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La Limace de mer




Étymologie :


Étymol. et Hist. a) 1181-90 « limaçon à coquille » (Chrétien de Troyes, Perceval, éd. W. Roach, 5946) ; b) 1538 « mollusque gastéropode, sans coquille » (Est.). Du lat. pop. *limacea (cf. esp. limaza, ital. du Nord lümasa), fém. de *limaceus (cf. lat. médiév. limatius, ixe s. et l'a. fr. limaz), du lat. class. limax, -macis « limace, escargot » (FEW t. 5, pp. 341b-342).


Étymol. et Hist. 1817 (Cuvier, Régne animal, t. 2, p. 387 : les nudibranches n'ont aucune coquille et portent des branchies de diverses formes à nu sur quelque partie de leur dos). Comp. de nudi- (lat. nudi- « à nu », tiré de nudus « nu ») et de -branches (lat. -branchia, de branchia « branchie »).


Lire également les définitions des nom limace et nudibranche afin d'amorcer la réflexion symbolique.

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Zoologie :


Dans son Atlas de zoologie poétique (Éditions Arthaud-Flammarion, 2018) Emmanuelle Pouydebat expose les caractéristiques du Dragon bleu des mers (Glaucus atlanticus), qu'elle surnomme "l'ange bleu" :


La Glaucus atlantique est un étrange animal. Ce mollusque gastéropode marin appartient à la famille des nudibranches, soit des espèces dont les branchies sont nues. Ces superbes animaux dépourvus de coquilles sont souvent nommés "limaces de mer". Le glaucus atlantique est précisément surnommé "ange bleu" ou "dragon bleu" par les anglophones, du fait de son apparence proche d'une créature mythologique. Elle est pourvue d'excroissances coniques (les ceras) qui font office, entre autres, de branchies et qui sont regroupées en bouquets.

Ce petit animal magnifique, à la locomotion lente et rudimentaire, dépourvu de coquilles, aux capacités sensorielles peu développées et qui ne crache pas de feu n'en demeure pas moins redoutable. En effet, il se nourrit d'animaux parfois plus grands que lui : les cnidaires qui flottent en surface comme les physalies, les porpites ou les vélelles. Cette "flotte bleue", comme elle est parfois nommée, possède des nématocystes contenant des substances urticantes et extrêmement toxiques. Or la manière dont la glaucus est capable de profiter de ces nématocystes est tout simplement fascinante et témoigne d'une magnifique adaptation pour survivre. En effet, elle peut stocker une partie des nématocystes non digérée sur la surface de son corps, le tout sans être intoxiquée elle-même car elle possède des adaptations la protégeant : des cellules protectrices spécialisées dans l'épithélium (peau), une membrane protectrice tapissant la bouche et des sécrétions protectrices abondantes et spécifiques à la proie. La composition chimique de la muqueuse peut même changer si la proie est nouvelle ! La glaucus est donc immunisée mais en cas de contact avec un prédateur ou la peau humaine, les nématocystes libéreront leur puissant venin susceptible de provoquer brûlures et chocs anaphylactiques.

Pour renforcer cette stratégie anti-prédatrice, le dragon bleu se déplace à l'envers, sur le dos, en surface grâce à l'air contenu dans son estomac, au gré du vent et des courants. Quel est l'intérêt me direz-vous d'une technique de nage qui peut sembler ridicule ? Eh bien il bénéficie d'un camouflage utilisé également par des requins et nommé contre-illumination : la face ventrale de cet animal est bleu et blanc et le dissimule des prédateurs aériens pendant que la partie dorsale, gris argenté, le cache des prédateurs marins. Malgré ces méthodes insolites et complémentaires pour éviter la prédation, le dragon bleu des mers peut succomber à d'autres nudibranches carnivores, à des poissons, des crabes, des araignées de mer ou encore de vers aquatiques. Néanmoins, il n'est pas menacé de disparition. Leur mode de reproduction y est peut-être pour quelque chose. Car le dragon bleu des mers est hermaphrodite. Chaque individu possède les organes reproducteurs mâle et femelle. Ne pouvant pas s'auto-féconder, les partenaires s'accouplent, face à face, maintenus par le crochet pénien et les ceras. Chaque individu pondra un chapelet d’œufs en pleine mer ou disposé sur des carcasses de proies.

Ses couleurs vives et ses excroissances latérales confèrent au dragon bleu des mers une apparence esthétique symétrique, sublime, hors du commun.


"Le charmant animal [...] a dû frapper tous les naturalistes navigateurs, par la grâce de ses formes, et par l’éclat et l'agréable assortiment de ses couleurs." (Georges Cuvier)

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Hugues Demeude, dans Les Incroyables Pouvoirs de la Nature (Éditions Arthaud, 2020) nous fait notamment découvrir la magie des animaux :


Les nudibranches, de chatoyants hermaphrodites


Avec leurs robes aux couleurs vives et leurs formes variées bien connues des plongeurs passionnés, les nudibranches sont les plus célèbres des « limaces de mer ». On aurait du reste du imaginer un nom plus gracieux pour désigner ces créatures chatoyantes qui occupent un rôle important dans la vie des écosystèmes marins.

Cousins des escargots, les nudibranches sont dépourvus de coquilles, qu'ils ont perdue au fil de l'évolution. Présents dans toutes les mers et les océans de la planète, ces mollusques qui ondoient dans l'eau illustrent formidablement la biodiversité marine avec plus de trois mille espèces recensées. Le nom « nudibranche » vient du fait que cet ordre de gastéropodes possède des branchies à l'extérieur du corps. Certains ont un morphotype avec un panache de branchies rétractables situées sur le dos (les doridiens), d'autres opèrent par respiration cutanée avec en complément des « papilles » en forme d'excroissance également sur la face dorsale (les éolidiens).

Et là n'est pas leur seule curiosité En dépit de leur apparence débonnaire, et même fragile sans ler coquille, il vaut mieux ne pas s'y frotter. Du reste, leurs teintes vives annocnent la couleur. Les doridiens, qui consomment en particulier des éponges, et les éolidiens des cnidaires (anémones et méduses), sont capables de stocker dans leur corps el venin toxique et les substances urticantes de leurs proies... pour mieux s'en servir contre d'éventuels prédateurs.

Petits - puisqu'ils tiennent généralement dans la paume d'une main -, mais costauds, ces nudibranches ! Leur originalité ne s'arrête pas là. Car le plsu étonnant tient sans doute dans leur mode de reproduction : ils sont tous hermaphrodites. Ces gastéropodes possèdent donc des organes génitaux à la fois mâles et femelles. Mais ils ne peuvent pas s'autoféconder. Un accouplement est nécessaire pour que la reproduction s'opère, qui est donc rendue possible avec n'importe quel congénère de l'espèce. C'est tête-bêche, de façon symétrique, que les deux individus qui se choisissent passent à l'action. Chacun avec son pénis dépose les gamètes mâles dans le corps du partenaire en vue de féconder ses gamètes femelles.

Chaque individu pond ensuite une grande quantité d'œufs qui ont la particularité d'être enrobés dans un ruban gélatineux coloré souvent enroulé en spirale. ne fois les œufs éclos - s'ils n'ont pas avant cela servi de nourriture aux carnivores de passage -, les larves se développent, prêtes à vivre une existence d'environ un an.

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