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Le Vanneau

Dernière mise à jour : 26 juil.




Étymologie :


  • VANNEAU, subst. masc.

Étymol. et Hist. 1229 vaniel (Gerbert de Montreuil, Violette, éd. D. Labaree Buffum, 4151) ; 1294 vaniaus (Arch. Nord, B 13588 ds IGLF Moy. Âge) ; ca 1300 vannel (Traité de fauconnerie de l'emp. Frédéric II ds Z. rom. Philol. t. 46, p. 288) ; 1530 venneau (Acquit, A. Laon ds Gdf. Compl.). Dér. de van1*, parce que ses ailes font en volant le bruit d'un van qu'on agite ; suff. -eau*.


Lire également la définition du nom vanneau afin d'amorcer la réflexion symbolique.




Zoologie :


Selon H. de Variny auteur d'un article intitulé "Chronique psychologique." (L'Année psychologique, 1903, vol. 10, n°1, p. 370-395) :


Les plus petits volatiles ne craignent pas, lorsqu'ils sont en nombre, de s'attaquer aux plus gros, aux plus dangereux. Le prince Kropotkine, dans son livre si intéressant et si suggestif sur le « Secours mutuel », cite le cas d'un épervier. Cela se passait en Nouvelle-Zélande. Un grand tapage se fit entendre dans les buissons : c'était comme si tous les petits oiseaux s'étaient réunis des quatre coins du pays pour fonder l'unité d'un parti. Les petits oiseaux étaient de simples moineaux, et ce n'est point de politique qu'il s'agissait. Ils étaient assemblés autour d'un épervier, sur lequel ils se lançaient par douzaine à la fois, de tous les points du compas. Le malheureux, ahuri, impuissant, finit par se jeter dans un buisson épais, tandis que tous ses agresseurs menaient autour de celui-ci un tapage éperdu. Les vanneaux font de même. Ces oiseaux, qui nous sont bien connus, — il s'agit ici du vanneau huppé, — savent parfaitement s'unir pour harceler l'oiseau de proie. Isolés, ils seraient perdus ; mais réunis ils en imposent, et leur hardiesse croît avec leur nombre. Les choses vont plus loin : un rapace s'attaque-t-il à d'autres oiseaux, d'espèce différente, ils accourent et les protègent. Ils ne veulent pas laisser prendre de mauvaises habitudes.

 

Selon Bénédicte Durand, auteure de " Le Henson, un cheval agent de développement local ?." (Hommes et terres du Nord, 2004, vol. 2, n°1, pp. 57-68) :


L'alliance objective entre le patrimoine ornithologique de la région et le cheval élevé en liberté est donc évidente. Plus qu'esthétique, elle constitue un lien écosystémique fort. Le vanneau huppé, espèce menacée, semble particulièrement profiter de la présence d'équidés sur son territoire.

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Symbolisme :


Dans Le Livre des superstitions, Mythes, croyances et légendes (Éditions Robert Laffont, 1995 et 2019), Éloïse Mozzani nous propose la notice suivante :


Le vanneau, considéré comme sale aux temps bibliques (peut-être à cause de sa huppe noire), est un oiseau maudit car, lors de la crucifixion, il cria « tourmente-le ! ». Depuis, il est condamné à ne jamais rester en repos, à voler en décrivant des cercles autour de son nid et à avoir un cri plaintif. Une légende musulmane explique tout différemment pourquoi le vanneau décrit des courbes et porte une huppe noire : « Le vanneau huppé était jadis une princesse qui, apprenant le retour d'un frère chéri qui avait été longtemps absent, dans son empressement d'aller lui porter quelques nourritures, prit sur le feu un pot de lait bouillant et courut à la rencontre de son frère sans faire attention à la brûlure causée par le vase. Vainement elle chercha son frère pendant des années criant : "Frère, ô mon frère !" Allah ému de sa compassion, lui donna des ailes et la changea en vanneau pour qu'elle eût plus de facilité pour le chercher. C'est depuis ce temps qu'on voit cet oiseau décrire si souvent de longs circuits, comme s'il était à la recherche de quelqu'un, en articulant un cri qui ressemble à "Frère, ô mon frère !" Les femmes mahométanes l'appellent la soeur du frère et lorsqu'elles entendent son cri le soir, elles sortent de leurs maisons et jettent de l'eau en l'air pour que l'oiseau puisse s'en servir pour calmer la cuisson de la brûlure de sa tête, encore marquée par quelques plumes noires ».

En Grande-Bretagne, le vanneau qui crie : « bewitched ! bewitched ! » (ensorcelé) est de très mauvais augure et passe pour être l'âme d'un damné.

Selon une croyance écossaise, le vanneau a été particulièrement maléfique sous le règne de Charles II (1660-1685) : par leurs cris, ces oiseaux n'ont cessé d'attirer l'attention des ennemis de la couronne et ainsi, dit-on, les persécutions des alliés furent plus fréquentes.

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Contes et légendes :


Dans "Les chamanistes du Bouddha vivant." (In : Études mongoles et sibériennes, cahier 17, 1986. Les chamanistes du Bouddha vivant. pp. 3-207),  Sandagsürengijn Badamxatan et Marie-Dominique Even rapportent le conte suivant, appartenant à la culture orale darxad :


La bécassine et le vanneau.

La bécassine avait pondu sept œufs, tous des femelles, alors que le vanneau avait pondu un seul œuf, mâle. Envieux du vanneau, la bécassine se dit : « Le seul œuf qu'a pondu cet oiseau-là est mâle, et moi, parmi mes sept œufs, il n'y en a même pas un ! Mieux vaut me fracasser le crâne ! » et s'étant élevée très haut dans les airs, elle plongea vers le sol. Sur le point de s'écraser à terre, le courage lui manqua et elle ouvrit ses ailes avant de se poser. Depuis lors, pendant la journée elle reste le bec dans l'eau, de peur qu'il ne s'assèche ; la nuit, la pensée de ses sept œufs femelles lui donne envie de mourir et elle s'envole très haut pour plonger, mais à la fin, le courage lui manque toujours.

 



Littérature :


Yves Paccalet, dans son magnifique "Journal de nature" intitulé L'Odeur du soleil dans l'herbe (Éditions Robert Laffont S. A., 1992) évoque cet oiseau :

19 décembre

(Le Tremblay)


Une gerbe d'étincelles crépite sur le chaume, puis se résout en fumée légère qui ondule au vent de la plaine : ce sont des vanneaux huppés Leurs ventres sont des points de lumière. [...]

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