Étymologie :
SANGUINAIRE, subst. fém.
Étymol. et Hist. I. xiiie s. « nom vulgaire donné à plusieurs plantes astringentes » (Simples médecines, éd. P. Dorveaux, 25). II. 1744 « genre de Papavéracées » (Linné Syst. Nat., p. 41). I empr. au lat. sanguinaria, n. de plantes hémostatiques (v. André Bot.). II empr. au lat. sc. sanguinaria, 1744 (Linné loc. cit.).
Lire également le nom de la sanguinaire afin d'amorcer la réflexion symbolique.
Autres noms : Sanguinaria canadensis - Chélidoine d'Amérique - Herbe à la guerre - Herbe des Hurons - Herbe rouge - Plante-au-sang - Sang-dragon - Sanguinaire du Canada -
Aux États-Unis et au Canada on appelle la Sanguinaire : Bloodroot (Racine-au-sang) - King root (Racine royale) - Red root (Racine rouge) -
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Botanique :
Selon la fiche proposée par la Coopérative de solidarité Cultur’Innov (Saint-Camille, Québec, juillet 2017) :
La sanguinaire du Canada (Sanguinaria canadensis L.) est une plante herbacée vivace et elle est la seule portant le genre Sanguinaria dans le monde entier. [...]
Tige : La sanguinaire du Canada est une plante acaule, c’est-à-dire qu’elle est dépourvue de tige. Cette plante contient un latex d’un rouge sang.
Feuilles : Feuille d’une largeur de 15 à 30 cm. La sanguinaire ne possède qu’une seule feuille, épaisse, de forme réniforme, au contour denté et comportant sept lobes. La feuille se situe à la base de la plante et elle émerge directement du rhizome. La feuille palmée comporte des nervures bien visibles de couleur variant de l’orangé au violet. La face supérieure de la feuille est de couleur vert jaune, tandis que la partie inférieure est plus claire.
Fleurs : La fleur de la sanguinaire du Canada comporte entre 8 et 16 pétales blancs et 2 sépales décidus verts. Les étamines de la fleur de la sanguinaire sont jaunes et nombreuses. Tout comme la feuille, il n’y a qu’une seule fleur par plant dont le diamètre est de 25 à 40 mm. Cette fleur est hermaphrodite et elle est portée par un long pédoncule nu pouvant mesurer jusqu’à 25 cm. La fleur de la sanguinaire du Canada a la particularité de s’ouvrir le matin et de se refermer le soir. Malheureusement, la floraison ne dure que quelques jours et elle fleurira pour la première fois seulement à partir de sa deuxième ou troisième année de vie. Par contre, c’est une des premières à fleurir au printemps, avant même que les feuilles des érables commencent à sortir. La floraison se fait de mars à avril.
Fruits : La capsule est oblongue ou fusiforme possédant 2 valves, d’une longueur de 20 à 25 mm. Les graines de la capsule sont rondes et foncées. Elles ont une petite attache blanche charnue qui ressemble à un petit ver blanc. Le fruit est généralement caché sous la feuille du plant.
Racines : Le rhizome de la sanguinaire est ligneux et rampant. Il contient un suc laiteux rougeâtre, ce qui lui procure sa couleur brun rougeâtre. Le rhizome pousse à l’horizontale. Il est charnu, ramifié et de nombreuses racines adventives se forment dans sa partie souterraine.
Espèces voisines : Aucune plante pouvant être confondue.
Comment la distinguer des autres espèces ? La sanguinaire possède une grande feuille charnue qui comporte de profonds sinus. Son latex de couleur écarlate est un critère qui la distingue des autres plantes. De plus, les pétales blancs de la fleur de la sanguinaire tombent très facilement.
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Utilisations traditionnelles :
Jacques Rousseau et Marcel Raymond, dans Études ethnobotaniques québécoises (Contributions de l'Institut botanique le l'Université de Montréal. — No 55, 1945) font le point sur les usages de la Sanguinaire :
Sanguinaria canadensis. (Sang-dragon ou sanguinaire). te-ka-nek-kwas o-te-ra (le second mot signifie racine, et le premier, qui saigne, allusion au latex rouge du rhizome) . — Pour les maux d'oreille, faire une infusion de fragments de racines sèches et placés dans un sac : on voit immédiatement "la force sortir des racines". Il suffit de quelques gouttes dans les oreilles. — Pour les douleurs à l'estomac, à la suite d'un plantureux repas, boire une décoction de rhizomes ayant macéré deux nuits dans l'eau froide. — La teinture du rhizome, employée autrefois pour colorer les draps en jaune-orange, avait la réputation d'être presque indélébile. Cette teinture cependant ne se fixe pas sur le frêne et les autres matériaux utilisés en vannerie.
Les Ojibway et les Maskwaki emploient le rhizome pour le traitement de maladies du système digestif. Les Meskwaki l'utilisaient aussi pour faciliter les règles : pratique certainement imposée par la doctrine des signatures. — L'opinion de l'informatrice sur l'emploi en vannerie de la teinture de sanguinaire est en désaccord avec les observations de SMITH chez les Meskwaki. a Le nom ojibway meskwijibik, signifie également "racine qui saigne"(meskwi, sang ; jibik, racine)
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Jacques Rousseau, auteur d'un article intitulé "Ethnobotanique abénakise". (In : Archives de Folklore, 1947, vol. 11, pp. 145-182) récolte auprès d'un informateur nommé Paquette différents usages des plantes chez les Abénakis :
SANGUINARIA CANADENSIS. (Sanguinaire ou sang-dragon), pabakarn'bilan, signifiant « comme du sang » (sang se disant pabakan). (papagakanilbôk, d'après Laurent). S'emploie comme abortif. « C'est un remède pour les chevaux ; pas pour le monde, ça emporte les tripes ».
La sanguinaire a été employée également dans le comté de Portneuf comme abortif, d'après le Dr L.-E. Portier (communication personnelle), il y a une cinquantaine d'années. L'ingestion de cette drogue dangereuse cause une violente entérite et indirectement l'avortement.
Dans "Ethnobotanique et ethnozoologie gaspésiennes". (Archives de folklore, 1948, vol. 3, pp. 51-64.) le même auteur ajoute :
SANGUINARIA CANADENSIS. Pop. Sang-dragon. Faire une infusion de la racine dans de l'eau chaude ou laisser macérer dans l'alcool. S'emploie pour « casser les gros rhumes » et contre les maux de gorge. On lui connaît également des propriétés abortives et aphrodisiaques. L'informateur Alfred Auclair, de Mont-Louis, ajoute, « Ça force les reins ».
La sanguinaire est un expectorant connu. C'est indirectement un abortif, car l'ingestion de cette substance irritante cause souvent une très forte entérite.
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Selon la fiche proposée par la Coopérative de solidarité Cultur’Innov (Saint-Camille, Québec, juillet 2017) :
Propriétés médicinales : Avant l’arrivée des premiers colons européens, les autochtones d’Amérique du Nord utilisaient beaucoup la sanguinaire du Canada pour soigner plusieurs blessures ou affections souvent reliées au système respiratoire, tels que le rhumatisme, l’asthme, la bronchite, la laryngite et les fièvres. En raison de la toxicité de la plante, l’usage de celle-ci a été en grande partie abandonné. Toutefois, aujourd’hui, des propriétés antimicrobiennes et antinéoplasiques ont été découvertes. Alors, avec ces propriétés, elle a continué d’être employée en médecine surtout dans les expectorants, les sirops contre la toux et dans les teintures. De nos jours, la médecine va employer la sanguinaire surtout pour ses propriétés bactéricides et bactériostatiques. Ces propriétés agissent contre les micro-organismes qui causent la formation de plaque dentaire. Alors, pour contrer le tartre et la gingivite, la sanguinaire va être employée dans les dentifrices et les rince-bouche. Toutefois, des études ont été faites sur l’usage à long terme d’un dentifrice composé de sanguinaire et des observations donneraient à penser que cela occasionnerait des lésions buccales cancéreuses. Le composé chimique généralement utilisé provenant de la sanguinaire est un alcaloïde nommé sanguinarine et, parmi les autres composants de la sanguinaire, on retrouve la berbérine.
Toxicité : Si la sanguinaire est prise à doses trop élevées, des effets toxiques agiront sur les muscles volontaires. Plusieurs symptômes seront provoqués tels que des vomissements, une sensation de brûlure dans toutes les muqueuses qui ont été en contact avec la plante, une soif inextinguible, une sensation de faiblesse, des vertiges, un flou visuel, une inhibition cardiaque et à vraiment trop grande dose, cela pourrait même occasionner la mort. Selon Santé Canada (1995), la sanguinaire du Canada se classe parmi les plantes jugées inacceptables comme ingrédients de médicaments en vente libre pour l’humain.
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Symbolisme :
Pour Scott Cunningham, auteur de L'Encyclopédie des herbes magiques (1ère édition, 1985 ; adaptation de l'américain par Michel Echelberger, Éditions Sand, 1987), la Sanguinaire (Sanguinaria canadensis) a les caractéristiques suivantes :
Genre : Masculin
Planète : Mars
Élément : Feu
Pouvoirs : Amour ; Protection ; Purification
Partie toxique : Toute la plante.
Utilisation rituelle : Le latex que l'on extrait des racines servait aux Amérindiens qui s'en teignaient le corps lors de certaines cérémonies, en général belliqueuses ; ils utilisaient aussi ce suc, d'un beau rouge sang brillant, pour peindre les idoles et décorer les dessins magiques.
Utilisation magique : La Sanguinaire du Canada est peu connue en Europe, en dépit de quelques tentatives faites pour l'introduire dans les jardins comme plante ornementale. Ses usages, ainsi que les traditions qui s'y rapportent, sont donc essentiellement américains.
Porter sur soi un rhizome séché de Sanguinaire suscite, dit-on, l'affection et l'amour. Dans les régions frontalières (province canadienne d'Ontario ; États américains du Michigan, Wisconsin, Minnesota), cette même racine a longtemps été utilisée pour combattre les mauvais sorts et chasser les influences négatives.
La plante entière, vivante, est protectrice. Allez en chercher de jeunes pieds que vous repiquerez contre le mur de votre maison, à droite de la porte d'entrée ou sous une fenêtre. Les fleurs les plus sombres sont réputées les plus efficaces ; on les appelle Sanguinaire reine ou Sanguinaire femelle.
La plante n'est pas mortelle, mais elle demande à être maniée avec précaution et il ne faut en porter aucune partie à la bouche. Son goût puissamment amer vous en dissuaderait d'ailleurs. A petite dose, c'est un vomitif des plus efficaces. A dose plus forte, les nausées sont accompagnées de violentes crampes d'estomac, de tremblements, pouvant aller jusqu'au délire et à la perte de connaissance. Pour chamans hautement qualifiés uniquement.
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Littérature :
Dans Meurtre à Petite Plaisance (Éditions Viviane Hamy, 1998), Estelle Monbrun brosse le portrait d'une descendante des Abenakis, farouche militante des droits de son peuple :
Ce ne fut qu'après être descendue dans la cuisine qu'elle se permit de se poser la vraie question : comment expliquer le fait qu'elle se soit réveillée à dix heures du matin ? Certes, elle s'était couchée assez tard la veille, occupée qu'elle avait été à extraire le suc de sanguinaires pour en faire des teintures responsables du nom dont les Européens avaient affublé ses ancêtres. Ironiquement, elle l'utilisait maintenant pour faire rougeoyer des étoffes que lui achetait la communauté franco-américaine du Maine. Mais cela n'expliquait en rien ce goût amer qui persistait dans sa bouche...
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