutation emplumée de pomme de terre exposée au soleil.
Deux verdiers se posent sur le lilas qui bourgeonne. Ce sont deux mâles : ils se disputent un lopin d'espace. Mesdames et messieurs, voici le combat moyenâgeux de deux chevaliers verts - becs en épée, fronts d'olive, dos d'hellébore, avec des blasons jaunes sur le croupion et les ailes...
Le tournoi dure le temps d'un claquement de bannière au vent. Nul ne connaît le vainqueur.
[...] 16 avril
(Fontaine-la-Verte)
Les verdiers hantent les tas de paille que les paysans laissent dans les prés à l'intention des vaches. En voici trois sur une souche, près d'un ruminant philosophe. Leur gros bec, leur œil noir et leur masque sombre contrastent avec la douceur infinie du duvet de leur ventre. Les deux mâles tirent sur l'olive, la femelle sur le brun-rouge. Chacune de leurs plumes est un infini de nuances. il a fallu, pour les peindre, une armée de gènes, de protéines, d'enzymes, de coenzymes et de pigments moléculaires, sans oublier des tubes de gouache.
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