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La Pimprenelle




Étymologie :

Étymol. et Hist. Ca 1265 pimpernele bot. (Voc. Plantes, ms. Harley 978, 140b ds T.-L.) ; xve s. pimprenele (Gloss., ms. Lille ds Gdf. Compl.). Élargissement de l'a. fr. piprenelle (xiie s., Gloss. Tours, 331 ds T.-L.), empr. au lat. médiév. pipinella « boucage » (2e moitié du viie s. ds Latin. ital. Med. Aev.). On trouve aussi en lat. pimpinella (vie s. ds FEW t. 8, p.555b, v. aussi André Bot.). En raison de la ressemblance des feuilles des deux plantes, l'a. fr. et m. fr. pimprenele a également désigné la sanguisorbe, et il est difficile de faire la distinction entre les deux dans les ex. anc. La 1re attest. sûre pour le sens mod. de « sanguisorbe » est de 1549, v. FEW, loc. cit.


Lire également la définition du nom pimprenelle afin d'amorcer la réflexion symbolique.

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Botanique :


Fabrice Bardeau dans La Pharmacie du Bon Dieu (Éditions Fernand Lanore, 2009), propose un article sur la pimprenelle (Poterium sanguisorba) :

Description :

Plante vivace des prés humides, des bois et endroits incultes. Tige pouvant atteindre jusqu'à 80 centimètres. Feuilles divisées en folioles ovales, crénelées. Fleurs groupées en épi court d'un vert rougeâtre. La grande pimprenelle (Sanguisorba officinalis). On récolte la plante entière de juillet à septembre.

Il existe deux variétés connues également sous les noms de boucage, sanguisorbe, saxifrage et persil de bouc.

 









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Phytothérapie :


Dans La Pharmacie du Bon Dieu (Éditions Fernand Lanore, 2009), Fabrice Bardeau propose un bref historique de l'usage de la plante tout en rappelant ses propriétés médicinales :

La pimprenelle a toujours été appréciée dans les campagnes, autant comme remarquable fourrage pour le bétail que comme plante médicinale réputée très anciennement vulnéraire, astringente et anticatarrhale.

Galien en parle ainsi : « Les feuilles, la graine et la gomme ont une vertu attractive et résolutive. Elle attire toutes épines et tronçons qu'on a dedans le corps, rompt la pierre et provoque le flux menstruel, bue au poids d'une dragme »

Elle était très employée autrefois dans un bon nombre de préparations, dont le sirop d'adantium de Fernel, le sirop d'armoise de Rhazès, dans le baume polychreste de Bauderon, dans le Martianum, dans l'emplâtre Gratia Dei de Nicolas d'Alexandrie, etc.

Pour Chomel, dans son Histoire des plantes usuelles (1712), « cette plante excite les sueurs et pousse les urines ; elle arrête les hémorragies tant extérieurement qu'intérieurement, ainsi elle est astringente aussi bien qu'apéritive. Tout le monde sait que la pimprenelle s'emploie ordinairement dans les salades et qu'elle purifie le sang. Ceux qui sont sujets à la gravelle (sable dans les reins, calculs), se trouvent bien de son infusion dans l'eau commune à froid ; quelques-uns en mettent deux ou trois feuilles dans leur verre avant d'y verser le vin, dans lequel ils la font tremper quelque temps ».


Propriétés : La pimprenelle est un astringent riche en tanin, proche parente de l'aigremoine par ses caractéristiques botaniques et médicinales.

Les feuilles de pimprenelle, d'une saveur un peu amère et poivrée, ont été vantés comme diurétique, astringent, vulnéraire et hémostatique. Elles peuvent s'utiliser en salade avec de la laitue, de la scarole ou une autre verdure. Qu'il s'agisse de la petite ou grande pimprenelle, les deux variétés sont également efficaces dans les diarrhées, la dysenterie, l'entérite, l'hématurie, l'hémoptysie et les divers écoulements de sang anormaux.

A l''extérieur, dans les inflammations de la gorge ou de la bouche, les aphtes, les angines, elle se montre aussi efficace que l'aigremoine.


Usages : En infusion, on utilise la plante entière à la dose de 15 à 20 grammes par litre d'eau, dont on prend une tasse avant les repas. En usage externe, c'est à la décoction que l'on aura recours, et plus particulièrement à la racine qui est préférée, à la dose de 60 grammes par litre d'eau qu'on laisse bouillir quelques minutes, puis infuser une demi-heure.

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Symbolisme :


Emma Faucon, autrice d'un ouvrage intitulé Le langage des fleurs. (Théodore Lefèvre Éditeur, 1860) rapporte plusieurs exemples qui créent une forme de baromètre botanique :


Pimprenelle . — Il doit bientôt pleuvoir lorsque l'on voit la pimprenelle se fermer

 

Dans Le Livre des superstitions, Mythes, croyances et légendes (Éditions Robert Laffont S.A.S., 1995, 2019) proposé par Éloïse Mozzani, on apprend que :


La pimprenelle, qui passait au Moyen Âge pour engendrer la folie, est censée guérir des morsures de serpents, de bêtes venimeuses et de la rage : pour obtenir ce résultat, il faut boire à jeun pendant neuf jours un bouillon à base de cette plante, ou une infusion effectuée dans du lait.

Cueillie à la Saint-Jean, elle protège de la foudre : il faut la placer en croix au-dessus de la porte d'entrée ou en bruler au premier coup de tonnerre. La pimprenelle met également à l'abri des sorciers, notamment lorsqu'on la porte autour du cou.

Comme elle est réputée embellir le teint, on dit dans le Doubs à une jeune fille « plus tu te frotteras avec de la pimprenelle, plus tu seras belle ».

Les Italiens du Piémont croient qu'en en plaçant sur le ventre d'une femme en train d'accoucher, ils facilitent la délivrance.

La plante fut l'objet d'un culte spécial en Hongrie : selon la légende, le fils d'Attila, Csaba, ressuscita avec de la pimprenelle ses soldats tués au combat. Depuis, la plante est connue dans ce pays sous le nom de « baume de Csaba ».

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Mythes et légendes :


D'après Angelo de Gubernatis, auteur de La Mythologie des plantes ou les légendes du règne végétal, tome 2 (C. Reinwald Libraire-Éditeur, Paris, 1882),


PIMPRENELLE. — Herbe chère aux bonnes femmes. Porta (Phytognomonica) la recommande contre la morsure des serpents et contre la pierre ; dans certains endroits du Piémont, on place la pimprenelle sur le ventre des femmes enceintes, dans l’espoir de faciliter les couches, et je suppose aussi que c’est avec la même intention que la belle-mère, en Corse, recevant la belle-fille sur le seuil de sa maison, lui présente la quenouille et le fuseau garnis de pimprenelle, en ajoutant cette strophe aimable et de bon augure :


Siate boi la ben venuta,

Cara sposa in questa casa ;

Che boi siate bona e astuta,

Ne so’ certa e persuasa ;

Diu vi dia qui bona sorte

Longa vita e santa morte ;

Ecce ormai la vossa rocca

Cu lu fusu e cu la lana ;

Di accudi tuttu a boi tocca,

Ch’ e’ so becchia e pocu sana ;

Ora entrate e Diu ci dia

Pace e gioia e cusi sia.


(Cf. Provenzal, Serenata di in pastore di Zicavo ; Livorno, Zecchini, 1874.) Dans un livre d’astrologie spirite, intitulé la Véritable magie noire ou le Secret des secrets, attribué à Salomon, traduit, dit-on, de l’hébreu par le magicien Iroé Grego et publié avec la fausse date de Rome, 1750, on lit que « l’épée magique doit être trempée dans le sang d’une taupe et dans le jus de pimprenelle ». La pimprenelle semble enfin avoir eu un culte spécial chez le peuple hongrois, à en juger par les renseignements légendaires qui se trouvent dans le Steph. Beythe Nomenclator stirpium Pannonicus, Antverpiae, 1583, 1584 : « Pimpinella, germanica Saxifraga, Châbairje, i. e. Chabae emplastrum. Ferunt enim Chabam (Csaba) regem, Hung. Attilae regis Hung. filium, ex Honorii Caesaris filia, minorem, post parentis mortem, de successione in Regno cum fratribus Ellaco et Divicione contendentem, ab Ostrogothis, Ardarico Gepidarum regi junctis, praelio commixto, victis ac trucidatis, solum ex eodem Chabam cum 15,000 viris, iis quidem omnibus aliqua in corporis parte sauciatis, incolumem evasisse ac superstitem remansisse ; dicta autem illa herba vulneribus forte fortuna imposita, medelam allatam fuisse, indeque emplastrum Chabae deinceps appellationem suam accepisse. »

Johnston, Thaumatographia Naturalis (Amsterdam, 1610, p. 222), ajoute : « Pimpinella Chabae Regis inventum est ; haec 15,000 Ungarorum sibi post praelia relicta sanavit. Clus. in Nomencl. Pannon ; Solutam aqua calida febrim continuam sanare compertum est. Contra hydrophobiam tantam vim obtinere, ut quicumque eam aliquot diluculis, vel in acetariis, vel alio modo post demorsum usurpet, nihil incommodi sentiat, Fernelius reliquit. » On croit aussi, en Piémont, que la pimprenelle ajoute à la beauté de la femme ; un chant populaire du Canavais compare la pimprenelle à la beauté :

A fé la salata, ai va d’ia pampanela ;

A fé l’amour, ai va na fia bela.

(Point de salade sans la pimprenelle,

Point d’amour sans une belle demoiselle.)

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Dans Le Folk-Lore de la France, tome troisième, la Faune et la Flore (E. Guilmoto Éditeur, 1906) Paul Sébillot recense nombre de légendes populaires :


Les plantes qui constituent une protection contre l'orage sont assez nombreuses : tantôt elles sont efficaces par elles-mêmes, tantôt on croit que leur vertu est augmentée par une cérémonie religieuse. Il semble toutefois qu'elle est intervenue, surtout au début, pour christianiser une antique observance païenne. [...] En Bas-Armagnac, la pimprenelle cueillie à la Saint-Jean.

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