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La Caméline

Dernière mise à jour : 6 oct.




Étymologie :


  • CAMELINE, subst. fém.

Étymol. et Hist. 1. 1275 sauce kameline « sorte d'ancienne sauce » adj. (J. de Meun, Roman de la Rose, éd. Lecoy, 13886); 1393 cameline subst. (Ménagier, II, 180 ds Gdf. Compl.). 2. 1549 camelina sativa « plante qui ressemble à la camomille » (Est.). Empr. au b. lat. chamaemelina (herba), fém. de chamaemelinus, adj. formé sur chamaemelon (camomille*), ainsi oleum chamaemelinum, début ves., Marcell., Med., 7, 19 ds TLL s.v., 987, 57, attesté au Moy. Âge avec haplologie sous la forme camelinum (xiie s., Bernhardus Provincialis, Commentarium super tabulas Salerni, 13, p. 275 ds Mittellat. W., s.v. aloe 498, 59). Sens 1, peut-être parce que cette sorte de sauce était faite avec l'huile extraite de cette plante.


Lire également la définition du nom caméline afin d'amorcer la réflexion symbolique.


Autres noms : Camelina sativa - Caméline cultivée - Camomen - Lin bâtard - Sésame d'Allemagne -

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Botanique :


Selon Françoise Toulemonde, Laurent Bouby, Philippe Marinval, Véronique Zech-Matterne, Anne Bouchette, et al.. auteurs d'un article intitulé "Camelina sativa : l’or végétal du Bronze et du Fer." (in Anthropobotanica, Publications scientifiques du Muséum national d’Histoire naturelle, 2010.) :


La caméline est une brassicacée ; elle fait partie de la famille des choux et des moutardes, qui comprend de nombreuses plantes à huile : le colza, hybride ancien, mais aussi les moutardes noires et blanches, la rave ou navette… [...]

Camelina sativa est la forme cultivée d’un genre dont le centre de diversité se situe dans la région irano-anatolienne (Mirek 1981). La forme sauvage dont elle est issue (Camelina microcarpa) est plus largement distribuée aujourd’hui dans toute l’Eurasie, résultat probable d’une introduction anthropique involontaire à partir de la néolithisation. [...]

La caméline est une herbacée annuelle, dont la hauteur atteint au maximum 80 centimètres. Elle porte sur sa tige très érigée des petites fleurs jaunes ou blanches qui donnent naissance à des fruits piriformes ou obovoïdes appelés silicules.

Ces dernières renferment jusqu’à une quinzaine de petites graines oblongues, dont la couleur varie d’un jaune doré (d’où son nom vernaculaire anglais gold of pleasure) à un brun rougeâtre. Un radicule en forte saillie et un épiderme parcouru de petites papilles émoussées caractérisent les graines et aident à la reconnaissance du genre Camelina. Pour arriver à l’identification spécifique ou sous-spécifique, il est toutefois nécessaire de prendre en compte des critères morphométriques, car les morphologies des semences des différents taxons sont très semblables. [...]

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Vertus médicinales :


Henri Ferdinand Van Heurck et Victor Guibert, auteurs d'une Flore médicale belge. (Fonteyn, 1864) nous apprennent les propriétés thérapeutiques de la Caméline :


Usages Médicaux. Cette plante est cultivée dans plusieurs contrées comme plante textile et oléifère ; on la rencontre souvent dans les champs de lin. Son fruit pyriforme, globuleux, terminé par une petite pointe, contient 10 à 12 graines ovoïdes marquées par un sillon ; 100 kilogrammes de ces graines donnent de 27 à 30 kilogrammes d'une huile dont les usages sont aussi variés qu'importants. Elle sert à la nourriture des pauvres et convient aussi très bien pour l'éclairage. Elle est prescrite par les médecins à l'intérieur comme relâchante dans la constipation et à l'extérieur pour adoucir, amollir et faire disparaître les aspérités, les gerçures et les brûlures. Un cataplasme fait avec la plante toute entière a plus d'une fois calmé des inflammations locales assez graves (Chaumeton).



A. B., auteur discret de Les Vertus des plantes - 918 espèces (Tours, 1906) recense les propriétés thérapeutiques d'un grand nombre de plantes :


Miagrum monospermum latifolium.

Miagrum dictum camelina. Cameline.

Fleur on croix dont le pistil se change on une capsule en forme de poire, remplie do semences oblongues ayant, en bout, doux petits espaces vides.


VERTUS : Elles sont très bonnes pour amollir et adoucir les âcretés de la peau.

 

Jean-Pierre Chaumont et Joëlle Millet-Clerc. auteurs de Phyto-aromathérapie appliquée à la dermatologie. (Lavoisier, 2011) nous apprennent les vertus de l'huile de cameline :


L'huile de cameline : C'est l'une des huiles alimentaires les plus anciennement connues. Son utilisation, d'après les archéobotanistes, semble remonter à 2 500 ans avant J.-C.. C'est une huile fluide, couleur jaune d'or, et qui présente une odeur caractéristique d'asperge. Elle est obtenue par pression des graines.


Composition chimique : avec plus de 30% d'acide a-linolénique, c'est avec l'huile de lin, une des huiles les plus riches en acides gras oméga-3. [...]

Sa conservation est considérée comme satisfaisante, en raison de sa teneur appréciable en vitamine E (54 à 80 mg / 100g).


Propriétés : grâce à sa forte teneur en acides gras essentiel, a-linolénique et linolénique, elle permet de rétablir l'équilibre du rapport entre oméga-3 et oméga-6, tant au niveau de la peau sur laquelle elle est appliquée, qu'au niveau de l'organisme, si elle est administrée par voie orale.


Indications : Elle peut donc aussi bien être utilisée par voie topique que par voie orale, en traitement des peaux sèches. Par voie orale, l'huile de Cameline contribue à la prévention des maladies coronariennes, à la réduction du taux de cholestérol LDL et des triglycérides. Elle fluidifie le sang, limite le stockage des graisses dans l'organisme et participe ainsi à la lutte contre l'obésité. C'est également un régulateur du transit intestinal. Elle fait partie des compléments alimentaires particulièrement appréciés dans la lutte anti-âge.

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Usages traditionnels :


Dans l'article intitulé "Camelina sativa : l’or végétal du Bronze et du Fer." (in Anthropobotanica, Publications scientifiques du Muséum national d’Histoire naturelle, 2010.) proposent Françoise Toulemonde, Laurent Bouby, Philippe Marinval, Véronique Zech-Matterne, Anne Bouchette, et al. :


Sa culture était largement répandue en Europe jusqu’à la fin du XIXe siècle, et elle a perduré jusqu’au milieu du XXe siècle au centre et à l’est du continent. En France on la rencontrait surtout dans le nord du pays. Elle était destinée à la production d’une huile qui, bien que comestible, servait avant tout à des usages domestiques - en particulier à l’éclairage - et industriels, pour la production de savons, de peintures ou de vernis (Jouven 1942). L’ouverture des frontières à la concurrence des oléagineux étrangers par la suppression des droits d’importation en 1862, et le développement de nouvelles sources d’éclairage telles que le gaz, le pétrole et l’électricité, ont fait péricliter son exploitation à la fin du XIXe siècle, tout comme celle de nombreuses plantes oléagineuses « indigènes » (colza, œillette, navette…). De 5 707 hectares à son apogée en 1862, la surface cultivée en caméline est passé à 1 006 hectares en 1889. En 1900, la plante avait pratiquement disparu du territoire français (Martin 1947).

Aujourd’hui elle connait un certain renouveau, du fait de sa richesse en acide alpha-linolénique (oméga-3) et de l’intérêt que lui porte l’industrie des agro-carburants. Elle est cultivée en agriculture biologique pour la production d’une huile exclusivement destinée à la consommation alimentaire. Sous forme industrielle, cette huile est actuellement testée comme substitut partiel au kérosène, pour alimenter les vols de compagnies aériennes nationales.

Cette vogue nouvelle reste cependant encore discrète. La véritable heure de gloire de cette petite graine dorée s’inscrit bien plus tôt dans notre histoire, à la fin de l’âge du Bronze et à l’âge du Fer où les attestations carpologiques se multiplient. [...]


Camelina sativa suit cette même distribution et l’on ne connait pas encore aujourd’hui son ou ses foyers de domestication. La forme sauvage a été exploitée en Arménie, dans son centre d’origine, dès le début du 6e millénaire av. J.-C. : sur les sites néolithiques d’Aratashen et d’Aknashen, les empreintes de silicules de Camelina microcarpa, retrouvées en grande quantité dans le pisé, témoignent de l’utilisation de ces résidus comme dégraissant et suggèrent la cueillette ou la culture de la plante pour l’exploitation de ses graines riches en huile (Hovsepyan & Willcox 2008). Pour les périodes suivantes (5e au 3e millénaire), des découvertes isolées de vestiges archéologiques du genre Camelina sont rapportées, depuis le nord-ouest de la Turquie (Miller 1991) jusqu’à l’ouest de la France (Bouby 1998). D’est en ouest, des semences ou des empreintes de silicules sont signalées en Grèce (Kroll 1991), en Roumanie (Wasylikowa et al. 1991), en Hongrie et en Allemagne (Knörzer 1978 ; Schultze-Motel 1979), en Scandinavie (Robinson 2007) ainsi qu’en Suisse (Jacomet et al. 1991). Ce n’est cependant qu’à partir du second millénaire et de la fin de l’âge du Bronze que ces découvertes deviennent plus systématiques et concernent plus souvent des concentrations. On a pu en déduire la culture probable de la plante, au moins à partir de cette période, au Proche-Orient, en Europe sudorientale, orientale, et centrale (Bouby 1998 ; Zohary & Hopf 2000). Elle s’y développe ensuite aux âges du Fer. |...]


En France, hors des Alpes, la dernière synthèse concernant les attestations de caméline montrait une culture bien établie au moins à partir de la fin du Hallstatt (Zech-Matterne et al. 2009). En l’absence de concentrations monospécifiques de macro-restes, la mise en évidence de cette culture s’appuie sur l’attestation récurrente de semences de caméline durant cette période, en particulier dans le nord-est du pays. La compilation de nouvelles données, récentes et/ou inédites, provenant d’occupations plus anciennes, témoigne d’une présence affirmée de la caméline bien plus précocement, dès le Bronze final et le Hallstatt ancien. Cette présence va croissant jusqu’à la transition des deux âges du Fer (Fig. 1). Les attestations diminuent ensuite tout au long du La Tène, et à la période gallo-romaine (non représentée ici), elles ne sont plus qu’une poignée. [...]


L’intérêt d’une culture de la caméline à la Proto-histoire :

Dans le Dictionnaire raisonné et universel d’agriculture, réédité en 1823 à partir des écrits de l’abbé François Rozier (1734-1793), il est fait un panégyrique de la plante, pour ses nombreuses qualités. La première à être citée est son cycle végétatif très court (85 à 100 jours) qui lui permet de s’inscrire au milieu d’autres cultures ou de remplacer celles qui ont péri pendant l’hiver et le début du printemps, comme le lin ou le pavot qui doivent être semés plus précocement, ou même certaines céréales.

Bien qu’elle réussisse évidemment mieux dans de bonnes terres, les faibles exigences de la caméline la font s’accommoder de sols médiocres, de terres calcaires de peu de profondeur, ce qui n’est pas le cas de la plupart des oléagineux. L’œillette, par exemple, a des racines peu développées et nécessite une terre fertile où elle peut trouver des aliments immédiatement disponibles.

La caméline résiste bien à la sécheresse : dès qu’elle a acquis toute sa hauteur, elle peut se passer d’eau et supporter des étés sans pluie.

Elle demande peu de soins, si ce n’est un éclaircissement des plants après leur levée. Elle n’est pas sensible à la verse, contrairement au lin, car ses tiges érigées résistent au vent. Elle est également peu attaquée par les insectes et les maladies, qualité qui n’est pas si fréquente.

Tout est utile dans la plante : les graines donnent de l’huile, les tiges servent comme chaume pour couvrir les maisons ou pour faire des balais, les déchets peuvent être donnés en fourrage ou servir d’engrais. On pourrait même tirer de la filasse des tiges s’il n’y avait pas « beaucoup d’autres plantes préférables sous ce rapport » comme le note l’abbé Rozier (1821-23). L’huile est excellente pour l’éclairage et elle est bonne à la consommation : grâce à son fort taux d’antioxydants, elle ne rancit pas trop vite, contrairement à celle du lin qui devient très rapidement toxique.

Les agriculteurs contemporains complètent cette liste par quelques avantages supplémentaires observés sur le terrain : la caméline est peu envahie par les mauvaises herbes car ses racines s’étalent et étouffent les indésirables. Ses tiges érigées sont parfois utilisées comme tuteur pour des cultures grimpantes telles que la fèverole. (M. Bollot, communication personnelle).


En résumé : La caméline est la plante à huile la plus fréquemment attestée dans un grand quart nord-est de la France dès la fin de l’âge du Bronze et au Hallstatt ancien. Si sa culture semble se généraliser à la fin du premier âge du Fer, il est probable que dans certaines régions elle ait démarré bien plus précocement. Les qualités propres de la plante, ainsi que celles de l’huile produite peuvent expliquer son développement, en particulier dans certaines régions où les conditions édaphiques et climatiques conviennent moins bien à des oléagineux plus exigeants. Son déclin en Gaule à partir du La Tène et sa quasi-absence à la période gallo-romaine, (que l’on ne retrouve pas de manière homogène à l’échelle européenne) ont été mis en parallèle avec l’essor en France septentrionale d’une autre espèce oléagineuse, le noyer (Zech-Matterne et al. 2009)

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Symbolisme :


Emma Faucon, dans Le Langage des fleurs (Théodore Lefèvre Éditeur, 1860) s'inspire de ses prédécesseurs pour proposer le symbolisme des plantes qu'elle étudie :


Caméline - Reconnaissance.

Les graines contiennent une huile qui sert dans certains pays pour l'éclairage. Les anciens Pictes employaient, dit-on, sa racine pour se peindre le corps en bleu.

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