Anne
La Pierre d'Aigle
Étymologie :
Étymol. ET HIST. − xvie (1565 ?) aëtite « sorte de minéral, dite pierre d'aigle » (Du Pinet, Trad. de Dioscoride, v. 118 ds DG : On appelle pierre d'aigle l'aëtite, parce que quelquefois on la trouve es nids des aigles); 1587 « id. » (J. Du Chesne, Gd Miroir du Monde, IV, p. 143 ds Hug. : L'Aëtite, qu'on croit grillotant estre enceint, Sert à l'enfantement, sur la cuisse estant ceint). Empr. au lat. aetites « pierre d'aigle qui se trouve dans l'aire de l'aigle » (Pline, Nat., 10, 12, ds TLL s.v., 1160, 10 : aquilarum generi inaedificatur nido lapis aëtites, quem aliqui dixere gagiten, (-aten R2) ad multa remedia utilis, nihil igne deperdens), empr. lui-même du gr. α ̓ ε τ ι ́ τ η ς [λ ι ́ θ ο ς] « aétite, pierre qu'on trouvait, disait-on, dans les nids d'aigle » formé sur le rad. de α ̓ ε τ ο ́ ς « aigle » (Dioscoride, 5, 161 ds Bailly). − Rem. xiies. échite, pierre précieuse, mentionné par DG s.v. Aétite, est un autre mot (lat. echitis, du gr. ε ̓ χ ι ́ τ η ς [λ ι ́ θ ο ς] « pierre vipérine », espèce d'agate?).
Étymol. et Hist. 1840 (Ac. Compl. 1842). Dér. sav. de limon1*; suff. -ite*.
Autres noms : Aigle-pierre ; Aquiline ; Pierre à grelots ; Pierre d'aigle.
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Symbolisme :
Selon Le Livre des superstitions, Mythes, croyances et légendes (Éditions Robert Laffont S.A.S., 1995, 2019) proposé par Éloïse Mozzani :
Aétite : Cet oxyde de fer est appelé aussi "pierre d'aigle" car on était censé la trouver dans le nid de cet oiseau : l'aigle femelle, dit la légende, allait chercher cette pierre jusqu'en Inde pour la placer près de ses œufs dont elle facilitait l'éclosion. Au dire de Pline, il y a toujours deux aétites dans le nid d'un aigle, l'une mâle, l'autre femelle, et c'est "pour cette raison qu'il n'y a jamais que deux petits".
Par extension, l'aétite, attachée à la caisse d'une parturiente, facilite l'accouchement. Paul Sébillot relève qu'en plein XIXème siècle "il n'y a pas de semaine, où, à Paris, l'on ne vienne chercher une pierre d'aigle, qui passe pour faciliter les accouchements, chez un directeur d'un grand comptoir de minéralogie". Placée sur la poitrine d'une femme enceinte, elle retarde la naissance et évite les fausses couches. Son pouvoir obstétrical, très prisé dans l'Antiquité, viendrait du fait qu' "en la secouant on entend au-dedans un bruit bizarre, comme si elle cachait dans son ventre une autre pierre.
A l'image de l'aigle qui symbolise la force et la puissance, l'aétite procure forces morale et physique et "le courage indomptable dans le métier des armes" Elle protège des mauvais jugements et des attaques diverses et, pour les Anglais, rend son possesseur aimable et sobre ; elle active même la richesse.
Attachée au tronc d'un arbre, l'aétite empêche les fruits de tomber ; on obtient l'effet inverse en la plaçant au pied de l'arbre. Elle éloigne les bêtes venimeuses et, à condition de la porter au cou, protège de l'épilepsie. L’absorption par une femme de la pierre broyée dans du bouillon et du vin chaud favorise les montées de lait. L'aétite soulage encore les maux d'yeux, vertu qui provient sans doute de la croyance que l'aigle la tient dans ses serres pour regarder le soleil en face sans cligner des yeux.
Selon Dioscoride, l'aétite, réduite en cendres et mélangée à du pain frais, permettait de démasquer les voleurs ; il suffisait d'en faire manger à eux qu'on soupçonnait en sachant que le coupable était celui qui ne pouvait avaler le morceau et manquait de s'étouffer.
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