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Le Néflier

Dernière mise à jour : 6 oct.




Étymologie :


  • NÉFLIER, subst. masc.

Étymol. et Hist. a) Type meslier 1177 mellier (Liv. blanc d'Abbev., fol. 167b ds La Curne) ; ca 1190 [ms. B. Cangé, fin xiiies.] meillier (Renart, éd. M. Roques, 8145 : Baston ot de meillier) ; ca 1230 [ms. unique, xiiies.] meslier (Wistasse le moine, éd. W. Foerster et J.Trost, 438) ; 1242 mellier (Cart. de Ponthieu, BN fr. 10112, fol. 22 rods Gdf. Compl.) ; b) type nesplier ca 1190 [ms. L, début xive s.] nesplier (Renart éd. citée, 8145, var.) ; ca 1256 [ms. A, xiiies.] nespliers (Aldebrandin de Sienne, Régime du corps, éd. L. Landouzy et R. Pépin, 54, 19) ; début xive s. nepliers (Gloss. Evreux, 188 ds Roques t. 1, p. 74) ; c) type nesflier ca 1190 [mss A et C, xiiie s.] (Renart, éd. E. Martin, VI, 871 et var.) ; 1314 [ms.] nefflier (Chirurgie de H. de Mondeville, éd. A. Bos, 1863). Dér. de nèfle ; suff. -ier*.


Lire également la définition des noms néflier et nèfle afin d'amorcer la réflexion symbolique.


Autres noms : Mespilus germanica - Aubépine d'Allemagne - Mélier - Mespli (Wallonie) - Mesplier - Mespoulo - Néflier commun - Néflier d'Allemagne - Néflier sauvage -

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Botanique :


Jean-Marie Pelt, dans son ouvrage intitulé simplement Des fruits (Librairie Arthème Fayard, 1994), brosse le portrait de la Nèfle, le fruit à cinq noyaux :


La nèfle a l'étrange particularité de ne se consommer qu'après maturité, alors qu'elle est presque blette.

Aussi la récolte-t-on tardivement, de préférence après les premières gelées, mais toujours avant la chute des feuilles. D'abord dure et acerbe, la nèfle se transforme peu à peu en une pulpe sucrée, tandis que sa peau vire du jaune orangé au brun. Le fruit contient cinq noyaux durs comme des pierres, dont on considérait jadis qu'ils possédaient la faculté de rompre les calculs urinaires : c'était là une illustration de la fameuse « théorie des signatures » selon laquelle les plantes révèleraient par un signe leurs propriétés thérapeutiques. Cette doctrine, répandue sur tous les continents, est l'une des caractéristiques les plus constantes de la « pensée sauvage ». Il faut y voir en fait un moyen de véhiculer, dans des sociétés de tradition orale, le souvenir des propriétés thérapeutiques des plantes telles qu'elles furent préalablement repérées et définies par les guérisseurs et autres « tradipraticiens »

En fait, la nèfle contient des proportions importantes de tannins et c'est à ce titre que la médecine l'a utilisée le plus judicieusement. Elle possède, en effet, de puissantes propriétés anti-dysentériques et anti-diarrhéiques. Elle reste cependant un fruit très marginal en raison, semble--il, de la difficulté qu'on éprouve à le décortiquer : il convient en effet de la peler, puis de la « désosser », pour n'en consommer finalement que la pulpe à la saveur douceâtre, acidulée, un peu vineuse, mais fort agréable.

 

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Vertus médicinales :


Henri Ferdinand Van Heurck et Victor Guibert, auteurs d'une Flore médicale belge. (Fonteyn, 1864) nous apprennent les propriétés thérapeutiques du Néflier :


Propriétés Physiques et Usages médicaux. - Les feuilles sont astringentes ; on les a conseillées en gargarisme contre les aphtes et les inflammations de la gorge. Les fruits sont arrondis, assez gros dans les variétés cultivées ; les nèfles même mûres ont une saveur tellement acerbe qu'elle est insupportable ; elles contiennent une grande quantité de tannin. On les cueille en automne et on leur laisse subir un commencement d'altération nommé blessissement. Les nèfles blètes se ramollissent, gagnent une saveur douce, vineuse, assez agréable. On doit en faire un usage modéré. On les regarde comme légèrement astringentes et on les recommande dans la diarrhée. La poudre des semences a été conseillée dans la ménorrhagie passive.

 

Henri Leclerc, La nèfle dans la thérapeutique d'antan. (In : Revue d'histoire de la pharmacie, 40ᵉ année, n°133, 1952. pp. 337- 342) =>


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Croyances populaires :


Adolphe de Chesnel, auteur d'un Dictionnaire des superstitions, erreurs, préjugés, et traditions populaires... (J.-P. Migne Éditeur, 1856) propose la notice suivante :


NEFLES. On avait autrefois l'habitude à Paris, le jour de la fête de saint Simon et saint Judes, d'envoyer les gens d'un esprit borné demander des nèfles au temple. Les niais qui se laissaient prendre ainsi dans la croyance qu'on distribuait en effet gratis de ces fruits au lieu indiqué, n'y trouvaient que des valets qui les recevaient en Jour barbouillant la figure de noir.

 



Symbolisme :


Jean-Marie Pelt, dans son ouvrage intitulé simplement Des fruits (Librairie Arthème Fayard, 1994), cite le portrait du Néflier fait par Henri Leclerc, portrait plus symbolique que réellement botanique :


« Originaire des forêts de la Gaule et de la Germanie d'où Jules César l'importa en Italie, le néflier, en pénétrant dans les vergers, s'est à peine dépouillé de ses allures agrestes : s'il a perdu ses longues et fortes épines, c'est toujours, au milieu des autres arbres fruitiers, le silvain dont le tronc bossu, les membres sombres et noueux semblent se tordre sous la menace d'un orage ; son aspect maussade et dolent est celui d'un pauvre être souffreteux, couvert de feuilles épaissement ouatées, comme un vieillard cacochyme et déformé par les rhumatismes. A peine revêt-il un peu de grâce au printemps lorsque s'ouvre la large corolle blanche ou empourprée de sa fleur ; grâce éphémère, car à cette fleur succède bientôt un fruit ridicule et contrefait qu'on croirait l'œuvre d'une Nature en goguette : verdâtre et globuleux dans sa jeunesse, il prend, en mûrissant, la teinte bistrée, la consistance molle et fluctuante d'un inquiétant apostume ; pour comble d'ironie, il porte un diadème, couronne dérisoire formée par les dents persistantes du calice et rappelant assez le bonnet à pointes dont, au Moyen Âge, on ceignait le front des fols... De nos jours, le fruit du néflier est resté le symbole des choses dont 'l'inconsistance voisine avec le néant, ainsi qu'en témoigne à réponse populaire qu'on oppose à une requête importune : "Vous n'aurez que des nèfles !", ou plus énergiquement : "Des nèfles !". »

C'est en ces termes fort suggestifs qu'Henri Leclerc brosse le portrait du néflier et de ses nèfles.

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Dans Le Livre des superstitions, Mythes, croyances et légendes (Éditions Robert Laffont, 1995 et 2019), Éloïse Mozzani nous propose la notice suivante :


Vers le mois de mai, il arrive communément que le néflier, dont les bourgeons sont mangés par les larves de certains insectes, se flétrisse. Autrefois, on soutenait que le diable (ou des sorciers) en était responsable et qu'il venait battre l'arbrisseau, surtout ceux qui n'avaient pas été bénits le premier mai. C'est pourquoi verser de l'eau bénite ce jour-là au pied des néfliers est une sage précaution.

Le néflier fournit parfois le bois dont les sorciers font leur baguette. La branche doit alors être coupée la nuit de la Saint-Jean. En même temps, une branche de néflier éloigne les sorciers et, accrochée au plafond des étables, protège le bétail des maléfices. De plus, le bâton de néflier « coupé la veille d'une grande fête » calme instantanément les animaux qui paniquent. En Bretagne, on déposait parfois un morceau de néflier dans le berceau d'un enfant.

Attention ! Celui qui aime les nèfles aura souvent dans sa vie des querelles et aura propension à se mêler des affaires des autres.

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