Étymologie :
NIAOULI, subst. masc.
Étymol. et Hist. 1875 (Journ. offic., 9 sept., p. 7703, 1re col. ds Littré Suppl.: Le niaouli, c'est son nom indigène, est pour la plus grande partie de la Nouvelle-Calédonie). Mot de la Nouvelle-Calédonie.
Lire également la définition du nom niaouli afin d'amorcer la réflexion symbolique.
Autres noms : Melaleuca quinquenervia - Arbre à peau -
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Botanique :
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Utilisations traditionnelles :
Marie-Joseph Dubois, dans un article intitulé "Ethnobotanique de Maré, Iles Loyauté (Nouvelle Calédonie) (Fin) . (In : Journal d'agriculture tropicale et de botanique appliquée, vol. 18, n°9-10, Septembre-octobre 1971. pp. 310-371) rend compte de l'usage du Niaouli :
Melaleuca leucadendron L., Myrtacée = « niaouli » = yengohnadi (à Wabao), yenunadi (à la Roche). Il existe un bosquet de niaoulis dans le marais de Wabao, gu-hmed (quelques centaines de taille moyenne), et un seul de taille moyenne dans le micro-marais de l'arrière-pays du rivage d'Edecol. — La « peau de niaouli » servait à calfater = wapuruon les pirogues. Les troncs d'arbres à Mare ne sont pas assez gros pour en tirer une seule coque. On taillait deux demi coques qu'on cousait ensuite. C'est cette jonction qu'il fallait ensuite calfater avec grand soin. — La première chapelle catholique, construite a Pujele en 1858, sur le plateau au-dessus de Medu, fut couverte avec de la peau de niaouli de Wabao. Ce mode de couverture des maisons, assez répandu sur la Grande-Terre de Nouvelle-Calédonie, est exceptionnel à Mare. Il n'est même pas utilisé localement à Wabao.
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Symbolisme :
Dans leur description de la forêt de niaoulis, Pierre Fourmanoir et Pierre Laboute, dans leur ouvrage intitulé Poissons des mers tropicales : Nouvelle Calédonie, Nouvelles Hébrides. (Éditions du Pacifique, 1976) permettent de comprendre la signification symbolique dévoilée dans l'article suivant :
La Grande Terre a souvent été qualifiée de paradis des botanistes pour l'endémicité de ses espèces végétales dont 80 % ne se retrouvent nulle part ailleurs. Cela est surtout vrai des maquis qui couvrent les sommets des montagnes et la plus grande partie des sols des massifs miniers. Ils sont formés d'une strate à fougères sèches et d'une végétation arbustive très variée ponctuée de fleurs jaunes ou rouges (brosse à bouteilles, Xanthostemon) et de petites orchidées sauvages. Mais la formation végétale calédonienne la plus étendue est la savane à niaoulis qui couvre une bonne moitié du pays. Arbres majestueux dans les cuvettes humides, les niaoulis deviennent des arbustes rabougris et tourmentés en terrain défavorable. Partout leurs troncs blafards et leur feuillage gris-vert imprègnent le paysage d'une subtile mélancolie. Protégés par des enveloppes d'écorces superposées les troncs des niaoulis résistent bien aux feux de brousse qui dévastent fréquemment la sa $vane et la lisière de s forêts sur lesquelles les niaoulis empiètent inéluctablement.
Alain Saussol s'interroge clairement : "Peut-on parler de créolité en Nouvelle-Calédonie ? Réflexions autour d’une identité insulaire." (In : Iles tropicales : insularités, "insularisme". Actes du colloque organisé à Bordeaux-Talence du 23 au 25 octobre 1986. Talence : Centre de Recherches sur les Espaces Tropicaux (Université Michel de Montaigne, Bordeaux 3), 1987. pp. 157-164. (Îles et Archipels, 8)) ;
L’ambiguïté de l’interrogation repose sur l’acception que l’on donne au mot “créole”. Au premier degré, il désigne une “personne de race blanche née dans les plus anciennes colonies européennes” (Larousse). Le qualificatif s’est, par la suite, étendu aux mulâtres et aux noirs nés dans la colonie pour les distinguer des esclaves récemment importés. Jusqu’ici la Nouvelle-Calédonie, où existe un peuplement local d’origine allogène plus ou moins lointaine, reste dans la norme. Dans la société coloniale, un mot traduisait cet enracinement : on disait d’un fils de colon né dans l’île que c’était un “niaouli”, du nom d’un arbre du pays (Melaleuca leucodendron), symbole de l’enracinement colonial. Dire d’un calédonien de souche, d’un “caldoche”, pour reprendre un terme récemment forgé et popularisé par les médias, qu ’il est un créole n'est donc pas faux “stricto sensu”.
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Selon Michel Aufray, auteur d'un article intitulé « Note sur les messages de végétaux : quelques exemples océaniens », (Journal de la Société des Océanistes [En ligne], pp. 114-115 | Année 2002) :
La réalité langagière d’une culture ne concerne pas seulement la communication linguistique ; elle recouvre aussi les modes de communication non verbaux, ceux-ci pouvant utiliser divers supports : langage du corps, objets, marques, icônes et signes. Leur existence dans les sociétés océaniennes a souvent été signalée mais, généralement, ces systèmes d’information n’ont suscité qu’un simple intérêt documentaire. Ils mériteraient à notre avis d’être inventoriés et étudiés car ils participent aux échanges sociaux au sein d’une communauté.
Les messages de végétaux, en particulier, tiennent un rôle non négligeable. À la différence de la communication verbale, ils permettent de transmettre une information sans limitation de temps et d’espace. [...]
Les messages, annonces d’événements graves
La littérature orale mélanésienne fait parfois allusion à des plantes utilisées comme signes pour aviser d’une mauvaise nouvelle. [...]
Dans la langue a’jië, le terme bùrù désigne les objets servant de correspondance de guerre ou de signe d’alliance ou de rupture. À cet effet, des nœuds d’écorces de awa’ (Broussonetia papyrifera (L.), Beauv., Moracées) ou de aree (niaouli, Melaleuca leucadendron L., Myrtacées) étaient en usage comme le montre une des planches d’illustrations des Notes d’Ethnologie néocalédonienne de Maurice Leenhardt. Chaque type de nœud correspondait à un sens différent : assassinat, alliance, déclaration de guerre, paix... (Leenhardt, 1930 : pl. XXIII).
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Littérature :
Dans ses Mémoires (F. Roy, Libraire-éditeur, 1886), Louise Michel évoque le Niaouli comme support d'une métaphore de l'arbre social :
J'ai vu là-bas, dans les forêts calédoniennes, s'effondrer tout à coup, avec un craquement doux de tronc pourri, de vieux niaoulis qui avaient vécu leur quasi-éternité d'arbres. Quand le tourbillon de poussière à disparu, il ne reste plus qu'un amas de cendre sur lequel, pareils à des couronnes de cimetière, gisent des branchages verts : les dernières pousses du vieil arbre, entraînées par le reste. Les myriades d'insectes qui se multipliaient là depuis des siècles sont ensevelis dans l'effondrement. Quelques-uns, remuant péniblement la cendre, regardent, étonnés, inquiets, le jour qui les tue ; leurs espèces nées dans l'ombre ne soutiendront pas la lumière.
Ainsi, nous habitons le vieil arbre social, que l'on s'entête à croire bien vivant, tandis que le moindre souffle l'anéantira et en dispersera les cendres.
Nul être n'échappe aux transformations qui au bout de quelques années, l'ont changé jusqu'à la dernière parcelle. Puis vient la Révolution qui secoue tout cela dans ses tempêtes.
C'est là que nous en sommes ! Les êtres, les races, et dans les races, ces deux parties de l'humanité : l'homme et la femme, qui devraient marcher main dans la main, et dont l'antagonisme durera tant que la plus forte commandera ou croira commander à l'autre, réduite aux ruses, à la domination occulte qui sont les armes des esclaves. Partout la lutte est engagée.
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