La Gorgone
- Anne
- 14 oct.
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Étymologie :
Étymol. et Hist. 1. Av. 1560 Gorgonne myth. (Du Bellay, Œuvres, éd. H. Chamard, II, 201) ; p. anal. 2. 1775 zool. subst. masc. (Valm., s.v. zoophyte). Empr. au lat. de l'époque imp.Gorgona, class. Gorgo(n), -onis, du gr. Γ ο ρ γ ω ́ de γ ο ρ γ ο ́ ς « terrible ». On trouve un lat. sc. Gorgonia (1745, Linné, Amoenitates academicae, I ds Agassiz Pol.) déjà attesté chez Pline, d'où début xvie s. le fr. Gorgonia « corail » (J. Lemaire de Belges, Couronne margaritique, éd. J. Stecher, t. 4, p. 84).
Lire également la définition du nom gorgone afin d'amorcer la réflexion symbolique.
Autres noms : Gorgonia flabellum - Éventail de Mer - Éventail de Vénus -
Zoologie :
Véronique Philippot, Claude Bouchon et Laetitia Hédouin, auteurs d'un article intitulé "Savoirs locaux à propos des gorgones chez les travailleurs de la mer des îles de la Guadeloupe (Antilles françaises)." (In : VertigO, 2014, vol. 14, no 2) nous parlent des gorgones :
L’importance écologique de ces animaux fixés est bien démontrée, essentiellement dans les biotopes qu’ils dominent. Les gorgones fournissent des zones refuges pour les peuplements ichtyologiques. Elles sont broutées par des Gastéropodes, eux-mêmes régulés par les poissons prédateurs (Burkepile et Hay, 2007). Néanmoins, cet équilibre est fragilisé à cause d’une moindre résistance des gorgones face aux bio-agresseurs, ce qui se manifeste notamment par des épidémies récurrentes et régionales dues au champignon Aspergillus sp. (Smith et al., 1996 et 1998). En dehors de ces mortalités massives observées dans le bassin caraïbe depuis les années 80, les gorgones subissent des dégâts mécaniques dus aux tempêtes tropicales et à la pêche côtière qui cible les espèces démersales et use d’engins de pêche tels que nasses, casiers et filets.
[...]
L’accès aux savoirs biologiques concernant les récifs coralliens pour les populations natives ou de passage semble s’être démocratisé depuis le début du millénaire (aquariums ouverts au public, éducation dans les écoles, massification de la plongée...). Néanmoins, on déplore un moindre intérêt accordé aux autres Invertébrés marins fixés. Les éponges et gorgones, qui structurent pourtant les paysages sous-marins de la mer Caraïbe de par leur taille parfois spectaculaire, leur port érigé et la densité de leurs populations, semblent oubliées bien qu’elles bénéficient des mesures assurant la protection des récifs.
Usages traditionnels :
Selon Véronique Philippot, Claude Bouchon et Laetitia Hédouin, auteurs d'un article intitulé "Savoirs locaux à propos des gorgones chez les travailleurs de la mer des îles de la Guadeloupe (Antilles françaises)." (In : VertigO, 2014, vol. 14, no 2) :
Généralement, les efforts pour identifier et nommer une entité vivante sont motivés par l’utilité que l’on en fait et l’intérêt que l’on y porte. Cela n’empêche pas les populations qui côtoient les gorgones de connaître leur existence grâce à des expériences sensorielles répétées. Leurs silhouettes gracieuses sont inscrites dans leur répertoire visuel. Les gorgones seraient, au moins pour les pêcheurs qui se mettent à l’eau lors de la senne, des éléments de repérage dans les paysages sous-marins familiers. Elles sont aussi associées à un registre tactile spécifique (ça gratte, ça pique…) ou sont encore des éléments perçus à travers certaines pratiques. Les fragments de gorgones emmêlés aux mailles des filets obligent à des gestes précis répétitifs et exigent parfois l’utilisation de protections pour les mains (gants, chambres à air découpées …). L’expression verbale pour décrire ces organismes est fastidieuse. Les informateurs préfèrent me montrer. Des pêcheurs saintois m’ont proposé une sortie sur les sites pour me mettre en face des objets en question. Certains ethnologues ont souligné le succès d’enquêtes qui ne s’étaient pas bornées à des questionnaires sur la classification induisant des réponses formulées. La mise en mot systématique est attachée aux apprentissages occidentaux formalisés. Mais, dans le monde artisanal traditionnel, le transfert des connaissances ne passe pas nécessairement par l’abstraction (le langage) et les novices apprennent des aînés en étant plongés dans l’action et en mimant répétitivement les gestes techniques.
Dans la littérature, l’une des premières évocations de gorgones à travers les chroniques de colonisation est celle du Père Labat (1722) qui loue la beauté de ces édifices vivants et leur attribue le nom de panache de mer (ou panache). Cette morphose correspond au genre Gorgonia actuellement valide. Les gardiens des savoirs traditionnels du sud Basse-Terre de la Guadeloupe racontent aujourd’hui que les anciens utilisaient ces formes réticulées comme tamis lors de la préparation de la farine de manioc à l’instar des peuples pré colombiens. Aucun fragment n’a pourtant été mis en évidence dans les assemblages faunistiques des matériaux de fouille, mais les recherches archéozoologiques n’ont pas été orientées dans ce sens5 . Toutefois, le dictionnaire Caraibe-françois du révérend père Breton (1665-1666) fait correspondre le mot caraïbe balaoléchou à la définition « plumache ou panache de mer, on s’en sert pour orner les rochers, ou grottes, et pour passer l’oüicou aux isles », le oüicou étant une boisson fermentée obtenue à partir du manioc ».
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Symbolisme :
Véronique Philippot, Claude Bouchon et Laetitia Hédouin, auteurs d'un article intitulé "Savoirs locaux à propos des gorgones chez les travailleurs de la mer des îles de la Guadeloupe (Antilles françaises)." (In : VertigO, 2014, vol. 14, no 2) évoquent la perméabilisé des représentations de la Gorgone :
Les gorgones sont assimilées à des plantes qui repoussent : Dans la forêt sous-marine évoquée par l’idée de caye ou de corail, les gorgones sont considérées comme des plantes tour à tour herbacées ou ligneuses. En cela, la perception des travailleurs de la mer contemporains rejoint celle des premiers naturalistes qui admettaient la nature végétale des plantes marines pierreuses. Les tout premiers noms attribués aux dites plantes marines exotiques (aujourd’hui classées parmi les gorgones) sont d’ailleurs évocateurs des transferts de savoirs entre terre domestiquée et mer sauvage : Arbuscula marina coralloides, Quercus marina Theophrasti, Fructus marinus elegans (Clusius, 1605).
Assimiler les gorgones aux plantes permet l’immersion de l’image rassurante de pâturages qui repoussent éternellement. Tout comme les prairies qui s’étalent au soleil, la verdure marine qui ondule au gré de la houle est une ressource indestructible. Leur tonte régulière ne leur porte pas préjudice. Les débris coralliens sont des boutures chargées de promesses pourvu qu’elles ne deviennent pas rigides au contact de l’air. Ces conceptions du fond de la mer rejoignent celles qui ont construit au fil des siècles les mythes méditerranéens à propos du corail rouge. Le lien entre les mots des pêcheurs comme « Le filet, il les coupe ! » et les récits mythiques d’Ovide qui racontent la métamorphose du souple au rigide pétrifiant est troublant (Lafaye, 2002) : la naissance du corail rouge y est expliquée par le durcissement de rameaux et feuillages coupés et remontés en surface, au contact de la tête monstrueuse de la méduse Gorgone. Quoi qu’il en soit, l’idée que les tontes accidentelles de gorgones-plantes n’aient guère d’impact a pu freiner les efforts de sensibilisation des usagers de la mer pour la conservation des communautés coralliennes.
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Symbolisme astrologique :
Gabriel, le créateur du Site Zooastro.com propose de trouver son animal astral en fonction de la position du Soleil et de la Lune dans notre thème :
Les Cnidaires sont des animaux pionniers : Les Cnidaires sont des animaux primitifs qui regroupent les anémones de mer, les méduses et les coraux. Par « primitifs », il faut entendre qu’ils ont été parmi les premiers êtres vivants à se différencier du règne végétal, et qu’ils ont gardé de cette antériorité des propriétés mi animales, mi végétales.
D’abord, les Cnidaires sont des animaux, parce qu’ils mangent. Ils sont parmi les premiers, avec leurs cousins les Cténaires, à avoir acquis la capacité de « prendre » la nourriture pour la porter à la bouche. Ainsi, les personnalités marquées par le premier signe du Zodiaque se démarquent par leur capacité d’action. Elles sont dynamiques, conquérantes et courageuses.
Armé pour l’action, cet animal est un carnivore, brandissant des tentacules. Ces tentacules sont remplis de venin chez les Cnidaires, et remplis de colle chez les Cténaires. Énergie décuplée et foudroyante, qui va dans toutes les directions, comme une explosion. Les personnalités marquées par ce signe ne ménagent pas leurs efforts et étonnent leur entourage par cette incroyable combattivité.
Malgré ces aptitudes animales, les Cnidaires gardent un certain nombre de caractéristiques qui rappellent leur proximité avec le règne végétal. Leur apparence leur a longtemps valu d’être considérés comme des plantes. Ils partagent avec les plantes la quête de la lumière et la capacité à se régénérer. Ce sont des personnalités hybrides et difficiles à comprendre.
Les Cnidaires se démarquent par leur capacité d’action. Combatifs, impulsifs, et enthousiastes, ils sont toujours les premiers à poser des gestes chevaleresques pour se prouver à eux-mêmes ce qu’ils valent. Leur devise pourrait bien être : « J’agis pour agir ».
La Gorgone ou le Mercenaire : La Gorgone (aussi appelée « Éventail de Mer »), attirée par l’ailleurs, place son goût pour l’évasion au service d’une irrésistible volonté d’agir. Elle est dynamique, énergique et directe. Mais le besoin de découvrir ce qui se cache derrière les murs d’une vie normale est sans doute le véritable moteur de sa personnalité.
Chez elle, l’action prime sur la réflexion. De ce fait, le contact de la Gorgone est parfois urticant, brûlant, épineux. Parce que sa vie est une conquête, la Gorgone est régulièrement amenée à combattre. Même si la Gorgone est généralement trop à l’écoute de ses sentiments profonds pour être véritablement agressive, sa combativité peut parfois poser problème quand elle se fait trop impulsive, criarde, ou hâtive. Car étant tout feu tout flamme, la Gorgone est difficile à contrôler. Son excitation naturelle la rend capable de franchir le Rubicon. Qu’importe ! Elle ne craint jamais le retour de bâton. Sa nature passionnée resurgit mille fois plus forte après une défaite.
Même dans ses moments de grand isolement, la Gorgone reste marquée par sa civilisation d’origine. La société donne donc un réel sens à sa vie. On peut même dire que lorsque cette personnalité agit, elle le fait, plus ou moins consciemment, grâce ou à cause des autres et pour les autres.
Les particularités de la Gorgone : La Gorgone est très sensible aux émotions collectives et les écoute dans une sorte de passivité contemplative. Contrairement au Madrépore, la Gorgone est capable d’abandonner sa « place au soleil », de déserter les espaces fortement concurrentiels, pour explorer des terrains inattendus, parcourir les marges, les bas-fonds, ou s’isoler dans des environnements obscurs. La Gorgone ne cherche pas la lumière. L’ombre lui va très bien. Attirée par des terrains laissés à l’abandon, ou encore jamais explorés par le reste de la société, la Gorgone est une sorte de pionnière dans ces marges.
La Gorgone peut donner le sentiment de manquer de présence d’esprit, de se disperser et de se nourrir de l’air du temps, ou d’amour et d’eau fraiche. Sa volonté conquérante ne se voit pas au premier abord car elle prend pour cible des objets invisibles, irrationnels, oniriques. Des fantasmes. La Gorgone a parfois la capacité d’oublier son propre corps dans une recherche d’abnégation, avec tout le sens du sacrifice que cela implique, dans le but de servir une cause supérieure.
Aux yeux des hommes, la Gorgone est un alien. C’est, il est vrai, une étrange personnalité, à la fois alpha et oméga, végétale et animale, individuelle et collective, agressive et inoffensive, tout en étant fondamentalement cohérente. Un être qui n’oublie pas ses racines et qui souhaite dépasser les limites de sa société… Son attachement à un passé révolu, symbolisé par l’apparence végétale de l’animal, ne l’empêche pas de faire montre d’un grand besoin de révolution.
L’intégration sociale d’une telle personnalité est complexe, et à double tranchant. Sa manière d’agir, jugée fantaisiste ou chimérique, pourra la faire passer pour une sorte de Don Quichotte. Formidablement sensible aux émotions collectives, la Gorgone sait trouver des issues, des débouchés qui dépassent l’horizon du groupe dans lequel elle est née. Cette plongée dans l’inconscient collectif ne se fait pas sans heurter les sensibilités qui préfèrent se restreindre à une réalité tangible, plutôt qu’à des visions.
Les pouvoirs de la Gorgone : La profonde soif de voyage, d’échappée-belle, voir, de désertion motive la volonté conquérante et combative de la Gorgone. Elle seule sait faire briller l’étincelle de l’espoir là où personne n’imaginait la voir surgir. La Gorgone étend le domaine de la lutte. Elle envahit des territoires jamais explorés afin de donner aux siens un horizon plus vaste. Dans son combat, la Gorgone peut se sentir seule, et rester longtemps obscure. Mais si elle suit son intuition, elle débouchera sur une découverte géniale car elle a en elle l’énergie d’engager le premier pas vers un avenir meilleur pour tous.
Il n’est pas dit que la société mette en valeur les qualités pourtant essentielles de la Gorgone. Il se peut même que cette personnalité soit marginalisée. Elle aura besoin de temps pour faire reconnaitre ses dons visionnaires, artistiques, ou spirituels… Quel que soit le domaine qu’elle choisira, elle s’imposera comme le pionnier de l’exploration de sentiments universels, ancrés dans le plus profond de chacun, et dont l’expression sera devenue nécessaire du fait de la globalisation du monde… Si toutefois il ne heurte pas trop de susceptibilités.
Ex : Jacques Brel - Robert Doisneau - Robert Delaunay - Hugh Hefner. Soleil Bélier - Vénus Taureau.
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