Étymologie :
PRUCHE, subst. fém.
Étymol. et Hist. 1544 (J. Cartier, Relation originale du voyage de J. Cartier au Canada en 1534 [v. Arv., Bibliogr., n°100], p. 98 ds G. Massignon, Les Parlers fr. d'Acadie, p. 170). Altér. de Prusse (sapin de) ; cf. prusse tree chez Hakluyt en 1600 dans une trad. en angl. d'un texte fr. de 1542, le Routier de Jean Alphonse de Xainctoigne, disparu, v. G. Massignon, op. cit., p. 171.
Lire également la définition de la Pruche afin d'amorcer la réflexion symbolique.
Autres noms : Tsuga canadensis - Pruche du Canada - Pruche de l'Est -
Botanique :
Selon Guy Lessard et Emmanuelle Boulfroy, auteurs d'un article intitulé "La Pruche du Canada" :
Grand arbre majestueux, aux branches graciles légèrement retombantes, la pruche du Canada fut jadis particulièrement prisée pour le tannin de ses écorces. Aujourd’hui, on lui reconnaît de nouvelles fonctions et sa réhabilitation préoccupe les forestiers.
Un conifère de la famille des pins, partagé entre l’Amérique du Nord et l’Asie.
La pruche est un conifère à aiguilles persistantes du genre Tsuga, de la famille des pinacées, qui comprend les pins, mais également le mélèze, le thuya, les épinettes et le sapin. Le terme «pruche» est probablement dérivé de « Prusse » ou « Pérusse » qui sont des appellations populaires pour les épinettes en Europe. Il existe dix espèces connues: six1 au Japon, en Taïwan et dans l’est de l’Asie, et quatre en Amérique du Nord. Parmi ces dernières, trois poussent au Canada: la pruche du Canada (T. canadensis) dans le sud de l’Ontario, au Québec et dans les Maritimes; la pruche occidentale ou pruche de l’Ouest (T. heterophylla) et la pruche de Mertens ou pruche subalpine (T. mertensiana) sur la côte ouest depuis l’Alaska jusque dans le nord de la Californie.
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Vertus médicinales :
Dans "Ethnobotanique abénakise". (In : Archives du Folklore, 1947, vol. 11, pp. 145-182), Jacques Rousseau rapporte les usages suivants :
TSUGA CANADENSIS. (Pruche). al'nézilé, (alnisedi d'après Laurent). Décoction des feuilles fraîches de prucbe (nom employé par l'informateur) comme breuvage ou tisane antirhumatismale. Chez les Iroquois et les Ojibway, la décoction de pruche se boit en guise de thé. Le mot pruche dérive de pruche dérive de prusse (conservé aux épinettes aux îles de la Madeleine), dérivant lui-même de sapin de Prusse qui désignait d'abord en Europe le Picea Abies et 1'Abies vulgaris).
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Selon Johanne Fontaine, auteure d'un article sur la pruche parue dans Le Journal de Terre de Vie (Volume 15, Numéro 2, Printemps 2017) :
Principales parties utilisées : Aiguilles, rameaux (branches et aiguilles), écorce interne des branches de quelques années.
On peut récolter les aiguilles et rameaux tout au long de l'année, mais le printemps est un bon moment pour profiter des jeunes pousses vert tendre. La meilleure période pour récolter l'écorce interne est le printemps, mais cela peut être fait à tout autre moment. On choisit des branches de quelques années et on prélève l'écorce interne. Ce qui est très intéressant avec la pruche, c'est qu'elle est d'usage sécuritaire et plus douce au goût que les autres conifères. Elle convient bien aux enfants.
Infusion avec les jeunes pousses fraîches ou séchées : on verse, 250 à 325 ml d'eau bouillante sur 5 ml d'aiguilles.
Décoction des rameaux ou de l'écorce interne : on fait mijoter quelques minutes l'écorce réduite en poudre à feu doux ou les rameaux et on retire du feu quand la couleur change. On laisse reposer une dizaine de minutes avant de boire.
Composition : Les aiguilles contiennent de la vitamine C et une huile essentielle composée à environ 40% de monoterpènes (alpha-pinène, camphène, etc.), environ 39% d'esters (acétate de bornyle). L'écorce est constituée de 7 à 14% de tanins.
Propriétés : Antiscorbutique, anti-inflammatoire, antiseptique, astringente, calmante, cicatrisante, diaphorétique, diurétique, expectorante
Usages : Les aiguilles seules ont le goût le plus doux et avec les rameaux on ajoute de la puissance aux propriétés déjà présentes. Les aiguilles, avec ou sans les rameaux, en tisane peuvent servir pour :
Les rhumes, grippes, maux de gorge,
L'insomnie, le stress,
L'irritation gastrique, la diarrhée,
Soutenir les reins,
Les jambes lourdes ou enflées (en bain de pieds).
Après un accouchement, pour soutenir la maman en interne, ou en bain de siège pour favoriser la cicatrisation et la bonne remise en place des organes.
Un cataplasme des aiguilles, des rameaux ou de l'écorce interne servira pour :
La congestion pulmonaire,
L'arthrite,
Les plaies,
Les hémorroïdes,
Tonifier les reins,
Et renforcer les tendons et ligaments.
C'est un arbre très intéressant qui convient aux enfants, qui peut être récolté à longueur d'année et qui couvre plusieurs malaises. De plus, le reishi local pousse sur les pruches. La pruche nous fournit ainsi deux remèdes très intéressants.
Élixir de fleur : Kate Gilday, herboriste du Vermont, offre l'élixir de pruche. Elle le recommande pour ceux qui vivent un processus de changement et une transformation personnelle. Il guide à travers le changement de conscience. Il soutient pendant les grands bouleversements qu'ils soient personnels ou planétaires. Mmm... Élixir très approprié pour notre époque !
Huile essentielle : On considère l'huile essentielle de pruche comme :
Un excellent équilibrant nerveux,
Un antiseptique aérien en diffusion,
Un anti-inflammatoire (douleurs arthritiques),
Un antispasmodique (douleurs musculaires),
Un antibactérien (infections digestives, respiratoires),
Un expectorant (toux, bronchite, rhume, grippe)
. Juste se déposer sous une pruche ou dans une prucheraie fait déjà un bien énorme, car son huile essentielle aide à lâcher-prise, à se recentrer et à mieux relever les défis de la vie par l'équilibre qu'elle apporte. Elle est donc d'un grand soutien lors de passages importants : séparation, deuil, déménagement.
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Symbolisme :
Liz Marvin, autrice de Grand Sage comme un Arbre (Michael O’Mara Books Ltd, 2019 ; First Éditions, 2021 pour la traduction française) transmet les messages qu’elle a pu capter en se reconnectant aux arbres :
Prélasse-toi au soleil : la Pruche subalpine
La sérotonine est surnommée « hormone du bonheur » car sa présence dans notre cerveau nous rend calmes et optimistes. Et les scientifiques constatent que notre cerveau sécrète plus de sérotonine quand on est au soleil. Il ne fait aucun doute que passer du temps à l’extérieur est vital pour notre bien-être. Les arbres ne peuvent pas survivre privés de la lumière du soleil, et les conifères en ont spécialement besoin. La prochaine fois que vous voudrez rester à l’intérieur alors qu’il fait beau, pensez à ceci : si la Pruche subalpine avait des jambes, elle irait se placer là où il y a le plus de soleil.
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Dans Le Chamane et le Christ (Éditions Le Passe-Monde, 2020) Daniel Meurois évoque la magie des plantes à travers l'usage de la pruche :
Je me suis donc enfoncé davantage dans les bois tout en ayant soin de ne pas perdre globalement de vue la direction de l'eau. Comme je l'ai pu, j'ai suspendu à ma chevelure et un peu partout à mon vêtement des petites branches de pin ou d'épinette afin que ma silhouette se fasse la plus discrète possible...
C'était une des premières leçons qui m'avaient été données par mon oncle maternel lorsque j'étais encore enfant. Il ne s'agissait pas de se cacher au sens où les Blancs l'auraient fait, m'avait-il alors précisé, mais plutôt de demander la protection de la Nature afin qu'elle nous accueille plus pleinement en elle. En fait, il était question de pouvoir emprunter comme certains animaux le manteau d'invisibilité des esprits végétaux qui y vivaient. Se glisser parmi les voiles qui flottent entre les mondes... Une attitude de la conscience... Cela se pouvait et je l'ai fait, ne doutant pas un instant que j'en étais encore capable.
J'ai passé la nuit dans une pruche dont les branches généreuses et compatissantes me permirent une assez belle altitude. Je me souviens si bien de leur résine et du parfum de celle-ci sur mes mains ! Rien de tel pour ne plus "sentir l'humain".
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