Le Butome
- Anne
- 6 févr.
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Dernière mise à jour : 9 févr.
Étymologie :
Étymol. et Hist. [1694, Tournefort, Elemens de bot., Paris, p. 235 : Butomus. Je me sers de ce nom avec Cesalpin pour exprimer un genre de plante, dont la fleur ... est à plusieurs feuilles disposées en rose ... Je ne connois qu'une espece de Jonc fleuri. Butomus Casalp.] ; 1783 butome (Encyclop. méthod. d'apr. DG). Empr. au b. lat. butomos, -i (Itala, Iob, 40, 16 dans TLL s.v., 2260, 22). Le lat. est la transcription du gr. β ο υ ́ τ ο μ ο ς (Théophraste, Hist. des plantes, 1, 10, 5 dans Bailly) littéralement « qui coupe la langue des bœufs » en raison des feuilles coupantes du jonc fleuri (André Bot.).
Lire également la définition du nom butome afin d'amorcer la réflexion symbolique.
Autres noms : Butomus umbellatus - Butome en ombelle - Carélé - Glaïeul d'eau - Jonc fleuri -
Botanique :
Gérard Guillot, auteur d'un article sur le Jonc fleuri paru sur son site (© 2025 Zoom Nature) évoque le lien entre la plante et le chiffre 3 :
De la touffe de feuilles émergent de longues tiges florales nues cylindriques et robustes (jusqu’à 1,50m) ; elles sont remplies à l’intérieur d’espaces aérifères, ce qui leur donne un aspect interne spongieux, dispositif classique chez de nombreuses plantes aquatiques, et elles renferment de nombreuses micro-baguettes cristallines. Chaque tige florale (hampe ou scape) se termine par une ombelle très étalée de 15 à 30 fleurs, voire jusqu’à 50, d’un beau rose soutenu. Chaque rayon de l’ombelle correspond au long pédoncule d’une fleur ; il s’agit donc d’une ombelle simple. Trois petites feuilles (bractées) sous-tendent la base de l’ensemble des rayons comme un involucre. Si le vocabulaire utilisé ici rappelle celui concernant les ombellifères ou apiacées [...], cette plante n’a strictement rien à voir avec cette famille. D’ailleurs, au moment de l’initiation de cette ombelle, à l’aisselle de chacune des trois bractées basales se forme un massif cellulaire indifférencié (méristème) qui engendre sa propre partie de l’ombelle qui a donc une origine triple inhabituelle.
Multiples de 3 : Le chiffre 3 évoqué ci-dessus se retrouve dans tous les détails de la structure de ces belles fleurs d’un diamètre de 2 à 3cm. En partant de l’extérieur, on a deux cercles successifs de trois pièces florales (le périanthe) d’un très beau rose mais sensiblement différentes : le cercle externe qui correspond au calice aux trois pièces plus courtes parfois teintées de verdâtre à leur extrémité puis le cercle interne, équivalent de la corolle de trois pièces d’un rose plus vif et veinées de foncé. Cette structure est typique du groupe des Monocotylédones dans lequel s’insère la famille du butome (voir ci-dessous) et en fait la distinction calice/corolle n’a plus guère de sens : on parle de tépales pour désigner ces six pièces ressemblant à des pétales (pétaloïdes).
Viennent ensuite les neuf étamines disposées en deux cercles (verticilles) successifs : un de six puis un de trois. Portées sur des filaments aplatis, les anthères frappent par leur couleur rouge foncé qui contraste sur le fond rose de la fleur. Elles s’ouvrent par des fentes latérales et libèrent un pollen jaune avant de faner.
Enfin, tout au centre, viennent les pistils au nombre de six en un seul cercle : le gynécée ; ils sont libres mais serrés, adhérant à leurs bases par des poils entremêlés. Chaque pistil comporte un ovaire à une loge renfermant de nombreux ovules, un style un peu arqué qui se prolonge en un stigmate devenant jaune quand il est réceptif au pollen et ressemblant alors aux anthères ouvertes ! A la base des pistils se trouvent des glandes (nectaires) qui produisent un abondant nectar libéré pendant toute la floraison.
Vertus médicinales :
Henri Ferdinand Van Heurck et Victor Guibert, auteurs d'une Flore médicale belge. (Fonteyn, 1864) nous apprennent les propriétés thérapeutiques du Jonc fleuri :
Propriétés Physiques et Usages médicaux — La racine de cette plante est un peu âcre ; elle perd son âcreté par la cuisson ; on la mange en Sibérie. Les feuilles sont aussi un peu âcres ; on les dit apéritives, sudorifiques et utiles dans les obstructions (J. Monti). La décoction des feuilles (30 grammes pour un kilogramme d'eau) a été trouvée diurétique par Cazin. Autrefois, on vantait la racine et les semences de cette plante contre les morsures des serpents (Lémery).
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Usages traditionnels :
François Couplan, auteur d'un ouvrage intitulé Le régal végétal : plantes sauvages comestibles (Editions Ellebore, 2009) mentionne la comestibilité du butome :
Butomus ombellatus - Butome en ombelle, jonc fleuri
(Nom grec de la plante ou d'un Carex - boutomos - de bous, bœuf, temno, couper : les feuilles coupent la bouche des bœufs).
Presque toute l'Europe.
Parfois cultivée comme plante d'ornement aquatique.
Le rhizome charnu est comestible après cuisson. On pourrait le manger cru, frais mais il est très mucilagineux.
En Bosnie, on en faisait récemment des bouillies et des galettes. On l'a également consommé en Norvège, ainsi qu'en Asie.
La plante est protégée et ne doit pas être récoltée.
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Symbolisme :
Selon Charles Morren, auteur de Les femmes et les fleurs. (Éditions H. Dessain, 1838) :
Partout l'antiquité nous montre les fleurs associées aux femmes, les images des unes éveillant le souvenir des autres, des déesses présidant aux grands phénomènes de la vie végétale. Faut-il s'étonner après cela de voir des espèce de plantes consacrées plus spécialement aux cultes de ces divinités ?
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et croirait-on que le jonc fleuri, le Butome ombelle, qu'on remarque en été aux bords de la Meuse, était la fleur consacrée par excellence à la déesse des fleurs, à Flore ou à Chloris.
Maurice-Pillard Verneuil, auteur d'un Dictionnaire des Symboles, Emblèmes et Attributs (Henri Laurens, 1897) propose deux entrées Butome et Jonc fleuri, qui renvoient toutes deux aux mêmes notices :
Au mot placé à son ordre alphabétique on trouve : 1. L'idée qu'il symbolise ; 2. La liste des choses qui peuvent le symboliser.
[...]
BUTOME en ombelle ou jonc fleuri. jolie fleur rose poussant dans les endroits humides.
Voir 1° Eau - 2° Vous m'attirez.
EAU. VÉGÉTAUX . 1° Jonc qui pousse dans les lieux humides. - 2° Roseau qui croît dans les cours d'eau.
ANIMAUX. - 1° Canard - 2° Cygne, oiseaux qui vivent dans l'eau. - 3° Poissons. - 4° Sirène, être fabuleux moitié femme et moitié poisson qui vit dans la mer.
DIVERS. 1° Barque pour naviguer. - 2° Bleu, couleur de l'eau. - 3° Rame. - 4° Urne dont l'eau coule, et qui sert à symboliser les sources.
VOUS M'ATTIREZ. Jonc fleuri ou butome en ombelle.
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Gérard Guillot, auteur d'un article sur le Jonc fleuri paru sur son site (© 2025 Zoom Nature) évoque un lien inattendu entre le Butome en ombelle et un oiseau des marais :
Quant au bœuf, outre le fait que les bovins peuvent brouter ces plantes, on peut aussi le relier à un autre nom d’un oiseau des marais, un héron nocturne, le butor étoilé : son chant ressemble à un mugissement profond et lui a valu le surnom de bœuf des marais. D’où le rapprochement phonétique de ces deux noms : de quoi composer une fable intitulée Le butor et le butome !