Étymologie :
Étymol. et Hist. 1244 (Itinéraire de Londres à Jérusalem, attribué à Matthieu Paris, X ds Itinéraires à Jérusalem, éd. H. Michelant et G. Raynaud, p. 132) ; cf. 1269-78 (pour indiquer une valeur très faible) (J. de Meun, Rose, éd. F. Lecoy, 9742). Altération, prob. sous l'infl. de chiche1*, de l'a. fr. cice « pois chiche » (cependant attesté un peu postérieurement, ca 1256, Aldebrandin de Sienne, Régime du Corps, 71, 26 ds T.-L.), empr. au lat. cicer « id. ».
Autres noms : Cicer arietinum -
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Botanique :
Selon Jean-Marie Pelt, auteur d'un ouvrage intitulé Des Légumes (Éditions Fayard, 1993) :
Pour finir [l'article sur le pois], il convient d'évoquer le pois chiche ; Cicer arietanum, qui n'appartient pas au groupe des pois, même si sa graine bizarrement pointue évoque par sa forme un gros pois. Le pois chiche est un aliment très ancien, et une anecdote rapporte que Cicéron lui doit son nom, car il appartenait à une vieille famille plébéienne enrichie par la culture des pois chiches. Une autre version voudrait que le nez de Cicéron, ou de l'un de ses ancêtres, fût orné d'"une excroissance qui le fit comparer à un pois chiche...
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Croyances populaires :
Dans Le Folk-Lore de la France, tome troisième, la Faune et la Flore (E. Guilmoto Éditeur, 1906) Paul Sébillot recense nombre de légendes populaires :
A Marseille, celui qui mange des pois chiches le dimanche des Rameaux est à l'abri des furoncles.
[...] On appelle dans l'Yonne, le dimanche de la grôllée, celui où les nouveaux mariés doivent donner à leurs parents et amis des pois grillés (grolée). A Marseille, il est d'usage de manger des pois chiches le dimanche des Rameaux, pour être préservé toute l'année des furoncles à Montpellier où il existe aussi, les bonnes femmes l'expliquent en disant quel Jésus a traversé un champ semé de ce légume.
Ana M. Cabo-González, autrice de « Quand les propriétés des plantes défiaient l’entendement », (Annales islamologiques, 51 | 2017, pp. 39-51) s'intéresse notamment aux propriétés merveilleuses des plantes :
Al-Qazwīnī écrit à ce sujet que les carottes (ǧazar, Daucus carota L.) cuites, mélangées avec du miel et consommées chaque jour en quantité de cinq dirhams accroissent le désir sexuel d’une façon extraordinaire ; il ajoute que les pois chiches (ḥummuṣ, Cicer arietinum L.) cuits ont cette même propriété (Al-Qazwīnī, Kitāb ʿaǧāʾib al-maḫlūqāt, F. Wüstenfeld (éd.), 1967, p. 279.) ;
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Symbolisme :
Louise Cortambert et Louis-Aimé. Martin, auteurs de Le langage des fleurs. (Société belge de librairie, 1842) évoquent rapidement le symbolisme du sistrie :
SISTRIE - SURETÉ.
Le Sistrie [non identifié pour l'instant] ressemble aux pois chiches ; on le cultive rarement. Aristote assure que cette plante préserve des esprits et des fantômes ceux qui la tiennent à la main.
Dans Le Livre des superstitions, Mythes, croyances et légendes (Éditions Robert Laffont S.A.S., 1995, 2019) proposé par Éloïse Mozzani, on apprend que :
Un certain jour, le dimanche des Rameaux, le jeudi saint ou le vendredi saint, selon les régions, Jésus, caché dans un champ de pois chiches, les toucha de sa cape. Voilà qui explique, dot-on, l'humidité constante de ce légume et sa place traditionnelle, surtout dans a midi de la France, aux repas de la semaine sante, commémorant la mort du Christ. En réalité, le pois chiche, comme d'ailleurs la plupart des légumineuses, fut associé à la mort dès l'Antiquité où il était consommé dans les repas funèbres.
Les Marseillais en mangeaient, le jour des Rameaux notamment, pour se protéger des furoncles et de la rage. Les pois chiches évitent également les maux de dents.
Comme les petits pois, en raison de leur ressemblance avec es verrues, ils les font disparaître : il faut voler une poignée de pois chiches, les jeter dans un puits, en prenant garde de ne pas les entendre tomber, et courir autour sept fois. La personne qui ensuite s'approchera du puits attrapera les verrues. Dans le Languedoc, la coutume recommande d'entrer trois pois chiches derrière soi, en demeurant accroupi et sans regarder ce que l'on fait pendant toute l'opération. Contre les cors au pied, et selon un usage de l'Hérault, il faut lancer les pois chiches pendant la messe et au moment de l'élévation.
Si, dans le Vaucluse, jeter une fois par an des pois chiches dans un puits conjure le mauvais sort, ils peuvent servir à des opérations de sorcellerie. A Marseille, on en met un dans une lampe à huile, près de la statue de la Vierge ; lorsque la chaleur le fait éclater, la personne visée par l'envoûtement risque de mourir.
Si rêver de pois est de bon augure, rêver de pois chiches n'annonce rien de bon.
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Symbolisme alimentaire :
Pour Christiane Beerlandt, auteure de La Symbolique des aliments, la corne d'abondance (Éditions Beerlandt Publications, 2005, 2014), nos choix alimentaires reflètent notre état psychique :
Protecteur du domaine terrestre contre un soleil trop ardent, mais par ailleurs tourné vers ce qui est plus élevé, partant à l'exploration di soleil "supérieur". A la fois quelque peu enfermé en lui-même par méfiance et cependant en train de regarder au-dehors avec curiosité : une dualité. L'énergie rouge est rassemblée et gardée, sous une forme très condensée, au sommet de la tête, mais néanmoins dans une concentration sereine et compacte du corps entier. Tout ce qui se trouve dans le champ de l'être est gardé ensemble, retenu, réuni. Une attitude d'expectative, mais non passive pour autant. L'on poursuit calmement ses activités, tout en se posant quand même des questions sur tout le reste... Une autoprotection extrêmement puissante, et pourtant l'on est quelque peu sur ses gardes. Tout se déroule dans la tête. la tête chaude et cependant à l'abri d'une trop forte chaleur. L'autoprotection, et en même temps le vigilance.
Il s'agit d'abord de parvenir à un amour de soi absolu, d'un mouvement de s'enrouler vers l'intérieur comme le chiffre six, alors seulement tu peux donner et t'ouvrir, te dérouler dans la vie avec un grand rire, à partir de ton cœur. Mais les Pois Chiches gardent l'être humain encore un moment "à l'intérieur", le laissent attendre, se protéger, rester auprès de lui-même, ressentir et éprouver la qualité de son propre champ de protection vitale. Il regardera bien ensuite plus loin mais pour l'instant, provisoirement, il garde encore tout immobilisé en lui-même, fort de sa puissance rassemblée à l'intérieur.
Le trouves-tu fanfaron, porte-t-il une marque déposée sur sa casquette ? oh, à vrai dire, ce n'est pas son intention ; cela fait partie de son champ dissuasif d'autoprotection. C'est une attitude qu'il adopte aussi longtemps qu'il n'a pas découvert l'authentique valeur-et-beauté en lui-même.
Celui qui a envie de Pois Chiches regarde peut-être son environnement d'un œil un peu trop perçant-agressif, avec trop de méfiance, prêt à fulminer. Il considère peut-être la vie comme un champ de bataille où il faut faire ses preuves, se défendre, si nécessaire par les coups et la force de frappe. Ce faisant, il se sape lui-même, au lieu de rester fermement où il est et qui il est, fort et inébranlablement concentré sur sa propre Base intérieure. Le visage sourit peut-être ; peut-être se sent-il physiquement fort, mais il reste, avec trop de méfiance, orienté vers le monde extérieur ou vers l'aspect matériel-superficiel de l'existence : peut-être par peur d'être dupé ou de manquer ; il ne se fie pas trop au monde. Il peut ainsi en fin de compte s'attirer des événements susceptibles d'étayer encore davantage cette conviction.
Cette personne fera bien de rester profondément et intimement proche d'elle-même, de regarder en elle-même et certainement pas de se tourner vers l'extérieur de la façon décrite ci-dessus, à l'affût ou dan le désir de mettre le grappin sur des choses au-dehors. Elle peut certes diriger ses regards ailleurs, vers les autres, mais que ce soit alors vers ce qui est lumineux et léger, vers le beau, et en ce cas elle trouvera dans son environnement de clairs miroirs reflétant les valeurs pures en elle-même, reflétant son propre développement. Elle peut ouvrir ses coquilles d'huître : la perle put être orientée vers le soleil, à condition qu'elle reste pendant ce temps très intimement connectée à son propre je essentiel. Elle ne ressent et ne voit plus alors que ce qui est beau et bon, dan une confiance suprême.
As-tu donc pour de tomber à travers le fond de ton siège ? Crains-tu es profondeurs ? "Aucune raison d'avoir peur", disent les Pois Chiches, "tu ES pourtant solide EN toi-même !"
Les Pois Chiches se retiennent, cependant ils se tiennent prêts au départ. Une manifestation primordiale d'eux-mêmes. Ils donnent peut-être l'impression d'être menaçants et brutaux, cependant ils ne se livreront jamais à des actes agressifs envers les autres. Il s'agit plutôt d'une forme d'affirmation de soi primitive. Ils sont pleins d'énergies potentiellement créatives, mais se retiennent encore, attendent leur heure... Ils subiront d'abord une transformation.
D'une puissance phallique, le Pois Chiche n'a rien à cirer de ce que d'autres peuvent raconter sur lui, et l'exprime d'une manière un peu rude et brutale parfois mais il porte en lui le message suivant : "Je dois d'abord m'occuper de moi, tu peux aller te faire voir !" Oui, cela paraît dur et primitif, mais cela fait intrinsèquement partie du caractère du Pois Chiche. Il sait ce qu'il veut, il veut en premier lieu s'affirmer avec force et prote en lui une bonne dose de potentialité. Il veut en quelque sorte être vu et porte le désir en li de répandre la semence sur ses champs.
La sphère psychique du Pois Chiche est peut-être quelquefois au ras des pâquerettes, mais c'est peut-être justement cela qu'il voudrait faire entendre à l'être humain : "Vois comment et qui tu es réellement, ne t'affiche pas comme plus élevé que tu ne te sens, montre-toi sous ton vrai jour et ne joue pas de rôle artificiel. Ne joue pas au monsieur ou à la dame chic, alors que intérieurement tu es habité de pulsions primitives et que tu veux te montrer et être toi-même de façon primaire." Lorsque tu réintègres cet espace de sincérité, tu peux à nouveau aller plus loin. Plus loin au sens de : transforme cette masse de potentialité virile en un développement créatif et énergique de ton JE, de ton existence. Tu n'as nul besoin d'exagérer les règles du savoir-vivre ou de la courtoisie, même s'il n'est pas non plus nécessaire de te comporter avec grossièreté ou insolence comme le Pois Chiche pourrait bien oser le faire. Cherche le juste milieu qui consiste à être vraiment toi, naturellement et sincèrement, sans pour autant agir de façon grossière ou impertinente vis-à-vis des autres. Etablis-toi fermement, non à partit de pulsions primitives, mais dans un développement actif et positif de toi-même.
Les Pois Chiches se trouvent tout à coup devant un tournant : l'être humain se redresse maintenant pour alors, comme une fusée en quelque sorte, s'élancer vers les hauteurs. Une "éjaculation" d'énergie longtemps contenue. Que cette expulsion soit une poussée positive dans l'édification de ta propre existence, sans fureur, sans pulsions primitives, sans s'envoyer dans l'espace gratuitement et inutilement. Maintenant, après cette période de retenue et de rassemblement, tu vas de l'avant en te laissant guider par ton moi supérieur, dans l'amour et la force de foi. A présent, ne retiens plus de forces, d'énergies, mais utilise-les puissamment, de façon salutaire, de telle sorte que l'homme et l'humanité en bénéficient, de telle sorte que TOI, en tant qu' "ÊTRE HUMAIN", tu diriges et guides tes énergies avec une saine fierté. En impliquant la tête, le cœur, le corps entier dans cette dynamique.
Le Pois Chiche aime le plaisir et l'aventure, les défis, in ne connaît ni honte, ni limites ; nous le qualifierions quelquefois de vulgaire ou de trivial ou grossier, d'exhibitionniste sexuel dans certains cas, de sale. Quelle leçon a-t-il donc à apprendre à l'être humain ? Eh bien, celui qui a envie de Pois Chiches se gardera d'être trop délicat, d'avoir trop peur de se "salir" les mains au contact de la nature, en travaillant dans la matière, celle de la Terre par exemple, ne devra pas nourrir de répugnance pour ce qui est simplement humain-naturel-psychique, même s'il n'est pas pour autant obligé d'aller aussi loin que les Pois Chiches ! Celui qui aime les Pois Chiches veut pourtant développer un peu plus d'ouverture et d'audace, une plus grande spontanéité et authenticité d'être ; il veut inconsciemment rompre avec toute forme d'artificialité ou de culte et éprouve le besoin de se libérer d'un ceinturon trop serré. Il fera bien de se "relâcher" quelque peu, sans pour autant se laisser aller à l'ivresse ou à la frivolité. Le message que les Pois Chiches ont à lui transmettre est de ne pas se garrotter dans un comportement étriqué, mais de laisser s'exprimer sincèrement ses forces affectives naturelles, de croire en la force virile qui réside en lui et, plutôt que de réprimer celle-ci, de la mobiliser créativement.
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