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Le Mammouth

Dernière mise à jour : 22 mars




Étymologie :


Étymol. et Hist. 1718 subst. mammut « sorte d'éléphant découvert à l'état fossile » (Cornélis de Bruin, Voyages par la Moscovie, en Perse et aux Indes Orientales, t. 1, chap. 22, p. 115) ; 1765 mammoth (Encyclop. t. 10) ; 1803 (Boiste : Mammont ou Mammouth) ; 1894 adj. « qui est de grande taille » (Claudel, loc. cit.). Empr. au russe mam(m)ut de même sens, var. vieillie de mamont employée aujourd'hui (cf. le fr. mammon 1765 Encyclop. t. 9, s.v. ivoire fossile, mammont 1800 Boiste), d'orig. obsc., prob. d'une lang. tartare v. Vasmer. Le mot fut introduit dans la terminologie sc. par la trad. de Ludlof (cf. NED, s.v. mammoth). La graphie mammouth (à côté de mammut) qui s'est imposée en France, s'explique par la translittération indifférente de l'-u- slave par -ou- ou -u- (cf. FEW t. 20, p. 40). Les var. mammoth sont prob. dues à l'infl. de l'angl. mammoth 1738 ds NED (déjà mammuth en 1706, ibid.), lui-même empr. au russe. Le sens fig. est attesté en anglo-amér. : mammoth dès 1802 ds DAE et NED Suppl.


Lire également la définition du nom mammouth afin d'amorcer la réflexion symbolique.

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Symbolisme :


Selon Le Livre des superstitions, Mythes, croyances et légendes (Éditions Robert Laffont S.A.S., 1995, 2019) proposé par Éloïse Mozzani :


Ce gigantesque éléphant de l'ère quaternaire, portant selon les Siciliens des "cornes sur les côtés qu'il remue et croise à son gré", était particulièrement vénéré en Sibérie (son nom vient d'ailleurs du mot sibérien, mamout).

Selon une légende esquimaude, provenant "probablement des enseignements des missionnaires chrétiens", la disparition des mammouths remonte au déluge : lorsque Noé embarqua les animaux sur sa fameuse arche, seuls ces ancêtres de l'éléphant voulurent rester sur terre, persuadés que le déluge n'aurait pas lieu, et que, même si inondation il y avait, ils n'avaient rien à en craindre grâce à leur taille. "Dieu en fut courroucé et fit périr dans les flots les mammouths orgueilleux".

Il n'en resta plus que des os et des défenses fossiles dont la taille enflamma les imaginations : "Des fémurs immenses, des crânes présentant un trou central énorme, des défenses longues de six ou sept mètres : il y en avait assez pour transformer des herbivores paisibles en bêtes sauvages avides, en dragons sanguinaires, en hommes gigantesques, en Titans. Le Moyen Âge vit l'apothéose de toutes ces divagations. Les défenses devinrent les griffes du terrible dragon, une des milles formes sournoises dans lesquelles pouvait s'incarner Belzébuth le Malin. Et les os devinrent les dépouilles mortelles d'hommes gigantesques."

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Mythologie :


D'après Eric Buffetaut, auteur de Fossiles et croyances populaires, Une paléontologie de l'imaginaire (Éditions Le Cavalier bleu, 2017) :

Le Mammouth, qui est devenu un animal familier à tous les esprits,

et populaire par l'image, n'est pas connu depuis très longtemps en Europe.

C'est en Sibérie, son dernier lieu de refuge, qu'il faut aller pour trouver

de nombreuses légendes à son sujet.


Raymond Furon, La Paléontologie, 1951.


A la bataille de Poltava (sur le territoire de l'actuelle Ukraine), le 8 juillet 1709, l'armée suédoise du roi Charles XII fut battue par les troupes russes de Pierre le Grand. Parmi les nombreux soldats suédois faits prisonniers, les hommes de troupe furent condamnés à travailler à la construction de la nouvelle capitale du tsar, Saint-Pétersbourg. Les officiers furent déportés à Toborlsk, en Sibérie, où ils furent bien traités et purent jouir d'une certaine liberté jusqu'à leur libération à la fin des hostilités (douze ans plus tard !). Certains d'entre eux s'intéressèrent à l'historie naturelle de la Sibérie. En 1722, un certain baron Léonard Kagg, de retour de captivité en Sibérie, présenta à une société savante suédoise un dessin d'un étrange animal, qui lui avait été fourni par un autre exilé, le capitaine Tabbert von Strahlenberg. La bête en question était censée être le mammouth, dont on commençait alors à entendre parler en Europe, même si la description accompagnant le dessin l'assimilait aussi au Behemoth, animal gigantesque dont il est question dans la Bible. En tout état de cause, l'aspect que lui avait prêté le dessinateur était pour le moins étrange : l'animal ressemble à une sorte de vache monstrueuse pourvue de griffes et d'une queue de lion, et dont les deux cornes très longues s'enroulent l'une autour de l'autre. D'après les indigènes sibériens ce Behemoth nordique, de très grande taille, vivait sous la terre et mourait lorsqu'il parvenait à la surface. Le rapport de Kagg, et surtout le dessin l'accompagnant, suscitèrent une certaine perplexité. Ils venaient s'ajouter à des récits de voyageurs et de commerçants qui témoignaient de l'existence en Sibérie d'un grand animal aux mœurs imprécises, qui était une source d'ivoire.

Dès 1778, Eberhard Isbrand Ides, dans un livre relatant sa mission à la cour de Pékin en 1692, comme ambassadeur du tsar Pierre 1er , rapportait comment en Sibérie il avait entendu parler d'un animal appelé mammut dont on trouvait des carcasses congelées, conservées dans la terre gelée, et dont les défenses étaient recherchées pour leur ivoire. Il avait aussi noté des légendes locales au sujet de cet être, dans lequel les Russes de la région voyaient un animal voisin de l'éléphant.

Il fallut cependant près d'un siècle pour que l'on parvienne à une connaissance plus précise du mystérieux mammouth. C'est le naturaliste allemand Johann Friedrich Blumenbach qui, en 1799, lui donna un nom scientifique, Elephas primigenius, qui marquait bien ses étroites affinités avec les éléphants d'aujourd'hui, après que Cuvier ait montré qu'il était distinct des espèces actuelles (aujourd'hui le mammouth est considéré comme appartenant à un genre distinct, Mammuthus). On trouve certes fréquemment des os et des dents de mammouths dans les terrains quaternaires d'Europe, où, comme on l'a vu, ils furent souvent pris autrefois pour des restes de géants ou de licornes, mais les spécimens conservés dans les sols gelés de Sibérie, avec leur chair et leur peau, fournissaient des informations sur l'anatomie et la biologie de cet animal disparu que de simples squelettes ne pouvaient procurer, montrant notamment que ce proboscidien était couvert d'une épaisse fourrure. La difficulté consistait à collecter de tels spécimens dans les régions lointaines et glaciales de la Sibérie et à les rapporter en bon état jusqu'aux institutions scientifiques de la Russie d'Europe, ce qui n'était pas une mince affaire. Une des premières découvertes significatives eut lieu en 1799 sur une berge du delta de la Lena. Le botaniste Adams put récupérer le squelette en quelques éléments des parties molles (le reste ayant été dévoré par les animaux sauvages et les chiens des indigènes), qui parvinrent à saint-Pétersbourg en 1806. Au cours du XIXe siècle, l'Académie des Sciences de cette ville fit de son mieux pour récupérer les restes de mammouths congelés à mesure que la nouvelle de leur découverte leur parvenait, mais ses efforts ne furent pas toujours couronnés de succès, même si le commerce de l'ivoire fossile se développait considérablement. En 1901, finalement, une expédition sous la direction des chercheurs Otto Herz et Eugen Wilhelm Pfizenmayer put rapporter à Saint-Pétersbourg la plus grande partie de la carcasse d'un mammouth découverte peu de temps auparavant sur les rives de la rivière Berezovka, dans l'est de la Sibérie. Le spécimen fut naturalisé et est exposé au musée zoologique de Saint-Pétersbourg. Depuis, de nombreux autres cadavres congelés de mammouths ont été découverts, et les progrès des transports et l'amélioration des techniques de conservation ont permis de les préserver dans les meilleures conditions.

Outre les précieux cadavres congelés, les chercheurs qui explorèrent la Sibérie collectèrent de nombreuses traditions locales sur les mammouths, qui nous donnent des informations sur ce que les peuplades indigènes de Sibérie pensaient de ces fossiles très particuliers. Contrairement à ce que l'on peut supposer dans bien des régions d'Europe, où les découvertes d'ossements fossiles ont apparemment été interprétées à la lueur des légendes pré-existantes, et n'en ont pas été l'origine, il semble bien que le type de préservation très particulier des mammouths et autres animaux congelés de Sibérie ait inspiré aux habitants de ces régions les récits traditionnels qui les concernent. Le leitmotiv de beaucoup de ces interprétations locales est que ces êtres vivent sous la terre. Déjà Isbrand Ides, en 1718, note que "les Jakutes, Tunguses et Ostiaques, prétendent qu'ils ne sortent jamais du sein de la terre, sous laquelle ils vont de côté et d'autre. Ils disent même qu'on voit la terre s'élever et s'affaisser lors qu'ils sont en mouvement, de sorte qu'il s'y fait des fosses assez profondes". Une autre caractéristique de ces animaux souterrains est qu'ils ne supportent pas la lumière du jour. Toujours suivant Isbrand Ides, les indigènes "assurent, qu'ils meurent aussi tôt qu'ils découvrent la lumière, & qu'ils ne sortent de terre que par accident, ce qui fait qu'on en trouve de morts sur les rivages élevés, & qu'on en voit jamais en vie".

Les Chinois, et en particulier les Mandchous, voisins méridionaux des peuples sibériens, avaient des relations commerciales avec ces derniers, auxquels ils achetaient notamment de l'ivoire de mammouth. Ils importèrent aussi leurs croyances au sujet de cet animal. Une encyclopédie compilée sus l'égide de l’empereur Kangxi, de la dynastie mandchoue des Qing, qui régna de 1662 à 1723, donne des renseignements sur le xi shu, une sorte de rat pouvant peser l'équivalent de 5 tonnes. « Par la forme, il ressemble à l'éléphant, et ses défenses sont aussi semblables à celles de cet animal, bien que la couleur de l'ivoire soit jaunâtre. » On reconnaît là aisément le mammouth. Dans un exposé tendant à prouver que certaines affirmations apparemment peu crédibles trouvées dans les livres anciens peuvent être vraies, dû à l’empereur Kangxi lui-même, on trouve le passage suivant :

  • « Dans les régions du Nord, sous la couche de glace, on trouve un grand animal de la famille du rat, dont la chair pèse mille catties [environ 500 kg]. Son nom est fen shu [« rat souterrain »]. Il creuse des terriers sous la glace et meurt s'il voit la lumière du soleil ou de la lune. Maintenant, en Russie, près des rives de l'océan septentrional, il y a un shu [rat ou rongeur] ressemblant à l'éléphant, qui fait son chemin sous la terre, et qui meurt s'il est exposé à la lumière ou à l'air. Ses os ressemblent à l'ivoire, et ils sont utilisés par les indigènes pour fabriquer des coupes, des plateaux, des peignes et des épingles. Nous avons vu nous-mêmes ces instruments et avons ainsi été amenés à croire à la réalité de cette histoire. »

Un des livres anciens auxquels Kangxi faisait sans doute allusion, remontant au IIe siècle avant l'ère chrétienne, donnait déjà du fen shu une description assez similaire, ajoutant que sa chair était comestible, pouvait être séchée, et avait sur l'organisme un effet refroidissant. En outre sa fourrure servait à faire des tapis et son cuir des tambours. Ses poils avaient la propriété d'attirer les rats.

D'autres légendes circulaient chez les peuples sibériens au sujet du mammouth. L'ethnologue Waldemar Jochelson a ainsi recueilli au début du XXe siècle les croyances des Youkagirs de Sibérie orientale sur cet animal qu'ils appelaient le xolhut. Son ombre pouvait devenir l'esprit-gardien des shamans. Une légende concernait la disparition du mammouth, dont la création avait été une erreur de l'Esprit Supérieur, qui avait sous-estimé son poids et son appétit. Se nourrissant d'arbres, les mammouths avaient complètement détruit les forêts du nord de la Sibérie, laissant place à la toundra. Sous leur poids, la surface du globe, à l'origine lisse, se déforma, donnant naissance aux vallées et ravins occupés par les rivières. Dans les régions sablonneuses ou marécageuses, les mammouths s'enfonçaient dans le sol jusqu'à disparaître sous la terre, où ils gelaient en hiver. Ils finirent ainsi par disparaître, et c'est pourquoi on ne retrouve plus que leurs cadavres congelés. On voit que cette conception n'est pas très éloignée du processus par lequel on pense aujourd'hui que les carcasses de mammouths se sont conservées dans les sols gelés.

Chez les Tchouktches, Jochelson recueillit la légende déjà évoquée par Isbrand Ides, selon laquelle le mammouth est un animal souterrain. Si l'on en voit apparaître à la surface, il faut agir rapidement si l'on veut s'emparer de ses défenses, car elles rentrent spontanément dans la terre. Selon un récit, des Tchouktches ayant trouvé deux défenses émergeant du sol firent des incantations, à la suite de quoi le corps de l'animal apparut et ils purent s'en nourrir durant tout un hiver.

Mais pour beaucoup de peuplades sibériennes, la découverte d'un mammouth était un très mauvais présage. D'après un récit collecté par Jochelson, une famille de Toungouses campant au bord d'un lac découvrit un matin une paire de défenses de mammouth sortant de la glace. Terrifiés, ils s'enfuirent sur leurs rennes, mais au prochain campement tous moururent, à l'exception d'un petit garçon. Lorsqu'un chef toungouse nommé Choumachov découvrit un cadavre de mammouth à l'embouchure de la Lena en 1799, il en fut très effrayé mais finalement aida le naturaliste Adams à extraire le spécimen. Il fut ensuite atteint d'une grave affection nerveuse, les membres de sa tribu l'accusant d'avoir apporté malheur et maladie aux hommes et aux rennes en s'occupant de cette affaire.

Les Inuits de l'Alaska voyaient dans le mammouth un animal d'origine marine, appelé kilukpuk. Chassé de l'océan par un autre monstre marin, nommé aglu, kilukpuk se réfugia sur la terre ferme, mais à cause de son poids trop grand, il s'enfonça dans le sol, où il se mit à nager comme s'il était dans l'eau. Les mammouths, qui nagent ainsi dans la terre, viennent de temps en temps à la surface, comme le font les phoques pour respirer, mais ils deviennent de plus en plus rares, et on trouve surtout des cadavres échoués à la surface du sol.

Avec l'arrivée en Sibérie de populations russes orthodoxes et la christianisation de certaines peuplades indigènes, les croyances au sujet du mammouth se transformèrent. Dès la fin du XVIIe siècle, lors de son voyage en Sibérie, Isbrand Ides pouvait constater que « les Russiens, qui habitent depuis long-tems en Syberie, croyent que ces Mammuts sont des animaux semblables aux élephans, à la réserve qu'ils ont les dents plus crochus & plus serrées. Ils disent qu'il y en avoit en ce païs-là, avant le déluge, le climat y étant plus chaud qu'il n'est aujourd'hui, & que leurs corps entraînez par les eaux du déluge y furent ensevelis dans les entrailles de la terre, qu'ils y sont toujours restés depuis, & que la gelée, à laquelle ils ont été constamment exposés, les a empêchés de pourrir, & enfin, que le dégel les expose de tems en tems à la lumière, chose assez vrai-semblable. »

Le Déluge biblique a donc trouvé sa place dans les croyances concernant le mammouth chez les peuples de l'Arctique. Jochelson rapporte que selon les Youkagirs christianisés, Noé voulut faire monter dans son arche un couple de mammouths. Mais lorsque l'un d'entre eux posa ses pattes de devant sur l'embarcation, elle faillit chavirer. Terrifié, Noé écarta immédiatement l'arche, et c'est pourquoi les mammouths, n'y trouvant pas place, ont disparu.

Les Inits convertis au christianisme de l'île Herschel, dans la mer de Beaufort au nord du Yukon, au Canada, avaient une explication "biblique" un peu différente de la disparition des mammouths. Dieu ayant annoncé à Noé qu'il allait déclencher le Déluge en punition des péchés des hommes, celui-ci construisit son arche et y fit entrer un couple de chaque espèce animale. Mais les mammouths refusèrent, jugeant le Déluge peu probable et pensant que de toute façon ils avaient les pattes bien assez longues pour tenir leur tête hors de l'eau si l'inondation avait réellement lieu. Dieu, courroucé, les fit donc périr par noyade.

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Contes et légendes :


Dans Contes du grand nord, récits traditionnels de peuples inuits et indiens (Édition originale, 1990 ; traduction française : Éditions Albin Michel, collection Terre indienne, 2003) recueillis par Howard Norman, on peut lire deux contes relatifs aux mammouths :


Les chasseurs de mammouths

Esquimau de la Kobuk river


De temps à autre, des mammouths reviennent par ici. Une fois, un homme chassait près de la Salmon river. Il s'appelait Ataogoraachuak. Il chassait la marmotte dans les montagnes. Il ne portait pas de bottes ; il n'en portait jamais quand il chassait sur des terrains caillouteux. Il marchait pieds nus. A cette époque de l'année, les marmottes étaient bien grasses. En peu de temps Ataogoraachuak en avait attrapé deux et les avait mangées. Tandis qu'l était en haut de la montagne, le brouillard tomba. Il suivit un sentier et quand il regarda vers le bas de la vallée il vit un très gros animal qui marchait sans vraiment toucher terre, un peu comme s'il flottait. Il pouvait le voir respirer.

Ataogoraachuak se lança sur la piste de cet animal qui flottait au-dessus du sol, mais il s'aperçut que trois hommes le poursuivaient déjà. Ils étaient armés de lances et marchaient eux aussi sans toucher le sol. Deux d'entre eux montèrent aussitôt vers lui alors que le troisième continuait la poursuite. Ils dirent à Ataogoraachuak : "Notre compagnon va rattraper ce mammouth un peu plus loin.

- Je ne tiens pas à aller le voir."

Les deux hommes pensèrent qu'Ataogoraachuak était paresseux et ils offrirent de le dédommager s'il descendait avec eux. "Si tu viens voir ce mammouth, tu deviendras un grand chaman. Tu sauras toujours où les ours se cachent en hiver. Tu seras un grand prophète."

Mais Ataogoraachuak n'avait pas envie de descendre de la montagne. Il dit aux deux hommes : "Si vous arrivez à faire que je puisse couper le jade et le forer avec mon petit doigt, je vous suivrai."

A sa grande surprise, ils lui répondirent : "D'accord ! A partir de maintenant, tu pourras forer le jade avec ton petit doigt."

Ils descendirent donc le chemin tous les trois et arrivèrent bientôt près du mammouth. Il était étendu, mort, près d'un lac. C’était un animal énorme avec de longues défenses recourbées.

Les trois hommes qui marchaient sas toucher terre commencèrent à se partager le mammouth.

Ils dirent à Ataogoraachuak : "Va chercher du bois et allume un feu pour que nous puissions faire cuire un peu de viande."

Ataogoraachuak alla ramasser du joli bois bien sec et le mit en tas, mais quand il voulut l'allumer, on aurait cru du bois vert, et il refusa de brûler. Voyant que le bois ne brûlait pas, un des chasseurs ôta ses vêtements et marcha vers le lac. Il disparut sous l'eau et en ressortit bientôt en portant du bois. Il le mit en tas, l'alluma et le bois flamba comme s'il avait été arrosé de pétrole. Les trois chasseurs mangèrent et, aussitôt après, rangèrent la viande dans des sacs. Avant de partir, ils dirent à Ataogoraachuak : "Prends le chemin de ta maison et après avoir marché un moment, retourne-toi et regarde vers nous."

Ataogoraachuak s'éloigna donc et peu après se retourna vers les trois compagnons : ils étaient dans les airs. Ils marchaient en l'air, leur sac sur le dos !

En arrivant chez lui, Ataogoraachuak prit un morceau de jade et constate qu'il pouvait le couper et le forer avec son petit doigt. Tous les habitants de son village reconnurent alors qu'il était un grand chaman.

Ceux qui chassaient le gros animal aux longues défenses recourbées vivent dans les airs, à mi-chemin du ciel et de la terre. Ce sont des chamans de l'ancien temps, venus du passé. Quand il fait mauvais par ici, ils viennent chasser. Lorsque le temps est beau et clair, ils restent chez eux. Seuls les chamans peuvent les voir. Le nom de cet énorme animal aux longues défenses recourbées est kilyigvuk.

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Pourquoi les mammouths laineux décidèrent de se réfugier sous terre

Esquimau du Caribou


J'ai d'abord entendu parler de Noé à l'église, et plus tard, j'ai découvert ce qui s'était vraiment passé. Noé et sa famille souffraient de la faim. Quand ils arrivèrent dans le Nord, ils avaient déjà mangé tous les animaux qui se trouvaient sur leur bateau. La femme et le fils de Noé finirent par mourir. Resté seul, Noé se mit à la recherche d'autres animaux. Il avait mangé tous ceux qui étaient sur l'Arche. Le voyage avait été long, très long. A son arrivée, il découvrit quelques animaux du côté de la banquise. Cela se passait plus au nord, loin d'ici, là où vivent les morses. La Bible dit que deux animaux de chaque espèce montèrent sur le bateau, mais ce n'est pas exact. Là-bas, vers les glaces flottantes, plusieurs animaux de chaque espèce montèrent à bord. Des morses, des phoques, des goélands et d'autres oiseaux encore. Là d'où venait Noé tout le monde s’était noyé, mais là-haut, il y avait encore des Esquimaux. Ils ont vu l'Arche. Ils étaient curieux et se sont approchés. La vérité, c'est que Noé, ne savait pas quoi faire. Il ne savait même pas chasser et les Esquimaux ont dû lui apprendre deux ou trois choses. Il était incapable de faire venir à lui les animaux, et pourtant quelques-uns montèrent sur son bateau. Un jour, des hommes chassaient des éléphants laineux aux grandes défenses recourbées. Ils étaient sur le point d'en attraper un quand, poussé vers la mer, l'éléphant se jeta à l'eau, nagea et monta à bord de l'Arche, mais avec ses défenses, il transperça les flacs du bateau. Les Esquimaux mirent leurs kayaks à la mer et allèrent réparer les dégâts. Ceux qui poursuivaient l'éléphant firent donc les réparations, puis, il dirent à Noé : « En échange de notre aide, tu dois nous laisser cet éléphant. » Mais Noé répondit : « Non, j'en ai besoin ! Je vais le tuer et le manger. » Les hommes remontèrent dans leurs kayaks et rentrèrent chez eux. Ils ne permirent pas à l'Arche de jeter l'ancre devant leur village. Noé réussit à faire monter à bord des morses, et il eut donc largement de quoi manger pendant un moment. Mais l'hiver, la glace se referma autour de l'Arche. Le bateau était prisonnier, et Noé manqua bientôt de nourriture. Il avait mangé tous les morses. Il ne savait pas comment chasser les phoques quand ils viennent respirer à la surface, ni faire un trou dans la glace pour pêcher. Il se rendit jusqu'au village et mendia de quoi manger, mais les habitants le piquèrent avec leurs lances. Ils ne le transpercèrent pas ; ils se contentèrent de le repousser, et il partit. Un jour de mauvais temps, quelques chasseurs poursuivaient un éléphant. Ils étaient sur le point de le tuer quand l'animal heurta l'Arche. Ses défenses se plantèrent dans les flancs et il monta à bord. Les chasseurs dirent à Noé : « Il est à nous, nous en avons besoin ! - Non, il m'appartient ! Je vais le tuer », répondit Noé. Mais comme il se savait pas se servir correctement d'un lance, il rata l'animal. En voyant cela, l'éléphant quitta l'Arche et se réfugia sous terre car il ne voulait pas être tué par quelqu'un qui ne savait pas le faire convenablement Après cela les éléphants vécurent sous terre. Quand vint le dégel, l'Arche coula.

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