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La Fumeterre

Dernière mise à jour : 5 oct.




Étymologie :


  • FUMETERRE, subst. fém.

Étymol. et Hist. Mil. xiiie s. (Gloss. B.M. Harley 978 ds T.-L. : fumus terre : fumetere). Empr. au lat. médiév. fumus terrae, bot. (v. supra et av. 1250 ds Latham), proprement « fumée de la terre », parce que le suc de cette plante ferait pleurer les yeux comme la fumée (cf. O. de Serres ds Littré).


Lire également la définition du nom fumeterre afin d'amorcer la réflexion symbolique.


Autres noms : Fumaria officinalis - Bonhomme grillé - Fiel de terre - Fumeterre officinale - Fumeterre vulgaire - Fruit de terre - Herbe à la jaunisse - Herbe à la veuve - Herbe aux cochons - Herbe aux dindons - Pied de Céline - Pain aux souris - Petite Lirette - Pied-de-géline - Pisse-sang - Plante à la fumée - Sang-mêlure - Soupe au vin - Trempée au vin - Trempée aux oiseaux - Trempée aux vaches - Raisinette - Vigogne -

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Botanique :





Vertus médicinales :


Henri Ferdinand Van Heurck et Victor Guibert, auteurs d'une Flore médicale belge. (Fonteyn, 1864) nous apprennent les propriétés thérapeutiques de la Chélidoine :


Propriétés physiques.  Les feuilles sont inodores, d'une saveur amère, saline, désagréable, qui rappelle celle de la fumée et qui augmente par la dessication ; elles sont tendres, très succulentes et donnent par expression un jus qui a la même saveur et qui possède les propriétés médicales de la plante. L'extrait préparé par évaporation du jus exprimé ou une décoction des feuilles montre à la surface une abondante efflorescence saline.


Analyse. Preschier, de Genève, a retiré de cette plante une matière alcaline d'une saveur amère qui est la Fumarine, de l'extractif, de la résine et un acide cristallisable. La fumarine est blanche et cristallisable ; ses sels ont une saveur amère et persistante. Cette base est plus abondante quand la plante pousse dans des terres fortes et fumées ; on la rencontre aussi en plus ou moins grande quantité dans les autres espèces du même genre.


Usages Médicaux. Cette plante très employée autrefois en médecine était considérée comme un bon remède dans les obstructions viscérales, particulièrement celles du foie ; dans les affections scorbutiques et dans les maladies éruptives alors que l'éruption ne se fait pas bien. Cullen l'a vantée pour ce dernier usage ; il donnait 60 grammes du jus exprimé deux fois par jour ; d'autres l'ont prescrit à plus haute dose encore. Elle a été administrée comme antiscorbutique par Gilibert ; dans les engorgements des viscères, dans l'hypochondrie et contre les scrofules par Hoffmann. Elle a joui d'une certaine réputation dans le traitement des maladies cutanées, lèpre, dartres, éléphantiasis ( Bodart, Pinel, Desbois).

De nos jours, la fumeterre est considérée comme tonique, altérante ; à haute dose laxative et diurétique, et comme favorisant l'élimination de la bile. M. Hannon prétend qu'elle est sédative et que son usage prolongé diminue la pléthore et peut même produire l'anémie. Il a trouvé la fumarine un excitant modéré à la dose de 1 à 2 centigrammes, irritant plus sédatif à 15 centigrammes, produisant une tendance au sommeil et le ralentissement du pouls et de la circulation ; aussi conseille-t-il de s'abstenir de l'usage de cette plante dans les cachexies et les affections chroniques anciennes. M. Cazin fait un usage fréquent de la fumeterre dans les tisanes dépuratives ; il emploie de préférence le suc de cette plante. Les enfants atteints de croûtes de lait, de débilité des voies digestives et d'affections vermineuses se trouvent très bien, d'après cet auteur, de l'usage du sirop de fumeterre, administré seul ou mêlé à la décoction de pensée sauvage.


Formes et doses. Infusion et décoction 50 à 60 grammes par kilogramme d'eau, de bière, de vin. Suc exprimé seul ou mêlé dans du lait, 50 à 100 grammes. — extrait, 2 à 10 grammes - sirop, 50 à 100 grammes. Pour l'usage externe la décoction et le jus ont été quelquefois employés dans les maladies cutanées.


L'action du Fumaria capreolata, L., fumeterre grimpante, doit être étudiée. Steinheil a trouvé que la saveur de cette plante au lieu d'être franchement amère comme dans la fumeterre officinale, est excessivement âcre et brûlante. Cazin lui a vu produire de l'excitation intestinale et des purgations. Le Fumaria Vaillantii, Lois. , fumeterre de Vaillant, ressemble beaucoup à l'officinal, mais il n'en a pas l'amertume.

 

Selon Alfred Chabert, auteur de Plantes médicinales et plantes comestibles de Savoie (1897, Réédition Curandera, 1986) :


Les scrofules et les maladies de la peau sont traitées par la fumeterre.

 

M. Bouteiller dans un article intitulé "La médecine populaire en Anjou : résultats d'enquêtes (1961-1962)." (In : Bulletins et Mémoires de la Société d'anthropologie de Paris, XI° Série. Tome 3 fascicule 4, 1962, pp. 523-539) rapporte une médication populaire en Anjou qui concerne la Fumeterre :


Croûtes de lait : conjuration et lavage à l'eau bénite (В.). Enduire de fumeterre ou de goudron (S.). A titre d'exemple de prière conjuratoire, voici la formule baugeoise : « Paul qui est assis sur la pierre de marbre, Notre Seigneur passant par là lui dit : Paul que fais-tu là ? Je suis ici pour guérir le mal de mon chef. Paul lève-toi et va trouver sainte Anne, qu'elle te donne telle huile quelconque, tu t'en graisseras légèrement à jeun, une fois le jour pendant un an et un jour. Celui qui le fera n'aura ni rogne, ni gale, ni teigne, ni rage ».

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Anne-Laure Rigouzzo, dans "Plantes de femmes" (in Ecologie Humaine XI (I) : 85-96, janvier 1993) recense les plantes qui sont utilisées particulièrement pour les problématiques féminines :


Nettoyer le sang : La thérapeutique destinée à améliorer l'état du sang et sa circulation recouvre un champ important qui concerne le renouvellement du sang, les rythmes saisonniers du flux sanguin et les cures dépuratives, comme l'ont montré par ailleurs certains auteurs (entre autres Savoirs 1988). Les soins "pour le sang" sont effectués par le biais de pratiques régulières et coutumières de cures dépuratives, comme l'a fort bien décrit Lieutaghi dans son ouvrage L'Herbe qui renouvelle (1986). Liée au grand rythme cosmique, la dépuration accompagne le mouvement des saisons. Elle a lieu :

  • soit au printemps : pour "renouveler le sang", ou le "décrasser des impuretés accumulées pendant l'hiver" (ces indications sous-tendent l'idée de nettoyage, de purification du corps qui "a besoin d'être lavé, nettoyé" ou encore "purgé") ;

  • soit à l'automne, pour "aider le sang à passer l'hiver" ; elle exerce une intention préventive. D'une part, ces cures saisonnières sont pratiquées au moyen de plantes "amères, chaudes et sèches", comme la Germandrée petit-chêne (Teuchrium chamaedrys), la Bardane (Arctium lappa et minor), le Marrube (Marrubium vulgare) et le Fumeterre (Fumaria officinalis). D'autre part, on recherche les "amères-froides", terme recouvrant essentiellement l'ensemble des salades des champs, comme la Chicorée sauvage (Chicorium intybus), la Laitue vivace (Lactuca perennis), le Crépis-faux-pissenlit (Crépis taraxacifolia), ou comme les herbes à cuire, la Cardère (Dipsacus fullonum), le Pissenlit (Taraxacum officinale). La notion de "froid" semble s'appliquer aux espèces surtout utilisées pour leurs feuilles, riches en eau, l'humide étant souvent associé au froid.

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Symbolisme :


Louise Cortambert et Louis-Aimé. Martin, auteurs de Le langage des fleurs. (Société belge de librairie, 1842) évoquent rapidement le symbolisme de la fumeterre :


FUMETERRE COMMMUNE - FIEL.

On a donné à cette plante, qui a un goût très désagréable, le nom de Fiel de terre.

 

Dans Les Fleurs naturelles : traité sur l'art de composer les couronnes, les parures, les bouquets, etc., de tous genres pour bals et soirées suivi du langage des fleurs (Auto-édition, Paris, 1847) Jules Lachaume établit les correspondances entre les fleurs et les sentiments humains :


Fumeterre - Fiel.

A cause de l’amertume de cette plante, qu’on emploie en médecine.

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Dans son Traité du langage symbolique, emblématique et religieux des Fleurs (Paris, 1855), l'abbé Casimir Magnat propose une version catholique des équivalences symboliques entre plantes et sentiments :


FUMETERRE COMMUNE - FIEL.

Celui qui hait se déguise par ses paroles, mais au fond de son âme il recèle un instrument de mort. Quand il vous ferait entendre une voix flatteuse, ne croyez point en lui, car il y a sept replis d'iniquité dans son cœur.

Proverbes. XXVI, 24, 25 .

La fumeterre commune ou officinale est une plante que l'on ren contre fréquemment en été dans les lieux cultivés, dans les jardins, dans les champs et dans les vignes. Les feuilles sont verdâtres et deux fois ailées. Les fleurs forment de petites grappes pédonculées opposées aux feuilles, elles sont d'un rouge vineux avec une tache d'un pourpre noirâtre à leur sommet. C'est une herbe tendre, succulente, inodore, mais d'une amertume spéciale mêlée à un goût désagréable de fumée ou de suie qui lui a fait donner le nom de fumaria, d'où dérive celui de fumeterre, fumée de terre. On l'a aussi nommée fiel de terre à cause de son amertume intense. Pline dit que son nom de fumaria lui vient de ce que son introduction dans l'ail y occasionne un larmoiement comme celui excité par la fumée, mais il n'est pas de plante qui ne puisse produire le même effet.

La fumeterre connue est répandue presque dans toutes les parties du monde. Plusieurs médecins assurent l'avoir employée avec avantage pour les dartres. Par son usage prolongé pendant un très longtemps, comme tous les amers elle réveille spécialement la vitalité des organes digestifs et les stimule lorsqu'ils sont dans un état de langueur. Son action tonique se répète sympathiquement sur d'autres organes, tels que le foie, la rate et les glandes mésentériques, voilà ce qui explique les nombreuses propriétés dont elle est douée ou qu'on lui attribue. On en prépare dans les pharmacies un extrait, une conserve, un sirop, et elle entre dans quelques autres compositions officinales.

RÉFLEXION.

Comment oserions -nous implorer la miséricorde divine si nous n'avions pour nos frères que de la haine et de l'amertume ?

(S. CHRYSOSTOME, Homélies.)

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Selon Pierre Zaccone, auteur de Nouveau langage des fleurs avec la nomenclature des sentiments dont chaque fleur est le symbole et leur emploi pour l'expression des pensées (Éditeur L. Hachette, 1856) :


FUMETERRE - FIEL.

Plante commune, qui se trouve en grande quantité dans les champs. Elle est fort amère, et souvent employée en médecine comme tonique.

 

Emma Faucon, dans Le Langage des fleurs (Théodore Lefèvre Éditeur, 1860) s'inspire de ses prédécesseurs pour proposer le symbolisme des plantes qu'elle étudie :


Fumeterre - Fiel - Amertume.

Cette plante que l'on rencontre à chaque pas dans les champs et les moissons, où elle montre ses petites fleurs purpurines, est employée avec succès en médecine comme tonique, stomachique et contre les maladies de peau. Elle est d'une amertume désagréable, mêlée d'un certain goût.

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Pour Scott Cunningham, auteur de L'Encyclopédie des herbes magiques (1ère édition, 1985 ; adaptation de l'américain par Michel Echelberger, Éditions Sand, 1987), la Fumeterre (Fumaria officinalis) est défini selon les critères suivants :


Genre : Féminin

Planète : Saturne

Élément : Terre

Pouvoirs : Exorcisme ; Gains matériels.


Utilisation rituelle : Un bouquet de cette plante mis sur le rebord de fenêtre d'une fille indique symboliquement que le mal qu'on dit d'elle pourrait bien être vrai : « Il n'y a pas de fumée sans feu. »


Utilisation magique : La Fumeterre fut brûlée pendant de longs siècles pour exorciser les lieux maudits.

C'est dans la journée du 1 er mai que les sorciers ont le pouvoir de jeter des sorts sur le lait et le beurre qu'ils réussissent parfois à s'approprier de façon mystérieuse. Voici ce qu'on pratiquait dans la région de Pont-Audemer pour se garantir contre leurs maléfices. On commençait par faire sortir les vaches de l'étable que l'on nettoyait à fond, puis on allait chercher des ronces, du sureau, de la Fumeterre, des morceaux de vieux cuir et une chemise sale appartenant à la fermière. On faisait brûler tout cela autour de l'étable dans des pots remplis de braise de pommier. On fixait ensuite aux murs un grand nombre de touffes de Fumeterre. Quand tous ces préparatifs étalent terminés, on faisait rentrer les vaches à reculons. Cette cérémonie empêchait les voleurs de beurre d'exécuter leurs maléfices.

À Quevaucamps, dans le Hainaut, celui qui va demander une augmentation à son patron doit cirer ses chaussures avec une décoction de Fumeterre

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Selon Claire Tiberghien, auteure de Équilibre et méditation par les plantes, 30 plantes à découvrir (Éditions Jouvence, 2016), la Fumeterre présente les caractéristiques suivantes :

Élément : Métal.


De son nom latin Fumaria officinalis, la Fumeterre fait partie de la famille des Papavéracées. Elle représente la clarté. On emploie la fumeterre surtout contre les maladies chroniques des voies biliaires, quand les troubles se manifestent par des spasmes. En dehors de son action antispasmodiques, elle contient de nombreux alcaloïdes qui en font une excellente régulatrice du flux biliaire. C'est également un draineur hépato-pancréato-biliaire. La Fumeterre est efficace contre les maux de tête d'origine hépatique, les nausées et la constipation. Diurétique, laxative et dépurative, elle nettoie aussi le sang. On peut l'utiliser sous forme de compresses, parallèlement à la tisane, pour combattre les affections de la peau, telles que l'eczéma, l'acné, l'herpès, les furoncles et le psoriasis.


Sur le plan psychique : La Fumeterre apporte la clarté qui ouvre à la connaissance et protège des influences irrationnelles. Elle transforme les terrains impraticables en sols nourrissants et nous montre le chemin. Elle nous aide à accueillir et à exprimer le divin qui est en nous.

Grâce à la Fumeterre, je peux affirmer :

  • Je m'ouvre à ma face cachée.

  • Mes sentiments se clarifient.

  • Je porte mon attention sur mes yeux qui se détendent.

  • Ma vision est claire.

  • Je transforme ma confusion intérieure en quelque chose de neuf

  • Je respecte ce dont j'ai besoin et je m'en occupe.

  • Je ressens le bien-être d'être à mon écoute.

Origine du nom : Le nom est dérivé du terme latin fumus, qui signifie fumée, mais son origine est controversée. Selon certaines sources, il se réfère à la fumée âcre qui se dégage quand on brûle la fumeterre. Autre explication possible : les champs qui l'abritent ont une couleur grisâtre, comme s'ils étaient recouverts de fumée. En se consumant, la fumeterre dégage beaucoup de fumée. Autrefois, celle-ci était utilisée pour invoquer l'âme des morts, pour se rendre invisible, pour éliminer les influences négatives et les peurs, ou encore pour conjurer les désastres.


La méditation de la Fumeterre : Un sol sec, un peu gris, couleur fumée. Des grappes de fleurs d'un rose violacé frémissent, suspendues dans la chaleur sèche de l'été. Pourtant, on les sent fortement liées à la terre. Cela leur permet de s'élever avec grâce et légèreté en direction du ciel. La Fumeterre vous offre cette légèreté. Elle vous permet d'éclaircir votre vision et vos sentiments. Accueillez votre face cachée, vos terres grises. L'ombre est remplie de nos espoirs, de nos trésors et de nos mystères.

Peut-être avez-vous l'impression d'être facilement influencé par des énergies négatives, comme si les autres ou les événements pouvaient exercer un pouvoir sur vous. Accueillez cette impression. Ressentez votre capacité à vous occuper de vous. Cette capacité renforce votre propre énergie. Pensez à vos besoins. Détachez-vous de vos soucis pour les autres, de votre peur du regard des autres Osez être vous-même. Dans votre cœur.

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Dans un article intitulé "Hanter la lisière" (in Billebaude, Glénat, 2018, Cueillir, pp. 32-37) Germain Meulemans et Anaïs Tondeur partent à la découverte des plantes de lisière :


[...] 10 septembre 2017

Alignements d’arbres longeant les rigoles. Alignements de grues signalant de nouveaux hôtes. Restes du désert sur fond de bruits de chantier. Beaucoup de haies ont disparu. Les remembrements agricoles, marquant le tissu de champs et de forêts, rendent au plateau son immensité. Les pieds de maïs blanchis et séchés par le vent ont l’aspect d’un vaste cimetière aux alignements rectilignes. Ils dis - paraissent parfois sous l’épaisse couche de brume d fumeterre. D’aspect et de senteur parente de la fumée, ressemblant à un voile nébuleux roulant hors de terre, cette plante conjurait les humeurs maléfiques. Et, à qui savait la consommer, conférait l’invisibilité.

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Littérature :


Yves Paccalet, dans son magnifique "Journal de nature" intitulé L'Odeur du soleil dans l'herbe (Éditions Robert Laffont S. A., 1992) évoque ainsi la Fumeterre :

5 novembre

(La Bastide)


La fumeterre - fumée de la terre - se tortille dans les allées abandonnées du jardin. J'aime la modeste splendeur de ses folioles dentelées, de ses pédoncules bandés comme des arcs, de ses stipules en éventails du Japon. ses fleurs de cire blanc et rose, avec des traînées de sang, ressemblent aux becs de fulmars antarctiques.

Cette image réactive dans ma cervelle des circuits de neurones abandonnés depuis mon enfance. J'ai cinq ans. Je suis en Savoie, assis au soleil près de ma grand-tante, sur le balcon de ma maison natale. Nous écossons des haricots blancs, roses et sanglants, bosselés comme des becs de fulmars antarctiques.

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