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La Scabieuse




Étymologie :

  • SCABIEUSE, subst. fém.

Étymol. et Hist. xiiie s. scabiose (Simples médecines, 1096, éd. P. Dorveaux, p. 187) ; 1314 scabieuse (Henri de Mondeville, Chirurgie, 2068, éd. A. Bos, t. 2, p. 179). Empr. au lat. médiév. scabiosa « scabieuse » (1250 d'apr. Latham), subst. fém. tiré du lat. scabiosus « galeux » (dér. de scabies « gale »), cette plante ayant été utilisée comme remède contre la gale. Voir FEW t. 11, p. 263a.


Lire également la définition du nom Scabieuse afin d'amorcer la réflexion symbolique.


Autres noms : Scabiosa ; Fleur de veuve ; Herbe à la gale ; Herbe à la vérette (variole) ; Herbe saint Gall ; Herbe saint Méen ;

Scabiosa succisa : Bonnet bleu ; Boussole ; Bouton de culotte ; Bouton de guêtre ; Caboche ; Contrine ; Crasse-glène ; Fleur de veuve ; Gabieuse ; Gra-mouton ; Herbe à la corneille ; Herbe à la veuve ; Hérisson ; Marie-Louise ; Massuotte ; Mirliton ; Oreilles de biche ; Oreille de brebis ; Oreille de chèvre ; Oreille de lièvre ; Patte d'oie ; Pied de corneille ; Pô d'âne ; Pousserole ; Sabine ; Scabiouse ; Scabotte ; Scorpieuse ; Tétar ; Tête bleue ; Tête d'alouette ; Tête de chat ; Tête de corneille ; Tête de linotte ; Tête de loup ;

Cephalaria alpina ; Scabieuse des Alpes ;

Knautia arvensis L. ; Herbe de la Saint Michel ; Knautie des champs ; Langue de vache ; Mirliton ; Mort du Diable ; Mors du Diable ; Oreille d'âne ; Oreille de lièvre ; Scabieuse des champs

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Botanique :


J'ai reconnu une Scabieuse bien plus élevée et ben plus globuleuse que les Scabieuses dont les champs sont émaillés depuis plusieurs mois. Cette Scabieuse, scabiosa succisa, est essentiellement celle qu'on surnomme morsus diaboli, morsure du diable, parce que sa racine est plus sensiblement tronquée, et en quelque sorte mordue.

Ses tiges sont très hautes, presque nues, et ses rameaux très espacés, toujours disposés deux à deux, s'élèvent moins que la tige qui les porte. C'est à leur naissance que l'on distingue deux feuilles étroites, d'un solide tissu, plissées au milieu, et velues légèrement. Ces feuilles embrassent la tige, et se joignent à leur base.

Les feuilles principales se trouvent à la base de la tige droite, ronde et âpre au toucher.

Ces feuilles sont oblongues, velues sur les deux faces, et un peu rude sous la main ; leurs bords sont unis et leur base est étroite, comme le seroit un pétiole. Une sorte de faine assez courte, attache et réunit les deux feuilles opposées. Les intervalles qui se trouvent entre elles sont toujours plus considérables ; et enfin l'on ne distingue plus de feuille. La tige devient rameuse vers les deux tiers de sa hauteur.

Vous vous rappelez que dans la Scabieuse des Champs, les feuilles aussi, presque toutes radicales, sont pinnatifides, c'est-à-dire, découpées comme si elles étoient ailées.

Les fleurettes qui composent la tête de la Scabieuse des champs sont ordinairement inégales. Le rang extérieur est composé de fleurettes plus grandes. La surface universelle est presque plane ; ici les fleurettes sont égales, et leur agrégation est vraiment globuleuse. Les quatre divisions de leur corolle azurée sont arrondies. La division inférieure est un peu plus étendue, un peu plus élevée que les autres ; elle sert de couverture au bouton avant qu'il soit développé, et se replie alors sur les trois autres divisions. Les quatre étamines gris de lin, soutiennent aux quatre angles les anthères violettes, et quelquefois presque roses, disposées comme de petites poutres. Le pistil gris de lin et son stigmate sphérique sont au centre; Le calice de chaque fleurette est terminé par quatre pointes imperceptibles ; il a quatre contreforts très légers ; la graine est couronnée de quatre filaments noirâtres. Le calice qui lui sert d'étui, persiste avec la graine sur le réceptacle commun.

Le calice commun est en étoile et composé de deux rangs d'écailles terminées en pointe et aplaties. Les cinq écailles du premier rang sont gibbeuses ou gonflées à leur base. Chaque fleurette a de plus une bractée particulière, semblable aux écailles du calice commun. Les fleurs inférieures n'ont point de bractées. Les folioles du calice leur en tiennent lieu.

La Scabieuse des Champs proprement dite, n'a point de bractées entre ses petites fleurettes ; et les corolles de ses fleurettes ont le plus ordinairement cinq divisions.

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Utilisations traditionnelles :


Alfred Chabert dans De l'emploi populaire des plantes sauvages en Savoie (in Bulletin de l'Herbier Boissier, Vol. III, nʻ5-6-7, sous la direction de Eugène Autran, Genève, 1895) évoque ainsi la Scabieuse :


Une autre plante, employée dans un but très utile, est celle qui sert d'appât pour attirer les taupes dans les pièges ; les taupiers la tiennent fort secrète, par crainte de la concurrence. M. Songeon a eu l'occasion d'en examiner une ; il croti que c'est le rhizome d'une scabieuse assez commune dans les prés humides, le Succisa pratensis.




Spagyrie :


Voici la fiche proposée par Viviane Le Moullec dans Élixirs floraux de Viviane à faire soi-même (Éditions du Dauphin, 1997, 2020) :


Mot clef : Soutient votre courage dans la tempête


Qui est la Scabieuse ? Il en existe une demi-douzaine de variétés. La Scabieuse balance ses petites têtes rondes et bleues dans le vent. Elle peut être toute petite (25 cm) ou devenir une géante de 70 cm.

Avec quoi réaliser votre élixir ? Vous pouvez préparer deux élixirs :

  • toute la partie aérienne de la plante quand le physique a été atteint ;

  • la fleur pour retrouver un environnement paisible et sûr.

Utilisation traditionnelle : Très employée au Moyen-Âge, la Scabieuse améliore les affections cutanées. Elle est aussi une alliée contre l peste t la syphilis. Ce n'est pas parce qu'elle est oubliée aujourd'hui qu'elle a perdu de son efficacité !


Aide alchimique : La Scabieuse est entrée en contact avec un alchimiste au moment où sa vie ressemble à ce qui reste d'une maison quand un cyclone lui est passé dessus.

La Scabieuse a précisé que son action atteignait une plus grande efficacité dans des ambiances orageuses. Par conséquent, si on doit affronter des colères vraiment volcaniques ou des changements très rapides, avec des ruptures de rythme, effectués dans une atmosphère survoltée, la Scabieuse aidera à faire face à ces dures circonstances.

Cette plante ne se borne pas à apporter son aide lors de circonstances négatives. Il est d'autres ambiances qui sont naturellement comme cela, constamment survoltées. C'est le cas de la presse et du monde du spectacle.

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Symbolisme :


Dans Les Fleurs naturelles : traité sur l'art de composer les couronnes, les parures, les bouquets, etc., de tous genres pour bals et soirées suivi du langage des fleurs (Auto-édition, Paris, 1847) Jules Lachaume établit les correspondances entre les fleurs et les sentiments humains :


Scabieuse - Fleur des veuves.

Sa fleur a un aspect triste et mélancolique.

 

Dans son Traité du langage symbolique, emblématique et religieux des Fleurs (Paris, 1855), l'abbé Casimir Magnat propose une version catholique des équivalences symboliques entre plantes et sentiments :


SCABIEUSE - VEUVE.

Le Seigneur détruira les palais des superbes et il affermira l'héritage de la veuve. Proverbes : XV , 25.

 

Selon Pierre Zaccone, auteur de Nouveau langage des fleurs avec la nomenclature des sentiments dont chaque fleur est le symbole et leur emploi pour l'expression des pensées (Éditeur L. Hachette, 1856) :


SCABIEUSE - ABANDON.

La scabieuse a été surnommée la Fleur des veuves. La fleur forme une tête ronde à l'extrémité d'une longue tige mince ; sa couleur est d'un violet très prononcé. On la dit originaire de l'Inde.

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Emma Faucon, autrice d'un ouvrage intitulé Le langage des fleurs. (Théodore Lefèvre Éditeur, 1860) rapporte une équivalence du Calendrier de Flore :


Août - Scabieuse des montagnes.

Dans le mois d'août on célébrait de grandes fêtes en l'honneur de Rhéa, déesse de la terre. Avant de commencer la moisson, les paysans allaient porter des offrandes sur l'autel de celte divinité :


Les moissonneurs en foule avancent vers la plaine,

L'épi, qu'un doux zéphyr au gré de son haleine

Courbe, roule, relève et courbe et roule encor,

Promet à leurs travaux sa chevelure d'or.

Ce salaire promis enflamme leur courage,

Et chacun tout entier s'abandonne à l'ouvrage.

A l'envi l'un de l'autre, ils frappent les épis :

La faucille à leurs pieds les étale en tapis.


L'autrice évoque également le symbolisme de la scabieuse dans le langage traditionnel des fleurs :


Scabieuse — Deuil - Veuvage- Fleur des veuves.

Fleur d'un pourpre noir foncé qui, cultivée, a donné de nombreuses variétés. On la plantait sur les tombeaux.

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D'après le Dictionnaire Larousse en 2 volumes (Édition de 1922), la Scabieuse est référencée dans le langage de fleurs :

Signification Couleur Langage emblématique

Scabieuse Tristesse Pourpre foncé Mon âme est en deuil

 

Selon le site de la Lorien :

  • Une jeune fille qui découvre un bouquet de Scabieuse pendu à sa fenêtre coiffera Sainte Catherine.

  • En Vendée, les amants dont les amours sont rejetés par les familles coupent une Scabieuse en deux et en conservent chacun une moitié pendant neuf mois. Après ce temps, les familles se réconcilient pour le mariage.

  • Dans le langage des fleurs elle est symbole de tristesse.

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Dans Le Livre des superstitions, Mythes, croyances et légendes (Éditions Robert Laffont S.A.S., 1995, 2019) proposé par Éloïse Mozzani, on apprend que :


Cette plante herbacée à fleurs blanches, bleues ou lilas, utilisée autrefois contre les maladies de la peau et surtout contre la gale, d'où son nom dérivant du latin scabiosus (galeux), est appelée également « mors du diable » à cause des marques laissées par ce dernier, en particulier sur sa racine à demi coupée. En effet, le démon, jaloux de ses nombreuses vertus, l'a entaillée d'un coup de couteau, pour empêcher que saint Michel, conte qui il se battait, ne pût profiter des bienfaits de cette herbe.

La scabieuse, qui est « l'emblème de la parole de Dieu », naquit, selon une légende des environs de Lorient, de la sollicitude de la Vierge : une veuve malheureuse cherchait un soir de la Toussaint des coquillages pour la tombe de son mari et pleurait de ne trouver que des coquilles nacrées ; « elle se mit à demander des fleurs à la Sainte Vierge, et ses larmes est tombant sur le sable des dunes, se changèrent en petites fleurettes aux tons violets et aux couleurs de deuil : c'est la scabieuse des mielles, qu'on appelle en Bretagne la fleur de la veuve ».

Selon le Grimoire du pape Honorius, la scabieuse, cueillie la veille de la Saint-Pierre, avant le lever du soleil, et placée sur l'autel puis réduite en poudre, porte bonheur et fait gagner un jeu celui qui porte cette amulette sur lui. Dans la Vienne sa fleur sert aux amoureux dont la famille contrarie les projets: chacun garde une moitié de la fleur coupée en deux pendant neuf mois. « Au bout de ce temps les parents qui s'opposent à leur mariage mourront sûrement et les amants seront unis. » On dit d'ailleurs, près de Dijon, que la jeune fille qui avec un couteau n'enlève pas en une seule fois l'intérieur de la fleur, risque de subir l'opposition de ses parents au mariage qu'elle souhaite. En revanche, si elle y parvient, elle sera de nombreuses fois mère mais sans mari (Valence).

Une femme de plus de quarante ans qui urine sur des scabieuses « connaîtra un fort moment de passion avec un veuf riche, mais la liaison risque de mal se terminer ». En Belgique, les jeunes filles choisissent entre plusieurs soupirants en donnant un nom à chaque bouton de la plante. Celui qui fleurira le mieux indique l'élu.

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Pour Scott Cunningham, auteur de L'Encyclopédie des herbes magiques (1ère édition, 1985 ; adaptation de l'américain par Michel Echelberger, Éditions Sand, 1987), la Scabieuse succise (Scabiosa succisa) a les caractéristiques suivantes :


Genre : Masculin

Pouvoirs : Amour ; Mariage ; Séduction.


Utilisation rituelle : Un bouquet de contrines (= Catherine, c'est-à-dire Scabieuse) mis extérieurement à la fenêtre d'une fille indique symboliquement qu'elle ne se mariera pas, qu'elle coiffera la Sainte-Catherine.


Utilisation magique : Si une jeune fille, avec la pointe d'un couteau, n'enlève pas du premier coup l'intérieur de la fleur, c'est signe que ses parents feront opposition au mariage qu'elle désire (région de Dijon).

Si une jeune fille enlève du premier coup l'intérieur d'une fleur de Scabieuse, c'est signe qu'elle aura beaucoup d'enfants, mais pas de son mari (région de Valence).

Deux amants dont les amours sont contrariés peuvent prendre une fleur de Scabieuse et la fendre en deux. Ils en gardent chacun la moitié pendant neuf mois ; au bout de ce temps, les parents qui s'opposent à leur mariage mourront surement.

Si une femme de plus de quarante ans urine sur des Scabieuses, elle connaîtra un fort moment de passion avec un veuf riche, mais la liaison risque de mal se terminer.

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Selon le rapport de Catherine REYNAUD-MAURUPT sur les plantes hallucinogènes intitulé Usages contemporains de plantes et champignons hallucinogènes, une enquête qualitative exploratoire conduite en France paru en décembre 2006, la scabieuse aurait des vertus hallucinatoires :


En Europe, ces pratiques de consommation de « plantes » hallucinogènes étaient plus rares, et sont souvent décrites comme tombées en désuétude après le Moyen Âge. « L’Europe médiévale, quoique chrétienne, connaissait, elle aussi, de nombreuses substances excitantes ou hallucinogènes : mais ce savoir, issu des traditions pré-chrétiennes, était marque et preuve de sorcellerie et de fréquentation diabolique. La pharmacopée « diabolique » faisait appel à des plantes divinatoires dont certaines furent très utilisées en Inde, comme dans le continent amérindien ou en Extrême-Orient : des Solanacées comme le datura, la stramoine, la jusquiame noire, la mandragore, la morelle furieuse ; des ombellifères – l’ache, la cerle, la ciguë, la coriandre – l’aconit, la scabieuse, etc. Toutes ces plantes furent longtemps utilisées à des fins magiques, le plus souvent divinatoires ou comme philtres avant de devenir des bases médicamenteuses pour la médecine scientifique » (Julliard, op. cit.).

 

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Mythes et légendes :


Dans Le Folk-Lore de la France, tome troisième, la Faune et la Flore (E. Guilmoto Éditeur, 1906) Paul Sébillot recense nombre de légendes populaires :


Voici les rares légendes qui représentent des plantes comme des émanations plus ou moins directes de créatures humaines ou de divinités. On raconte aux environs de Lorient qu'une pauvre veuve qui, le soir de la Toussaint, cherchait des coquillages pour en orner, suivant la coutume, la tombe de son défunt, pleurait de ne trouver que des coquilles nacrées elle se mit à demander des fleurs à la sainte Vierge, et ses larmes en tombant sur le sable des dunes, se changèrent en petites fleurettes aux tons violets et aux couleurs de deuil c'est la scabieuse des mielles, qu'on appelle en Bretagne la fleur de la veuve.

[...]

Satan a aussi laissé sa marque sur d'autres plantes. On dit en Basse-Normandie où la scabieuse est souveraine pour un grand nombre de maux, que fâché que tant de vertus se rencontrassent dans un modeste végétal, il enfonça ses dents dans la racine ; sa morsure est encore visible sur cette plante, que par suite on a nommée le "mors du diable".

[...] En Saintonge, l'herbe appelée mors du diable, cueillie la veille de la Saint-Pierre, à jeun, et avant le soleil levé, déposée pendant un jour sur la pierre sacrée de l'autel, desséchée ensuite à l'ombre, réduite en poudre, et portée dans le gousset, était un puissant porte-bonheur.

[...] On raconte dans le Maine qu'au temps où saint Michel se battait avec le diable, il employait l'herbe saint Michel (knautia arvensis) pour se guérir de ses blessures. Le diable donna un coup de couteau sous la racine, croyant faire périr l'herbe, mais il en repoussa des quantités tout autour.

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