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La Mercuriale




Étymologie :

  • MERCURIALE, subst. fém.

Étymol. et Hist. xiiie s. (Traité de médecine ds Romania t. 32, 1903, p. 84). Empr. au lat. mercurialis (herba) « herbe de Mercure ».

  • MERCURIEL, -IELLE, adj.

Étymol. et Hist. 1. 1413 mercurial « qui contient du mercure » (J. de La Fontaine, La Fontaine des amoureux, éd. Méon, 452) ; 1675 mercuriel (Journal des savants, 210 d'apr. FEW t. 6, 2, p. 20a) ; 1718 (Mém. de l'Ac. des Sciences, 208) ; 1798 friction mercurielle (Ac.) ; 2. 1812 « qui est produit par le mercure » (Mozin-Biber). Dér. de mercure1*, d'apr. le lat. mercurialis (mercuriale* 1).


Lire également la définition du nom mercuriale et de l'adjectif mercuriel afin d'amorcer la réflexion symbolique.


Autres noms : Mercurialis perennis ; Chou de chien ; Cynocrambe ; Mercuriale pérenne ; Mercuriale vivace ;

Mercurialis annua ; Mercurielle ;

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Botanique :


Jean-Baptiste Saint-Lager, auteur de Recherches historiques sur les mots plantes males et plantes femelles. (J.-B. Baillière, 1884) s'intéresse au regard antique sur les plantes d'Europe :


Les détails donnés par les anciens naturalistes grecs sur les Mercuriales mâles et femelles sont plus précis que ceux qu'ils nous ont transmis relativement aux Orchidées. On sait que les Mercurialis tomentosa, perennis et annua sont des plantes diæques. Chez les individus mâles les fleurs se présentent en petits glomérules portés sur des pédoncules de longueur variable suivant les espèces ; chez les individus femelles elles sont placées à l'aisselle des feuilles et donnent naissance à une capsule didyme tomenteuse ou hérissée de poils que les anciens avaient comparée à deux testicules accolés, ainsi qu'on va le voir par la description donnée dans la Matière médicale de Dioscoride : « Le Linozôstis mâle, appelé par les Romains Mercurialis testiculata, a des feuilles pareilles à celles de l'Ocimon. Ses petits fruits arrondis, naissant à l'aisselle des feuilles, sont juxtaposés comme deux testicules. Les fruits ( Dioscoride aurait dû dire les fleurs) du Linozôstis femelle forment une grappe bien fournie. On prétend que les feuilles de celui-ci employées en boisson ou en lotion après les règles font concevoir des filles, et que les feuilles du Linozôstis mâle font concevoir des garçons. » Diosc. IV, 188. --- Pline XXV, 18.

Dans le livre III, chapitre 130 du même ouvrage, Dioscoride rappelle que Crataevas attribue les mêmes vertus à l'Arrhego non ou Phyllon mâle ainsi qu'au Thelygonon ou Phyllon femelle.

Plusieurs commentateurs ont cru reconnaître dans le Phyllon des Grecs notre Mercurialis annua ; suivant Matthiole, ce serait le Mercurialis tomentosa ; mais, à franchement parler, la description donnée par Dioscoride est trop obscure pour qu'il soit possible de déterminer exactement la plante désignée par lui sous le nom de Phyllon.

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Dans "Confusion lors de cueillettes de plantes médicinales." (In : Bulletin du Cercle vaudois de botanique., 2003, vol. 32, p. 17-22) André Dolivo relève une confusion fréquente qui concerne la mercuriale :


Une scrophulariacée, le cresson de cheval (Veronica beccabunga) a été confondue avec la mercuriale vivace (Mercurialis perennis, euphorbiacées). Cette confusion qui s'explique par la ressemblance des jeunes pousses des deux plantes, a entraîné une intoxication sévère, mais non mortelle (JASPERSEN-SCHIB 1986 p. 526). LAUBER et WAGNER (2000 p. 684) ne mentionnent aucun degré de toxicité pour la mercuriale vivace. En dépit de son utilisation en médecine populaire, la mercuriale vivace était pourtant déjà connue pour présenter un risque élevé d'intoxication, notamment chez les bestiaux (DOLIVO 1951 p. 5).

 

Un autre cas est rapporté par B. Domangé, R. Torrents, C. Schmitt et al., auteurs de "Mercurialis annua : l’épinard indigeste." (In : Toxicologie Analytique et Clinique, 2018, vol. 30, no 3, p. 180) :


Objectif : Rapporter un cas d’intoxication humaine par Mercurialis annua lors d’une erreur d’identification.

Description du cas : Une femme de 46 ans, sans antécédents, récolte dans son jardin ce qu’elle pense être du chénopode blanc (Chenopodium album), plus connu sous le nom d’épinard sauvage. Elle en consomme, après cuisson, une pleine assiette au « bon goût d’épinard ». Une heure plus tard, une diarrhée et des spasmes douloureux, associés à des signes généraux (asthénie, frissons) apparaissent. Les symptômes se majorent et poussent la patiente à solliciter à 5 heures de l’ingestion le centre antipoison référent, qui avec l’aide du réseau national « Phytoliste », confirme la source des symptômes : l’ingestion d’une euphorbiacée, M. annua. Devant l’importance des signes digestifs, la patiente consulte au service des Urgences. Le bilan sanguin retrouve un bilan hépatique très légèrement perturbé (ASAT = 40 UI/L, ALAT = 70 UI/L, GGT = 160 UI/L), une fonction rénale normale, une légère anémie (Hb = 12,9 g/dL) avec présence de sang dans les urines à la bandelette. La prise en charge est purement symptomatique et les symptômes s’amendent rapidement, permettant un retour au domicile le jour même.

Conclusion : En Europe, la mercuriale fait partie des mauvaises herbes les plus communes. Les intoxications tant humaines qu’animales restent rares en raison d’une odeur désagréable et d’une saveur acre de cette plante, bien que cela ne semble pas avoir gêné notre patiente. Les toxicologues vétérinaires connaissent bien la toxicité de cette plante, source d’intoxications collectives chez le bétail ovin et bovin : l’animal intoxiqué est apathique et anorexique, il souffre de diarrhée et d’une anémie hémolytique avec hémoglobinurie. L’autopsie des bêtes retrouve des lésions hépatiques et rénales. Chez l’homme, aucun autre cas d’intoxication à M. annua n’a été rapporté. Deux cas d’intoxications à une espèce proche, Mercurialis perennis, ont été décrits, le tableau étant essentiellement digestif (douleurs abdominales et vomissements intenses), associé à une hémoglobinurie pour l’un des deux patients. Cette première observation clinique d’une intoxication à M. annua d’évolution favorable, souligne le risque toujours présent d’intoxication par les plantes sauvages, dont la consommation est actuellement très à la mode.

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Usages traditionnels :


Selon P. Gaillard-Seux qui étudie le livre de "Jacqueline Vons L'image de la femme dans l'œuvre de Pine l'Ancien." (In : Revue belge de philologie et d'histoire, tome 81, fasc. 1, 2003. Antiquité - Oudheid. pp. 211-214) :


... pour le phyllon (non identifié pour J. Vons, mais qui, pour J. André, serait la mercuriale vivace, Mercurialis perennis L), on distingue des plantes mâles ou femelles essentiellement en fonction de la graine, comme le dit Pline, et l'on prenait l'une ou l'autre plante dans du vin pour avoir des filles ou des garçons (XXVII, 125) ; quant à la mercuriale, ce sont la graines et les feuilles qui conduisent les Anciens à distinguer une espèce mâle et une espèce femelle et Pline précise que la racine très grêle est sans usage (XXV, 38-39) ; on mangeait les feuilles ou buvait le suc de l'une ou l'autre espèce pour avoir des filles ou des garçons.

 

Z. DOUKKALI, HBOUIDIDA, A SRIFI, et al. auteurs de "Les plantes anxiolytiques au Maroc. Études ethnobotanique et ethno-pharmacologique." (In : Phytothérapie, 2015, vol. 13, no 5, pp. 306-313) rapportent que :


Les herboristes marocains utilisent aussi Mercurialis annua et Urtica urens, deux plantes réputées chez eux comme anxiolytiques, mais jusqu’à présent aucune validation scientifique n'a pu être apportée.

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Symbolisme :



Phytomythologie :


Tony Goupil, dans un article intitulé "Croyances phytoreligieuses et phytomythologiques : plantes des dieux et herbes mythologiques" (Revue électronique annuelle de la Société botanique du Centre-Ouest - Evaxiana n°3 - 2016), cherche à déterminer les plantes associées par leur dénomination aux divinités antiques :


À Mercure reviennent la mercuriale, l’Hermu Dactylos pour la quintefeuille et Hermodactylus pour le tue-chien.

[A noter qu'en anglais, Mercurialis perennis se nomme de manière vernaculaire "le chien de Mercure".]

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