Étymologie :
Selon Bentenebi Yahi, Dounia Sabbab et Nacira Lemou, auteurs d'une Evaluation de l'effet de l'interaction miel-Cirsium dissectum sur l'activité antimicrobienne. 2018. (Thèse de doctorat. Université Ibn Khaldoun-Tiaret) :
L’appellation cirse vient du grec Kirsion ; nom d’un chardon employé pour lutter contre certaines varices et avec lequel il est fréquemment confondu. Ils se distinguent essentiellement par leurs Pappus (aigrettes de leurs fruits); les cirses ont un Pappus de poils plumeux alors que celui des chardons est formé de poils simples ou denticulés (Baillie et al. 2004).
Autres noms : Cirsium acaule - Cirse acaule -
Cirsium arvense - Chardon des champs - Chardon des vignes - Chardon du Canada - Chardon hémorroïdal - Cherdu - Cirse des champs - Échausside - Picot - Sarrette des champs -
Cirsium dissectum - Chardon des vignes - Chardon hémorroïdal - Cirse d'Angleterre - Ciste champêtre - Herbe aux varices - Sarette - Sarrète des champs -
Cirsium eriophorum - Chardon aux ânes - Chardon laineux - Cirse à tête laineuse - Cirse laineux -
Cirsium vulgare - Chardon lancéolé - Cirse à feuilles lancéolées - Cirse chevelu - Cirse commun - Piqueux -
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Botanique :
Bentenebi Yahi, Dounia Sabbab et Nacira Lemou, auteurs d'une Evaluation de l'effet de l'interaction miel-Cirsium dissectum sur l'activité antimicrobienne. (Thèse de doctorat, 2018, Université Ibn Khaldoun-Tiaret) proposent une description complète du cirse des champs :
Description : Le cirse des champs ou cirse est une souche rampante de 30 à 70 cm de haut à laquelle s’échappe une tige pubescente et rameuse vers la pointe. La tige est dressée, simple et creuse avec une consistance herbacée, à section ronde. Elle produit un liquide blanc en cas de section. Elles amènent comme fruit des akènes ovales, comprimés, avec une surface lisse et un sommet tronqué, présentant des aigrettes de poils blancs ou roux et renfermant de nombreuses graines, il est d’ailleurs à stipuler qu’un seul cirse peut produire dans l’année près de quatre à cinq mille graines (Preston et al. 2002).
Les feuilles sont simples et alternes. Elles sont profondément découpées, pétiolées (les dernières feuilles supérieures sont sessiles). Elles ont un limbe mince. Leur face supérieure est pubescente ou tomenteuse, leur face inférieure aranéeuse. Elles sont légèrement épineuses (Bures et al. 2004). Les fleurs sont regroupées en capitule, c'est-à-dire que ce qui paraît être une fleur unique est en réalité un amas de fleurs élémentaires, regroupées sur un plateau. Ces capitules sont isolés ou en groupe lâche (ou parfois par 2 - 3 en groupe dense). Dans un capitule, les fleurs sont toutes tubulées, violettes ou mauves. Le réceptacle porte des soies fibrilleuses. L'involucre (partie qui entoure la base des fleurs) est ovoïde, formé de bractées disposées irrégulièrement. Ces bractées sont appliquées sur les fleurs, puis sont réfléchies à maturité. Elles sont aranéeuses, lancéolées avec une extrémité pointue (Sell et Murrell. 2006).
Répartition géographique : Cirsum dissectum est une plante des plus communes en Europe et à travers le monde, puisqu’elle est considérée comme envahissante. Elle pousse à l’état sauvage dans les champs d’où son appellation de cirse des champs, mais aussi dans les terrains vagues et les prairies (DeVere, 2007a).
Elle se développe dans les prairies humides à tourbeuses sur substrat argileux à siliceux ainsi que dans les eaux acides. C. dissectum est de type ouest-européen, atteignant l’Allemagne au nord (Smith and Waldren, 2006). Elle peut se retrouver dans les sites ou il y a les eaux stagnantes durant l’Hiver (De Vere, 2007a). Cette plante se concentre dans les iles britanniques, au sud des pays de Galles et à l’ouest de l’Irlande. On la trouve dans les prairies semi-naturelles humides, pauvres en éléments nutritifs dans le nord-ouest de l'Europe (De Vere, 2007b). Toutefois, aucune donnée n’a été répertoriée sur la présence de cette plante au Nord de l’Afrique (Ait Abderrahim, 2018).
Maria Luisa Pignoli, autrice d'une thèse intitulée Les désignations des plantes sauvages dans les variétés arbëreshe (albanais d'Italie) : étude sémantique et motivationnelle. (Linguistique. COMUE Université Côte d'Azur (2015 - 2019) ; Università degli studi della Calabria, 2017. Français) ajoute quelques précisions :
Nom scientifique : Selon André, le premier élément de ce binôme scientifique lat. CIRSIUM dérive du gr. kr…ssion « plante qui guérit les varices » (gr. kirsÒj, kr…ssoj « varice ») (André, 2010 : 67) ; tandis que l’adjectif lat. ARVENSE dérive du lat. ARVUS, -A, -UM « labouré, cultivé, arable » (OLD : 179).
Description botanique : Le cirse est une plante qui peut s’élever sur plus d’un mètre ; les feuilles peuvent être blanchâtres en dessous ou vertes et glabres sur les deux faces, mais elles sont oblongues-lancéolées sur les bords ciliés-épineux. L’involucre est ovoïde et se termine par de petits capitules, avec la panicule corymbiforme où poussent des fleurs purpurines. La période de la floraison va de juillet à septembre (Pignatti, 1982, III : 158).
Analyse lexico-sémantique des désignations : Toutes les quatre formes lexicales représentent les résultats du nap. vammàcia ou vammàce « ouate » (NVDN : 819 ; NDDC : 750), auxquelles s’ajoute le suffixe diminutif nap. -ièllo ; les formes lexicales désignant le cirse chez les arbëreshë se réfèrent probablement toutes aux aigrettes dont sont munies les akènes et qui prennent la forme d’une petite pelote d’ouate.
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Vertus médicinales :
Bentenebi Yahi, Dounia Sabbab et Nacira Lemou, auteurs d'une Evaluation de l'effet de l'interaction miel-Cirsium dissectum sur l'activité antimicrobienne. (Thèse de doctorat, 2018, Université Ibn Khaldoun-Tiaret) rendent compte des propriétés thérapeutiques du Cirse des champs :
Propriétés et utilisations : Le cirse est une plante médicinale fort peu connue pour ses propriétés thérapeutiques, elle est surtout réputée comme herbe nuisible et envahissante. Le cirse est un remède des hémorroïdes d’ou le surnom qu’il lui fut donné de chardon hémorroïdal (De Vere, 2007b).
Autrefois, il servait à soigner les maladies buccales. Il possède des propriétés astringentes, emménagogues, diurétiques, émétiques et toniques (Matthies et al. 2004). En effet, les Chippewas, peuple indien d’Amérique, ont utilisé dans leur pharmacopée traditionnelle le cirse des champs comme tonique, diurétique et astringent. Ils prescrivaient sa racine en infusion pour soigner les maladies buccales (Vergeer et al. 2004).
Le cirse des champs ou cirse comprend des jeunes pousses et racines qui servirent il y a des siècles pour un usage alimentaire. De plus cette plante est, parait-il, une excellente productrice de miel (Jansen et al. 1992). Les graines du cirse sont un met de choix pour de nombreux oiseaux (Vergeer et al. 2004) .
Selon Paolo Maria Guarrera, auteur d'un article intitulé "Notes sur la médecine populaire en Italie." (Ethnopharmacologia, n°67, 2022/2) :
Le jus des parties aériennes de Cirsium arvense (L.) Scop. était appliqué sur les blessures dans les Abruzzes et les Marches (Guarrera, 1981 ; 1990 ; 2006), un usage non mentionné dans la littérature. Une activité antibiotique a aussi été décrite pour cette plante (taraxastérol, quercétine, apigénine, kaempférol) (Gastaldo et al., 1978 ; Guarrera & Leporatti, 2007).
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Alain Bonjean signe un article intitulé "Le cirse des champs, cauchemar du paysan !" (Orcines, le 22 avril 2024, sur le site Les Chroniques du végétal) dans lequel il récapitule les propriétés des cirses :
C’est une plante médicinale classique. La racine est tonique, diurétique, astringente, antiphlogistique et hépatique. Historiquement, elle a été mâchée contre les rages de dents. La partie aérienne du cirse des champs possède des propriétés émétiques et emménagogue. Les feuilles sont antiphlogistiques : elles provoquent une inflammation et ont des propriétés irritantes.
A noter plus largement que les espèces du genre Cirsium sont utilisées comme médecine traditionnelle chinoise depuis des centaines d’années. On pense en Extrême-Orient que celles-ci ont la capacité de de refroidir le sang et d’arrêter les saignements, de dissiper la stase sanguine, de détoxifier et d’éliminer le carboncle (inflammation nécrosante de la peau). Actuellement, elles sont principalement utilisées dans le traitement de l’hémoptysie, de l’hématémèse, de l’hémoptysie, de l’hématurie, du saignement traumatique et du purpura de Henoch-Schonlein.
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Usages traditionnels :
Dans le Glossaire botanique languedocien, français, latin de l'arrondissement de Saint-Pons (Hérault) : précédé d'une étude du dialecte languedocien. (Imprimerie centrale du midi, Ricateau, Hamelin, 1873) Merlchior Barthés relate un usage alimentaire d'une variété de cirse :
CARDOÙ D'ASE. (Du latin cardo, carduus et asinus) Chardon aux ânes, Cirse à tête laineuse. Cirsium eriophorum Scop. Cynarocéphales. On peut manger le réceptacle (?) Malgré notre siècle de progrès, quelle immense consommation pourrait encore être faite de ce Chardon aux ânes !
Raivo Kalle, Mare Mätas, Andrea Pieroni, et al., auteurs de "Changements dans l’usage des plantes lors des rituels et des jours de fête sur l’île de Kihnu." (Études finno-ougriennes, 2022, no 54, pp. 101-135) établit un lien entre le cirse et saint Barthélémy :
Parmi les autres fêtes estivales où interviennent les plantes, Paul Ariste mentionne encore la Saint-Barthélemy, pärtlipäev (le 24 août), jour où l’on détruit les mauvaises herbes sur les champs : « Pour la Saint-Barthélemy, on se débarrassait du chiendent commun [Elymus repens (L.) Gould]. On le brûlait sur les champs. On ajoutait les cirses [Cirsium spp.] et tous les rebuts et on leur mettait le feu ».
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Dans un article intitulé "Le cirse des champs, cauchemar du paysan !" (Orcines, le 22 avril 2024, sur le site Les Chroniques du végétal) Alain Bonjean précise les vertus alimentaires des Cirses ainsi que leur rôle écologique :
- Même si peu de gens la cueillent encore, la racine cuite de première année, quoique fade, est comestible. Les jeunes tiges pelées et cuites comme les asperges sont également consommables. Leur saveur est à la fois sucrée et salée, un peu voisine de celle de l’artichaut. Les feuilles sont également utilisables pour coaguler le lait. La graine contient environ 22% d’huile alimentaire.
– Le cirse des champs est un bio-indicateur des sols basiques riches à excédentaires en matière organique et/ou en nitrates, de la présence de calcium ou de calcaire actif (pH > 7) et du compactage des sols par battage ou tassement (machines, piétinement).
– Elle joue un rôle de protection de la biodiversité. Elle possède notamment un cortège entomologique très riche et ses graines sont apprécies de nombres de petits oiseaux. Ce cirse jouerait ainsi un rôle dans l’existence de de plus de 80 espèces animales.
Symbolisme :
Dans un article intitulé "Le chardon, la fleur nationale de l’Écosse" (disponible sur le site VisitScotland, on apprend que le symbole de l'Écosse est peut-être un cirse :
Le chardon, la fleur nationale de l’Écosse : Avec le tartan, rien ne symbolise davantage l’Écosse que cette herbe à la fleur violette. Mais comment le chardon est-il devenu le fier emblème d’une nation tout entière ?
Des origines mystérieuses : À vrai dire, personne ne sait exactement comment le chardon à fleurs violettes a acquis une telle importance en Écosse. Selon une légende, un groupe de guerriers écossais endormis aurait été sauvé d’une embuscade scandinave ennemie lorsque l’un des ennemis marcha sur un chardon. Son cri de douleur aurait alors réveillé les guerriers assoupis, qui ont vaincu l’envahisseur et adopté le chardon comme symbole national.
Bien sûr, il n’y a pas la moindre preuve à l’appui de ce récit, mais c’est en tout cas une belle histoire !
Il y en a plus d’un : L’Écosse abrite non pas une, mais plusieurs variétés de chardons, certaines indigènes, et personne ne sait exactement lequel est le véritable symbole de l’Écosse. S’agit-il du cirse commun ou du chardon penché ? Ou peut-être est-ce le cirse à feuilles variables ? Et qu’en est-il du chardon aux ânes ?
Duquel s’agit-il ? Votre avis vaut autant que le nôtre !
Une source d’inspiration poétique : Oubliez A Red, Red Rose, l’ode à l’amour de Robert Burns. Le chardon est à l’origine de l’un des poèmes les plus beaux et les plus influents de la littérature écossaise, A Drunk Man Looks at the Thistle (« un homme ivre regarde le Chardon ») de Hugh MacDiarmid, un poème épique composé en 1926 et inspiré qui aborde tous les sujets, de l’état de la nation aux mystères de l’univers en passant par la joie merveilleuse qu’offre le whisky au protagoniste du poème.
Badge d’honneur : Le chardon est un symbole important de l’héraldique écossaise depuis plus de 500 ans. Il représente également l’une des plus hautes distinctions que l’Écosse puisse décerner à un individu. Fondé par Jacques VII & II en 1687, le « Très Ancien et Très Noble Ordre du Chardon » (The Most Ancient and Most Noble Order of the Thistle) est un ordre de chevalerie qui est décerné à ceux qui ont apporté une contribution exceptionnelle à la vie de l’Écosse et du Royaume-Uni. Seule Sa Majesté le Roi investit les personnes dans l’Ordre du Chardon, qui est le deuxième ordre de préséance après l’Ordre très noble de la Jarretière.
Une plante omniprésente : Les chardons ne se trouvent pas seulement dans les jardins, les parcs et la campagne. Gardez l’œil ouvert et vous verrez cet emblème apparaître partout en Écosse. Du maillot de l’équipe internationale de rugby et des clubs de football d’Écosse aux entreprises locales et aux grandes organisations et sociétés, en passant par les uniformes des officiers de police, essayez d’en repérer le plus grand nombre quand vous serez en Écosse.
Le saviez-vous ?
Le chardon apparaît pour la première fois comme symbole royal sur des pièces d'argent émises par le roi Jacques III en 1470.
La devise latine de l’Ordre du Chardon est Nemo me impune lacessit, ce qui signifie « personne ne m’attaque impunément ».
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Selon le site Picture This, le Cirse des champs renvoie à la symbolique suivante :
Symbolique : Résistance - Protection - Rupture hexagonale.
Faits Intéressants : En 2016, une étude en Grande-Bretagne a montré que cirse des champs était l'une des fleurs produisant le plus de nectar, en faisant une source de nourriture prisée pour les pollinisateurs. Ses graines sont une nourriture pour les chardonnerets. Cependant, malgré ses avantages pour les oiseaux et les insectes, cette plante est hautement invasive et difficile à contrôler.
Contes et légendes :
Galina Kabakova, autrice de D'un conte l'autre. (© Flies France, 2018) étudie un conte dans lequel le Cirse des champs dévoile sa principale vertu médicinale :
Le deuxième motif qui aboutit au mutisme est lié à la faculté des plantes de dévoiler des secrets. Ces secrets sont de nature différente dans le corpus étiologique et dans les contes merveilleux. À la différence des animaux, qui dévoilent toutes sortes de mystères, les plantes dans les récits étiologiques nomment leurs propriétés médicinales.
Au début, toutes les plantes parlaient. Quand un homme marchait dans la forêt, les arbres discutaient avec lui et quand il marchait dans la prairie, chaque herbe lui disait à quoi elle était bonne. Alors que les plantes parlaient des maladies qu’elles guérissaient, le cirse des champs dit : « Je guéris la diarrhée. »
Et c’est la méchanceté de ses compères qui va causer leur déchéance : « Toutes les plantes se moquèrent de lui. Dieu les entendit, se mit en colère, et leur enleva la parole » (Šmitek 2013 : 148). On peut supposer que l’hilarité des plantes médicinales soit provoquée par l’incongruité, voire l’indécence de cette maladie qui ne pouvait exister dans le monde parfait d’origine. Comme souvent dans les mythes, le rire rompt l’unicité du monde et détruit sa perfection initiale.
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