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Le Quetzal

Dernière mise à jour : 16 oct.






Symbolisme :


Selon Guilhem Olivier auteur d'une "Conférence de M. Guilhem Olivier." (In : Annuaires de l'École pratique des hautes études, 1997, vol. 110, no 106, pp. 45-51) :


C'est par l'étude de leurs symboles - le quetzal, le serpent, le pied arraché et le miroir - que nous avons conclu cette étude comparée de Tezcatlipoca et de Qùetzalcoatl.

À plusieurs titres, l'étude des deux animaux qui composent le nom de Qùetzalcoatl est malaisée. Peu nombreux, les travaux modernes se limitent généralement à de concises descriptions. D'autre part, notamment dans le cas du serpent, la masse de données est telle et le champ symbolique si vaste qu'il est difficile d'aller au-delà de considérations fort générales.

Omniprésent parmi les ornements des dieux et dans le langage métaphorique, le quetzal intervient peu dans les mythes et n'est pas utilisé comme nom de jour ou de mois. Estimées à l'instar du jade, les plumes de la queue du quetzal étaient employées comme monnaie et les chasseurs qui tuaient l'oiseau précieux étaient punis de mort. Ses plumes entraient dans la composition de nombreuses coiffes dont celle dite de Motecuhzoma conservée à Vienne représente l'exemple le plus célèbre. De fait, au sens figuré, la plume de quetzal, quetzalli, signifie « chef, seigneur aimé » et dans les Chilam Balam, le quetzal est dit « oiseau des seigneurs ». Les longues plumes vertes représentent également les feuilles de maïs comme l'indique le mythe de la partie de jeu de balle entre Huemac et les Tlaloque. Après leur défaite, ces derniers offrirent des épis de maïs à Huemac qui protesta et réclama des pierres de jade et des plumes de quetzal, expression métaphorique de la précieuse céréale. Le mot quetzalli entre dans la composition du nom de la déesse Xochiquetzal liée à la génération (elle est mère de Cinteotl). Cette association à la fertilité s'exprime également par le verbe quetza qui signifie « se dresser, s'accoupler en parlant des animaux ». Enfin, le quetzal était un animal céleste proche de l'astre diurne : la litière du soleil de l'après-midi était formée de plumes de quetzal tout comme de nombreux ornements arborés par Huitzilopochtli, dieu solaire que les Mexicas substituèrent précisément à Qùetzalcoatl.

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Claude-François Baudez, auteur d'un article intitulé « De l’aurore à la nuit : le parcours du roi-soleil maya », (In : Journal de la Société des américanistes [En ligne], 92-1 et 2 | 2006) rend compte de l'association de l'ara avec le quetzal chez les Mayas :


[...] Le motif principal : Les deux oiseaux, aux cous enlacés, sont à gauche un quetzal (k'uk'), à droite un ara (1110'), volatiles aux couleurs vives qui, dans l'iconographie maya classique, symbolisent tous deux le soleil diurne. L'un et l'autre ont sur la tête le préfixe T 16, yax, traduit dans ce contexte par« nouveau ». Les têtes humaines dans leur bec sont très semblables ; celle de droite, dans le bec de l'ara, se distingue cependant de celle de gauche par une lèvre supérieure saillante, d'où dépasse une dent de requin ou des dents taillées en T. Une ride profonde entoure sa bouche, faisant paraître son visage plus âgé. Les deux personnages pourraient être des formes ancestrales des « dieux pagayeurs » du Classique récent, bien que fassent ici défaut les éléments qui, à cette dernière période, distinguent ces êtres surnaturels. Au motif iconographique des deux oiseaux confondus correspond T744b, un glyphe hybride de quetzal et d'ara qui combine la crête du premier avec le bec crochu et la peau granuleuse autour de l'œil du second. Dans les inscriptions de Copan, ce glyphe précédé de l'expression k'inich désigne le souverain fondateur de la dynastie de cette cité, sur laquelle les rois ont régné du Ve au IXe siècle. Les épigraphistes déchiffrent littéralement ce nom ou ce titre en Yax K'uk' Mo', soit « Nouveau Quetzal Ara ». Il n'est pas sûr que les Mayas aient ainsi appelé leur roi ; en effet, leurs noms et leurs titres font appel à des symboles qui constituent une sorte d'héraldique et renvoient le plus souvent au soleil, auquel les rois mayas s'identifiaient. Notons, en outre, que comme Yax préfixe la tête de nos deux oiseaux, l'ensemble devrait être plutôt « lu » Yax K'uk' Yax Mo'.

Le quetzal désigne couramment le soleil diurne dans l'iconographie maya ; on le trouve notamment au sommet de cosmogrammes à Palenque (panneaux de la Croix et de la Croix Feuillue, couvercle du sarcophage du temple des Inscriptions ; Greene Robertson 1983, 1991 ), Pied ras Negras (Stèles 6 et 11), ou Copân (sur le dos de la Stèle H. Maudslay 1889-1902, J, plate 61). Sur Je côté est de la Stèle C de ce dernier site, le jeune roi 18 Lapin, représenté en train de sortir de terre, porte à la ceinture un masque de quetzal posé directement sur un masque cauac, image de la prise de pouvoir du roi (soleil) sur la terre (Baudez 1994, figure 7b). Sur les rampes de l'escalier hiéroglyphique de la Structure 26, le même motif est indéfiniment répété : un quetzal traité en style Tcotihuacan (c'est-à-dire aux yeux cerclés et au bec très élargi vu de face) domine un monstre cauac, image du roi-soleil dominant le monde (Fash 1991).

[...] Dans la mesure où quetzal et ara symbolisent tous deux le soleil diurne, on pourrait penser que l'on a à faire à des doublets, procédé stylistique d' usage courant en Mésoamérique où des termes voisins sont répétés ensemble. C'est le cas, dans l'iconographie classique, du crapaud et du crocodile qui, renvoya nt au milieu aquatique des bajos, forment souvent une paire sans que l'on puisse distinguer leurs rôles respectifs. Les deux oiseaux cependant sont différents car tant l'image que le glyphe indiquent la fusion de deux créatures distinctes. La différence entre les deux volatiles tient, en réalité, à leur environnement : le quetzal est un oiseau des hautes terres, l'ara des basses terres. Je suggère que les oiseaux fusionnés de Margarita, tout comme le glyphe T744b, forment le nom, le titre ou le blason adopté par le souverain fondateur pour proclamer la réunion des deux zones, peut-être sous son autorité. Ce serait l'équivalent de la coiffure pharaonique qui combinait les symboles de la Haute et de la Basse Égypte. Dans cette hypothèse, le choix d'un tel nom serait un acte politique.

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