Étymologie :
CANÉFICIER, subst. masc.
Étymol. et Hist. 1647 canéficier (Relation de l'isle de la Guadelouppe, f. 14rods Arv., p. 138) ; 1752 caneficier (Trév. Suppl.). Dér. de canéfice « casse » (suff. -ier*), empr. à l'esp. cañafístula « id. ».
CASSE, subst. fém..
Étymol. et Hist. 1256 cassee « fruit du cassier » (Aldebrant de Sienne, 52, ds Quem. : Ki vient le melancolie purgier [...] si convient destremper demie once de cassee et demie once de dyasené laxatif) − 1365 cassie (Psaut. de Metz ds Quem.); repris au xive s. (av. 1382) sous la forme régr. casse (Raoul de Presles, Bible, fo422 vods Berger, Bible au moyen âge, p. 251). Empr. au lat. cassia « plante aromatique, arbre à cannelle », var. de casia, attestée en b. lat. (TLL s.v., 514, 58 sq.) lui-même empr. au gr. κ α σ ι ́ α, κ α σ σ ι ́ α désignant la plante.
Lire aussi la définition des noms canéficier et casse afin d'amorcer la réflexion symbolique.
Autres noms : Cassia fistula - Arbre de pluie dorée - Averse dorée - Canéficier - Canéfier - Cytise indien - Douche d'or - Faux caroubier - Faux séné -
Cassia lignea - Cannelier de Chine -
Cassia obtusifolia - Casse fétide -
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Botanique :
Vertus médicinales :
A. B., auteur discret de Les Vertus des plantes - 918 espèces (Tours, 1906) recense les propriétés thérapeutiques d'un grand nombre de plantes :
Casse, 15 à 60 grammes. La casse est une silique longue, ronde, cylindrique.
VERTUS : C'est un purgatif adoucissant, très peu échauffant, mais sujet à donner des vents ; on en tire une pulpe qui, mêlée au sirop de violettes, à la consistance d'extraits, fait la casse cuite très agréable au goût ; on en prend, pour tenir le ventre libre. Elle entre dans la confection Hamec, le lénitif fin, l'électuaire universel qui sont des purgatifs très doux.
Mickaël Welfringer, auteur d'une thèse intitulée La Thériaque : analyse d'un contrepoison de l'Antiquité et héritage dans la pharmacie d'officine d'aujourd'hui (Université de Lorraine, 2017) mentionne l'usage du Cannelier de Chine dans la Thériaque :
Cassia lignea, Cinnamomum aromaticum Nees ou le cannelier de Chine est un arbre de la famille des Lauracées qui partage beaucoup de similitude avec la cannelle, on l’appelle même fausse cannelle. Comme celle-ci on utilise l’écorce fortement aromatique et piquante dans toute préparation. La différence se faisait en mâchant cette écorce qui devient gluante contrairement à la cannelle. Cassia lignea était utilisé comme fortifiant. (Charas, 1685) (Rigaud, Barthe, & Bouttes, 1689).
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Usages traditionnels :
Kevin Yvars dans son mémoire pour l'obtention du D.U. en Ethnobotanique Appliquée (Université de Lille, Faculté des Sciences Pharmaceutiques et Biologiques, 2019) intitulé Etude sur l’utilisation traditionnelle des plantes en pays Dagara liste les usages de différents casses :
Cassia obtusifolia : Casse fétide
Culinaire : Feuilles bouillies entrant dans la composition d’une sauce à base d’Arachis hypogaea.
Agricole : Graines volontairement semées durant l’hivernage, août, septembre.
Cassia sieberiana :
Usage médicinal :
- Pour soulager les maux de ventre, les racines sont réduites en poudre et macérées à froid dans de l’eau aigre ou dolo pendant 24h. Même procédé de macération lorsque les symptômes sont les yeux jaunes annonçant la jaunisse.
- Le fruit calciné, réduit en cendre et mélangé à du beurre de karité est une pommade conseillée aux femmes allaitantes ayant les seins douloureux.
Cultuel : Le fruit est entouré d’un caractère magico-religieux. Il est fortement redouté que la longue gousse soit en contact avec les genoux ou les coudes d’un individu, au risque que cela lui soit fatal.
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Symbolisme :
Selon le site Thaïlande Guide :
Sa fleur est la fleur nationale de la Thaïlande et symbolise la royauté Thaïe. On retrouve d'ailleurs la trace de la royauté dans son nom : ratchapreuk (Ratcha - ราช - signifiant royal et Preuk - พฤกษ์ : plante).
Mythes et légendes :
D'après Angelo de Gubernatis, auteur de La Mythologie des plantes ou les légendes du règne végétal, tome 2 (C. Reinwald Libraire-Éditeur, Paris, 1882),
CASSE (Cassia latifolia, cf. tome I, Arbres sacrés). — Les anciens pensaient que la Casse et le Cinnamome (cf.) se cueillaient dans le même endroit, c’est-à-dire en Orient, tout près du nid du Phœnix (le soleil, l’oiseau de l’aurore). D’après cette indication, l’arbre de la casse devrait être rangé au nombre des arbres solaires. L’uranographie chinoise de Schlegel nous le représente cependant comme un arbre lunaire. Les anciennes broderies chinoises figurent la lune avec un lièvre qui broie des herbes médicinales dans un mortier, sous un arbre de casse. Schlegel ajoute : « La Casse avait une analogie avec la lune, toutes les fleurs ayant cinq feuilles (?) tandis que la fleur de Casse n’en a que quatre, qui sont de couleur métallique, élément affecté à l’occident, région où la lune semble se lever. De plus, les fleurs de Casse s’ouvrent en automne, époque où l’on offrait le sacrifice à la lune. La Casso avait quatre phases d’existence, comme la lune. Dans le Fou-Kien, dit un auteur chinois, la Casse fleurit pendant la septième lune (août) ; à la quatrième lune (mai), sa floraison cesse. Pendant la cinquième et sixième lune (juin et juillet), ses boutons poussent, et après que les boutons sont éclos en feuilles, elle porte encore des fleurs. On connaît l’usage de la Casse dans la thérapeutique ; aussi la Casse du Kiang-nan est-elle considérée comme le premier de tous les médicaments. Le philosophe Tchoang-Tsze dit : « La Casse peut se manger ; c’est pour cela qu’on l’abat. » Voilà la raison de la légende chinoise, qui place dans le disque de la lune un arbre de Casse, au pied duquel est un homme qui l’abat continuellement. Le nom de cet homme est Wou, son petit nom Kang, et il est natif de Si-ho (dans la province de Chansi). En se faisant instruire par un génie, il commit une faute, pour laquelle il fut condamné par celui-ci à couper l’arbre de Casse. On nomme conséquemment la lune Kueïlun (le disque de Casse), ou Tan-lun (le disque de [casse] rouge) ». — M. Rousselet nous donne une description de la Casse indienne, dont les fleurs, dit-il, « ont la manne céleste de la jungle, et leur plus ou moins grande abondance amène la prospérité ou la misère dans tout le pays ». Les Indiens mangent la fleur de casse toute fraîche, et en font usage dans leurs mets. On la sèche aussi pour en faire de la farine. « Par la fermentation, dit Rousselet, la fleur du mhowah (la casse) produit un vin d’un goût agréable, mais qui doit être bu frais ; si on le distille, on en obtient une eau-de-vie, forte, que les Indiens considèrent comme la plus précieuse production de l’arbre, et qui, avec l’âge, peut se comparer au bon whisky d’Écosse. On retire encore du résidu des fleurs un bon vinaigre. » Le fruit, semblable à des amandes, est employé dans les gâteaux, et on en tire une huile de cuisine. Avec l’écorce de la Casse, on fait des cordes ; avec le bois on bâtit des huttes, parce que le bois n’est pas sujet à la vermoulure. « On ne sera donc point étonné, ajoute M. Rousselet, d’apprendre que, dans les Windhyas et les Aravalis, il est considéré par les habitants à l’égal de la divinité. C’est à lui que Gounds, Bhils, Mhairs et Minao doivent leur existence ; c’est sous ses ombrages qu’ils tiennent leurs assemblées et célèbrent les grandes époques de leur vie ; c’est à ses branches qu’ils suspendent leurs grossiers ex-voto, fers de lance et socs de charrue ; c’est entre ses racines qu’ils étalent ces mystérieux cercles de cailloux qui leur tiennent lieu d’idoles. Aussi, combattent-ils en désespérés pour la défense de leurs mhowah, car les Hindous, ne sachant quelles représailles exercer contre ces insaisissables sauvages, s’en prennent à leurs arbres et les abattent. »
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Littérature :
Dans Le Malade imaginaire (1673) Molière cite plusieurs fois le Casse comme remède utilisé par Argan :
Acte I, Scène 1 : Argan
[...] Dix, quinze, seize, et dix-sept sols six deniers. « Plus, du vingt-cinquième, une bonne médecine purgative et corroborative, composée de casse récente avec séné levantin, et autres, suivant l’ordonnance de monsieur Purgon, pour expulser et évacuer la bile de monsieur, quatre livres. »
Acte III, Scène 1
Béralde. Hé bien ! mon frère, qu’en dites-vous ? Cela ne vaut-il pas bien une prise de casse ?
Toinette. Hom ! de bonne casse est bonne.
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