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La Racine de saint Charles

Dernière mise à jour : 6 nov.




Pour l'instant, je n'ai pas trouvé de source qui explique pourquoi on donne ce nom vernaculaire au Colombo : s'agit-il du bon Charles ? Si oui, aurait-il utilisé cette racine dans la lutte contre la peste ?


Autres noms : Jateorhiza palmata - Cocculus palmatus - Calumba - Colomba - Colombo - Columba - Mkaumwa - Racine indienne -




Botanique :


Selon le Wikipédia allemand :


Francesco Redi a écrit dès 1671 sur une Radix di Calumbe qu'il a interprétée comme un remède antipoison (alexipharmakon). Hieronymus David Gaub l'a appelée Radix Indica et l'a recommandée en 1771 contre les « flux abdominaux » (alvi profluvia).

 

Philipp Andreas Nemnich (1764-1822), auteur de Allgemeines Polyglotten-Lexicon der Naturgeschichte mit erklaerenden Anmerkungen évoque également le radix indica :


Racine de Saint-Charles, Racine indienne. Une « Racine originaire de la province de Mechoacan en Amérique, qui a de nombreuses vertus en médecine. »

 

Dans l'ouvrage intitulé Des produits fournis à la matière médicale par la famille des Ménispermées (Éditions A. Davy, 1887)), Rhatchik Hunkiarbeyendian décrit de manière très précise la plante qu'il nomme Colombo :


Origine botanique. Le Colombo du commerce est la racine coupée transversalement et desséchée du Chasmanthera palmata, H. Bn., arbuste vivace, dioïque, grimpant, à racines grosses et charnues, napiformes, partant d'un axe commun court. Les racines fraîches ont un diamètre compris entre quatre et dix centimètres environ ; elles sont rugueuses et brunes à la surface, jaunes, fermes et charnues à l'intérieur. La tige est annuelle, herbacée, à rameaux grêles, sarmenteux, volubiles, striés longitudinalement, atteignant le sommet des plus grands arbres. Cette plante est tout hérissée de poils droits, raides, assez longs, roussâtres et glanduleux à l'extrémité. Les feuilles sont grandes, larges de vingt-cinq centimètres et plus, palmatilobées, alternes, longuement pétiolées, distantes les unes des autres, presque orbiculaires dans leur circonscription, cordiformes à la base, minces, membraneuses, palmativerviées, à cinq lobes profondément divisés , acuminés, très entiers ; mais, sur un même arbre, on peut rencontrer des feuilles de deux formes différentes. Dans les unes, les lobes de la base sont repliés en dessus (Jateorhiza palmata, Miers) , dans les autres, elles ne le sont pas (Jateorhiza columba, Miers,). Ces faits expliquent comment Miers a été conduit à admettre deux espèces différentes du Menispermum palmatum, mais d'après les avis recueillis par D. Hanbury, les deux formes peuvent exister sur la même plante. Ces feuilles sont réticulées par de nombreuses veines, elles portent cinq nervures principales bien apparentes, rameuses, divergentes, naissant du point d'insertion du pétiole et atteignant l'extrémité des lobes. Le pétiole a environ douze centimètres de longueur, il est strié longitudinalement comme la tige, et, de même que la feuille, il est complètement couvert de poils roussâtres qui sont plus nombreux sur les rameaux. Il arrive souvent que les feuilles supérieures ont des lobes courts acuminés ; souvent aussi, plusieurs feuilles n'ont que trois lobes.

Les fleurs sont petites, dioïques, régulières. Le calice est formé de six sépales concaves et plus petits que les pétales. Les trois pétales externes alternent avec les trois sépales internes et les trois internes avec les trois premiers.

Les fleurs mâles sont velues ou presque glabres, elles sont disposées en panicules rameux atteignant en longueur la largeur des feuilles. La fleur mâle possède six étamines tout à fait libres, opposées aux pétales et placées dans la concavité de ceux-ci, ces étamines ont le filet renflé au sommet et terminé par une anthère à deux loges basifixes dont chacune est divisée en deux demi-loges par une cloison incomplète, de sorte qu'à la maturité, il y a quatre loges séparées par quatre cloisons disposées en croix ; les carpelles (3-6) sont rudimentaires.

Les étamines sont représentées, dans la fleur femelle, par six baguettes stériles au milieu desquelles sont trois carpelles libres contenant chacun un ovaire uniloculaire, anatrope, descendant, à micropyle dirigé en haut et en dehors. Le style est réfléchi et va en s'atténuant peu à peu vers l'extrémité stigmatifère.

Le fruit est formé de trois drupes ovoïdes presque secs, aplatis en dedans, à noyau recourbé, réniforme. Le péricarpe présente une rentrée saillante sur la face interne du fruit et forme un placenta. La graine se moule autour du placenta de manière à l'entourer de tout côté. Cette graine à un albumen peu épais, ruminé, charnu, huileux, formant deux feuillets entre lesquels se trouve un embryon droit présentant deux cotylédons minces et parallèles.


Origine géographique. Le Chasmanthera palmata est originaire des forêts de l'Afrique orientale entre Oibo et les rivages du Zambèze où il est très employé par les indigènes qui le désignent sous le nom de Kalumb. Il croît à Madagascar et est cultivé dans les îles d'Oibo et de Mozambique. Les morceaux d'après lesquels Lamarck décrit cette plante dans son Encyclopédie méthodique ont été cueillis à l'Ile de France dans le jardin de Le Poivre, alors gouverneur de cette colonie. Lamarck supposait que la plante productrice du Colombo était originaire de l'Inde et Tumberg déclara même qu'elle provenait de la côte de Malabar et de la ville de Colombo, dans l'île de Ceylan ; mais on sait qu'elle fut transportée de Mozambique en Asie, en 1805, où Roxburgh la cultiva dans le jardin botanique de Calcutta où on la retrouva encore en 1814. D'ailleurs , pendant longtemps, on a cru à tort que tout le Chasmanthera palmata était originaire de Ceylan, mais si cette drogue était expédiée de la ville de Colombo en Europe, c'est qu'elle y était envoyée de la côte orientale d'Afrique, et c'est un Français, du nom de Frottin, établi à Madras, qui, en venant de Mozambique au mois de septembre 1805, en rapporta un rejeton entier de la racine principale, d'une dimension plus grande que d'habitude ; cette racine, mise en terre à Madras dans le jardin d'Anderson, s'y développa et y donna la plante, mais faute de fleurs femelles, le genre n'a pu être déterminé. Actuellement, la racine de Colombo nous arrive de Bombay et de quelques autres ports de l'Inde, de Zanzibar et de la côte tropicale de l'Afrique orientale.


Historique. ― Elle fut apportée en Europe pour la première fois au XVIIe siècle par les Portugais, et étudiée en 1671 par Francesco Redi, médecin italien d'Arezzo qui dit : « Il y a encore à faire de nouvelles expériences sur la racine de Colombo que l'on croit être un remède d'une grande puissance ». Malgré son action, le médicament tomba vite dans l'oubli pour ne reparaître dans la médecine qu'en 1771. Il fut inscrit en 1788 dans la pharmacopée française où il est dit : « On ignore son origine, on ne sait pas si elle appartient à une espèce de Ménispermée. - Elle nous arrive coupée en tranches rondes ou bien en morceaux longs de deux à trois pouces, couverts d'une écorce rugueuse, épaisse, verdâtre, elle est jaune en dedans, d'une saveur désagréable, légèrement piquante. »


Récolte. D'après Berry, la récolte du Colombo se fait de la manière suivante : Pendant la saison sèche, c'est-à-dire vers le mois de mars, on arrache la plante, rejette la tige, coupe la racine en tranches de un centimètre environ d'épaisseur que l'on fait sécher à l'ombre. D'après ce même auteur, ce serait la plante mâle qui fournirait le médicament. Nous n'avons pas trouvé d'autres renseignements.


Description. La racine de Colombo se présente dans le commerce en rondelles de deux à six centimètres de diamètre et de quatre millimètres à un centimètre et demi d'épaisseur; quelquefois , cependant, on la trouve en tronçons de cinq à dix centimètres de longueur.

Cette racine est recouverte d'un suber d'un gris verdâtre plus ou moins foncé, presque nu parfois, mais le plus souvent très rugueux, puis vient une écorce épaisse, d'environ un centimètre, entourant le bois dans lequel on voit, à l'aide d'une loupe, des points brillants. Toute la masse est jaunâtre, mais cette teinte va en dégradant de la périphérie au centre. Il existe en outre une zone assez étroite, très nettement visible à l'œil nu, plus foncée que le restant de la masse et formant une ligne de séparation entre la partie corticale et la partie ligneuse. Pendant la dessication, cette racine se déforme ; sa partie centrale se déprime, de sorte que les rondelles sont alors plus minces au centre qu'à la périphérie ; de plus, elles sont rugueuses, présentent des dépressions concentriques et des rayons médullaires parfois très apparents. Le Colombo possède une odeur excessivement faible dans les morceaux isolés et secs, mais cette odeur devient nauséeuse, désagréable, quand la drogue est conservée en quantité notable. L'intensité de cette odeur est en raison de l'état hygrométrique de l'air. Cette racine a une saveur très amère, tenace et un peu piquante, elle est très sujette à être perforée par de petits vers et elle offre une cassure rugueuse, courte, paraissant brillante, ne tombe pas en poudre, mais est friable, se laisse pulvériser sans résidu en donnant une poudre d'un gris verdâtre.

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Vertus médicinales :


Rhatchik Hunkiarbeyendian, auteur de Des produits fournis à la matière médicale par la famille des Ménispermées (Éditions A. Davy, 1887) détaille les propriétés thérapeutiques de la racine de saint Charles :


Action médicale et pharmacologie. - La racine de Colombo est considérée comme un des médicaments toniques les plus efficaces : c'est un tonique pur sans mélange d'astringence. Cette drogue passe au Bengale pour spécifique contre les coliques, les indigestions et contre la mort du chien, maladie dont les conséquences ont rapport au choléra morbus.

Elle est employée par les indigènes de l'Afrique orientale sous le nom de Kalumb pour combattre la dysenterie, et en général contre toutes les maladies.

En Europe elle a été recommandée dans la diarrhée et dans certaines périodes de la phtisie, pour relever les forces affaiblies. Elle est surtout employée comme amer, tonique, contre la dyspepsie, les affections scrofuleuses, scorbutiques, les fièvres intermittentes rebelles.

Le Colombo peut subir toutes les formes pharmaceutiques ; on en prépare en effet une infusion, une teinture, un vin, un sirop, un extrait, des pilules, etc,. il entre dans la macération amère de Plisson, la potion de Hanner, etc. L'infusion paraît être plus active que la décoction, probablement à cause des principes inactifs qui se dissolvent dans cette dernière préparation, car l'eau bouillante enlève le tiers de son poids à cette racine. Comme le Colombo ne renferme pas de tannin, il peut être avantageusement associé au fer, mais à haute dose, il a une activité assez marquée, il provoque des vomissements et Buchner a vu un grain d'extrait de la racine, obtenu par l'éther, faire périr un lapin au bout de dix heures, l'extrait alcoolique a également donné la mort, mais au bout de trois jours seulement.

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La racine de Colombo entre également dans la préparation du vin composé de Bouchardat, de l'Électuaire de Guéneau de Mussy, des pilules de Moscou, etc.

 

A. B., auteur discret de Les Vertus des plantes - 918 espèces (Tours, 1906) recense les propriétés thérapeutiques d'un grand nombre de plantes :


Racine Indienne ou de saint Charles. Radix indica. (6 à 10 grammes) ;


VERTUS : L'écorce de la racine est aromatique, sudorifique, estimée pour les maux de dents, couper un petit morceau de cette racine, qui est d'un brun rougeâtre, le râper ou le mâcher, et l'appliquer sur la dent malade, guérit ce mal très souvent ; pour le mal de tête, en râper puis l'humecter et l'appliquer sur le front ; elle est bonne pour la petite vérole, le scorbut, les catarrhes, en poudre ou en infusion.

 

Dr Doàn Van Tân signe un article intitulé tout simplement "Le colombo" (Le Courrier du Vietnam, 09/03/2019) :


Le colombo a pour noms botaniques Jateorhiza palmata et Jateorhiza columba et nom vietnamien cây rễ phòng kỷ.


Originaire des forêts pluvieuses de l’Afrique de l’Est, il pousse également dans d’autres régions tropicales. C’est une plante grimpante à racine vivace, pouvant atteindre 15 m de hauteur, à larges feuilles palmées, à petites fleurs vert grisâtre et à fruits charnus.


Parties utilisées : Écorce, racines. Les racines sont déterrées à la saison sèche puis séchées.


Usages médicinaux : Extrêmement amer, le colombo est un remède très efficace dans les troubles digestifs liés au ralentissement des fonctions digestives. Il facilite la digestion, favorise la production des sucs gastriques et stimule l’appétit. Il convient particulièrement bien dans les cas de perte d’appétit et d’anorexie.

La plante accroît l’acidité gastrique (hostile aux germes) et prévient les maladies de l’appareil digestif. Il améliore l’absorption des aliments. C’est un remède efficace contre les maladies chroniques comme la dysenterie.

L’amertume du colombo vient de ses principes amers et des alcaloïdes. La palmatine est un stimulant de l’appareil urinaire. La jatheorhizine est sédative et antimycosique, les deux constituants réduisant l’hypertension.


Espèce voisine : Le colombo a de nombreux points communs avec la gentiane jaune (Gentiane lutea) bien qu’il doive son amertume à une gamme de constituants très différents.


Attention : À éviter pendant la grossesse.

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