Étymologie :
Étymol. et Hist. 1478 os sacrum (Guy de Chauliac, Chirurgie, trad. par Nicolas Panis, fo 20 ds Sigurs, p. 293) ; 1793 sacrum (J.-F. Lavoisien, Dict. de méd.). Mot lat., os sacrum calque du gr. ι ̔ ε ρ ο ̀ ν ο ̓ σ τ ε ́ ο ν empl. par Galien (v. FEW t. 11, p. 33), cet os étant ainsi nommé prob. parce qu'il soutient les entrailles de l'animal offert en sacrifice aux dieux (cf. gr. τ α ̀ ι ̔ ε ρ α ́ neutre plur. de ι ̔ ε ρ ο ́ ς « sacré » pour désigner les victimes offertes en sacrifice).
Lire également la définition du nom sacrum afin d'amorcer la réflexion symbolique.
Anatomie :
Alain Froment, dans un ouvrage intitulé Anatomie impertinente, Le corps humain et l'évolution (© Éditions Odile Jacob, 2013) éclaire notre compréhension du corps humain :
Sacrum : Le sacrum, ainsi appelé parce qu'il est un os sacré dans les pratiques de divination, est chez l'humain fait de cinq vertèbres fusionnées en un bloc. Il est le très vieux témoignage de la façon dont les vertèbres des poissons se sont soudées pour renforcer l'anneau pelvien destiné à porter les pattes postérieures, lors de la conquête du milieu terrestre. Les poissons ont des vertèbres troncales, qui portent les côtes (les arêtes), et des vertèbres caudales dépourvues de côtes; c'est au niveau de la dernière vertèbre troncale que s'individualise le sacrum. Il est chez nous plus large et plus incurvé que chez les autres mammifères, pour soutenir dans la cavité pelvienne des viscères qui, chez les quadrupèdes, sont simplement suspendus. La bipédie a aussi provoqué une coudure des organes pelviens, ce qui se voit au niveau de l'utérus, antéversé perpendiculairement par rapport au vagin et non dans son prolongement, ou au niveau de l'urètre, ce qui ralentit l'écoulement de l'urine et favorise les calculs de la vessie. La chute des reins est agrémentée du « losange de Michaelis », nommé d'après le gynécologue Gustav Michaelis, signalé par des fossettes marquant la présence des trous sacrés, et point d'orgue d'une sensualité que la statuaire grecque n'a pas ignorée, qui sont magnifiés dans la célèbre photo de Man Ray où le dos d'une femme est transformé en violoncelle. On ne les voit que chez moins de 25 % des hommes, et il faut une certaine quantité de tissu adipeux à cet endroit pour les souligner.
*
*
Symbolisme :
Annick de Souzenelle établit dans Le Symbolisme du corps humain (Éditions Albin Michel, 1991) un lien entre le sacrum et l'arbre :
L'os et le sang : Devenir un homme, devenir Adam, passer de l'eau au sang, c'est aussi consolider son « os ».
Le travail des épousailles avec soi-même, qui commence réellement à cet étage, est celui des épousailles avec le féminin de chacun de nous, terre par terre (mère par mère !), champ de conscience par champ de conscience, jusqu'au dernier champ, jusqu'à la dernière terre qui recèle le secret du NOM. Ce travail assure peu à peu la verticalisation, ce qui implique la consolidation de l'ossature.
En hébreu, l'« os » est le mot Etsem forgé sur la racine Ets qui est l'« arbre ».
Depuis la séphirah Yesod jusqu'au passage de la « Porte des Hommes », l'adolescent a déjà commencé de construire son arbre. Les dix premières vertèbres se sont dressées, mais combien elles restent fragiles ! Le « sacrum » - Atsé - est l'arbre en germe.
Soyons bien conscients que celui qui passe la « Porte », bien qu'il n'appartienne plus à l'étage inférieur, y a encore longtemps un pied ! Fermer totalement la « Porte » derrière soi est difficile ! L'Homme retombe quelquefois douloureusement dans cet étage et s'y retrouve « rampant dans la poussière », pâture du faux époux plus d'une fois ! Mais, à la différence de celui qui y est totalement identifié, il reprend ses informations intérieures et se redresse.
La colonne vertébrale ne se solidifiera à sa base qu'au fur et à mesure de sa construction dans les douze vertèbres dorsales qui ponctuent chacun de nos mariages intérieurs.
*
*
Dans Le Temple de l'âme : La Parole divine du corps humain (Éditions Dangles, 1998) Roland Arnold décrypte la symbolique du sacrum :
1. Le sacrum et sa fonction sacré
Sacrum : mot latin traduisant une chose sacrée, un objet sacré, un acte religieux, une fonction sacrée ou spirituelle. Du latin os sacralis (os sacré), en grec hieros (sacré) et en hébreu atsé (l’arbre).
Le terme sacré vient aussi du latin secerno qui signifie séparer, mettre à part. C’est aussi l’origine du mot secret. Le sacré est donc tout ce qui est mis à part par rapport au profane, et il semble indiquer une volonté de quelque chose ou de quelqu’un qui invite à mettre à part.
Cet os, formé par la réunion des cinq vertèbres sacrées, est articulé latéralement avec les ailes iliaques par les surfaces auriculaires, par sa face supérieure avec la dernière vertèbre lombaire et par son extrémité inférieure avec le coccyx.
Son nom est à l’origine de nombreuses descriptions, par exemple :
artères sacrées moyennes et latérales ;
nerfs sacrés ;
plexus sacré...
a) La fondation de l’être : Le message de cette terminologie est très imagé, certainement exprimé sous forme de paraboles, et il semble nous indiquer une lecture à différents niveaux.

Du point de vue purement mécanique, le centre de gravité du corps humain se trouve au niveau de la deuxième vertèbre sacrée, c’est-à-dire exactement au milieu du sacrum. Le centre de gravité est le point particulier d’un corps, autour duquel ce corps se tient en équilibre.
Cet os sacré est une enclave triangulaire calée entre les deux os du bassin qui se reposent sur les deux membres inférieurs. Au niveau architectural, il correspond à la pierre angulaire d’une voûte, encore appelée clef de voûte.
C’est sur elle et autour d’elle que l’homme est construit, car elle est sa fondation, sa base.
Dans le corps humain, le sacrum sera le représentant du monde spirituel et l’Arbre de vie qu’est la colonne vertébrale prendra racine dans cette fondation sacrée.
En outre, cet os est un rempart de protection des importants plexus nerveux assurant la fonction génitale, c’est-à-dire la sexualité et la reproduction.
La fonction du sacrum est une fonction sacrée. Au quotidien, chacun de nous vit concrètement en fonction de ses fondements. C’est dans ce sens que l’homme de Nazareth termine le Sermon sur la montagne :
« C’est pourquoi, quiconque entend ces paroles que je dis, et les met en pratique, sera semblable à un homme prudent qui a bâti sa maison sur le roc. La pluie est tombée, les torrents sont venus, les vents ont soufflé et se sont jetés contre cette maison : elle n’est point tombée, parce qu’elle était fondée sur le roc. Mais quiconque entend ces paroles que je dis, et ne les met pas en pratique, sera semblable à un homme insensé qui a bâti sa maison sur le sable. La pluie est tombée, les torrents sont venus, les vents ont soufflé et ont battu cette maison : elle est tombée, et sa ruine a été grande . »
Ainsi, quand le temple du corps est solidement fondé sur le divin, l’homme est debout, solide et vérifié, ne risquant et ne craignant rien, car sa structure repose sur la meilleure des fondations.
Cette histoire de maison, symbole de l’homme, pensée il y a deux mille ans, est une méta-histoire qui nous concerne tous, ici et maintenant. Elle est reprise, sous une autre forme, par le dessin animé de Walt Disney : Les Trois Petits Cochons. En effet, dans cette histoire connue de tous – car elle a fait le tour de la terre – , chacun des trois petits cochons cherche à édifier une demeure qui le protégera du méchant loup. Suivant chacun leur propre logique (selon les forces instinctives primaires), ils ont bâti trois maisons totalement différentes les unes des autres ; ce qui symbolise en fait les différentes manières d’imaginer la construction de son propre abri : le corps humain. Le loup, lui, est le symbole des diverses épreuves de la vie, forces du mal et de l’inaccompli. Il peut être identifié aux torrents et vents du sermon sur la montagne.
L’homme sensé construit sa vie sur le sacré ; l’homme insensé la construit sur ce qui est séparé du sacré, c’est-à-dire sur le temporel, l’avoir, les idoles, les faux plaisirs, les richesses, donc sur du sable et sur l’apparence. Cette base, qui de toute façon est sacrée, est soit reconnue soit ignorée. Soit la base de la vie est Dieu, soit c’est « Mammon », mot araméen qui désigne les richesses temporelles.
Les conséquences pathologiques se dessinent en fonction de cette fondation. Toute souffrance physique à ce niveau semble être une indication du mauvais choix de la base, signifiant la position erronée par rapport au divin.
Les problèmes de la colonne vertébrale sont toujours en relation avec le sacrum et sa fonction sacrée. Par exemple, une sciatique aiguë qui bloque le patient au lit peut exprimer un blocage au second degré, psychologique voire spirituel. Il est d’ailleurs intéressant de noter que la langue populaire allemande parle de Hexenschuss, traduit par « coup de la sorcière ». La sorcière n’étant qu’un aspect non évolué de soi-même. Le magicien, la sorcière expriment les connaissances opposées aux Forces divines, c’est-àdire les énergies créatrices intellectuelles non disciplinées, sombres puissances de l’inconscient.
La position par rapport au divin détermine donc notre vertébration.
A l’intérieur du sacrum cheminent les nerfs et plexus sacrés qui gouvernent les fonctions sexuelles et génitales, qui sont des fonctions sacrées par excellence. Et il apparaît que les problèmes de cet ordre semblent relever de l’énergétique des fausses relations avec le divin. La relation sexuée est la rencontre de l’autre différencié en tant que partenaire, mais aussi la rencontre de soi-même avec soi-même (la partie ombre, inaccomplie et inconsciente de soi), afin de parvenir au seul but louable de la vie qui est la rencontre de l’Autre, de Celui qui est, le Créateur lui-même. La sexualité, fonction sacrée entre toutes, peut être vécue comme infâme et vile, mais peut aussi se vivre comme une relation très évoluée, voire spirituelle, car qu’y at-il de plus spirituel que d’aimer et de faire l’amour ?
Les anatomistes de l’époque médiévale nous ont donné d’autres indications allant dans ce sens : le sacrum s’articule avec l’aile iliaque par une surface articulaire nommée surface auriculaire, qui vient du latin auricula « petite oreille », qui décrit ainsi une fonction d’écoute. Le sacrum peut donc « écouter » comme l’oreille, comme les oreillettes du cœur, comme les auriculaires des mains.
b) Le sacrum écoute le sacré : Le sacrum écoute le sacré, la Parole divine à l’intérieur du corps au plus profond de la chair.
Le point G de gravité du corps humain, point d’équilibre, passe par le milieu de l’os sacré. C’est une vérité mécanique et, par extension, l’équilibre du corps est donné par la fonction sacrée. Le sacrum écoute aussi les informations reçues de la terre par l’intermédiaire des membres inférieurs via les ailes iliaques. En anatomie, on parle d’ailes iliaques, d’ailes scapulaires, d’ailes du sphénoïde, et aussi d’ailerons sacrés qui sont les bords latéraux du sacrum.
Ces ailes ne sont-elles pas là pour battre et assurer un envol, puis un vol dans l’espace aérien spirituel ?
La construction symbolique du corps humain, basée sur l’os sacré, pourrait être la suivante :

La tête reposant sur l’os sacré par l’intermédiaire de la colonne vertébrale, la finalité du corps humain est d’élever la tête vers le haut, vers le ciel, dans un sens vertical pour dispenser une œuvre manuelle, connaissante, sur les terres extérieures en déplacement horizontal.
La méditation sur cet os et sa fonction est infinie. Ces quelques pistes peuvent devenir une ouverture, un passage pour définir la finalité de la vie, les motivations de nos centres d’intérêts, de nos actions et de nos paroles. Et à Jésus-Christ de dire :
Gardez-vous des faux prophètes. Ils viennent à vous en vêtements de brebis, mais au-dedans ce sont des loups ravisseurs. Vous les reconnaîtrez à leurs fruits. Cueille-t-on des raisins sur des épines, ou des figues sur des chardons ? Tout bon arbre porte de bons fruits, mais le mauvais arbre porte de mauvais fruits. Un bon arbre ne peut porter de mauvais fruits, ni un mauvais arbre porter de bons fruits. Tout arbre qui ne porte pas de bons fruits est coupé et jeté au feu. C’est donc à leurs fruits que vous les reconnaîtrez.
Matthieu 7, 15-20.
Cette notion de fruits est déjà présente chez Jérémie :
Béni soit l’homme qui se confie dans l’Eternel, et dont l’Eternel est l’espérance ! Il est comme un arbre planté près des eaux, et qui étend ses racines vers le courant ; il n’aperçoit point la chaleur quand elle vient, et son feuillage reste vert ; dans l’année de la sécheresse, il n’a point de crainte, et il ne cesse de porter du fruit.
Jérémie 17, 7-8.
Nous retrouvons cette idée dans l’introduction des psaumes de David qui s’écrie :
Heureux l’homme qui ne marche pas selon le conseil des méchants, qui ne s’arrête pas sur la voie des pécheurs, et qui ne s’assied pas en compagnie des moqueurs, mais qui trouve son plaisir dans la loi de l’Eternel, et qui la médite jour et nuit ! Il est comme un arbre planté près d’un courant d’eau, qui donne son fruit en sa saison, et dont le feuillage ne se flétrit point : tout ce qu’il fait lui réussit.
Psaumes 1, 1-3.
Nous parlerons longuement de la colonne vertébrale, qui symbolise l’échelle que l’homme doit gravir mentalement en libérant, au fur et à mesure de son travail, les énergies qui y sont contenues.
Le premier échelon se situe ainsi au niveau de la base sacrée. Et comme par non-hasard, la partie supérieure du sacrum, c’est-à-dire le début de la colonne vertébrale, a été appelée le promontoire, qu’il faut entendre comme lieu de pro-montée = avant la montée.
c) L’ascension vers le divin : L’os sacré est ce lieu d’origine de l’ascension du mental en direction du crâne, le sommet qui représente l’épanouissement.
Le nombre de vertèbres constituant la colonne est également rempli de sens.
Le nombre total de vertèbres est de 33, qui a la valeur numérique 6. Le nombre symbolique des vertèbres mobiles est de 24, qui est également 6. De plus, c’est sur cet ensemble mobile que l’homme peut intervenir, par un travail de libération, la base étant fixe de valeur 9, qui est le symbole de l’achèvement complet. Nous retrouvons le chiffre 6, qui représente le nombre de jours qu’il a fallu à Dieu pour construire l’homme.

Les 24 segments vertébraux sont autant de barreaux de l’échelle représentant le chemin de la vie, avec les épines (les épreuves) qui seront à gravir, puis à dépasser. Tous les conflits, synonymes de tensions émotionnelles conscientes et inconscientes, s’installent dans les muscles de la colonne vertébrale pour y être reconnus et transformés. C’est le haut lieu de maturation psychologique et spirituel.
C’est cette aventure intérieure qui est racontée dans la Genèse (1) : « Jacob (2) partit de Beer-Schéba (3), et s’en alla à Charan (4). Il arriva dans un lieu où il passa la nuit (5), car le soleil était couché. Il y prit une pierre, dont il fit son chevet, et il se coucha dans ce lieu-là. Il eut un songe. Et voici, une échelle était appuyée sur la terre, et son sommet touchait au ciel. Et voici, les anges de Dieu montaient et descendaient par cette échelle. Et voici, l’Eternel se tenait au-dessus d’elle ; et il dit : Je suis l’Eternel, le Dieu d’Abraham (6), ton père, et le Dieu d’Isaac (7). La terre sur laquelle tu es couché, je la donnerai à toi et à ta postérité. Ta postérité sera comme la poussière de la terre ; tu t’étendras à l’occident et à l’orient, au septentrion et au midi ; et toutes les familles de la terre seront bénies en toi et en ta postérité. Voici, je suis avec toi, je te garderai partout où tu iras, et je te ramènerai dans ce pays ; car je ne t’abandonnerai point, que je n’aie exécuté ce que je te dis. »
Jacob s’éveilla de son sommeil, et il dit : Certainement, l’Eternel est en ce lieu, et moi, je ne le savais pas ! Il eut peur, et dit : Que ce lieu est redoutable ! C’est ici la maison de Dieu, c’est ici la porte des cieux !
Les anges comme les fées sont les images des énergies positives d’une conscience plus évoluée, à l’opposé des démons, des animaux qui représentent les énergies inférieures, agissant dans l’ombre de l’inconscience. Et toutes ces images vivantes sont les reflets des différentes facettes de notre moi profond.
Cette histoire de Jacob est celle de l’aventure intérieure qui conduit le chercheur vers Dieu. Elle rejoint celle de Jésus au Golgotha qui est le lieu du crâne, c’est-à-dire dans la tête de l’individu.
Du macrocosme extérieur, nous sommes toujours renvoyés dans notre microcosme intérieur. Ainsi l’homme est-il élevé par sa colonne vertébrale entre la terre et le ciel, entre le sol et la tête, tout comme il est élevé (éduqué) entre son père et sa mère dans le seul but valable de rencontrer son Dieu favorable.
Tout se rejoint : l’extérieur, l’intérieur, le bas, le haut, la droite, la gauche, dans une vibration d’émerveillement.
Mais rien n’est acquis définitivement. La base de notre vie sera toujours remise en question, pour être constamment vérifiée, jusqu’à ce qu’elle soit solide et inébranlable. Alors pourra commencer le travail de vertébration, de construction du véritable Temple divin que l’homme est appelé à devenir.
L’homme ne vit qu’en fonction de ses fondations. Cela se vérifie systématiquement dans les trois mondes.

d) C’est sur le roc qu’il faut bâtir : C’est sur le roc qu’il faut bâtir, d’où le puissant symbole du Christ (8), rocher spirituel fondamental d’où coule la vie comme jadis l’eau (vive) du rocher frappé par Moïse.
Il est une tradition cabalistique, à propos du sacrum, rapportée par René Guénon, qui parle d’un petit os indestructible – luz, traduit par l’amande, lux, la lumière en latin – situé à la base de la colonne vertébrale, et auquel l’âme demeure liée après la mort physique jusqu’à la résurrection. Par le déploiement de la kundalini, cette zone s’éveille, se déploie pour atteindre les divers chakras, puis le troisième œil. C’est le noyau sacré d’immortalité.
Toute maison qui n’a pas de bonnes fondations s’écroulera : ainsi, tout homme qui n’a pas fondé sa vie sur le sacré s’écroulera... tôt ou tard. Et s’il s’écroule, c’est à l’arrière-plan une bénédiction et une grande chance pour refaire les fondations.
Dans l’organisation schématique du corps, le sacrum vibre de toutes ses énergies vers le haut, vers l’ultime vertèbre creuse, le crâne, véritable coffre-fort blindé gardant précieusement le trésor des cellules nerveuses, haut lieu de la pensée humaine et de l’individuation.
La Parole divine est inscrite au plus profond de la chair, là où personne ne songe à chercher Dieu. Pourtant, Il est bien là, se révélant à celui qui prend la peine de chercher à l’intérieur de lui-même les symboles sacrés. Tout est là, à portée de la main et de la vue.
[...]
Arbre de la sagesse selon la Genèse, l’amandier qui fleurit au printemps signifie le renouveau, mais aussi la fragilité, car ses fleurs sont sensibles aux frimas. Pour les Hébreux, il est le symbole d’une vie nouvelle et selon une tradition juive, on pénètre par la base d’un amandier dans la ville souterraine de Luz, séjour d’immortalité, qui est aussi le nom de la ville où Jacob eut la vision de l’échelle cosmique qu’il appela la Maison de Dieu.
Luz est la racine de lux, qui est la lumière en latin. La Maison de Dieu est le nom secret du corps humain. La base de l’amandier est celle de la colonne vertébrale.
Encore appelé Arbre de vie, il est représenté en anatomie par le sacrum, l’os sacré. La vie nouvelle est une autre manière de voir.
Notes : 1) Genèse 28, 10-17.
2) En hébreu Ya‘aqôb, Ya’qôb-el : celui que Dieu protège (nous-même si nous le désirons).
3) En hébreu = le puits du serment.
4) En hébreu = très haut.
5) Ténèbres intérieures, inconscience.
6) Abraham = le père Dieu est élevé ou le père d’une multitude.
7) Isaac : Yitshaq = il rit.
8) Du grec Christos, de l’hébreu Meshia, Messie (celui qui reçoit l’onction, le Pneuma = l’Esprit-Saint)
*
*
Patricia Verhaeghe, autrice d'un article intitulé "Le Corps, architecture du temple divin" (Revue Le Son bleu n°2 et 3, juin/septembre 2007) nous permet d'avoir une vision résumée du symbolisme du pied :
Les Mystères ont pour seule fonction d’amener tout chercheur de Vérité à révéler les secrets qu’ils contiennent. Décider de percer le sens sacré du corps humain – grand livre de la Vie – revient à percer la Porte des Mystères, autrement dit à dévoiler le sens caché de notre être et par conséquent sa finalité. Or, pour ouvrir cette porte, il nous faut plonger au plus intime de nous-même à la rencontre de Celui en qui nous avons l’être, le mouvement et la vie. Nous découvrons l’œuvre potentiellement divine du Grand Organisateur – Rayon 7 - et la révéler consiste à enlever le voile.
Le corps symbole du temple divin : Le corps est l’instrument de notre âme et le Temple de notre Esprit. La Parole Divine est en effet au centre de notre corps.
Le corps, en tant que livre de chair, nous offre un enseignement d’une très grande richesse. En effet, le langage anatomique relève d’une science secrète en ce sens qu’il est révélateur des secrets de la vie occultés. Il s’agit de retrouver cette Parole sacrée enfermée au plus profond de nous-même par l’intermédiaire des symboles anatomiques. La seule finalité de notre vie étant l’accomplissement du Soi. Notre chair devient alors parlante.
Anatomie symbolique : Il y aurait beaucoup à dire sur les différents organes composant notre corps ainsi que sur les organes des sens mais il faut bien poser un cadre. Je me limiterai donc à une étude succincte des différentes parties de notre anatomie squelettique. [...]
Le sacrum : Toute la colonne vertébrale s’appuie sur le sacrum. Il est l’os de notre fondation, de notre fondement. Le mot « sacrum » ou « os sacralis » en latin signifie « ce qui est sacré ». D’ailleurs, en anatomie, les bords latéraux du sacrum s’appellent ailerons sacrés. Au niveau architectural, il ressemble à la pierre angulaire d’une clef de voûte mais aussi à une coupe puisque la fonction première du bassin de la femme est d’accueillir le fruit de ses entrailles : l’enfant. C’est à ce niveau que sont commandées les fonctions sexuelles et génitales. La relation sexuelle représente la rencontre avec l’autre différencié. Cette union symbolise sur un autre plan la recherche de notre unité à travers une commune-union, témoignant de l’union entre l’esprit et la matière. Autrement dit, la sexualité est une fonction sacrée car elle représente la rencontre de soi-même avec le Tout Autre c’est-à-dire notre parcelle divine en nous.
Le sacrum s’articule avec l’os iliaque par une surface auriculaire, du latin « auricula » signifiant « petite oreille ». La fonction du sacrum serait-elle d’écouter le sacré en nous ainsi que les informations perçues de la terre par l’entremise des jambes ?
En Médecine Ayurvédique, les hindous disent que le feu serpent ou kundalini est enroulé au niveau du sacrum et qu’il s’agit de notre noyau d’immortalité. Lorsque la kundalini s’éveille, elle fait vibrer et s’envoler le sacrum vers le haut, en fait le crâne, dernière vertèbre creuse souvent décrite en tant que coupe y compris dans nos expressions populaires lorsque nous disons que la coupe est pleine. Mais ici le crâne est envisagé comme la coupe du Graal.
Jacques Martel dans Le Grand Dictionnaire des malaises et des maladies (Éditions Quintessence, 2007) nous éclaire sur les significations du sacrum et de ses atteintes :
S4, S5 = Tous les désirs ont leur source dans les quatrième et cinquième vertèbres sacrées. Si je suis capable de bien les gérer, si je prends le temps de me reposer et de faire des choses que j’aime, S4 et S5 vont bien fonctionner. Cependant, si je vis de la culpabilité, me traitant de paresseux et me confrontant à mes devoirs et à ma moralité, jugeant ma conduite « pas correcte », S4 et S5 risquent de réagir fortement. J’ai le droit de faire des choses pour moi et m’évader parfois, mais je dois éviter que cela devienne un moyen de fuite m’évitant de faire face à mes responsabilités. C’est à ce moment que la paresse peut devenir non bénéfique : elle me garde dans un état passif de lassitude qui m’empêche d’aller de l’avant. C’est pourquoi, dans des cas extrêmes, mes pieds seront aussi atteints. La seule façon de guérir le sacrum fêlé ou cassé, c’est l’immobilité physique et le temps. Le sacrum est relié au deuxième centre d’énergie qui se situe au niveau de la première vertèbre lombaire. Un déséquilibre de ce centre énergétique peut transparaître dans les malaises physiques suivants : du côté des organes génitaux, il peut y avoir infertilité, frigidité ou herpès ; du côté des reins : cystite, calculs ; en ce qui a trait à la digestion et à l’élimination : incontinence, diarrhée, constipation, colite, etc. Les déviations de la colonne vertébrale (scoliose) naissent habituellement à ce niveau et entraînent avec elles des maux de dos. Le deuxième chakra, ou centre d’énergie influence mes rapports avec mon entourage et un dysfonctionnement de celui-ci, qui affecte mon sacrum, sera le signe de mon stress, de mes angoisses, de mes peurs et de ma tendance dépressive que je dois apprendre à gérer. Une difficulté au niveau de mon sacrum peut manifester un conflit intérieur par rapport à ce qui est saint, sacré, mes valeurs religieuses. Suis-je en contradiction avec celles-ci ou est-ce que je me culpabilise d’avoir mis la spiritualité de côté ? Ai-je l’impression de devoir faire beaucoup de sacrifices ? J’ai une décision cruciale à prendre et je me sens perdu par rapport à ce que j’ai à faire. Qui me supporte dans mes décisions ? Le sacrum se rapporte à ma relation enfant-parent et peut être atteint à cause d’un sentiment de haine. Je veux avancer dans la vie mais je m’accroche à mon passé ou aux choses ou personnes qui me sont familières et qui me procurent un sentiment fictif de stabilité, de contrôle et de protection. Ma dualité intérieure ne peut se dissiper que si j’identifie honnêtement mes émotions, les accueille ; alors elles deviennent un outil de transformation.
NB. : Que se passe-t-il lors de l'application de cette technique qui consiste à lire syllabe par syllabe le texte en prenant au moins une seconde pour chaque syllabe. Ce qu'il faut comprendre d'abord c'est que plus vite je lis et plus ma lecture se situe au niveau de mon mental, dans ma tête. Plus je lis lentement, plus la lecture est en contact avec le centre d'énergie du cœur aussi appelé chakra du cœur. Tous les malaises et les maladies sont des interprétations, conscientes ou inconscientes, que j'ai faites par rapport à une situation ou une personne lors d'un manque d'amour. Alors c'est comme si ce message, ou même cette blessure, pourrions-nous dire, a été enregistré au niveau de l'amour qui correspond pour l'être humain au centre d'énergie du cœur.
Mes blessures par rapport à un manque d'amour sont enregistrées dans mon cœur sous forme de rejet, d’abandon, de colère, d'incompréhension, de tristesse, de déception, etc. Pour pouvoir faire le changement de ce message enregistré à l'intérieur de moi-même je dois activer l’information au point de départ, c'est-à-dire, je dois être en contact avec la mémoire de cette blessure qui s'active lorsqu'une situation semblable se produit dans ma vie. C'est comme si la situation permettait d'activer l'émotion, car elle est mise en résonance avec l'événement.
Ainsi lorsque j'active dans mon cœur le souvenir de ce qui m'a causé de la peine, de la tristesse, de la colère, etc., j'ouvre ainsi le centre d'énergie du cœur pour laisser l'énergie d'amour entrer et apporter la guérison, par le fait même de la prise de conscience accompagnatrice.
Afin que l'exercice de prononciation soit plus efficace, j’imagine que ma bouche se trouve au niveau de mon cœur et que des paroles en sortent. Je puis ressentir durant l'exercice soit des picotements dans différentes parties de mon corps ou des courants de chaleur, de la peine, de la tristesse ou toute autre sorte d'émotions qui peuvent monter. En cas d’émotions fortes de peine ou de tristesse, il suffit de rester calme, car tout est sous contrôle et le corps sait ce qu'il est capable de gérer.
*
*
Joseph Messinger, auteur de Ces gestes qui vous trahissent (Edtions First, 2013) nous alerte sur un sacrum douloureux :
Un amour immodéré de la vie, voilà ce qu'est l'instinct de survie. Des douleurs atypiques au sacrum vous informent que votre instinct de survie est malmené et qu'il faut réagir.
Charles Stépanoff, auteur d'un article intitulé "La quête de l’os corbin. Esquisse d’ontologie bouchère." (In : Nastassja Martin, Pierre Le Roux, Geremia Cometti, Tiziana Manicon. Au seuil de la forêt : Hommage à Philippe Descola, l’anthropologue de la nature, Tautem, pp.1007-1017, 2019) établit un lien avec le sacrum et des pratiques rituelles ancestrales en Europe :
Un cerf ne se découpe donc pas comme un porc et il y a des manières nobles et d’autres indécentes de l’écorcher. Répété dans de nombreux textes anglais, cet épisode fera de Tristan l’introducteur légendaire de l’art de la vénerie en Angleterre (Remigereau 1932). Au cours du débitage, Tristan accomplit un geste intriguant sur un os particulier : il laisse « comme il convient l’os corbin tout franc ». Sir Tristren, une traduction anglaise du Tristan lacunaire de Thomas d’Angleterre, nous en dit un peu plus : The raven he gave his giftes, Sat on the fourched tre (Lupack 1994, vv. 502-503), c’est-à-dire : « au corbeau, il remit son don, placé sur la fourche d’un arbre. » Quel est donc cet os qu’il faut laisser « tout franc » et quel rapport peut-il avoir avec les corbeaux ?
²L’os corbin a disparu depuis longtemps des terminologies de l’anatomie, ce qui ne facilite pas son identification. Les érudits en ont débattu, on a rejeté l’idée qu’il puisse s’agir de l’extrémité de l’os de la poitrine, sans pouvoir trancher nettement : est-ce une sorte de croupion ? est-ce l’os coxal, le sacrum ou bien l’os entier du bassin (Remigereau 1963; Thiébaux 1967) ? Gaston Phébus a beau être précis dans son célèbre Livre de chasse où il indique crument que l’os corbin est « l’os qui est sur le trou du cul », les modernes y perdent le nord : puisque l’animal est couché sur le dos pendant la découpe, où est le dessus et où est le dessous de l’anus ?
[...]
L’os est donc « corbin » du fait qu’il est réservé au corbeau. Peut-être les vieux veneurs voyaient-ils dans la forme de cet os une tête de corbeau qui le prédestinait à cette fonction ? Toujours est-il que l’os avec ses chairs revient par droit à l’oiseau noir en remerciement pour son rôle dans le succès de la chasse (le « heur » ou le bonheur de la chasse).
[...]
Il n’est pas invraisemblable que la redevance payée au corbeau par les veneurs du moyen-âge soit en rapport historique avec les pratiques ethnographiées à l’époque contemporaine en Sibérie. D’autres pratiques et traditions relevées par Bertrand Hell établissent des parallèles incontestables entre l’Europe et la Sibérie, comme le respect des maîtres du gibier, les rythmes calendaires ou le tabou des animaux albinos (Hell 1997). L’os corbin est l’indice d’une relation d’échange de bons procédés avec un animal sauvage, le corbeau. Si l’on va plus loin en suivant le sens que les Tozhu donnent à ce geste, à travers l’oiseau, c’est le « pays-montagne » qui est remercié pour le don du gibier. Dans les termes de Descola, le schème de relation sous-jacent est la réciprocité qui s’inscrit typiquement dans une attitude animiste par rapport aux non-humains. L’os corbin pourrait ainsi être interprété comme une résurgence d’une forme d’animisme bien documentée dans la chasse en Sibérie.
*
*