Étymologie :
CLANDESTIN, INE, adj.
Étymol. et Hist. Av. 1380 « tenu secret » (Bers., Tit. Liv., ms. Ste-Gen., f°59ads Gdf. Compl.). Empr. au lat. class. clandestinus « qui se fait en secret ; qui agit en cachette ».
Lire également la définition du nom clandestine afin d'amorcer la réflexion symbolique.
Autres noms : Lathraea clandestina - Clandestine de Leon - Clandestine madrone - Herbe cachée ; Herbe clandestine - Herbe de la matrice - Lathrée clandestine - Madrate -
Botanique :
Jean Henri Jaume Saint-Hilaire, auteur de Plantes de la France : décrites et peintes d'après nature, Volume 2 (Éditions : Chez l'auteur, 1808) décrit ainsi la Clandestine d'Europe :
Famille naturelle : LES RHINANTÉES.
Système sexuel : DIDYNAMIE - ANGIOSPERMIE.
Lathræa clandestina. LINNÉ.
Vulgairement : herbe cachée, herbe clandestine, clandestine de Léon.
Cette plante entièrement dénuée de feuilles a une racine charnue, épaisse, partagée à son sommet en plusieurs souches ou rameaux courts, noueux, couverts d’écailles serrées et jaunâtres. A l'extrémité de chaque rameau on voit sortir un petit corymbe de fleurs d'un pourpre violet ou bleuâtre. La corolle est composée de deux lèvres dont la supérieure est entière, pointue, voûtée en casque ; l'inférieure est à trois divisions. Les étamines sont au nombre de quatre dont deux plus courtes que les autres. Le fruit est une capsule globuleuse, mucronée, à une loge et à deux valves. Les graines sont petites, nombreuses et attachées sur un réceptacle central.
FLEURIT. Vers la fin du printemps.
HABITE. La France et une partie de l'Europe, dans les lieux ombragés, exposés au froid et à l'humidité, souvent couverte par la mousse qui entoure les pieds des grands arbres. Je l'ai trouvée auprès de Rennes en Bretagne.
HISTOIRE. Cette plante qui ne paraît pas avoir été connue des anciens a été observée et décrite pour la première fois par Dalechamp, savant médecin du seizième siècle.
Norbert Pacorel, auteur d'un ouvrage intitulé Incroyables plantes sauvages (Éditions Larousse, 2021) établit une métaphore intéressante à propos de l'activité parasite de la Clandestine :
Les racines de l'énigmatique Lathrée clandestine sont des suçoirs - ses dents de vampire - qui lui permettent de puiser sa subsistance dans les racines des végétaux qu'elle parasite sous terre. Une créature fantastique que nos amis anglais surnomment parfois Dead'sman fingers (les doigts de cadavre) : ses fleurs semblent jaillir du sol comme la main d'un mort-vivant !
Les botanistes ne sont pas d'accord sur le caractère carnivore ou non de la Lathrée clandestine.
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Usages traditionnels :
Dans Plantes de la France: décrites et peintes d'après nature, Volume 2 (Chez l'auteur, 1808) Jean Henri Jaume Saint-Hilaire, rapporte :
Usages. En Espagne où ce médecin la trouva d'abord , elle portait le nom de madronna ou herbe de la matrice, parce qu'on lui attribuait des vertus merveilleuses pour cet organe.
« Cette plante , dit son naïf traducteur Desmoulins , n'est pas « moins belle que propre pour aider à la multiplication du genre humain .... Si l'on détrempe de la farine de froment blanc avec le suc de cette herbe, et qu'on en fasse des beignets fricassez au beurre, puis qu'on les mange ; cela rend tellement la matrice propre à concevoi , que je peus asseurer d'avoir veu plusieurs femmes qui ont conçeu moyennant l'aide de Dieu et de ceste seule médecine, combien qu'auparavant elles n'eussent sceu conceuoir ; mais auoient esté tousjours stériles. Et de fait, je peux rendre tesmoignage d'auoir veu à Cervera une femme aagée de cinquante ans, laquelle conçeut ayant a usé de ce remède, non pas sous espérance de concevoir (car tant elle que ceux qui estoient de sa cognoissance pensoient bien qu'elle en fust hors d'espoir pour raison de son aage), mais me pour se faire revenir ses fleurs qui estoient supprimées desja dės longtemps auparavant, pour ce qu'elle estoit détenue d'une grande et longue maladie, de laquelle ses fleurs venant à courir, elle fust guérie et finalement conçeut un fils en ma présence » .
Ce fait, aussi extraordinaire que naïvement raconté, s'est renouvelé depuis cette époque. Comme la clandestine est une plante très rafraîchissante, il paraît que, dans quelques cas, elle peut contribuer à la fécondité en adoucissant l'âcreté des humeurs, ou plutôt en modérant l'ardeur et la vivacité de quelques tempéramens sanguins.
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Symbolisme :
Dans son Traité du langage symbolique, emblématique et religieux des Fleurs (Paris, 1855), l'abbé Casimir Magnat propose une version catholique des équivalences symboliques entre plantes et sentiments :
CLANDESTINE - AMOUR CACHÉ.
Une réprimande faite ouvertement vaut mieux qu'un amour caché.
Proverbes. XXVII, 5.
La clandestine est une belle plante, qui croit dans les lieux ombragés et fleurit au printemps. Elle est presque entièrement cachée dans l'herbe ou dans la mousse ; les fleurs seules sont apparentes, d'où lui vient sans doute le nom de clandestine. Sa tige se divise en deux ou trois rameaux courts, épais, imbriqués d'écailles charnues, serrées et blanchâtres. Ses feuilles sont d'un pourpre violet, droites, assez grandes et disposées par paquets. Elle fleurit dans l'été. On lui donne les noms vulgaires de madrate, herbe cachée, clandestine de Léon.
RÉFLEXION.
S'il y a un amour pur et exempt du mélange de nos autres passions , c'est celui qui est caché au fond du cœur, et que nous ignorons nous-mêmes.
(LA ROCHEFOUCAULT.)
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Emma Faucon, dans Le Langage des fleurs (Théodore Lefèvre Éditeur, 1860) s'inspire de ses prédécesseurs pour proposer le symbolisme des plantes qu'elle étudie :
Clandestine - Amour caché.
Cette plante croît au pied des arbres, et ne se rencontre que dans les contrées froides et humides de la France. Plante parasite aux jolies fleurs pourpres, elle se blottit sous la mousse ou sous les feuilles sèches, mais au printemps on la trouve et on peut lui dire :
En vain vous cachez sous vos voiles
De doux yeux, brillantes étoiles ;
Je vous aime et je vous attends.
Ainsi la goutte de rosée
Sur la verte mousse posée
Aspire au soleil éclatant.
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