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Le Soja




Étymologie :

  • SOJA, subst. masc.

Étymol. et Hist. 1. 1732 soya « sauce en usage en Extrême-Orient, préparée avec les graines de soja » (Saint-Hyacinthe, Le Chef-d'œuvre d'un inconnu, La Haye, t. 1, p. 77 : du foye de Cabeliau assaisonné de soya [cf. Fr. mod. t. 36, pp. 60-61]) ; 1825 soya (Abel-Rémusat, Mél. asiatiques, t. 1, p. 444 : quatre onces de misoun ou soya) ; 1765 souï, soï (Encyclop.) ; 1825 soy (Brillat-Sav., Physiol. goût, p. 172) ; 1828 soja (Mozin-Biber); 2. 1874 soja bot. (Lar. 19e, s.v. papilionacé) ; 1875 soya (Lar. 19e) ; 3. 1972 western-soja (Télé 7 jours, 30 déc., p. 53). Empr., prob. par l'intermédiaire du néerl. soja, au japonais shōyu « sauce de soja » et celui-ci au chinois (en cantonais tséung-yau, en mandarin chiang-yu, littéral. « huile de soja », de chiang « soja » et yu « huile »). Cf. NED et Webster's, s.v. soy ; F. Hirth ds Arch. St n. Spr. t. 67 1882, p. 209. Au sens 1, cf. angl. saio en 1679, souy en 1696, soya en 1771 (NED, s.v. soy, soya) ; au sens 2, cf. lat. sc. dolichos soja (Linné).


Lire également la définition du nom soja afin d'amorcer la réflexion symbolique.


Autres noms : Glycine max. L ;




Botanique :


Selon Jean-Marie Pelt, auteur d'un ouvrage intitulé Des Légumes (Éditions Fayard, 1993) :


Le soja est en quelque sorte la variante asiatique du haricot. C'est une belle légumineuse annuelle et herbacée, dépassant rarement un mètre ou 1,50 m de hauteur selon les variétés et jamais grimpante. Cultivé en Chine, dont il est originaire, depuis cinq millénaires, il s'est d'abord répandu dans tout l'Extrême-Orient et n'est entré en Europe qu'au XVIIe siècle. Il fut introduit en France par des missionnaires vers 1740, mais resta longtemps confiné dans les collections botaniques. Ce n'est qu'à partir de 1855 que l'attention fut attirée sur lui par la Société d'acclimatation.. Mais sa culture ne remonte guère qu'à la fin du XIX e siècle, sans pour autant connaître en Europe l'importance qu'elle a revêtue aux États-Unis, qui comptent parmi les plus gros producteurs mondiaux de soja.

On pourrait dire du soja qu'il a exagéré la synthèse des protides, comme la betterave sucrière l'a fait de celle des sucres. Ses graines sont, en effet, les plus riches en protides qui soient connues, avec des teneurs pouvait atteindre 50% de protéines ; elles contiennent également de 15% à 20% de lipides, teneur qui est loin d'être négligeable ; mais, en revanche, elles sont plus pauvres en sucres que celles des autres légumes secs, ce qui indique le soja dans l'alimentation des diabétiques.

La graine de soja bat le record absolu du pouvoir calorique : on estime qu'elle apporte, à poids égal, quatre fois plus de calories qu'une quantité correspondante de viande de bœuf. Un record absolu ! En effet, le soja peut avantageusement remplacer la viande, car il contient tous les acides aminés nécessaires à l'homme. Aussi le consomme-t-on sous les formes les plus variées. La poudre ou la farine de soja est utilisée en pâtisserie. Délayée dans l'eau, elle permet la fabrication du lait de soja. Avec ce lait et la caséine du soja, on prépare par fermentation le fromage de soja. Quant à l'huile, elle sert de matière grasse, tandis que l'on apprête des sauces au soja qui sont d'excellents condiments. Le soja est donc un aliment presque complet, le plus riche et e plus original des légumes. Il contient en outre toutes les vitamines du groupe B, un peu de vitamine E et des traces de vitamine D.

On consomme aussi sous le nom de « pousse de soja » les graines germées de Phaseolus mungo, sorte de haricot d'origine asiatique, cultivé en Égypte depuis 2 000 ans, et qui, en fait, n'a rien à voir avec le soja.

Mais le soja ne nourrit pas seulement les hommes ; il nourrit aussi la terre, lui apportant en moyenne 200 kg d'azote par hectare : autre performance propre à la famille des fabacées - ex-légumineuses - à laquelle il appartient.

Lorsque la terre, au milieu du siècle prochain, comportera plus de dix milliards d'êtres humains, il faudra, pour satisfaire les besoins alimentaires, avoir davantage recours aux protéines d'origine végétale, moins coûteuses écologiquement que les protéines animales : car il est évidement plus aisé de produire des protéines directement par les plantes que d'utiliser les plantes pour nourrir les animaux avec un rendement final en protéines par hectare très inférieur. Le soja a donc de fort beaux jours devant lui.

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Symbolisme :


Dans un article intitulé "Dispositifs et rituels du seuil." (Communications, 2000, vol. 70, n°1, pp. 65-92) Philippe Bonnin évoque en note un rituel japonais liée au soja :


Setsubun : Rituel des 2 et 3 février (c'est-à-dire l'avant-veille de la fin de l'année, selon le calendrier ancien), qui consiste à jeter des haricots de soja sur le sol de la maison, vers l'extérieur, pour la purifier, geste accompagné de l'incantation « Onisoto, fuku uchi » (« Les diables dehors, le bonheur dedans »).

 

Jean-Yves Guillain dans une Histoire du badminton : du jeu de volant au sport olympique. (Éditions Publibook, 2002) relie ce rituel au jeu de badminton moderne :


Pour jouer à ce jeu (hanetsuki), le Japonais utilisent un volant composé d'une petite pièce arrondie et de plumes. Un charme destiné à protéger les enfants des piqûres de moustiques expliquerait la forme du volant qui ressemble à une tête de libellule quand on le frappe. Le jeu pourrait aussi provenir du lancier rituel de haricots de soja du dernier jour de l'hiver : le battoir originel a alors pour nom "raquette aux démons de barbarie" et sert à chasser les mauvais esprits.

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Symbolisme alimentaire :


Pour Christiane Beerlandt, auteure de La Symbolique des aliments, la corne d'abondance (Éditions Beerlandt Publications, 2005, 2014), nos choix alimentaires reflètent notre état psychique :




Mythologie :


[...] De la même façon, à sa descente vers les mondes infra célestes, Suzano-wo exilé par les autres divinités rencontre la déesse de la nourriture ohogetsu hime no kami et lui demande des aliments (1). Celle-ci produit alors des aliments sortis de sa bouche, de son nez et de son anus. Pensant les mets impurs, Suzano-wo tue la déesse ; des yeux de celle-ci apparaissent alors des grains de riz, de son nez des haricots rouges, de ses oreilles du millet, de son sexe du blé, de son anus du soja et de sa tête le ver à soie. (2)

Même si de nombreux autres mythes contenus dans les chroniques illustrent de la même manière le motif que nous tentons de souligner à travers cette étude, ces trois derniers exemples en sont une expression caractéristique. En effet, de la même façon que le décès d’Izanami introduit les concepts cycliques de vie et de mort, l’entrée puis la sortie d’Amaterasu de sa cachette font naître l’idée de nuit et de jour. La transe et la nudité d’Ame no uzume no mikoto, malgré les moqueries des myriades de dieux alentour permet néanmoins la victoire de la lumière sur les ténèbres. Enfin, la mort d’Ohogetsu hime no kami donne naissance aux principales bases de l’alimentation, le ver à soi fournissant, lui, le l pour tisser les vêtements de dieux et des hommes. Le concept de création par la destruction prend ici un autre aspect, les trois déesses sont terrifiées, humiliées voire même tuées mais leur « sacrifice » néanmoins, permet au processus de création de perdurer.

A la lumière de ces différents exemples, il semble évident que les récits mythiques du Kojiki et du Nihonshoki et donc l’imaginaire du Japon lui-même soient marqués profondément par les concepts de mort et de destruction ; par ce « sacrifice » souligné plus haut, il est alors possible de créer à nouveau. Enfin, cet acte d’abnégation de la part du divin lui-même ou du divin au profit des hommes permet à l’étymologie du terme « sacrifier » de prendre toute son sens.


Note : 1) « [...] Une nouvelle fois, il pria la divinité-princesse-de-la-grande-nourriture de lui donner de quoi se sustenter. Celleci produisit alors des mets délicats de son nez, de sa bouche, et même de son fondement qu’elle lui offrit [...] ». The Kojiki – Records of Ancient Matters, (Kojiki – Récit des faits anciens), Tuttle Publishing, Tuttle Classics, Traduit du japonais par Basil Hall Chamberlain, 1882 (1986). Vol. 1, Section XVII, page 71.

2) « [...] l’auguste-mâle-rapide-impétueux, considérant ces cadeaux comme impurs, tua la divinité. Ainsi, de son cadavre furent produites différentes choses [...] L’auguste divinité-ancêtre-productrice-de-merveilles les prit et décida alors de les utiliser comme des graines. » Ibid., Vol 1, Section XVII, page 70.

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