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La Coloquinte

Dernière mise à jour : 3 mars




Étymologie :


  • COLOQUINTE, subst. fém.

Étymol. et Hist. 1. Fin xiiie-début xive s. colloquintide (Antidotaire Nicolas, éd. P. Dorveaux, p. 24, 35 et 36) ; 1314 id. (trad. Henri de Mondeville, Chirurgie, éd. A. Bos, § 1864) ; 1372 coloquinte et colloquinte (Corbichon, Propriét. des choses [éd. 1522], XVII, 60 et XVIII, 87 d'apr. Delboulle ds R. Hist. litt. Fr., t. 6, p. 461) ; 2. 1809 p. anal. de forme « tête » (Médit. d'un hussard, XXXII d'apr. Esnault ds Fr. mod., t. 12, p. 62). Empr. au lat. impérial colocynthis, -idis (lui-même empr. au gr. κ ο λ ο κ υ ν θ ι ́ς désignant la coloquinte), en b. lat. sous les formes coloquint(h)is et, avec changement de déclinaison, coloquint(h)ida, ae (TLL s.v., 1694, 79) auxquelles sont respectivement empr. coloquinte et coloquintide.


Lire également la définition du nom coloquinte afin d'amorcer la réflexion symbolique.


Autres noms : Cucurbita pepo - Colochinthe - Coloquinelle - Courge d'Alexandrie - Courge orangine - Courge sauvage - Faux Paca - Pomme de calotin - Orangin -

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Botanique :


Monographie sur la coloquinte, proposée par Meryem El Fennouni dans sa thèse intitulée Les plantes réputées abortives dans les pratiques traditionnelles d’avortement au Maroc. (Université Mohammed V, faculté de médecine et de pharmacie - Rabat, 2012).

 



Vertus médicinales :


A. B., auteur discret de Les Vertus des plantes - 918 espèces (Tours, 1906) recense les propriétés thérapeutiques d'un grand nombre de plantes :


Coloquinte. Coloclntus fructu rotundo major.


VERTUS : La coloquinte est d'une amertume insupportable et est un purgatif violent que l'on peut modérer en l'associant à d'autres moins forts, elle purge la pituite la plus grossière comme dans la goutte, les menaces d'affections soporeuses, dans les maladies chroniques rebelles, on forme de la pulpe des pastilles, qui est la seule forme que l'on emploie la coloquinte pure, gomme adragante et pulpe de coloquinte mélangées par parties égales pour faire des pilules grosses comme des petits pois, dose de une à trois, on peut y associer par parties égales du sassafras en poudre très fine, même dose ; il est à remarquer que lorsqu'on veut se purger une dose très minime doit être prise ; pour bien savoir à quelle dose on devra avoir à faire dans la suite en étayant graduellement la dose s'il y a lieu, elle entre dans l'hiérapicra, la confection Hamec, les pilules de rudius de sagapénum qui sont fondantes, on la fait bouillir pour lavement, dans l'apoplexie.




Usages traditionnels :


D'après les travaux de Victoria Hammiche, Rachida Merad, Mohamed Azzouz, et al. consignés dans Plantes toxiques à usage médicinal du pourtour méditerranéen. (Springer Paris, 2013) :


Dans tout Ie Maghreb, la coloquinte est utilisée comme une panacée, mais il est intéressant de remarquer que certaines indications recoupent celles signalées ci-dessous.

Les enquêtes ethnobotaniques, menées au Sahara septentrional et central, ont permis de répertorier et de comparer les utilisations traditionnelles. Il en ressort des indications identiques concernant Ie diabète, l'action purgative, abortive, les algies de toutes sortes (arthralgies, myalgies, algies dentaires), les dermatoses, la blennorragie, les piqures de scorpions et la gale du dromadaire. A Beni-Abbes et Tamanrasset, les infections génitales masculines sont traitées de manière particulière : un fruit perce d'un trou suffisant est place dans Ie sable chaud puis utilisé comme étui pénien ; l'opération est renouvelée jusqu'à guérison.

II existe également des usages vétérinaires, notamment pour Ie traitement de la gale des animaux soit par une décoction de la pulpe et des graines, soit par l'application d'une pâte à partir de poudre de graines mélangée à de la pulpe de dattes ou de la graisse de dromadaire ; les deux préparations sont utilisées par voie externe. La gale humaine est, d'ailleurs, traitée de la même manière. Cette pratique se rencontre dans tout Ie Sahara. Les multiples usages relevés dans différentes régions du Maroc sont rapportés : anthelminthique, antiasthmatique, aphrodisiaque, purgative, abortive, également dans l'ascite, la goutte, les rhumatismes, l'arthrose et contre les morsures de serpents. Le mode d' administration se fait aussi bien par voie orale, macération du fruit et/ou des graines, ou par voie externe en cataplasmes.

Des usages similaires sont notes en Tunisie : action antirhumatismale en application sur les articulations douloureuses d'un décocté huileux ou d'une pâte composée de poudre de graines mélangée à d'autres ingrédients, dans les piqûres d'insectes, dans l'impétigo, les hémorroïdes.

De nombreux emplois sont signalés :

  • Ie fruit est utilisé comme emménagogue, vermifuge ; il est recommandé dans les aménorrhées, les désordres biliaires, l'ictère, les rhumatismes, les piqûres de scorpions, les atteintes urogénitales, mais aussi dans Ie traitement des tumeurs cancéreuses abdominales du foie et de la rate et les leucémies ;

  • la pulpe et les feuilles sont aussi recommandées dans les cancers ;

  • la racine a été utilisée dans Ie traitement des ascites, de l'ictère, des affections urinaires, des rhumatismes et des piqures de scorpions.

Enfin, une utilisation comme insecticide est signalée ; en effet, mélangée au blé, la coloquinte Ie préserve de l'attaque des charançons ; on I'emploie aussi comme antimites.


Utilisations thérapeutiques : Elle a été employée depuis toujours comme purgatif puisque l'on retrouve des traces dans les écrits égyptiens (Le papyrus Ebert, 1 600 ans environ avant notre ère, cite l'ecballium et la coloquinte.) et figurait encore aux pharmacopées française, en 1949, et anglaise, en 1963. Elle aurait été utilisée par Agrippine, mélangée à l'amanite, pour empoisonner son époux, l'empereur romain Claudius.

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Symbolisme :


Pour Scott Cunningham, auteur de L'Encyclopédie des herbes magiques (1ère édition, 1985 ; adaptation de l'américain par Michel Echelberger, Éditions Sand, 1987), la Coloquinte (Cucurbita pepo) a les caractéristiques suivantes :


Genre : Féminin

Planète : Lune

Élément : Eau

Pouvoirs : Protection ; Envoûtement.


Utilisation rituelle : Les Chinois honoraient la Coloquinte comme le premier des légumes.

Dans les anciens tombeaux du Wurtemberg, on a trouvé, avec des noix et des noisettes, des Coloquintes ; on les considérait comme un excellent viatique et comme le meilleur moyen de monter au ciel afin d 'y renaître.

Utilisation magique : En Afrique, la variété de Coloquintes appelée calebasse (fruits du cucurbita lagenaria et du crescentia cujete) est en général protectrice. On en suspend autour de la case pour tenir le mal à distance. Les sorciers se font des hochets en glissant des pois secs, parfois des osselets, à l'intérieur d'une Coloquinte qui est alors fixée au bout d'un long bâton enrubanné; ils agitent frénétiquement ces hochets pour effrayer les démons.

Chez les Malinkés et les Diolas de Sénégambie, la coutume subsiste de faire intervenir, pour moraliser les femmes, une sorte de fétiche-épouvantail appelé le Moumbo-Joumbo. On le suspend à rentrée des villages et il reste là tout le jour. Mais la nuit il entre en action. Un sorcier s'en affuble et, sous ce costume impressionnant, il va trouver les épouses ou les jeunes filles dont la conduite laisse à désirer et les terrorise par des danses, des cris, des bonds, ponctués de stridents coups de sifflet, agitant à leurs oreilles les hochets de Coloquintes et des sortes de volants musicaux qui vrombissent quand on les fait tourner à toute vitesse.

En Mauritanie, on lit les augures en faisant se battre deux scorpions à l'intérieur d'une Calebasse.

Évidés et séchés, ces fruits font des vases pour les autels; la nuit, dit-on, les âmes des défunts viennent s'y désaltérer.

En Italie, au contraire, c'est la croyance inverse qui prévaut. Les diverses espèces de courges ont été pendant longtemps le moyen d'introduction du diable dans le corps humain. Les paysans en faisaient alors des gourdes. Après avoir bu de l'eau conservée dans une Coloquinte qui n'avait pas subi tout un rituel de désenvoûtement, la personne se trouvait possédée du démon.

Les petits garçons naissent dans les choux, les petites filles dans les roses, et les lutins dans les Coloquintes.

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Dans Le Livre des superstitions, Mythes, croyances et légendes (Éditions Robert Laffont S.A.S., 1995, 2019) proposé par Éloïse Mozzani, on apprend que :


La coloquinte (calebasse), qui appartient aux cucurbitacées (famille de la courge, du concombre, du melon et de la pastèque), mais dont les fruits sont amers, à été honorée par les Chinois comme le premier des légumes,. A l'image de la courge en Asie, la coloquinte ou "courge sauvage" est liée en Europe à la régénération : "On les considérait comme un excellent viatique et comme le meilleur moyen de monter au ciel afin d'y renaître." Des coloquintes furent d'ailleurs retrouvées dans d'anciens tombeaux du Wurtemberg.

La coloquinte partage également avec la courge une réputation diabolique. On dit en effet qu'on peut être possédé du démon si on a bu de l'eau conservée dans une coloquinte qui n'avait pas subi tout un rituel de désenvoûtement".

La légende veut également que les petits garçons naissent dans les choux, les petites filles dans les roses et les lutins dans les coloquintes.

En Afrique, la calebasse, qui est une variété de coloquinte, a des vertus protectrices : suspendues autour d'une case, elle en éloigne le mal. Les sorciers glissent dedans des pois secs ou des osselets et s'en servent comme hochet qui, agité vigoureusement, effraie les démons. Les Mauritaniens "li[sent] les augures en faisant se battre deux scorpions à l'intérieur d'une calebasse."

Des calebasses évidées et séchées servent de "vases pour les autels ; la nuit, dit-on, les âmes des défunts viennent s'y désaltérer."

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