La Lépiote framboise
- Anne
- il y a 3 jours
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Étymologie :
Étymol. et Hist. 1816 (A. P. de Candolle, Essai sur les propriétés médicales des plantes, 335 ds Quem. DDL t. 12). Du lat sc. lepiota (1801, Persoon, Synopsis methodica fungorum, p. 257), du gr. λ ε ́ π ι ο ν « petite écaille, petite croûte ».
Étymol. et Hist. A. Subst. ca 1175 bot. (B. de Ste-Maure, Ducs de Normandie, 30819 ds T.-L.). B. Adj. 1919 « couleur rose » (Benoit, loc. cit.). Prob. de l'a. b. frq. brambasi « mûre de ronce » ; cf. a. h. all. bramberi « id. » (Graff t. 3, col. 304) ; pramperi (ibid., col. 204) ; all. Brombere. Les attest. les plus anc. du mot figurent dans des gloss. lat.-all. des xeet xies. sous la forme framboses « hintperi » (cf. Z. rom. Philol. t. 28, p. 523). La forme avec la diphtongue oi (pour ai : frambaise), vient de l'influence de la labiale précédente ; le changement de b- initial en f-, s'explique par l'infl. anal. de fraise*.
Autres noms : Leucoagaricus idae-fragum - Champignon à la framboise - Lépiote couleur de framboise -
Découverte :
Dans le journal La Lanterne (Magazine municipal de Saint-Pierre d’Oléron n° 156 - 4e trimestre 2021) on peut lire le portrait du découvreur de la Lépiote framboise :
Guy Dupuy, la passion du champignon ! Portrait de sentinelle...
Passionné par ces créatures à lamelles, tubes ou aiguilles, Guy se présente humblement comme un mycologue amateur. Curieux de Nature, il se rappelle avoir acheté son premier livre sur les champignons à l’âge de quinze ans, tant il était agacé de n’en pas savoir le nom. Il est devenu aujourd’hui un véritable expert !
Organisateur de nombreuses expositions, animateur de multiples sorties, membre fondateur de la SMIO (Société Mycologique de l’île d’Oléron) et de Mycoléron, le site internet de référence sur notre territoire ; récemment coauteur, avec son ami J. Guinberteau, mycologue de renommée internationale, du guide des Champignons de l’île d’Oléron au fil des saisons, son intérêt pour ces drôles de créatures n’a fait que croître.
Recherche, inventaire et découverte ont toujours été ses seules motivations, mais pour donner plus de sens encore à sa passion, Guy aime également partager ses connaissances scientifiques et sans aucun militantisme.
Son terrain de jeu ? Oléron bien sûr, car notre île, à la croisée de toutes les influences climatiques, présente un nombre de milieux exceptionnels dans une unité géographique remarquable. La quantité et la diversité de champignons qui y poussent toute l’année sont un véritable trésor !
Sa plus jolie rencontre mycologique sur Oléron ? Une extraordinaire découverte qui ne se produit qu’une seule fois dans la vie d’un mycologue amateur ! Une élégante demoiselle, très rare, au magnifique chapeau couleur framboise à lamelles immaculées, porté par un long pied blanc ou rose portant l’anneau, a croisé son chemin dans les dunes littorales en 1996. Elle n’avait jamais été identifiée. En collaboration avec ses collègues mycologues experts (J. Guinberteau et P. Boisselet), il lui a donné le doux nom de Lépiote Framboise (Leucoagaricus idaefragum).
Deux ans plus tard, cette découverte oléronaise est reconnue officiellement au niveau mondial comme nouvelle espèce de la famille des lépiotes.
Les champignons les plus étranges ? Les géasters, autrement dit les étoiles de terre. Il s’en compte 24 espèces en Europe, dont 22 en France et 18 sur Oléron ! Une telle concentration est à peine croyable ! L’aventure mycologique avec Guy est un voyage fascinant dans le monde savoureux ou dangereux, discret ou flamboyant de ces êtres vivants bizarres, à qui l’homme doit énormément sans en avoir vraiment conscience.
Le champignon rêvé mais jamais trouvé sur l’île ? Sans aucune hésitation, Guy lâche le nom de son péché mignon : l’Oronge ou l’Amanite des Césars, pour lui sans doute le meilleur des champignons. Jamais trouvée sur Oléron ?
Il y a quatre ans, il le pensait encore, jusqu’à sa découverte deux saisons plus tard !
Intarissable, notre sentinelle explique : pour ramasser des champignons, il faut les cueillir en tournant doucement et non les couper, pour ne pas faire pourrir le précieux mycélium qui s’étend dans le sol. Quand on cueille une pomme ou une poire, on ne laisse pas la queue sur l’arbre !
Même s’il avoue avoir goûté une bonne centaine d’espèces réputées comestibles, mais toujours en petite quantité, il répète qu’assez peu de champignons méritent les honneurs de la table.
Certains sont même dangereux voire mortels, à l’instar de sa dernière trouvaille, la redoutable Amanite à volve rousse, encore jamais répertoriée sur Oléron… l’histoire mycologique de notre sentinelle continue…
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Mycologie :
Le site de mycologie de la Charente propose une fiche réalisée par Patrice Tanchaud contenant de nombreuses photos : Leucoagaricus idae-fragum
Pierre Le Gall, auteur d'un dossier intitulé « Le troisième règne du monde vivant : Les Champignons » (Ré Nature Environnement, pp. 145-160) propose une courte description de ce champignon :
La Lépiote couleur framboise (Leucoagaricus idae-fragum) : Cette petite Lépiote mérite une attention particulière. En effet, c’est un champignon qui a été découvert sur l’île d’Oléron par un excellent mycologue (Guy DUPUY) en décembre 1996. Comme il ne rentrait dans aucune des catégories connues, et après des examens et des analyses effectués par plusieurs spécialistes, une nouvelle espèce a été créée et décrite deux ans plus tard, en 1998. Depuis cette date, les récoltes se sont multipliées sur le littoral, mais pas chaque année, et c’est avec une immense joie qu’avec son découvreur, nous l’avons trouvée sur plusieurs sites de l’île de Ré.
C’est un petit champignon qui pousse dans le sable sous les Tamaris et surtout sous les vieux cupressus. Le dessus du chapeau est d’une belle couleur rouge framboise, le dessous est blanc pur, et le pied est rose sur presque toute sa longueur.
Cet exemple démontre qu’il est facilement possible de découvrir des champignons qui n’ont pas été décrits par les spécialistes, en particulier dans des habitats peu connus et donc peu prospectés. L’île de Ré est largement pourvue de ces milieux exceptionnels avec la mosaïque qui caractérisent ses habitats.
Arnold Knijn, Amalia Ferretti et Irja Saar, auteurs d'un article intitulé « Leucocoprinus Idae-Fragum dans une allée de cyprès à proximité du lac Bracciano dans le Latium ». (In : Journal italien de mycologie, volume 54 (1), 2025, pp. 19-31) précisent cette description :
L'espèce Leucoagaricus idae-fragum est encore plus rare, initialement décrite en France en 1998 comme présente dans les dunes atlantiques, parmi les tamaris de l'île d'Oléron, et quelques spécimens plus élancés sous les cyprès (H. macrocarpa) de l'île de Ré (Guinberteau et al., 1998 ; Guinberteau, 2011). Un autre spécimen de L. idae-fragum, récolté en France à Nogent-sur-Vernisson sous un genévrier thurifera L., est présent dans le Système mondial d'information sur la biodiversité (GBIF) (occurrence 4150510803). Ce champignon est décrit comme une espèce particulièrement belle, avec un chapeau couleur framboise, un pied allongé, blanc à rose vif, présentant l'anneau leucoagarique typique, bordé de rose, et un bulbe basal aplati (Guinberteau, 2011). Leucocoprinus idae-fragum était synonyme de l'espèce nord-américaine Leucoagaricus decorata, basée sur la morphologie (Vellinga, 2006), dont elle diffère par la présence d'un voile universel, une réaction d'ammoniaque verte sur le chapeau et les lamelles, et différemment cheilocystidies en forme (Vizzini et al., 2017). Cependant, en 2017, la validité de L. idae-fragum avec par rapport à L. decorata a été démontré par analyse moléculaire (Vizzini et al., 2017).
D'autres spécimens de L. idae-fragum ont été découverts ultérieurement dans certaines régions d'Italie : au Jardin botanique de Cagliari en Sardaigne, sous Phytolacca dioica L. et Ficus Tourn. & L. sp., sur l'île de Polvese en Ombrie et le long de la célèbre allée de cyprès (C. sempervirens) de Bolgheri en Toscane (Knijn et al.). L'identification de l'espèce a été confirmée par des analyses moléculaires et phylogénétiques (Vizzini et al., 2017). Une autre occurrence a été observée en 1990 et 2015 dans une pinède de la province de Raguse en Sicile (Brugaletta, 2018). Cette pinède est une réserve naturelle surplombant la mer et fait partie du domaine forestier de l'État. L'habitat est constitué d'un sol sableux avec Pinus halepensis Mill. et Pinus pinea L. En 2021, une découverte a été signalée dans les dunes maritimes (Amsterdamse Waterleidingduinen, AWD) des Pays-Bas (Somhorst et al., 2022). Les AWD sont une réserve Natura 2000 de dunes herbacées où, depuis 1853, l'eau est filtrée pour l'approvisionnement en eau potable de la ville d'Amsterdam.
Nous présentons la description de nos découvertes concernant L. idae-fragum en raison de son extrême rareté, afin d'obtenir des informations complémentaires sur cette espèce. Son environnement de croissance particulier est partagé par d'autres espèces fongiques intéressantes et peu communes, mais il est actuellement menacé par l'expansion urbaine, soulignant ainsi l'importance de sa conservation.
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Description morphologique des spécimens de L. idae-fragum :
Chapeau campanulé, convexe à plan-convexe, jusqu'à 6 cm de diamètre, avec umbo. Marge parfois dépassant les lamelles. Surface feutrée, lisse au centre, squamuleuse en périphérie, de couleur rose framboise, mauve violacé, rose vineux, plus foncée au centre et plus pâle vers la marge, sur fond blanc. Chez certains spécimens, mais pas tous, une tache vélaire était présente sur le chapeau. Lamelles assez denses (serrées), libres, blanches mais tirant sur le rose clair, avec un bord plus foncé, brun grisâtre, fragmenté (Fig. 2).
Pied de 6 à 10 × 0,5 à 1,0 cm, cylindrique, faisant saillie dans le chapeau, flexueux, égal ou plus long que le diamètre du chapeau, s'élargissant vers la base. Base avec un bulbe oblong ou globuleux. Feutré, blanchâtre sous les lamelles, il devient rose concolore avec un chapeau vers la base, mais souvent rose framboise. Décoré d'un anneau membraneux et/ou fibrillaire placé vers la base, parfois retourné comme un poignet, blanc sur la face supérieure interne, rose framboise ou concolore avec un chapeau sur la face externe ou inférieure et rose foncé au bord. Le tissu est blanc, assez épais et sans odeur particulière.
Microscopie : Spores : (5,5)–6,7–(7,8) × (3,3)–4,1–(4,6) μm, Q = (1,2)–1,6–(2,2) (n = 42) (Fig. 3). Ellipsoïdes, avec apiculum, hyalines, lisses, à paroi épaisse, une partie contenant une grosse gouttelette lipidique et l’autre plusieurs petites gouttelettes lipidiques internes, fortement dextrinoïdes et cyanophiles, légèrement métachromatiques. Basides : 22–30 × 7,5–9 μm, claviformes, généralement tétrasporées, parfois bisporées. Cheilocystides (23,6)–30,0–(37,9) × (8,8)–13,0–(15,8) μm, à paroi mince, incolores, de forme et de taille variables, claviformes à piriformes. Boucles d'anastomose absentes.
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Symbolisme :
Selon Chat GPT, consulté le 11 novembre 2025 :

Le Leucoagaricus idae-fragum, parfois appelé champignon à la framboise, est un petit champignon rare et visuellement frappant — sa couleur rouge framboise le distingue nettement dans les sous-bois. Bien qu’il n’ait pas de symbolisme traditionnel largement documenté (comme l’amanite ou le bolet, par exemple), on peut lui attribuer une symbolique inspirée de ses caractéristiques botaniques et esthétiques :
Beauté discrète et rareté naturelle → Ce champignon incarne la beauté cachée et la délicatesse du vivant, souvent inaperçue par ceux qui ne regardent pas de près la nature.
Équilibre entre fragilité et éclat → Sa teinte rouge vif contraste avec sa texture fine et son port gracile, évoquant la force tranquille et la vitalité sous une apparente douceur.
Renaissance et curiosité → Comme beaucoup de champignons, il symbolise le cycle de la vie, la transformation et la renaissance (puisqu’il naît de la décomposition et participe à la régénération des sols).
Mystère et séduction naturelle → Sa couleur framboise attire le regard, mais il reste méconnu — un symbole de séduction subtile et de mystère botanique, entre le familier (par sa couleur “fruitée”) et l’étrange (par sa nature fongique).
Lien avec la féminité et la douceur sensorielle → Par son nom évoquant la framboise (idaeus en latin signifie “du framboisier”), il porte une connotation de féminité, de sensualité douce et de connexion avec la terre nourricière.
Arts visuels :
Le concept de Champidragons vient d'un challenge artistique imaginé par Chane, Sifhel, Svandendragon et Coliandre élaboré entre 2020 et 2021 sur les réseaux sociaux.
Le principe : durant le mois d'août, imaginer un design de dragon à partir d'une liste de 31 champignons.

Emeline Ternisien alias sendafalbala a répondu avec brio à l'appel de ce challenge en choisissant le medium de l'aquarelle et en postant ses dessins sur Instagram :
Et voilà c'est ma fin du Mushroom smaugust pour moi, la Lepiote framboise vous salue !
Merci à vous pour votre bienveillance et vos gentils mots et merci à Coliandre, Chane, Shifel et Svan pour cette idée ! J'ai pris beaucoup de plaisir à participer à ce challenge !
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