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La Flèche

Dernière mise à jour : 18 déc. 2024





Étymologie :


Étymol. et Hist. 1. a) [Fin xie s. fleche « trait qu'on lance avec un arc ou une arbalète » (Raschi Gl., éd. A. Darmesteter et D. S. Blondheim, t. 1, no 488 : fleches « tiges de flèches »)] ; ca 1160 (Enéas, 1478 ds T.-L.) ; b) ca 1300 faire fleche du meillor fust « mettre tout en œuvre pour réussir dans une entreprise » (Guillaume de La Villeneuve, Les Crieries de Paris ds Fabliaux, éd. Barbazan et Méon, t. 2, p. 286, 194) ; c) 1835 « signe figurant une flèche et servant à indiquer un sens » (Ac.) ; 2. a) 1380 flesche « ce qui avance en pointe comme une flèche posée sur un arc » (Comptes Hotel Roi Fr., p. 84 ds IGLF : brancart garni de flesches, de roues et de limons) ; de nouv. 1573 fleche de navire « poulaine » (Dupuys) ; b) géom. 1553 flèche (Alberti, De Re aedificatoria, mis en français par Jehan Martin, p. 12 ds IGLF) ; attest. isolée, de nouv. 1690 (Fur.) ; 3. 1690 « comble pyramidal ou conique d'un clocher, d'une tour » (ibid.). Prob. du frq. fliukka « flèche, trait », forme restituée d'apr. le m. néerl. vlieke « penne, rémige ; arme de trait » (Verdam) et de l'a. b. all. fliuca « arme de trait » (cf. Galée, Vorstudien zu einem altniederdeutschen Wörterbuche, p. 77). D'apr. Falk-Torp (s.v. flitsbue) le subst. fliukka lui-même dér. d'un anc. verbe germ. fleukkon, de fleugnôn « voler », serait apparenté à l'a. h. all. flucki « arme de trait » Le mot flèche, désignant d'abord la tige de la flèche puis, par synecdoque, l'arme elle-même, a évincé son ancien concurrent saiete, saete « flèche » d'usage cour. en a. fr. (mil. xiie s. ds T.-L.) mais dont nous n'avons plus trace que dans les mots savants sagette*, sagittaire*, sagittal* et sagitté*, empr. au lat.


Lire également la définition du nom flèche afin d'amorcer la réflexion symbolique.

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Symbolisme :


Dans le Dictionnaire des Symboles, Mythes, Rêves, Coutumes, Gestes, Formes, Figures, Couleurs, Nombres (Éditions Seghers, 1969) Jean Chevalier et Alain Gheerbrant proposent la notice suivante :


FLÈCHE. 1. En tant qu'outil ou instrument, et non plus seulement en tant que signe, la flèche est le symbole de la pénétration, de l'ouverture L'orifice est une lumière. La flèche symbolise aussi la pensée, qui introduit la lumière et l'organe créateur, qui ouvre pour féconder qui dédouble pour permettre une synthèse... c'est aussi le trait de lumière, qui éclaire l'espace clos, parce qu'on l'ouvre. Ce sera le rayon solaire, élément fécondant, lui aussi, et séparateur des images.


2. Elle est aussi, comme l'échelle, un symbole des échanges entre le ciel et la terre. En son sens descendant, elle est un attribut de la puissance divine, comme la foudre punitive, le rayon de lumière ou la pluie fertilisante ; les hommes que Dieu peut utiliser pour exécuter ses œuvres sont appelés, dans l'Ancien Testament, les fils du carquois. En son sens ascendant, elle se rattache aux symboles de la verticalité ; elle signifie la rectitude tout aérienne de sa trajectoire qui, défiant la pesanteur, réalise symboliquement un affranchissement des conditions terrestres.


3. D'une façon générale elle est le symbole universel du dépassement des conditions normales ; elle est un affranchissement imaginaire de la distance et de la pesanteur ; une anticipation mentale de la conquête d'un bien hors d'atteinte.


4. Par opposition à la fourche, la flèche est propre à symboliser la rupture d'ambivalence, la projection dédoublée, l'objectivation, le choix, le temps orienté. Elle indique la direction dans laquelle est recherchée l'identification, en ce sens que c'est en se différenciant qu'un être parvient à son identité, à son individualité, à sa personnalité. Elle est un symbole d'unification, de décision, de synthèse (voir sagittaire).


5. Dans les Upanishad, la flèche est principalement un symbole de célérité et d'intuition fulgurante. Dans la tradition européenne la flèche, sagitta, est de même racine que le verbe sagire qui signifie percevoir rapidement ; ainsi est-elle le symbole du savoir rapide, et son doublet est alors le rayon instantané qu'est l'éclair.


6. Symbole de la dent, du dard, de la pointe acérée qui vole pour surprendre et tuer au loin sa victime. Elle est invoquée comme une déesse, afin qu'elle protège les uns et frappe les autres :

Elle revêt le plumage de l'aigle,

sa dent est de fauve,

retenue par les tendons

elle vole sitôt lâchée,

c'est la Flèche...

O Flèche toute droite, épargne-nous,

que notre corps devienne de pierre.

... Vole au loin sitôt lancé, Dard aiguisé par la prière ;

va, fonce sur les ennemis,

ne tiens quitté aucun d'entre eux.

(Traduction de Louis Renou, Rig Véda, 6. 75).


7. La flèche est le symbole du destin :

Mon désir serait satisfait d'apprendre

quel est le destin qui m'attend :

flèche prévue frappe avec moins de force.

(Dante, Paradis, chant 17, 25-i).


8. La flèche symbolise aussi la mort subite, foudroyante : Apollon dieu de mort dans l'Iliade, apercé de ses flèches les enfants Niobé.


9. La flèche arrive à un but déterminé et indique un aboutissement. Elle est semblable à un rayon solaire et représente l'arme taillée dans le bois. A ce propos, C.G. Jung remarque que les pères des héros divins sont des ouvriers sur bois, des sculpteurs, des bûcherons, des charpentiers, tels par exemple le père d'Abraham, le père d'Adonis, Joseph, le père nourricier de Jésus. Ce symbole est employé en tant qu'élément fécondant, ou comme rayon solaire. Il est fait allusion au carquois des dieux et à l'arc* des centaures. Une homélie d'Origène qualifie Dieu

d'archer. Dans un manuscrit de miniatures italiennes du XIIe siècle, Dieu chasse Adam et Eve coups de flèches, tel Apollon dans l'Iliade poursuivant les Grecs. D'autres miniatures du XIIe siècle représentent Dieu portant dans ses mains un arc et des flèches.

10. Dans les traditions japonaises, associée à l'arc, elle symbolise l'amour. Son apparence phallique est évidente, elle pénètre dans le centre ; le principe masculin se plante dans l'élément féminin. A sens mystique, elle signifie la recherche de l'union divine.


11. En tant que figures du destin, les flèches ont été interrogées e ont symbolisé la réponse de Dieu aux questions de l'homme.

La divination par les flèches, ou bélomancie, pratique courante chez les Arabes, se fonde sur un mécanisme commun à tous les procédés cléromantiques : on utilise des objets servant à fournir des oracles. Ce mécanisme consiste à confier à un hasard apparent le soin de révéler la volonté ou la pensée de la divinité.

Le développement de la bélomancie chez les Arabes aboutit à conférer aux flèches des désignations de plus en plus précises, de sorte qu'aucun doute ne subsiste après la réponse de l'oracle. Aux flèches primitives portant les mentions oui, non, bien, mal, fats, ne fais pas, sont venues s'ajouter d'autres flèches avec des mentions précises et circonstanciées, comme partir (en voyage), ne pas partir, agir dans l'immédiat, attendre, devoir le prix du sang, etc. Des flèches blanches (sans écriture) recevaient à l'occasion des désignations précises, après une convention expresse avec les consultants.

Consulter les flèches est devenu une image poétique courante. Le poète Wahîb considère comme mensongères les flèches du sort, et Abu l'-'Atâya compare l'action de la mort parmi les hommes à celle de secouer les flèches.


12. Pour Bachelard, l'image de la flèche assemble correctement vitesse et droiture. Il lui compare l'image du skieur filant d'un trait sur une pente. La représentation de la flèche est dynamique, plutôt que formelle, et son dynamisme est ascensionnel, plutôt qu'horizontal. La flèche qui anime les pages balzaciennes est l'index d'un mouvement ascensionnel, nous explique-t-il. On comprend alors son rôle dans un récit qui demande de son lecteur une participation profonde au devenir ascensionnel. C'est par une nécessité vitale, comme à une conquête vitale sur le néant, qu'on prend part à une ascension imaginaire. Par l'image de la flèche, nous sommes engagés maintenant, de tout notre être, dans la dialectique de l'abîme et des sommets.


13. La flèche tient la sûreté de sa trajectoire, et la force de son impact, de la valeur de celui qui la lance. Elle est comme identifiée à l'archer : par elle, il se projette, il se jette sur sa proie. Aussi la flèche d'un dieu ne manque-t-elle jamais son but. Celles d'Apollon, de Diane, de l'Amour étaient réputées pour atteindre toujours leur cible en plein cœur. La flèche d'une juste pensée perce également l'âme d'un irrépressible tourment.


Zenon ! Cruel Zenon ! Zenon d'Elée !

M'as-tu percé de cette flèche ailée

Qui vibre, vole et qui ne vole pas !

Le son m'enfante et la flèche me tue !

Ah ! Le soleil... Quelle ombre de tortue

Pour l'âme, Achille immobile à grands pas ! (Paul Valéry, Le Cimetière marin).


Quant à l'amour, si ses flèches sont infaillibles, c'est qu'il commence par un coup d'œil, semblable à l'éclair. L'amant, nous explique Alexandre Aprodisias, voit et désire en même temps et ce sentiment lui fait émettre des rayons continus qui vont à l'objet de son désir. Ces rayons peuvent se comparer à des flèches que l'amant tirerait sur l'aimée. Mais l'amour se sert de deux sortes de flèches, nous apprend Ovide, qui toutes atteignent leur but ; mais, selon leur métal, elles enflamment si elles sont d'or, ou éteignent l'amour si elles sont de plomb. Il dit, fend l'air du battement de ses ailes et, sans perdre un instant, se pose sur ta cime ombragée du Parnasse ; de son carquois plein de flèches il tire deux traits qui ont des effets différents ; l'un chasse l'amour, l'autre le fait naître. Celui qui le fait naître est doré et armé d'une pointe aiguë et brillante ; celui qui le chasse est émoussé et sous le roseau contient du plomb. Le Dieu blesse avec le second la nymphe, fille du Pénée ; avec le premier il transperce à travers- les os le corps d'Apollon jusqu'à la moelle. Celui-ci aime aussitôt ; la nymphe fuit jusqu'au nom d'amante.

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Olivier Guilhem, auteur d'une conférence intitulée "Autosacrifice, sacrifice et intronisation dans l'ancien Mexique central préhispanique" (In : École pratique des hautes études, Section des sciences religieuses. Annuaire. Tome 113, 2004-2005, pp. 53-56) évoque le symbolisme de la flèche en contexte mexicain ancien :


D'autres textes attribuent le même symbolisme aux flèches - elles représentaient les guerriers morts - lesquelles, également utilisées pour réaliser des autosacrifices, étaient parfois fichées ensuite sur des pelotes de paille.

La paille était étroitement associée à la déesse de la terre.

[...]

Le percement de la cloison nasale du candidat représentait un autre moment clef des cérémonies d'intronisation. Il convient de signaler que le précédent mythique de cette cérémonie apparaît dans un épisode de la migration mexica durant laquelle les adorateurs de Huitzilopochtli sacrifièrent les Mimixcoa. À cette occasion, les Aztèques adoptèrent le nom de « Mexicas » et reçurent des armes comme l'arc et la flèche, butin provenant de leurs victimes. Cet épisode est calqué sur le sacrifice des Mimixcoa pour nourrir Soleil et Terre dans le mythe d'origine de la guerre sacrée. De même, le roi adoptait un nouveau nom et recevait des armes lors de son intronisation.

[...]

L'épisode du sacrifice du premier captif du nouveau souverain a ensuite été examiné. Probablement capturé durant la campagne militaire qui suivait l'accès au pouvoir du tlatoani, ce prisonnier exceptionnel, appelé « fils du roi », était revêtu des ornements du dieu du Soleil ou bien du dieu du Feu Ixcozauhqui. Ce témoignage révèle un processus d'identification - attesté par d'autres sources entre le sacrifiant et le sacrifié. En fait, le roi offrait sa propre vie par le truchement d'une victime sacrificielle tout en s'identifiant à la divinité solaire et/ou au dieu du Feu. L'un des noms de l'ornement nasal du roi, « flèche de turquoise du nez », renvoie non seulement à la divinité ignée, « Seigneur de Turquoise », mais aussi aux cérémonies d'allumage du feu nouveau qui marquaient le début des ères et des règnes. Une source affirme que le roi Motecuhzoma II « se perça le nez avec une flèche » durant la célébration de la cérémonie du feu nouveau.

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Chevé Da et Boëtsch Ga, auteurs de "Symptômes, stigmates, signes: les corps de la contagion entre réalisme et symbolisme". (In : Peste, 2007, vol. 28, p. 315) évoquent le lien entre la flèche et le châtiment divin :


Au plan symbolique, la flèche renvoie à l'atteinte mortelle et divine comme le plus ancien signe de la peste, prenant son origine en Occident dans la mythologie grecque (Apollon et Diane lançant des flèches pour punir les humains par la maladie pestilentielle). La flèche incarne non la peste elle-même, mais bien la dynamique de l'atteinte divine (rayons et flèches). [...] Christine Boeckl (2000, p. 46) fait justement remarquer que la question de la christianisation des flèches est encore en débat et suggère qu'elle puisse être corrélée aux martyrs comme Sébastien ou Christophe qui ont subi les flèches païennes en raison de leur foi.

[...]

On connait ce passage célèbre du début de l'Illiade. Agamemnon refuse de rendre la jeune Chryséis à son père, prêtre d'Apollon. Sur les prières de ce dernier, le dieu envoie sur l'armée grecque les flèches meurtrières de la première « peste ». La traduction usuelle de ce châtiment divin par le terme de « peste » ne doit pas nous abuser. Le loimos homérique tout comme les « pestes » bibliques (Samuel V, 6 ; Livre des Rois II, 24, 12-14), désigne tout fléau dévastateur, toute destruction, sans nécessairement inclure le concept de « maladie contagieuse » (Delcourt, 1986 ; Grmek, 1983). Entre le fléau qui détruit les bêtes et les hommes chez Homère, et les grandes épidémies de peste qui s'abattent sur l'Europe, au VIe siècle mais surtout entre 1346 et 1352, le seul lien est celui d'une conception de la maladie envoyée par un dieu irrité.

L'image de la flèche d'Apollon ne serait alors qu'ne métonymie de la colère divine.

 

Alberto Villoldo, Colette Baron-Reid et Marcela Lobos ont imaginé un jeu de cartes intitulé L'Oracle du chaman mystique (Éditions Véga, 2019) dans lequel une carte concerne la Flèche :


La signification : Ce symbole vous rappelle que lorsque vous êtes aligné sur votre cœur et votre âme, vous êtes sur la bonne voie et vous atteindrez bientôt votre objectif>. Soyez fidèles votre mission, dénouez vos liens et libérez-vous de l'esclavage de l'ambition débridée. Le moment présent se révèle être n moment de contact au cours duquel votre intention rencontre le monde matériel. La Flèche symbolise également la nécessité de libérer votre créativité.


L'interprétation : Lorsque la Flèche siffle dans les airs, elle vous invite à demeurer attentif et elle signifie que vous êtes sur le point de faire votre marque dans certains aspects de votre vie Elle illumine le moment de contact au cours duquel vus savez que vos désirs et intentions ont voyagé dans le vent et ont atterri à l'endroit parfait pour votre plus grand bien.

Soyez convaincu que votre travail consiste à être détendu et concentré, en gardant un œil sur le résultat tout en espérant fortement qu'il aboutisse comme il est censé le faire. Ne vous souciez pas du "comment" ou de la forme exacte. Ce n'est pas le moment d'interférer avec la manière que la flèche vole. Elle atteindra sa cible, et vous aurez quelque chose à célébrer !


La stratégie : Il est temps de reconnaître que, si vous persévérez dans la voie que vous suivez actuellement, vous ourriez agir contre votre propre intérêt. Se pourrait-il que vous vouliez tellement gagner que vosu en avez oublié le vértibale objecitf ? Et si votre flèche n'avait jamais été destinée à atterrir là où voue le vouliez ?

Il est maintenant temps de vous arrêter et de vous demander si ce que vous désirez mérite vraiment toute l'énergie que vous y mettez. C'est un signe pour vous prévenir que quelque chose de mieux vous attend. Réfléchissez à la sagesse de ne pas obtenir ce que vous voulez. Souffrir dans ce cas est une façon de guérir les parties de vous qui se sentent indignes, les parties qui s'inquiètent qu'il n'y en ait pas assez. Faites la paix avec ces voix. Ce qui est vraiment fait pour vous vous attendra.

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