Étymologie :
Étymol. et Hist. A. 1. 1269-78 « figure géométrique à trois angles » (Jean de Meun, Roman de la Rose, éd. F. Lecoy, 19104); spéc. id. triangle circulier « symbole de la Trinité » (Id., ibid., 19108) ; 1610 en triangle (H. d'Urfé, L'Astrée, t. 2, p. 184) ; 1634 triangle equilateral (Le Père M. Mersenne, Corresp., t. 4, p. 229) ; id. triangle spherique (de Valois, let., in J. B. Morin, Let. escrites au Sr Morin, 13 ds Quem. DDL t. 21) ; 1640 triangle isocele, triangle rectiligne (Le Père M. Mersenne, op. cit., t. 9, p. 316) ; 1662 triangle rectangle (P. A. Nicole Arnauld, La Logique ou l'art de penser, p. 63) ; 1731 triangles semblables (Terrasson, Sethos, t. 1, p. 113) ; 2. 1691 « constellation de l'hémisphère septentrional » (Ozanam) ; 3. 1701 terme de mar. (Trév.) ; spéc. 1876 « étendard de couleurs variées servant à la signalisation » (Lar. 19e) ; 4. 1721 chirom. (Trév.) ; 5. 1805 anat. (Cuvier, Anat. comp., t. 2, p. 462) ; 6. 1831 « région formant un triangle » (Stendhal, H. Brulard, t. 1, p. 247) ; 7. 1851 « ensemble de trois » la Trinité, ce divin triangle (Murger, Scènes vie boh., p. 129). B. 1803 mus. (Boiste). Empr. au lat.triangulum, comp. de angulus « angle » ; préf. tri-* « trois ».
Lire également la définition du nom triangle afin d'amorcer la réflexion symbolique.
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Symbolisme :
René Guénon, dans Symboles de la science sacrée (Paris : Les Éditions Gallimard, 1962, 439 pp. Collection : NRF-Tradition) s'intéresse au triangle :
Un des symboles dont nous voulons parler est le triangle dont la pointe est dirigée vers le bas ; c’est comme une sorte de représentation schématique de la coupe sacrificielle, et il se rencontre à ce titre dans certains yantras ou symboles géométriques de l’Inde. D’autre part, ce qui est très remarquable à notre point de vue, c’est que la même figure est également un symbole du cœur, dont elle reproduit d’ailleurs la forme en la simplifiant ; le « triangle du cœur » est une expression courante dans les traditions orientales. [25] Cela nous amène à une observation qui a aussi son intérêt : c’est que la figuration du cœur inscrit dans un triangle ainsi disposé n’a en soi rien que de très légitime, qu’il s’agisse du cœur humain ou du Cœur divin, et qu’elle est même assez significative quand on la rapporte aux emblèmes usités par certain hermétisme chrétien du moyen âge, dont les intentions furent toujours pleinement orthodoxes. Si l’on a voulu parfois, dans les temps modernes, attacher à une telle représentation un sens blasphématoire, c’est qu’on a, consciemment ou non, altéré la signification première des symboles, jusqu’à renverser leur valeur normale ; il y a là un phénomène dont on pourrait citer maints exemples, et qui trouve d’ailleurs son explication dans le fait que certains symboles sont effectivement susceptibles d’une double interprétation et ont comme deux faces opposées.
[...]
On sait que les nombres triangulaires sont les nombres obtenus en faisant la somme des nombres entiers consécutifs depuis l’unité jusqu’à chacun des termes successifs de la série ; l’unité elle-même est le premier nombre triangulaire, comme elle est aussi le premier nombre carré, car, étant le principe et l’origine de la série des nombre entiers, elle doit l’être également de toutes les autres séries qui en sont ainsi dérivées. Le second nombre triangulaire est 1 + 2 = 3, ce qui montre d’ailleurs que, dès que l’unité produit le binaire par sa propre polarisation, on a immédiatement le ternaire par là même ; et la représentation géométrique en est évidente : 1 correspond au sommet du triangle, 2 aux extrémités de sa base, et le triangle lui-même, dans son ensemble, est naturellement la figure du nombre 3. Si l’on considère ensuite les trois termes du ternaire comme ayant une existence indépendante, leur somme donne le troisième nombre triangulaire : 1 + 2 + 3 = 6 ; ce nombre sénaire étant le double du ternaire, on peut dire qu’il implique un nouveau ternaire qui est un reflet du premier, comme dans le symbole bien connu du « sceau de Salomon » ; mais ceci pourrait donner lieu à d’autres considérations qui seraient en dehors de notre sujet. En continuant la série, on a, pour le quatrième nombre triangulaire, 1 + 2 + 3 + 4 = 10, c’est-à-dire la Tétraktys ;
[...]
Pour le moment, nous nous contenterons d’indiquer, à cet égard, que le schéma du cœur est un triangle dont la pointe est dirigée vers le bas (le « triangle du cœur » est encore une autre expression traditionnelle) ; et ce même schéma est aussi appliqué à la caverne, tandis que celui de la montagne, ou de la pyramide qui lui équivaut, est au contraire un triangle dont la pointe est dirigée vers le haut ; cela montre qu’il s’agit d’un rapport inverse, et aussi complémentaire en un certain sens. Nous ajouterons, au sujet de cette représentation du cœur et de la caverne par le triangle inversé, que c’est là un des cas où il ne s’attache évidemment à celui-ci aucune idée de « magie noire », contrairement à ce que prétendent trop souvent ceux qui n’ont du symbolisme qu’une connaissance tout à fait insuffisante.
[...]
Comme nous l’avons dit précédemment, le schéma de la montagne, ainsi que de la pyramide et du tertre qui en sont des équivalents, est un triangle dont le sommet est dirigé vers le haut ; celui de la caverne, au contraire, est un triangle dont le sommet est dirigé vers le bas, donc qui est inversé par rapport à celui-là. Ce triangle inversé est également le schéma du cœur 352, et de la coupe qui lui est généralement assimilée dans le symbolisme, ainsi que nous l’avons montré notamment en ce qui concerne le Saint Graal 353. Ajoutons que ces derniers symboles et leurs similaires, à un point de vue plus général, se réfèrent au principe passif ou féminin de la manifestation universelle ou à quelqu’un de ses aspects 354, tandis que ceux qui sont schématisés par le triangle droit se rapportent au principe actif ou masculin ; il s’agit donc bien là d’un véritable complémentarisme. D’autre part, si l’on dispose les deux triangles l’un au-dessous de l’autre, ce qui correspond à la situation de la caverne sous la montagne, on voit que le second peut être considéré comme le reflet du premier (fig. 12) ; et cette idée de reflet convient bien au rapport d’un symbole dérivé à un symbole primordial, suivant ce que nous avons dit tout à l’heure de la relation de la montagne et de la caverne en tant que représentations successives du centre spirituel des différentes phases du développement cyclique.
On pourrait s’étonner que nous figurions ici le triangle inversé plus petit que le triangle droit, car, dès lors qu’il en est le reflet il semblerait qu’il doit lui être égal ; mais une telle différence dans les proportions n’est pas une chose exceptionnelle dans le symbolisme : ainsi, dans la Kabbale hébraïque, le « Macroprosope » ou « Grand Visage » a pour reflet le « Microprosope » ou « Petit Visage ». De plus, il y a à cela, dans le cas présent, une raison plus particulière : nous avons rappelé, au sujet du rapport de la caverne et du cœur, le texte des Upanishads où il est dit que le Principe, qui réside au « centre de l’être », est « plus petit qu’un grain de riz, plus petit qu’un grain d’orge, plus petit qu’un grain de moutarde, plus petit qu’un grain de millet, plus petit que le germe qui est dans un grain de millet », mais aussi, en même temps, « plus grand que la terre, plus grand que l’atmosphère (ou le monde intermédiaire), plus grand que le ciel, plus grand que tous ces mondes ensemble » ; or, dans le rapport inverse des deux symboles que nous considérons présentement, c’est la montagne qui correspond ici à l’idée de « grandeur », et la caverne (ou la cavité du cœur) à celle de « petitesse ». L’aspect de la « grandeur » se réfère d’ailleurs à la réalité absolue, et celui de la « petitesse » aux apparences relatives à la manifestation ; il est donc parfaitement normal que le premier soit représenté ici par le symbole qui correspond à une condition « primordiale », et le second par celui qui correspond à une condition ultérieure d’« obscuration » et d’« enveloppement » spirituel.
Si l’on veut représenter la caverne comme située à l’intérieur même (ou au cœur, pourrait-on dire) de la montagne, il suffit de transporter le triangle inversé à l’intérieur du triangle droit, de telle façon que leurs centres coïncident (fig. 13) ; il doit alors nécessairement être plus petit pour y être contenu tout entier, mais, à part cette différence, l’ensemble de la figure ainsi obtenue [204] est manifestement identique au symbole du « Sceau de Salomon », où les deux triangles opposés représentent également deux principes complémentaires, dans les diverses applications dont ils sont susceptibles. D’autre part, si l’on fait les côtés du triangle inversé égaux à la moitié de ceux du triangle droit (nous les avons faits un peu moindres pour que les deux triangles apparaissent entièrement détachés l’un de l’autre, mais, en fait, il est évident que l’entrée de la caverne doit se trouver à la surface même de la montagne, donc que le triangle qui la représente devrait réellement toucher le contour de l’autre), le petit triangle divisera la surface du grand en quatre parties égales, dont l’une sera le triangle inversé lui-même, tandis que les trois autres seront des triangles droits.
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Dans le Dictionnaire des symboles (1969 ; édition revue et corrigée Laffont, 1982) de Jean Chevalier et Alain Gheerbrant, on peut lire que :
Le symbolisme du triangle recouvre celui du nombre trois. Il ne peut être pleinement dégagé qu'en fonction de ses rapports avec les autres figures géométriques.
Selon Boèce, qui reprend els conceptions géométriques platoniciennes et que les auteurs romans étudient, la première surface est le triangle, la deuxième le carré et la troisième le pentagone. Toute figure, si des lignes partent de son centre jusqu'aux angles, peut être partagée en plusieurs triangles. Le triangle est à la base de la formation de la pyramide.
Le triangle équilatéral symbolise la divinité, l'harmonie, la proportion. Toute génération se faisant par division, l'homme correspond à un triangle équilatéral coupé en deux, c'est-à-dire à un triangle rectangle. Celui-ci, selon l'opinion de Platon dans le Timée, est aussi représentatif de la terre. Cette transformation du triangle équilatéral en triangle rectangle se traduit par une perte d'équilibre.
Parmi les différentes figures géométriques, viennent après le triangle équilatéral le carré et le pentagone. Le pentagone étoilé devient un pentagramme désignant l'harmonie universelle. On le retrouve souvent, car il est employé comme talisman contre les mauvaises influences. Il est la clef de la géométrie et à la base de la sectio aurea nommée encore la proportio divina.
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Le triangle est le glyphe du rayon solaire, chez les anciens Mayas, analogue au petit clou que forme le ferme de maïs naissant, lorsqu'il crève la surface du sol, quatre jours après l'enfouissement de la graine.
Rattaché au soleil et au maïs, le triangle est doublement symbole de fécondité.
Le triangle est très souvent utilisé dans les frises ornementales, en Inde, en Grèce, à Rome... Sa signification paraît constante.
Le triangle, la pointe en haut, symbolise le feu et le sexe masculin ; la pointe en bas, il symbolise l'eau et le sexe féminin. Le sceau de Salomon est composé de deux triangles inversés et signifie notamment la sagesse humaine. Le triangle équilatéral, dans la tradition du judaïsme, symbolise Dieu, dont il est interdit de prononcer le nom.
Outre son importance bien connue dans le Pythagorisme, le triangle est alchimiquement le symbole du feu ; c'est aussi celui du cœur. Il faut toujours envisager à ce propos les rapports entre le triangle droit et le triangle inversé, le second étant le reflet du premier : il s'agit des symboles respectifs de la nature divine du Christ et de sa nature humaine ; ce sont encore ceux de la montagne te de la caverne. Le triangle inversé est, en Inde, le symbole de la yoni ou matrice ; les deux triangle figurent Purusha et Prakriti, Shiva et la Shakti, le linga et le yoni, le feu et l'eau, les tendances sattva et tamas. Leur équilibre, sous la forme de l'hexagone étoilé (le bouclier de David) est rajas, l'expansion sur le plan de la manifestation. Leur conjonction, sous la forme du damaru de Shiva, s'effectue par la pointe : c'est le bindu, le germe de la manifestation.
On sait l'importance accordée par la Franc-maçonnerie au triangle, qu'elle nomme le Delta lumineux, par référence, non çà l'embouchure d'un fleuve aux multiples bras, mais à la forme de la majuscule grecque Delta. Le triangle sublime est celui dont le sommet est de 36°, et les deux angles de base de 72°. Chaque triangle correspondrait à un élément : l'équilatéral à la terre, le rectangle à l'eau, le scalène à l'air, l'isocèle au feu. Aux triangles sont liées de nombreuses spéculations sur les polyèdres réguliers, qui dérivent des équilatéraux ; sur les innombrables triades de l'histoire religieuse : voir trois ; sur les triptyques de la moralité : bien penser, bien dire, bien faire, sagesse, force, beauté, etc., sur les phases du temps et de la vie : passé, présent, avenir ; naissance, maturité, mort ; sur les rois principes de base de l'alchimie : sel, soufre et mercure, etc. De telles énumérations conduisent vite du symbolisme au conventionnel.
Le triangle maçonnique signifiait à sa base la Durée et, sur les côtés qui se rejoignent au sommet, Ténèbres et Lumière ; ce qui composerait le ternaire cosmique. Quant au delta lumineux de la tradition, il serait un triangle isocèle à la base plus large qu'un côté, comme le fronton d'un temple ; avec 108° au sommet et 36° de chaque côté de la base, un tel triangle correspondrait au nombre d'or. En outre, dans un tel triangle s'inscriraient parfaitement l'étoile flamboyante et le pentagone.
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Omraam Mikhaël Aïvanhov, dans Le Langage des figures géométriques (Éditions Prosveta, 1984) explique à la symbolique du triangle :
Les figures géométriques sont l'expression concrète des nombres. Les nombres appartiennent au monde des principes, et c'est en descendant dans le plan physique qu'ils deviennent des figures géométriques. Par exemple 4 c'est le carré, 5 le pentagramme, 3 le triangle, 2 l'angle, 1 le point ou la ligne, etc. Et suivant la figure géométrique que l'on contemple, on sent apparaître en soi telle pensée ou tel état de conscience. Supposez que je trace un triangle, vous le regardez ... Évidemment, si vous n'avez aucune notion de la Science initiatique, il ne vous dira rien; mais si vous êtes déjà familiarisé avec le monde des symboles, ce triangle fera immédiatement naître en vous certaines associations d'idées.
Le triangle, on peut dire que c'est le principe masculin et le principe féminin qui s'unissent pour donner naissance à un troisième principe. Dans la famille ce sont le père, la mère et l'enfant; en chimie, l'acide, la base et le sel; dans l'homme l'intellect, le cœur et la volonté (ou la pensée, le sentiment et l'action), et parmi les vertus divines, la sagesse, l'amour et la vérité ... De même que l'enfant est le produit d'un père et d'une mère, le sel est le produit de l'acide et de la base, l'action celui de la pensée et du sentiment, la vérité celui de l'amour et de la sagesse.
Maintenant regardez ces triangles :
Bien que ces trois figures répondent toujours à l'appellation triangle, elles ne vous inspirent pas les mêmes réflexions. Seul, le triangle équilatéral vous donne l'idée d'une harmonie parfaite, parce qu'il exprime l'accord entre les trois principes: aucun ne s'est développé aux dépens des autres. Si le triangle équilatéral est le symbole de l'homme parfaitement équilibré, c'est qu'il exprime justement cet accord entre les trois principes de l'intellect, du cœur et de la volonté. Évidemment, ce n'est pas le cas de la majorité des humains. Car leur comportement se caractérise par un déséquilibre entre ces trois facteurs: un intellect très développé aux dépens du cœur et de la volonté, ou bien une volonté forte qui entraîne l'homme à commettre des actes insensés parce que ni l'intellect ni le cœur ne sont là pour la diriger ... et ainsi de suite, vous pourrez découvrir vous-mêmes les différents cas qui peuvent se présenter.
L'homme se manifeste donc comme un être pensant, sentant et agissant; il pense avec son intellect, il sent avec son cœur, il agit avec sa volonté. L'idéal de l'intellect est la sagesse, celui du cœur l'amour, et celui de la volonté la puissance. Puissance, amour et sagesse sont les trois attributs par lesquels on définit la Divinité. Puissance, amour et sagesse, voilà la véritable trinité. Quand la religion chrétienne présente la Trinité comme le mystère d'un Dieu en trois personnes (le Père, le Fils et le Saint-Esprit), en réalité il s'agit des trois formes sous lesquelles se manifeste la Divinité : le Père, c'est la puissance (la vie), le Fils, la sagesse (la lumière), et le Saint-Esprit, l'amour (la chaleur). Maintenant, pourquoi dans cette famille y a-t-il un fils et pas de mère, quel est le rôle du Saint-Esprit ? .. . Ce serait très long à vous expliquer ici. Retenez seulement que le triangle équilatéral, qui est le symbole de l'homme harmonieusement développé, est aussi le symbole de la Divinité.
Et ne soyez pas étonnés si je vous dis qu'on peut également considérer le triangle comme un symbole du soleil. Bien sûr, la représentation la plus courante du soleil est le cercle avec le point central, qui met l'accent sur les rapports du centre et de la périphérie. Mais parce que le soleil est lui aussi vie, chaleur et lumière, il peut être également représenté par le triangle. C'est pourquoi le soleil est le meilleur symbole de la Sainte Trinité. Où pouvons-nous trouver une image plus éloquente de la puissance, de l'amour et de la sagesse de Dieu, que dans la vie, la chaleur et la lumière que le soleil déverse chaque jour dans l'univers? Partout où apparaît la vie, c'est la présence de Dieu qui se manifeste. Et comme sur la terre toute vie vient du soleil, on est obligé de reconnaître que c'est à travers le soleil que Dieu se manifeste de la façon la plus sensible pour nous.
En réalité, la Sainte Trinité n'est ni dans la lumière, ni dans la chaleur, ni dans la vie du soleil, elle est infiniment au-delà, mais à travers cette lumière, cette chaleur et cette vie du soleil, nous pouvons l'atteindre, communier avec elle, l'aimer, l'appeler, la faire pénétrer en nous. Car par notre intellect, notre cœur et notre volonté, nous aussi nous sommes une trinité. Bien sûr, pour le moment, cette petite trinité est encore terne, figée, glacée, mais elle peut se ranimer, s'éclairer et se réchauffer auprès du soleil. Chaque jour en regardant le soleil nous voyons un reflet, une image sublime, parfaite de la Sainte Trinité, et si nous savons travailler avec ce modèle, notre petite trinité deviendra lumineuse, chaleureuse, vivifiante comme le soleil; elle s'approchera de cette grande Trinité du Père, du Fils et du Saint-Esprit, et elle aussi deviendra sainte.
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La matière est inerte, informe, et c'est l'esprit qui, en descendant pour s'introduire en elle, la façonne. Voilà le phénomène que l'on peut observer partout sous de multiples aspects. L'esprit descend pour animer la matière, c'est l'involution ; et la matière, animée par l'esprit, remonte, c'est l'évolution. La science, avec Darwin et d'autres, s'est arrêtée exclusivement sur le processus d'évolution. En réalité, aucune évolution n'aurait pu se produire s'iJ n'y avait eu préalablement une involution ; sinon, d'où viendraient ces forces, ces énergies qui permettent aux formes de se perfectionner ?
L'évolution des formes matérielles, celle des pierres, des plantes, des animaux, des hommes, n'a pu se faire que grâce à la descente de l'esprit. Voilà encore une illustration du symbolisme des deux triangles. Le triangle avec la pointe tournée vers le bas, c'est l'esprit qui descend dans la matière pour l'animer, la vivifier, et le triangle avec la pointe tournée vers le haut, c'est la matière qui veut évoluer pour rejoindre l'esprit. La rencontre des deux triangles symbolise l'union parfaite de l'esprit et de la matière, et c'est ce qui fait la puissance magique du sceau de Salomon : la rencontre et l'interpénétration des deux triangles, des deux principes.
[...]
Le symbolisme des deux triangles est donc extrêmement vaste et on peut y trouver le résumé de toute la science de la vie. Prenons seulement dans notre organisme la question du plexus solaire et du cerveau. L'intelligence cosmique les a construits de façon identique, avec la matière grise et la matière blanche, mais inversées, puisque dans le cerveau la matière grise est à l'extérieur et la matière blanche à l'intérieur, et que dans le plexus solaire c'est l'inverse. Cette opposition apparaît aussi dans leurs manifestations : le plexus solaire reste invisible, caché, on dirait qu'il ne fait rien, tandis que le cerveau parle, plastronne, foudroie. Mais pour que le cerveau se manifeste si brillamment partout, qu'il raisonne, qu'il explique, qu'il commande, c'est qu'il y a quelque chose d'autre qui se sacrifie, qui se dépense et lui envoie des subsides, sinon il s'arrêterait de fonctionner. Et justement, c'est le plexus solaire qui le nourrit, qui le soutient. Le plexus solaire, qui donne, correspond donc au triangle de l'involution, et le cerveau, qui reçoit, à celui de l'évolution. Le plexus solaire a une fonction plus spirituelle que le cerveau, puisque c'est lui qui se sacrifie pour que le cerveau puisse fonctionner, et non seulement le cerveau, mais tous les autres organes.
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Littérature :
Triangles
Triangle isocèle
J'ai réussi à mettre
Un peu d'ordre en moi-même
J'ai tendance à me plaire.
Triangle équilatéral
Je suis allé trop loin
Avec mon souci d'ordre.
Rien ne peut plus entrer.
Triangle scalène
Bon pour danser,
Virevolter
Sur ma base, sur mon sommet,
Sur mes côtés, mes autres angles.
C’est que je suis toujours
Agité, tiraillé,
Par des angles, par des côtés
Assemblés au hasard
Et sans égalités.
Eugène Guillevic - "Triangles" in Euclidiennes, 1967.
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