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Le Turbot

Dernière mise à jour : 13 juin




Étymologie :


Étymol. et Hist. Ca 1140 turbuz plur. (Geffrei Gaimar, Hist. des Anglais, 443 ds T.-L.) ; ca 1211 turbot (Guillaume le Clerc, Bestiaire, 2253, ibid.). Empr. à l'a. nord.*þorn-butr, de même sens, cf. l'all. (Dorn)butt, l'a. suéd. törnbut (Kluge 20 ; FEW t. 17, p. 395b).


Lire également la définition du nom turbot afin d'amorcer la réflexion symbolique.


Autres noms : Scophthalmus maximus - Faisan des mers - Prince de mer - Turbot commun -

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Symbolisme :


Selon Chat GPT, consulté le 18 février 2024 :


Le poisson Scophthalmus rhombus, également connu sous le nom de turbot, est un poisson plat qui est souvent associé à diverses symboliques dans différentes cultures et contextes. Voici quelques interprétations symboliques qui peuvent être associées au turbot :


  1. Abondance et prospérité : Dans certaines cultures, le turbot est considéré comme un symbole d'abondance et de prospérité en raison de sa taille impressionnante et de sa qualité de poisson prisé.

  2. Fertilité : En raison de sa capacité à produire une grande quantité d'œufs, le turbot peut également être associé à la fertilité et à la reproduction.

  3. Symbole religieux : Dans certaines traditions religieuses, le poisson peut avoir une signification symbolique, par exemple, dans le christianisme, le poisson est parfois associé à Jésus-Christ et est utilisé comme symbole par certains groupes de croyants.

  4. Sagesse et connaissance : Le turbot est souvent considéré comme un poisson intelligent et agile, ce qui peut le rendre symbolique de la sagesse et de la connaissance dans certaines cultures.

  5. Flexibilité et adaptation : En tant que poisson plat, le turbot a la capacité de se camoufler efficacement en se fondant dans son environnement, ce qui peut être interprété comme un symbole de flexibilité et d'adaptation aux situations changeantes.

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Symbolisme alimentaire :


Pour Christiane Beerlandt, auteure de La Symbolique des aliments, la corne d'abondance (Éditions Beerlandt Publications, 2005, 2014), nos choix alimentaires reflètent notre état psychique :


Le Turbot est une sphère délicate, plutôt froide. Un peu anguleuse sans doute et sévère, mais c'est qu'il exige en tout la justesse et l'exactitude ! Il sait ce qu'il vaut et ne fréquentera pas n'importe qui. Certains diraient qu'il est 'infatué', d'autres apprécient son sens du raffinement, sa sensibilité artistique, son sens idéaliste de la plus-value de la vie, du perfectionnement qualitatif.

Le Turbot n'est pas un bonimenteur ; il ne se laisse jamais graisser la patte ni abaisser pour de l'argent même s'il n'ignore pas la valeur de l'argent dans notre monde. Il connaît d'ailleurs les valeurs en général. C'est avec un soin méticuleux qu'il détermine ses préférences, qu'il fixe ses barèmes de valeurs. Il flaire instantanément les morceaux de choix. Loin de vouloir tout garder pour lui, il pense aussi aux autres et veut leur offrir le meilleur de lui-même. Malgré les apparences, on ne saurait donc taxer la nature du Turbot d'égoïsme, mais il s'agit pour lui de montrer aux autres un diamant de plus grande valeur de façon qu'ils puissent s'y confronter pour alors progresser eux-mêmes. C'est un artiste, en quelque sorte. Discipliné, aristocrate, il ne descendra jamais en dessous de sa dignité. Il veut que la barre de l'éthique et du savoir-vivre reste placée très haut.

Celui qui est attiré par le Turbot a besoin de se hisser quelque peu jusqu'à un niveau plus élevé, plus subtil plus raffiné. Il veut s'extraire des sphères inférieures. Peut-être porte-t-il en lui les traces d'un passé lointain où, se contentant de se tenir sur un plan inférieur, il faut attaqué par l'inférieur ; à présent, il a besoin de tirer les choses au clair avec lui-même. Il veut s'élever en tant qu'être humain rehausser sa propre valeur. Il commence maintenant à reconnaître cette valeur. Il lui faut lâcher certains souvenirs désagréables d'expériences passées, se préparer à entrer dans une vie nouvelle. Sachant ce que vaut la vie dans son Essence, il ne devra plus jamais s'attarder sur les aspects purement extérieurs, sur la surface des choses. Il a besoin de se défaire complètement de son style fruste ou grossier pour pouvoir prêter attention aux détails, aux belles choses de la vie qu'il n'avait jamais remarquées auparavant, bloqué qu'il était (peut-être par la force des choses) dans un espace de vie plus primitif. S'il a survécu autrefois, il ressent aujourd'hui le désir de vivre vraiment et d'apprendre à apprécier cette vie dans toutes ses facettes. Il veut désormais apprendre à connaître les détails, les mets raffinés, les nuances de la palette d'un peintre, etc. Il veut ouvrir sa sensibilité au raffinement, à tout ce qui met la vie joliment en valeur, la décore, la rend plus agréable.

Nous pouvons mettre cet être humain en garde contre la trop forte immersion dans le monde de la culture et de la civilisation, afin qu'il ne perde jamais le contact avec sa Nature pure ! Il se peut qu'il admire une culture qui, en fin de compte, s'avère vide et morte ; il est possible qu'il suive des règles d'esthétique et de bienséance qui répriment toute régurgitation naturelle parce que cela "ne se fait pas". Il a peut-être oublié ce qu'est "vivre en tant qu'être humain à l'état de nature". Dès lors, il ferait mieux de rejeter immédiatement son Turbo à l'eau. Il ne doit pas vendre son âme au diable. S'il veut cependant retirer les éléments positifs du message du Turbot, il en retiendra : une quête de valeurs véritables, élevées, une reconnaissance de l'autre et une courtoisie envers l'autre, qu'il soit riche ou pauvre, quelque soit son aspect extérieur. Le raffinement suprême réside dans la façon dont il approche et traite les autres, quelle que soit leur condition, leur race - et lui-même. Il attend de lui-même une respectueuse prévenance "Turbotienne" envers toutes sortes de gens. Jamais, dans son comportement à l'égard des autres il sera rude, impertinent, irrespectueux, agressif, obscène... Son envie de Turbot y indique un désir de raffiner encore davantage sur ce plan... Il ne méprise pas, il ne critique pas : il a du respect pour n'importe quelle façon d'être ou de Vivre. Quant aux domaines bas, ténébreux, grossiers, brutaux et agressifs, il fait comme si cela n'existait pas. Il ne nourrit que ce qui est bon en lui et ne dirige son regard que vers ce qui est pur dans le monde où il vit. Et surtout : il en est fier, reconnaissant, parce qu'il continue de se faire progresser sur un chemin qui ne cesse de s'embellir.

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Contes et légendes :


Joseph Berchoux, dans son ouvrage intitulé La gastronomie, ou l'homme des champs à table (Chant premier : Histoire de la cuisine des Anciens, 1803) évoque la cuisine des Romains :


On connaît l'appétit des empereurs romains, leur luxe singulier, leurs énormes festins. Dans un repas célèbre, on dit qu'un de ces princes mangea le revenu de deux grandes provinces. Vitellus, malgré son pouvoir chancelant, de son règne bien court profita dignement. Rien ne peut égaler la merveilleuse chère qu'en un jour d'appareil il offrit à son frère. On y vit, s'il faut croire à ses profusions, plus de sept mille oiseaux et deux mille poissons : Tout y fut prodigué. L'excès de la dépense du fils d'Aenobarbus passe toute croyance. Je sais qu'il fut cruel, assassin, suborneur, mais de son estomac je distingue son cœur. Il se mettait à table au lever de l'aurore. L'aurore, en revenant, l'y retrouvait encore. Claude, faible héritier du pouvoir des Nérons, préférait à la gloire, un plat de champignons. Tibère, retiré dans les îles Caprées, n'y changea pas ses mœurs, des romains abhorrés. Caligula fit faire un repas sans égal pour son Incitatus, très illustre cheval. Je ne puis oublier l'appétit méthodique de Géta, qui mangeait par lettre alphabétique.

Domitien un jour se présente au Sénat : "Pères conscrits, dit-il, une affaire d'état m'appelle auprès de vous. Je ne viens point vous dire qu'il s'agit de veiller au salut de l'empire. Exciter votre zèle, et prendre vos avis sur les destins de Rome et des peuples conquis, agiter avec vous ou la paix ou la guerre : vains projets sur lesquels vous n'avez qu'à vous taire. Il s'agit d'un turbot. Daignez délibérer sur la sauce qu'on doit lui faire préparer." Le sénat mit aux voix cette affaire importante, et le turbot fut mis à la sauce piquante. (1)


Note : 1) La sauce piquante est ici fiction poétique. Voici comment cela s'est passé : "Domitien convoqua un jour le sénat pour savoir en quel vase on cuirait un turbot monstrueux dont on lui avait fait présent. Les sénateurs examinèrent gravement cette affaire. Comme il ne trouva point de vase assez grand, on proposa de couper le poisson par morceaux : cet avis fut rejeté. Après bien des délibérations, on décida qu'il fallait construire un vase exprès.

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Etienne Dupont, dans Les Légendes du Mont Saint-Michel (Vague Verte Eds, 2014) rapporte une légende qui concerne le Turbot :


LES MOINES, L'ÈVÊQUE D'AVRANCHES ET LE TURBOT


Une des plus anciennes chartes de l'abbaye du Mont Saint-Michel énumère les différents poissons que l'on prenait dans les pêcheries de la baie. Je craindrais qu'en vous les citant, d'après le texte latin, on ne commît d'affreuses coquilles, ce qui serait fâcheux pour ces animaux que le typographe sans pitié ferait descendre de plusieurs degrés dans l'ordre de la nature ! Je me contenterai de vous dire en langue vulgaire qu'on pêchait dans la baie des saumons, des lamproies, des congres, des marsouins, des soles, des turbots, etc. ; le saumon était abondant un poète du XIIIe siècle a dit en parlant des rivière; qui se jettent dans l'estuaire normand-breton :

Pisciferos amnes, mullo salmone feraces,

On a même prétendu que les saumons étaient si communs que les domestiques des fermes du rivage stipulaient, dans leur contrat de louage de services, qu'on ne pourrait les nourrir de saumon plus de deux fois la semaine. C'est une légende ; on la retrouve même en Angleterre.

Il semble bien qu'au moyen-âge, la chair du marsouin ait été recherchée ; on lit, en effet, dans une note de Thomas Le Roy, chroniqueur de l'abbaye, « que le 7 juillet 1648 la communauté se régala d'un petit marsouin de cinq pieds et demi, abandonné par le flot, près le rocher de Tombelaine. » N'empêche que le turbot était plus estimé. En mai 1646, on en pêcha un « parfaitement beau, gros et grand » ; il fut même jugé digne de figurer sur la table de l'évêque d'Avranches, après une délibération des religieux. Quand les pêcheurs apportèrent au couvent des mauristes cette pièce superbe, comme c'était leur devoir, le prieur rassembla ses frères et leur demanda ce qu'il convenait de faire du poisson. Le plus jeune moine, qui opinait le premier, déclara qu'il fallait le manger : il n'avait pas oublié, on le voit, la gourmandise du siècle ; le trésorier, qui était souvent à court d'argent, estima qu'il fallait le vendre aux poissonniers de Dol ; ils en offriraient un bon prix, en raison de leur riche clientèle de Saint-Malo; le cellérier, qui distribuait les aumônes, dit que ce serait œuvre méritoire et charitable de donner le turbot, par tranches, aux pauvres gens qui se présentaient chaque mercredi et chaque samedi à la porte du monastère pour y recevoir des dons en nature; le sous-prieur conseilla de le faire saler ; il servirait, durant le carême prochain, à alimenter la table des détenus de l'ordre du roi ; ceux-ci se plaignaient craignaient, à juste titre, qu'on leur présentât, trop souvent, de la raie avancée et des harengs plus que saurs.

Enfin le prieur parla : « Mes chers frères, leur dit-il en substance, vos avis sont judicieux, quoique partagés. Je regrette seulement que l'attrait de la chair du turbot ait ouvert les lèvres de notre jeune profès. Je le condamne pour ce péché à deux jours de silence : Silenlium per duas dies. Notre trésorier est tout à fait dans son rôle, quand il songe à grossir notre caisse et le cellérier nous a découvert son âme charitable, ainsi que notre cher sous-prieur qui a pensé à Messieurs les Exilés, pensionnaires de Sa Majesté. Pour moi, une destination s'impose. Vous savez combien Mgr l'évêque d'Avranches, l'illustrissime et révérendissime Roger d'Aumont, aime les plats fins, à tel point que, venu nous visiter pastoraIement, il a décliné l'invitation de s'asseoir à notre table et a préféré celle de la Tête d'Or où vont les gens de qualité. Nous avons quelquefois besoin de lui; trop souvent déjà, nous avons été en désaccord avec Sa Grandeur au sujet de certains privilèges que nous tenons du Pape, il est vrai, mais dont l'exercice offusque l'évêque d'Avranches. Prochainement nous aurons à lui présenter une requête aux fins de pouvoir ouïr en confession les dévots pèlerins. Faisons précéder notre supplique par l'envoi du turbot ; nous aurons ainsi un titre à la bienveillance de Sa Grandeur.

La communauté ratifia l'opinion du prieur et, le soir même, le cuisinier du couvent, coquinarius ipse, apportait à l'évêque d'Avranches, dans une bourriche fleurant bon le varech, le fameux turbot, objet des convoitises du jeune profès, mais que voulait faire servir à une meilleure cause l'avisé prieur claustral.

Les mauristes, hélas ! en furent pour leurs frais; il est vrai qu'ils n'étaient pas considérables. Quelques jours après la réception du poisson et de la supplique, M. d'Avranches remerciait, d'un mot très sec, les moines du Mont Saint-Michel du poisson trouvé dans leurs pêcheries et rejetait leur pressante requête. « Le prieur, dit l'annaliste, qui avait naïvement cru obliger le seigneur à aimer le monastère et la religion », fut non seulement désappointé, mais encore très irrité et un des frères de la communauté fit un jeu de mots sur le nom de cet évêque qui pratiquait si bien l'indépendance du cœur et qui signait Ro(ger) d'Aumont ; on l'appela Rodomont et, à partir de ce jour, aucun poisson ni coquillage, pas même le plus petit bigorneau, ne fut envoyé aux cuisines épiscopales d'Avranches de la part des moines du Mont Saint-Michel.

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